INTRAITABLE


Tadej Pogacar a mis un nouveau coup de pioche pour creuser l’écart face à Jonas Vingegaard, relégué à plus de 4 minutes au général après la victoire du Maillot Jaune dans le contre-la-montre de Peyragudes.

Lipowitz pour l’instant candidat le plus solide à la 3e marche du podium
Coquard parti dans le respect de l’épreuve plutôt que sur un doigt d’honneur

19 Jul 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

PEYRAGUDES (HAUTES-PYRÉNÉES) – Il n’y a finalement aucune différence entre une étape en ligne ou un contrela-montre, Tadej Pogacar est pareille ment seul au monde, visuellement, au classement, une boule de feu qui brûle les ailes de ceux qui essaient de voleter trop près de lui. Hier, le Maillot Jaune a continué de débroussailler autour de lui, il a encore mis un éclat à son meilleur ennemi Jonas Vingegaard, 36 secondes en 10,9 km, dont huit pour escalader le col de Peyresourde et grimper l’altiport de Peyragudes, quand le tarif pour la plupart des candidats au top 10 se fixait plutôt autour des deux minutes.

La juxtaposition des images des deux rivaux racontait autant le gouffre que la différence chronométrique. Le Slovène avait choisi un vélo traditionnel, qu’il avait dépouillé au maximum pour chasser le moindre gramme, peinture grattée, pas de bidon ni de portebidon, pas même de guidoline. Il avait même décidé de partir sans oreillette, il préférait être seul avec lui-même, puisque c’est son destin, tellement sûr qu’il n’y aurait qu’à pousser à fond pour être devant. L’impression générale était aérienne, légère, même quand il attaqua la dernière rampe verticale de Peyragudes, où il balançait les épaules d’un rythme frénétique, encore bien en ligne et frais.

Vingegaard s’est passé un peu de baume sur l’amour-propre

Même sur la première partie, plate, du tracé, où on le vit ultraagressif dans les courbes, il alla plus vite que son rival. Le Danois avait pourtant opté pour sa machine de contre-la-montre, avec prolongateurs, et son casque aéro, protubérance à l’esthétique discutable. Mais c’est surtout le visage de Jonas Vingegaard qui faisait peur à voir, teint livide, traits cadavériques, yeux de zombie, qui étaient le signe que le leader des Visma était en train de puiser profond pour tenter de répondre présent après la débâcle de la veille, pour essayer de se rapprocher un peu de l’orbite du Maillot Jaune.

À l’arrivée, il se félicita de sa performance, plus en adéquation avec son statut, avec sa condition actuelle, l’espère-t-il, que les deux minutes laissées sur les pentes d’Hautacam jeudi. Malgré les discours préfabriqués de son équipe sur ses chances dans ce Tour, qui est bien obligée d’essayer de sauver la face, le double vainqueur de la Grande Boucle sait bien qu’il ne pourra pas rivaliser, mais il s’est passé un peu de baume sur l’amour-propre avec ce chrono, il ne va pas déposer les armes pour autant et surtout il a remis ceux qui pensaient pouvoir le chatouiller à leur place.

Derrière, le contre-la-montre de Peyragudes a été pour l’essentiel un miroir de ce qu’on avait vu dans la première étape des Pyrénées, à peu près la même hiérarchie, d’où ce peu d’enseignements assez logique. Primoz Roglic s’est un peu rebecté avec sa 3e place à 1’20’’ de Pogacar, mais l’exercice lui convenait parfaitement – il n’y avait qu’à voir sa position allongée impeccable dans la pente –, son expérience lui permet de doser avec précision ses efforts, d’autant plus quand il n’a qu’à s’occuper de lui-même, mais ce beau chrono ne présage pas forcément d’une renaissance, car son problème en montagne face à cette meute de jeunes affamés reste entier.

Son équipier Florian Lipowitz (4e à 1’56’’) a confirmé qu’il était pour l’instant le candidat le plus solide à la troisième marche du podium, qu’occupe toujours Remco Evenepoel, mais le Belge, seulement 12e à 2’39’’ hier, a l’air en dégringolade, sur un siège éjectable, et les six secondes d’avance qu’il conserve au général sont bien maigres devant le programme du jour jusqu’à Superbagnères.

Oscar Onley (7e à 2’6’’) sera un adversaire plus coriace pour Lipowitz, alors que Kévin Vauquelin a bien bataillé mais il paraît également un peu en sursis, désormais 6e du général. Le Normand avance à tâtons, il découvre les frontières de ses possibilités et il faudra voir comment il encaisse l’enchaînement des étapes de montagne, mais un top 10 est toujours dans ses cordes, ce qui serait une belle validation de ses capacités à jouer le général d’un grand Tour.

Pour le reste, ce contre-la-montre de grimpeur n’a pas causé les dégâts redoutés par les sprinteurs et même Bryan Coquard, auriculaire fracturé dans l’étape de la veille, a fini dans les temps. Cette blessure oblige le sprinteur de poche à quitter la route du Tour, mais il tenait à disputer ce chrono, pour partir dans le respect de l’épreuve plutôt que sur un doigt d’honneur.

Il faut dire aussi que les commissaires avaient décidé au dernier moment d’allonger les délais, de 33 à 40 % du temps du vainqueur. Les conséquences furent anecdotiques puisque seuls six coureurs profitèrent de cette largesse, même si cela permit à Tim Merlier, avant-dernier de l’étape, de se la couler douce et, dans la bataille des sprinteurs, l’équipe du Maillot Vert Jonathan Milan a dû grogner que le Belge puisse économiser ses forces.

Mais on peut avant tout regretter que la règle change de la sorte au dernier moment, alors que tous les encadrements avaient établi des feuilles de route précises pour que leurs grosses cuisses finissent à l’heure. Comme si l’on venait de découvrir que le parcours était très dur et que Pogacar était monstrueux. Comme s’il était devenu interdit d’éliminer un coureur du Tour de France. Il ne devrait pas y avoir de bidouillage aujourd’hui dans le dernier volet du triptyque pyrénéen, où les sprinteurs vont devoir s’employer pour rentrer à temps à l’écurie, avec les ascensions du Tourmalet, d’Aspin, de Peyresourde et de Superbagnères, où le Tour de France n’est plus monté depuis 1989 et une victoire de Robert Millar. Pogacar n’a aucune raison de chasser dès aujourd’hui une cinquième victoire dans cette édition, mais cela ne change rien, la bataille pour l’échappée promet de plonger tout le monde une nouvelle fois très vite dans le rouge.

***

INGIOCABILE

Tadej Pogacar ha fatto un'altra mossa per ampliare il suo vantaggio su Jonas Vingegaard, relegato a più di 4 minuti in classifica generale dopo la vittoria della maglia gialla nella cronoscalata di Peyragudes.

Lipowitz è ora il candidato più forte per il 3° gradino del podio
Coquard, prima di ritirarsi per un dito della mano fratturato, ha voluto concludere la crono per rispetto della corsa.

19 luglio 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

PEYRAGUDES (HAUTES-PYRÉNÉES) - Alla fine, non c'è differenza tra una tappa in linea e una cronometro, Tadej Pogacar è tutto solo al mondo, visivamente, nella classifica, una palla di fuoco che brucia le ali di chi cerca di volargli troppo vicino. Ieri, la maglia gialla ha continuato a fare piazza pulita intorno a sé, assestando un altro colpo di grazia al suo miglior nemico Jonas Vingegaard, 36 secondi in 10,9 km, di cui otto per scalare il Col de Peyresourde e l'altiport di Peyragudes, quando il distacco per la maggior parte dei candidati alla top 10 era più prossimo ai due minuti.

L'accostamento delle immagini dei due rivali descriveva l'abisso quanto la differenza di tempi. Lo sloveno aveva scelto una bici tradizionale, che aveva spogliato fino all'essenziale per liberarsi di ogni grammo: vernice raschiata, niente borracce né portaborracce, nemmeno i nastri sul manubrio. Ha persino deciso di partire senza auricolare, preferendo essere solo con se stesso, visto che quello era il suo destino, così sicuro che bastava spingere al massimo per arrivare davanti. L'impressione generale è stata di ariosità, di leggerezza, anche quando ha attaccato l'ultima rampa verticale di Peyragudes, dove ha oscillato le spalle con un ritmo frenetico, ancora ben allineato e fresco.

Vingegaard ha sparso un po' di balsamo alla sua autostima

Anche nella prima parte pianeggiante del percorso, dove è stato molto aggressivo nelle curve, è andato più veloce del rivale. Il danese aveva optato per la sua bici da cronometro, completa di appendici, e per il suo casco aerodinamico, una protuberanza dall'estetica discutibile. Ma è stato il volto di Jonas Vingegaard a spaventare di più: carnagione livida, lineamenti da cadavere, occhi da zombie, segno che il leader di Visma stava scavando a fondo per cercare di reagire dopo la débàcle del giorno precedente, per cercare di avvicinarsi un po' di più all'orbita della maglia gialla.

Al traguardo si è congratulato con se stesso per la sua prestazione, che spera sia più consona al suo status e alla sua condizione attuale rispetto ai due minuti persi giovedì sui tornanti di Hautacam. Nonostante i discorsi prefabbricati della sua squadra sulle sue possibilità in questo Tour, obbligata a cercare di salvare la faccia, il due volte vincitore della Grande Boucle sa benissimo che non sarà in grado di competere (per il successo finale), ma questa cronoscalata ha fatto bene alla sua autostima, quindi non ha ancora intenzione di arrendersi, e soprattutto ha messo al loro posto coloro che pensavano di fargli il solletico.

Alle sue spalle, la cronoscalata di Peyragudes è stata essenzialmente un'immagine speculare di quella che avevamo visto nella prima tappa sui Pirenei, con più o meno la stessa gerarchia, il che spiega perché ci sono state poche lezioni da imparare. Primož Roglič ha avuto un po' di fortuna con il suo 3° posto a 1'20'' da Pogacar, ma l'esercizio gli si addiceva perfettamente - basti vedere la sua impeccabile posizione "sdraiata" sul pendio -, la sua esperienza gli permette di dosare i suoi sforzi con precisione, a maggior ragione quando deve badare solo a se stesso, ma questo bel risultato non annuncia necessariamente una rinascita, perché il suo problema in montagna contro questo gruppo di giovani corridori affamati rimane irrisolto.

Il suo compagno di squadra Florian Lipowitz (4° a 1'56'‘) ha confermato di essere attualmente il candidato più forte per il terzo gradino del podio, che Remco Evenepoel occupa ancora, ma il belga, ieri solo 12° a 2'39’', sembra essere in discesa, su un sedile eiettabile, e i sei secondi di vantaggio che ancora detiene in classifica generale sono molto esigui visto il programma della giornata fino a Superbagnères.

Oscar Onley (7° a 2'6'') sarà un avversario più duro per Lipowitz, mentre Kévin Vauquelin ha lottato duramente ma sembra avere i giorni contati, essendo ora 6° in classifica generale. Il normanno sta brancolando, scoprendo i limiti delle sue possibilità e bisognerà vedere come affronterà il susseguirsi delle tappe di montagna, ma un piazzamento finale tra i primi 10 è ancora alla sua portata, il che sarebbe una bella conferma della sua capacità di competere nella classifica generale di un grande giro.

Per il resto, la cronoscalata non ha causato i danni temuti dai velocisti e anche Bryan Coquard, che si era fratturato il mignolo nella tappa del giorno prima, ha concluso con un buon tempo. L'infortunio ha costretto il velocista tascabile a lasciare il Tour, ma ha voluto partecipare a questa cronometro, per andarsene nel rispetto dell'evento.

Va anche detto che i commissari avevano deciso all'ultimo momento (un'ora prima del via, ndr) di estendere il tempo massimo dal 33% al 40% del tempo del vincitore. Le conseguenze sono state aneddotiche, visto che solo sei corridori hanno beneficiato di questa grazia, anche se ha permesso a Tim Merlier, penultimo nella tappa, di prendersela comoda e, nella battaglia dei velocisti, la squadra della maglia verde Jonathan Milan (la Lidl-Trek, ndr) deve aver brontolato perché il belga ha potuto risparmiare le forze.

Ma soprattutto è deplorevole che le regole siano cambiate in questo modo all'ultimo momento, quando tutte le squadre avevano stilato tabelle di marcia precise per garantire che i loro "cosce grosse" finissero in tempo. Come se avessero appena scoperto che il percorso era molto duro e che Pogacar era mostruoso. Come se fosse diventato illegale eliminare un corridore dal Tour de France. Oggi non ci dovrebbero essere scherzi nella parte finale del trittico pirenaico, dove i velocisti dovranno faticare per tornare in tempo ai box, con le salite del Tourmalet, dell'Aspin, del Peyresourde e di Superbagnères, dove il Tour de France non saliva dal 1989 e la vittoria di Robert Millar. Pogacar non ha motivo di inseguire oggi la quinta vittoria in questa edizione, ma ciò non toglie che la battaglia per la fuga promette di far tornare tutti in rosso molto in fretta.

***

Primoz Roglic, 35 ans, a pris hier la 3e place du chrono, lançant enfin son 
Tour après des premiers jours difficiles. Et toujours avec un détachement épatant.

Le charme de l’ancien

PIERRE MENJOT

PEYRAGUDES (HAUTES-PYRÉNÉES) – Son meilleur temps provisoire n’a tenu qu’une dizaine de minutes, mêmepas le temps de s’asseoir sur le fauteuil de leader. Mais Primoz Roglic a allumé du vert hier, au sommet de Peyragudes, et c’est déjà un début pour le Slovène de Red Bull-Bora-Hansgrohe. Finalement 3e du chrono, à 1’20’’ de Tadej Pogacar, le quadruple vainqueur de la Vuelta a réussi sa meilleure performance depuis le départ. Comme si son Tour 2025 avait enfin commencé.

« Je ne m’attendais pas à ça, a-t-il avoué aux médias slovènes. J’ai tout donné et ç’a été plus rapide qu’hier (jeudi, 9e à Hautacam), mais je mentirais si je disais que c’était facile. » Rien ne l’est pour Roglic qui, à 35 ans, se bat pour continuer à lutter avec les meilleurs sur les classements généraux, et c’était avec un détachement parfois désarmant qu’il s’était présenté aux journalistes, à l’avant-veille du départ de Lille.

Un « travail à terminer »

Il assurait alors « ne pas avoir repéré les premières étapes » , rappelait que « chaque Tour que je démarre est plus proche d’être le dernier ». Il sortait surtout d’une grosse désillusion, ce Giro quitté au bout de deux semaines après plusieurs chutes, une constante dans sa carrière. La motivation avait mis beaucoup de temps à revenir, d’autant que « je devais prendre des antibiotiques, j’avais une sorte de bactérie, expliquait-il . Je souffrais, j’étais à genoux. Mais je n’ai rien à prouver à personne, je veux juste arriver jusqu’à Paris et y boire une coupe de champagne ».

Certains l’imaginaient venu en touriste, d’autant que Roglic a perdu du temps régulièrement les premiers jours. Mais sa performance d’hier rappelle le méchant coureur qu’il est encore, vainqueur du Tour de Catalogne fin mars en ayant renversé Juan Ayuso le dernier jour et capable de s’infliger de longs stages en altitude pour arriver prêt à ses objectifs.

Le Tour n’en était pas vraiment un, mais le Slovène a un « travail à terminer » sur cette épreuve, qui l’avait tourmenté en 2020, quand Tadej Pogacar lui avait ravi le maillot jaune à la veille de l’arrivée à Paris. Et s’il l’anime toujours à sa façon, par exemple en mettant des socquettes sur la 12e étape « pour ne pas avoir de trace de bronzage cet été » , il en occupe la 7e position ce matin, à 1’26’’ du podium, que convoite aussi son équipier Florian Lipowitz. Toujours là, « heureux et fier d’être en capacité de [s]e battre ». Toujours Roglic.

***


Malgré l’allongement des délais, Tim Merlier et Arnaud Démare ont dû s’employer pour boucler le contre-la-montre entre Loudenvielle et Peyragudes, hier, dans le temps imparti.

Sauvetage de gros poissons

Dix minutes avant le premier départ, hier, l’organisation du Tour a allongé les délais de 33 % à 40 %. Ce qui a évité l’élimination à plusieurs sprinteurs, dont Tim Merlier et Arnaud Démare.

"J’ai poussé tout ce que je pouvais"
   - ARNAUD DÉMARE, SPRINTEUR 
     D’ARKÉA-B&B HOTELS

ALEX BARDOT

PEYRAGUDES (HAUTES-PYRÉNÉES) – 13 h 01, hier à Loudenvielle. Jordi Meeus, avant-dernier du classement général, va s’élancer dans exactement dix minutes. Il fait partie de la meute des sprinteurs que ce contre-la-montre en côte vers l’altiport de Peyragudes menace d’une arrivée hors délai. L’organisation du Tour de France a déjà fixé le délai à 33 %, mais cette rallonge par rapport aux chronos classiques ne calme pas leur angoisse. « Si j’étais inquiet ce (vendredi) matin ? Ah oui, ah bah oui oui ! » , dira Arnaud Démare après l’arrivée. Les costauds du peloton ont noté que même Jonas Vingegaard a pris 2’10’’ dans la vue face à Tadej Pogacar en douze kilomètres, la veille dans Hautacam. Alors, eux qui n’aiment pas la montagne et que la montagne n’apprécie guère, arriveront-ils à finir dans les sept à huit minutes de délai que l’on imagine?

À 13 h 01, donc, alors que Meeus rejoint la cabane de départ, un communiqué tombe et, avec lui, l’enjeu principal de ce début d’après-midi : « Les délais pour terminer seront étendus à 40 % du temps du vainqueur. » La fatigue du peloton et la perf de Pogacar la veille semblent avoir fait craindre un gros wagon d’éliminés à l’organisation. Une belle main tendue vers les sprinteurs, que critiquera Wout Van Aert après-coup: « Ça faisait des mois qu’on savait que la limite serait à 33 %, et dix minutes avant le départ, ça change. J’ai trouvé ça décevant. »

Dans le paddock, au moment de l’annonce, les sprinteurs hésitent, eux, à se sentir soulagés. « Je me suis dit que c’était tant mieux, mais il fallait quand même que je fasse le chrono à bloc » , raconte Démare. Anthony Turgis (TotalEnergies), pourtant plus à l’aise dans les bosses que la plupart des grosses cuisses, dit que « le stress a diminué, mais seulement un tout petit peu. Sur un chrono, on ne peut pas se planquer dans les roues, on est rendus à nous-mêmes ». « Je n’étais pas trop inquiet, lance Alberto Dainese (Tudor), mais je me suis dit que certains allaient un peu plus profiter. » 13 h 11. Jordi Meeus dévale la rampe de départ. « Celui-là, il est grand » , lâche un spectateur espagnol sur son passage. 1,90 m, pour 80 kg, pas le gabarit idéal pour avaler 635 m de dénivelé en 10,9 km. À son attitude, on ne perçoit pas de relâchement lié à l’allongement des délais. Le sprinteur belge se cale autour de 20 km/h, effectue de longues relances en danseuse dès que la route se cabre un peu plus. Dans le mur final, il a Mattéo Vercher en ligne de mire, mais ne voit sans doute pas le Français faire un wheeling ( roue arrière). Il passe la ligne en 29’34’’. Correct.

Démare arrive au sommet de Peyragudes une douzaine de minutes après Meeus. Son chrono est moins bon: 30’59’’. « Un beau chantier, sourit le coureur d’Arkea-B&B Hotels. J’ai poussé tout ce que je pouvais, j’étais quasiment sur les bases de mon record sur 30’. Mais j’étais un peu bloqué sur toutes les parties moins raides, là où il fallait mettre des dents de moins pour maintenir la puissance. » Son classement le rassure un peu, quand même. « J’ai vu que Merlier et Mezgec étaient derrière moi, donc a priori ça devrait aller. Mais c’est sur le vainqueur que les temps sont pris… » Il file regarder la fin du chrono à la télé. En zone mixte passe justement Tim Merlier, qui ne lève pas la tête malgré les cris des enfants. Comme Luka Mezgec, le double vainqueur d’étapes sur ce Tour a été une trentaine de secondes plus lent que Démare. Dans la montée, il n’a pas pris le temps de saluer le public, contrairement à son collègue de sprint Biniam Girmay. Et pour cause : Merlier était dans un « mauvais jour ». À la télé belge, il vient même d’avouer sa peur d’être hors délai.

Six coureurs sauvés

En début d’après-midi, Luke Plapp claque le premier temps de référence: 24’58’’. Pour éliminer Merlier et Mezgec, il faudrait que le futur vainqueur aille 2’30’’ (22’28’’) plus vite que le rouleur australien. Ça paraît improbable. Mais quand Tadej Pogacar passe au deuxième temps intermédiaire, à 3,3 km de l’arrivée, avec 1’24’’ d’avance sur Plapp, un doute surgit. Et si le Slovène écrasait tout dans la rampe finale ? Mais « Pogi » a des limites: quand le chrono fatidique de 22’38’’ est atteint, il est à mi-montée de l’altiport. Merlier et Mezgec sont sauvés. L’augmentation du délai de 33 % à 40 % aura été décisive pour eux comme pour Mauro Schmid, Girmay, Démare et Elmar Reinders. Pour eux, la bataille des délais reprend aujourd’hui, vers Luchon-Superbagnères.

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

I 100 cattivi del calcio

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?