L’ÈRE DE LA COHABITATION


Obed Nkambadio, Maxime Lopez, Joao Neves et Vitinha.

L'ENTENTE CORDIALE

De retour en L1 après quarante-six ans d’absence, le PFC sera l’une des attractions de la saison. Si le promu ne cache pas ses ambitions, il affiche beaucoup d’égards pour son puissant voisin, le PSG.

Pour la première fois depuis quarante-six ans, le Paris FC et le Paris-SG évolueront ensemble en L1. Leurs dirigeants entretiennent des relations bienveillantes. Mais le champion d’Europe reste attentif à l’essor de son voisin.

"Je soutiendrai le PSG, 
sauf évidemment deux fois par an"
   - ANTOINE ARNAULT CET AUTOMNE

5 Aug 2025 - L'Équipe
HUGO DELOM (avec LOÏC TANZI)

Il est 9 heures et, en ce dimanche du mois d’août, le quartier du Parc des Princes n’est traversé que par le bruit du souffle des joggeurs, en route pour le bois de Boulogne, et le roulement des chariots de course des mamies du quartier. Les dix-neuf mètres de large de la rue Claude-Farrère qui séparent le stade Jean-Bouin et le Parc sont quasi vides. Devant l’entrée principale de l’enceinte du PSG, une petite queue s’est déjà formée pour attendre l’ouverture des visites officielles du stade. Photos devant les représentations des vainqueurs de la Ligue des champions, maillots Désiré Doué sur le dos, discussions sur la saison à venir : ici, l’actualité du PSG est partout.

Celle du Paris FC nulle part. À dix jours de l’ouverture du Championnat, le derby parisien n’a pas encore commencé. Entre le géant champion d’Europe et l’ambitieux promu, la rivalité sportive n’existe pas. Du moins, pas encore. Mais en coulisses, comment les dirigeants se jaugent ? Depuis l’annonce de l’arrivée de la famille Arnault au PFC, et encore plus depuis la montée en L1 en mai, les dirigeants du Paris-SG se félicitent de l’émergence d’un deuxième grand club francilien. Avec des éléments de langage très clairs autour d’une «concurrence saine» favorable au développement du football français.

Les échanges ponctuels entre Nasser al-Khelaïfi et Antoine Arnault ont été bienveillants ces dernières années. Ces deux-là se croisent régulièrement. Signe de leur proximité, le Qatarien, qui mesure la place de LVMH dans le luxe français, a invité Antoine Arnault pour l’inauguration du Campus PSG en novembre. Et deux marques du géant français sont ou ont été associées au PSG : Dior est l’habilleur actuel des hommes de Luis Enrique et Berluti l’a été par le passé. Mais le patron du PSG entretient une relation encore plus étroite avec le groupe Red Bull, actionnaire minoritaire du Paris FC et notamment avec son homme fort, le directeur général Oliver Mintzlaff. Ces deux-là se parlent souvent, se croisent lors des réunions de l’UEFA ou autres et ont eu l’occasion d’évoquer le projet du Paris FC ces derniers mois.

Au PSG, si l’on ne perçoit pas officiellement ce voisin comme une menace, on reste attentif sur la communication de celui-ci, avec un oeil particulier posé sur la marque Paris. Le PSG qatarien, depuis son arrivée il y a quatorze ans, s’est efforcé de coller, dans son approche commerciale, avec l’identité parisienne. Et plus largement banlieusarde. Pas question de la céder à son nouveau concurrent.

Côté Paris FC, la communication d’Antoine Arnault et des dirigeants vis-à-vis du PSG n’a pas évolué ces derniers mois. À leur arrivée à l’automne, les nouveaux propriétaires s’étaient clairement positionnés, avec une volonté assumée et répétée de ne pas se placer dans une concurrence

avec le voisin : «Le Paris-SG, c'est un club que j'aime depuis que j'ai 12 ans. J'ai été abonné de nombreuses années et j'ai la chance d'être invité désormais par mon ami Nasser (al-Khelaïfi) et vous ne m'entendrez jamais dire quelque chose de négatif sur le PSG, expliquait

alors Arnault. C'est un club que j'admire, je n'exclus pas de soutenir deux clubs à Paris, au moins tant qu'on est en Ligue 2 c'est certain. Mais même le jour où, je l'espère, nous serons en Ligue 1. Je soutiendrai le PSG, sauf évidemment deux fois par an. Il y a absolument la place pour un autre club à Paris, qui aura une philosophie propre.»

L’ère de la cohabitation entre les deux clubs a commencé. Si, dans les années à venir, le PFC grandit sportivement, une autre s’ouvrira.

***

Une distance qui a rapproché

5 Aug 2025 - L'Équipe
RÉGIS TESTELIN

Le fossé a toujours été trop grand entre le Paris FC et le Paris-SG pour qu’ils aient le temps de se détester. En 1970, ils avaient même fusionné. Et en 1979, ils se refilaient les joueurs.

Nous sommes en janvier 1969 et la Fédération française veut à tout prix voir naître un nouveau grand club de foot à Paris, après tant de rendez-vous ratés et de projets engloutis (Racing Club de France, Red Star, Stade Français, CA Paris), pour qu’il joue dans le tout nouveau Parc des Princes. Les recherches et les tractations vont durer quasiment dix-huit mois mais en juin 1970, ça y est, la FFF a trouvé le club capable de s’associer au Paris FC et d’obtenir ainsi le statut professionnel. Il s’agit du Stade saint-germanois, installé à Saint-Germain-en-Laye et qui s’apprête à monter en D2.

Les deux clubs ont intérêt à s’entendre et vont fusionner sous l’appellation « Paris Saint-Germain Football Club». Le PFC et le PSG ne font qu’un ; c’était il y a cinquante-cinq ans. Pendant deux ans, chacun a eu besoin de l’autre, mais en 1972, ils se sont séparés. Le PFC a gardé les joueurs, le statut pro et le Parc des Princes pendant que le PSG repartait jouer à Saint-Germainen-Laye, avec ses amateurs et en D3. C’est la dernière fois que le PFC a eu l’ascendant. Deux ans plus tard, en 1974, la roue avait définitivement tourné : le PSG retrouvait la D1 et le PFC était relégué en D2.

Depuis, chacun a fait sa vie, sans jamais vraiment prendre le temps de regarder l’autre. Ils ont toujours été trop éloignés, trop différents pour se frotter. Ils auraient pu se détester, ils auraient dû même, mais encore aurait-il fallu habiter au même étage. « Il n’y a jamais eu de rivalité entre le PSG et le PFC, explique Nicolas Kssis-Martov, journaliste spécialisé dans l’histoire des clubs parisiens. Que ce soit dans l’identité, dans la rivalité des supporters, dans les trajectoires sportives. Le PSG s’est trop vite échappé comme le grand club parisien, quand le PFC n’a existé que dans la question du second club à Paris.»

Une seule saison en commun en D1

Et encore pas toujours. L’identité du PFC a longtemps été celle d’un grand club formateur, enraciné dans le XXe arrondissement de Paris, «un gros club amateur avec énormément d’adhérents qui remportait plein de trophées chez les jeunes» , poursuit l’historien. Les rares traces de rivalité avec un club du coin sont à trouver avec le Red Star, et notamment lors de ce match de mars 1978 au Stade Bauer de Saint-Ouen, lorsque Robert Vicot, l’entraîneur du Paris FC, s’était pris des cailloux sur la tête après avoir fait un bras d’honneur au public. Mais d’animosité avec les gens du PSG, jamais. Les deux clubs n’ont cohabité qu’une fois dans l’élite, lors de la saison 1978-1979 (*).

Jean-Noël Huck avait quitté Nice pour être de l’aventure avec le PFC, promu en D1. « C’était un jeune club, tout nouveau, et j’y ai cru alors que j’avais d’autres propositions, se souvient l’ancien international français (17 sélections). Le président m’avait promis un beau recrutement et on jouait au Parc des Princes. Mais bon, on est descendus tout de suite. J’ai été déçu, le recrutement n’avait jamais suivi et c’était de l’amateurisme total. On nous appelait le matin pour nous dire sur quel stade on allait s’entraîner, ça changeait tout le temps.»

Et la rivalité avec le Paris-SG, cette saison-là ? «Absolument aucune, répond Huck. Ce n’était pas le PSG d’aujourd’hui, mais il y avait malgré tout un monde d’écart. On essayait de créer un club de D1 pendant que le PSG jouait avec Dominique Baratelli, Dominique Bathenay, Mustapha Dahleb et Carlos Bianchi… » Et bientôt avec Huck lui-même, qui, une fois le PFC tombé en D2, allait passer au PSG. «En fait, cette saison au PFC a été un mal pour un bien, se souvient Huck. Sous prétexte que les deux clubs étaient sous l’égide de la ville de Paris, le PSG a eu le droit de prendre deux joueurs au PFC, de se servir en somme. Le président (Francis) Borelli m’adorait depuis des années et à chaque fois qu’il me croisait il me disait qu’il fallait que je vienne au PSG. Et c’est comme ça que Jean-François Beltramini et moi, on est passés du PFC au PSG quand le club est descendu.» Sans indemnité de transfert, assure l’ancien joueur.

Quarante-six ans plus tard, les deux clubs vont à nouveau cohabiter parmi l’élite. Sans passif et sans animosité. Et sans rien d’autre en commun que la ville de Paris à porter en bandoulière et une certaine surface financière pour relever ses objectifs.


(*) Deux matches nuls ont ponctué leurs confrontations en Championnat: PSG-PFC (2-2) le 18 août 1978 et PFC-PSG (1-1) le 17 décembre 1978.

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