Après l’argent aux JO de Paris, un saut dans l’inconnu pour l’équipe de France de basket


Guerschon Yabusele (à gauche) lors d’un match de préparation 
à l’eurobasket 2025 contre l’angleterre, à Pau, le 8 août.

Privés de nombreux cadres mais ambitieux, les Bleus rêvent de créer la surprise au championnat d’europe.

28 Aug 2025 - Le Figaro
Christophe Remise

Garder l’équipe de France en haut de l’affiche. » Tel est l’objectif affiché par le sélectionneur Freddy Fauthoux avant une campagne européenne frappée du sceau de l’incertitude. Une page blanche, après la magnifique épopée de l’été dernier, aux JO de Paris. Une médaille d’argent, la troisième sur les quatre derniers tournois, qui semble déjà loin. Seuls trois des vice-champions olympiques (Yabusele, Cordinier, Coulibaly) de l’an passé figurent au sein d’un groupe France marqué par les absences (blessures ou choix personnel) et «en reconstruction», dixit Fauthoux, pour l’euro, qui se déroule du 27 août au 14 septembre entre la Lettonie, Chypre, la Finlande et la Pologne.

Trois cent vingt et une sélections au total sur la ligne de départ, dont 57 pour le nouveau capitaine, Guerschon Yabusele. C’est moins que le cumul de Nicolas Batum (177) et Nando De Colo (209), qui ont pris leur retraite internationale l’an dernier à l’issue des Jeux ! Des Bleus… très bleus. « Cette équipe ne sent pas le vieux chêne », s’amuse Jacques Monclar, consultant pour bein Sports, qui diffuse l’intégralité de l’euro. « On va découvrir des joueurs qui auront une charge de responsabilité un peu supérieure à ce qu’elle aurait été si certains avaient été là, à commencer par Victor

Wembanyama, mais aussi Mathias Lessort ou Evan Fournier», décryptet-il encore. On peut également citer Rudy Gobert ou les deux joueurs qui ont déclaré forfait au cours de l’été, Matthew Strazel (23 ans) et Vincent Poirier (31 ans). Deux coups durs de plus pour le successeur de Vincent Collet. « Jeunesse, fraîcheur et découverte », les mots-clés de la campagne 2025 pour Monclar. « Ambition », aussi. Car oui, malgré les absents, l’inexpérience, le manque de taille à l’intérieur (lire ci-dessous) ou l’absence d’un top-scoreur, les Bleus, vice-champions d’europe en 2022, ne sont pas à Katowice (Pologne) pour faire du tourisme.

Objectif demi-finale

C’est là qu’ils disputeront le premier tour, dans un groupe D composé de la Slovénie, d’israël, de la Pologne - demi-finaliste surprise en 2022 -, de l’islande et de la Belgique, leur premier adversaire, ce jeudi (17 h, bein et TMC). En cas de qualification pour la phase finale, à Riga (Lettonie), ils croiseront le fer en 8es de finale avec une nation du groupe C, qui comprend notamment la Grèce, l’italie et l’espagne.

«Un Euro réussi, c’est demi-finale», juge Jacques Monclar. Certes, la Serbie de Nikola Jokic, avec 10 des 12 joueurs médaillés de bronze aux JO, apparaît comme la grande favorite, devant les champions du monde allemands emmenés par Dennis Schröder et Franz Wagner. Derrière, les prétendants au podium sont nombreux, de la Grèce de Giannis Antetokounmpo à la Turquie d’alperen Sengun, en passant par la Lettonie de Kristaps Porzingis, la Lituanie de Jonas Valanciunas, la Finlande de Lauri Markkanen, et peut-être l’italie de Simone Fontecchio ou les champions d’europe espagnols, même s’ils n’ont plus leur lustre d’antan. Pourquoi pas la Slovénie de Luka Doncic, qui n’a toutefois pas brillé (du tout) en préparation (1 victoire, 5 défaites) ? Tout l’inverse des Bleus, qui ont remporté leurs cinq galops d’essai. Confiance au top, même si le niveau de l’opposition amène à relativiser, avec les faibles Monténégro (81-75) et Grande-bretagne (74-67), une Espagne diminuée (75-67 et 78-73) ensuite et une Grèce encore en rodage (92-77). Comme souvent, la clé, ce sera la défense et le collectif. D’autant que la France n’a pas de scoreur attitré cette fois. « Oui, mais il y a tout de même des joueurs qui aiment les fins de match, être responsabilisés: Malédon, Okobo, Hifi, Francisco… Alors, oui, on n’a pas le joueur absolu, pas de topscoreur. Ce sera un coup Yabusele ou Malédon, peut-être Risacher, Coulibaly, Francisco, Luwawu-cabarrot et Cordinier, qui savent mettre des points, Sarr, qui a toujours un volume points-rebonds intéressant… Mais il est évident que tu ne peux pas avoir une hiérarchie déjà établie avec une équipe aussi jeune, et qui n’a qu’un mois et demi de vie », résume Monclar. Un excitant saut dans l’inconnu.

***

Pour les Bleus, ce n’est pas la taille qui compte

« La force de cette équipe, c’est sa faculté à être agressive défensivement. 
Il faudra qu’on le soit encore plus pour perturber les autres équipes » 
   - Freddy Fauthoux - Sélectionneur de l’équipe de France

28 Aug 2025 - Le Figaro
C. R.

Deux salles, deux ambiances. L’an dernier, aux Jeux de Paris 2024, les Bleus se sont appuyés sur Victor Wembanyama (2,24 m), Rudy Gobert (2,16 m) et Mathias Lessort (2,06 m), en laissant notamment de côté Mous Fall (2,18 m). La taille, ce n’est pas ce qui manque dans le réservoir français. L’équipe de France devra toutefois trouver d’autres ressources à l’euro (27 août-14 septembre). Freddy Fauthoux doit en effet composer sans les trois pivots des JO ni Fall.

Le nouveau sélectionneur comptait donc sur Vincent Poirier (2,13 m), Alex Sarr (2,13 m) et Mam Jaiteh (2,08 m) cet été. Las, le premier nommé a été contraint de déclarer forfait. La nouvelle a été officialisée samedi 16 août.

Le staff s’est donc rapproché de Moussa Diabaté (2,08 m), qui avait été évincé du groupe final quelques jours plus tôt, mais… qui a dit non « pour raisons personnelles », dixit Fauthoux, glissant qu’il n’aurait «pas fait ce choix ». Une formule polie pour exprimer sa colère. Pas sûr qu’on reverra le pivot de Charlotte en bleu avant un moment… « J’ai parlé avec Moussa. Je comprends les deux côtés. Mais je lui ai dit : “Si tu veux revenir, c’est à toi de te rendre indispensable” », glisse l’excapitaine des Bleus, Nicolas Batum. Toujours est-il qu’après avoir envisagé «plusieurs scénarios», le sélectionneur national «a préféré rester avec les joueurs qui sont là depuis le début », convenant que « ce sera différent de ce qu’on a imaginé au début de la campagne ».

Parmi les 12 Bleus pour l’euro, on ne retrouve en effet que deux pivots, le jeune (19 ans) Sarr, pour qui ce sera le premier tournoi avec les A, et Jaiteh, médaillé de bronze à l’euro 2015, sa seule phase finale en bleu. « C’est un accomplissement d’être là, de me sentir légitime », savourait le deuxième nommé en début de préparation, lui qui est, à 30 ans, le joueur le plus âgé du groupe après le forfait de Poirier (31 ans). « Les années défilent, clairement. J’étais le cadet de l’équipe en 2015 », se souvientil, s’amusant de l’écart d’âge avec certains coéquipiers, « ça m’a rendu dingue ». Un statut d’ancien qui lui offre « un autre rôle », avec l’idée « de mixer mon extrême motivation et un certain vécu ». Dans ses premiers échanges avec Freddy Fauthoux, il avait déjà été question «d’apporter cette expérience et une certaine stabilité ».

Sauf qu’au départ, c’est Poirier surtout qui devait assumer le rôle de titulaire, lui l’ancien meilleur rebondeur de l’euroligue, trois fois médaillé avec les Bleus (bronze au Mondial 2019, argent aux JO 2021 et à l’euro 2022) et à la tête d’un capital de 63 sélections en équipe de France. « Alexandre Sarr et Mam Jaiteh auront plus de responsabilités », résume le successeur de Vincent Collet, avec le lot d’incertitudes que comporte ce duo. « Ça donne plus de responsabilité, abonde Jaiteh, parti à Dubaï (Euroligue) après sa bonne saison à Monaco. Je sens la confiance du staff, des coéquipiers. »

Alex Sarr perçoit sans doute la même chose, lui qui alterne toutefois le bon et le moins bon depuis son excellent premier match, contre le Monténégro (81-75). Le numéro 2 de la Draft 2024 est encore un diamant à polir, capable de s’écarter, de scorer, mais aussi d’impacter en défense. Palette large. Ses qualités sont indéniables et son potentiel, important. Même si Victor Wembanyama est appelé à régner sur la raquette française pour de longues années et que Mathias Lessort est l’un des meilleurs spécialistes d’europe, sans parler de Rudy Gobert et Mous Fall, le joueur des Wizards de Washington a de l’avenir en équipe de France. Génération 2005, comme Zaccharie Risacher (2,03 m). On va le revoir.

À l’instant t, le tandem Jaiteh-sarr n’apporte toutefois pas toutes les garanties. Sur le poste 4 en revanche, c’est plus solide, avec le précieux Jaylen Hoard (2,04 m) et surtout le capitaine Guerschon Yabusele (2,03 m). Et, justement, l’ours dansant sera amené à jouer au poste 5 de temps en temps. Il l’a fait sur les derniers matchs de préparation, contre l’espagne (7873) des frères Hernangomez ou encore la Grèce (92-77) de Giannis Antetokounmpo. Le cas échéant, Fauthoux peut naturellement utiliser Hoard en 4, mais aussi faire « monter » Risacher ou Timothé Luwawu-cabarrot (2,01 m).

Consultant pour le groupe TF1 - qui diffusera les matchs des Bleus à l’euro alors que bein Sports a l’intégralité du tournoi -, Nicolas Batum n’est toutefois pas inquiet outre mesure. « On l’a vu face aux Espagnols, et un gros physique comme Hernangomez, ils ont parfois galéré un peu. Donc tu te dis que face à Alperen Sengun (Turquie), Nikola Jokic (Serbie) ou Jonas Valanciunas (Lituanie), qui sont d’un tout autre niveau, ça peut être dur. Après, ils ont une vélocité et une rapidité qui peuvent être compliquées à suivre pour ces joueurs-là. Tu as le pour et tu as le contre. Ce sera à eux de faire jouer ce côté véloce, athlétique, pour diminuer l’impact et le côté physique de ces joueurs-là », juge «Batman», estimant par ailleurs que Guerschon Yabusele en 5, « ça peut marcher ». Et d’ajouter : « Le duo Yabusele-hoard est intéressant. »

L’ailier des Clippers devine en outre que «dans l’esprit du sélectionneur, même si on est petits, en plus des quatre intérieurs (Jaiteh, Sarr, Yabusele, Hoard), il y a aussi Luwawu-cabarrot, Zach et Bilal (Coulibaly), qui sont quand même trois grands ailiers. Tu as donc sept mecs à 2 mètres et plus. Ce n’est pas inintéressant… » On peut d’ailleurs ajouter Isaïa Cordinier (1,97 m).

Freddy Fauthoux a donc des options pour tenter de compenser ce manque de taille dans la raquette. Des options qui font la part belle au « small ball ». Dimanche dernier à Athènes, face au « Greek Freak » Antetokounmpo, ça a globalement bien marché. Certes, la superstar NBA de 30 ans avait terminé avec 20 points, mais seulement quatre paniers convertis et le reste de ses points aux lancers (12/14). Ce n’était pas si mal contre un tel phénomène… « La force de cette équipe, c’est sa faculté à être agressive défensivement. Il faudra qu’on le soit encore plus pour perturber les autres équipes », martèle le sélectionneur, bien conscient qu’il faudra tout de même « trouver des solutions pour protéger certains joueurs (des fautes) à l’intérieur ». Jaiteh et Sarr ont en effet trop souvent été pris par la patrouille lors de la préparation. Ils devront se montrer plus vigilants, car le « small ball » a ses limites.

À noter que le forfait du « petit » meneur Matthew Strazel (1,82 m) chamboule aussi les plans du sélectionneur, sachant que c’est lui qui était le premier à mettre la pression sur la balle. Une pression que les Tricolores devront appliquer avec toujours plus de rigueur sur les postes extérieurs pendant le championnat d’europe, histoire de faire oublier leur manque de taille à l’euro et tout simplement d’exister. Chiche ? D’ailleurs, les Bleus avaient été sacrés champions d’europe en 2013 avec un trio de pivots fait de bric et de broc, le néophyte Alexis Ajinça, l’invité surprise Johan Petro et… l’ailier fort Joffrey Lauvergne. En 2014, le trio composé du tout jeune Rudy Gobert, de Kim Tillie et Lauvergne n’inspirait pas non plus la confiance. Gobert avait crevé l’écran et la France avait pris le bronze au Mondial. Alors qui sait…

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