Dončić-Reaves - La « bromance » qui porte les Lakers

Luka Dončić (à gauche) et Austin Reaves (de dos) se taquinent, 

sous les yeux de leurs coéquipiers LeBron James et Deandre Ayton.

Depuis le début de saison, l’entente entre les deux arrières dépasse largement le terrain et régale les fans comme les médias. Los Angeles, dans le haut de tableau à l’Ouest, en profite.

«Ils ont tous les deux réalisé qu’ils adoraient le “trash talk”. 

Leurs personnalités sont très similaires à ce niveau» 

   - JJ REDICK, ENTRAÎNEUR DES LOS ANGELES LAKERS

10 Dec 2025 - L'Équipe

LOÏC PIALAT

LOS ANGELES – Deux salles, deux ambiances à Los Angeles. Les Clippers explorent les tréfonds de la Conférence Ouest. Ils ont déjà perdu 18 fois cette saison. Chris Paul vient d’être mis dehors à cause de coups de gueule à répétition. Les Lakers, eux, régalent. 17 victoires déjà. Loin de l’intouchable Thunder et ses 23 succès mais dans le peloton de tête avec des sourires partout dans la Crypto.com Arena.

Les bons résultats aident, forcément. Il n’empêche. Le duo Luka Dončić-Austin Reaves respire la bonne humeur. Les deux Angelenos ont ajouté un trash talk rigolo hors du terrain au showtime de rigueur sur le parquet. La liste de leurs facéties s’allonge quasiment à chaque match, pour le plus grand plaisir des journalistes chargés de les interroger, des fans qui réécoutent leurs vannes sur YouTube et de la franchise, ravie de relayer leurs échanges sur ses réseaux sociaux. Comme ce golf challenge posté sur TikTok. Un sport dans lequel « AR15 » excelle (aussi).

Le chambrage a commencé dès le deuxième match de la saison, une victoire contre Minnesota (128-110) avec 49 points du Slovène. Reaves a refusé de se lever du banc pour le féliciter, contrairement à ses coéquipiers. Dončić l’a secoué gentiment. Après son début de saison canon au scoring, l’Américain a suggéré que «Luka Magic » pourrait finir l’année à 40 points de moyenne. Réponse de l’intéressé: « Austin est stupide. » À Charlotte (111-121), mi-novembre, les deux ont débattu pendant un arrêt de jeu, en plein sur le parquet, de leur tir longue distance inscrit après le buzzer. « Pour m’assurer qu’il sache que j’avais marqué de plus loin » , a confié l’ancien Maverick. « Va te faire couper les cheveux » , a-t-il encore charrié sous une photo de l’arrière postée par les Lakers. On a aussi vu l’Américain faire un doigt d’honneur au numéro 77, qui lui a rendu la pareille pendant une interview d’après-match. « Bon boulot, mon ami! » , a salué Reaves, interrompant une autre interview. « Il veut être mon ami mais ça n’arrivera pas » , a rétorqué Doncic.

Même les compliments tournent à la blague. Quand Reaves a inscrit 51 points (son record) contre Sacramento (127-120), le meneur a posté sur le réseau social X un émoji de chèvre (GOAT, le plus grand de tous les temps traduit de l’anglais). « Il parlait sans doute de lui » , a commenté le numéro 15. Alignant lui-même les louanges sur la superstar dans le vestiaire, Reaves s’est arrêté d’un coup: « Ça fait assez de compliments pour aujourd’hui. »

Même technique de l’autre côté. À une journaliste qui lui faisait remarquer que c’était la première fois qu’il était aussi élogieux envers son coéquipier, Dončić a répondu: « Et c’est la dernière! » Les festivités continuent parfois à l’entraînement. « C’est mon coéquipier préféré » , a crié Reaves, alors que

Doncic s’apprêtait à parler aux médias au UCLA Health Training Center. « C’est le coéquipier que j’aime le moins. Un gamin » , s’est marré le Slovène.

De la même génération (Dončić a 26 ans, Reaves 27), les deux hommes ont un parcours très différent: un surdoué européen pro dès l’adolescence d’un côté, un joueur resté dans l’ombre après cinq ans d’université de l’autre. Mais le respect mutuel saute aux yeux.

« Ils ont tous les deux réalisé qu’ils adoraient le trash talk. Leurs personnalités sont très similaires à ce niveau. Donc ils peuvent créer une alchimie entre eux en restant euxmêmes » , analyse leur coach JJ Redick, interrogé par ESPN. « Toute notre relation se base sur des vannes » , résume Reaves.

Sur le terrain, l’entente marche à merveille. Elle illustre le leadership assumé du Slovène dans sa nouvelle équipe (35 points de moyenne) mais elle montre aussi que son coéquipier (28 points de moyenne) a définitivement laissé derrière lui son statut de révélation inattendue.

Fin novembre, le duo a enchaîné trois victoires avec plus de 30points chacun, une rareté en NBA (la quatrième fois en cinquante ans). Durant cette série, face à la Nouvelle Orléans (133-121), AR15 aurait fait exprès de rater un lancer franc en fin de match. « Je dois m’assurer que Luka garde confiance, s’est-il

justifié. Je n’allais pas marquer plus que lui deux soirs de suite. » Les deux joueurs et les fans finiront peut-être par se lasser du chambrage. Cette «bromance» de L.A. reste de toute façon suspendue au prochain contrat de Reaves, libre en fin de saison.