« Un coup de canif dans le contrat moral »


Les équipes françaises du World Tour, Groupama-FDJ et Decathlon CMA CGM, 
pourraient ne pas participer à une course telle que Paris-Camembert en 2026.

À partir de la saison 2026, Groupama-FDJ et Decathlon-CMA CGM, seules équipes françaises World Tour, n’auront plus l’obligation de disputer toutes les courses du calendrier hexagonal. 
Les organisateurs s’en inquiètent.

“Quel est le sens d’obliger des équipes à traverser la France pour aligner cinq coureurs dont trois blessés et deux en méforme ? Le mauvais accord, c’était pas d’accord du tout» 
   - XAVIER JAN, PRÉSIDENT DE LA LIGUE

“Le vélo, un sport gratuit, est en train de perdre son âme»
   - PATRON GUY BRIEN, DE PARIS-CAMEMBERT DE 1991 À 2023

10 Dec 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS

L’affaire était dans les tuyaux depuis juin, quand l’UCI a modifié son règlement « épreuves sur route » (art. 2.15.127 et 2.15.191), obligeant les équipes World Tour à participer à l’intégralité des courses de son calendrier WT alors que certaines, nées après 2016, pouvaient être facultatives. À part un joker à dégainer dans la saison, ce ne sera plus le cas et cette densité a des répercussions sur le cyclisme français.

Avec les stages de préparation qui se multiplient, les infirmeries en surchauffe parfois, les équipes tricolores ont estimé qu’elles ne pourraient plus forcément assumer d’être présentes sur toutes les compétitions nationales et la Ligue, la semaine dernière, a décidé de leur octroyer des « jokers » là aussi. Groupama-FDJ et Decathlon-CMA CGM, peut-être Cofidis – reléguée mais susceptible d’être invitée sur les courses World Tour – pourront ainsi zapper, au maximum et collectivement, jusqu’à huit des trente-cinq courses continentales du calendrier français.

« Le terme de “joker” est un peu péjoratif, nuance Yvon Sanquer, président de l’AC 2000, l’association qui regroupe les groupes cyclistes professionnels français. On préfère parler d’autorisation de nonparticipation. » Jusque-là, les équipes tricolores avaient l’obligation de s’aligner sur tous les départs de l’Hexagone, « un accord qui date de plus de vingt ans, rappelle Sanquer. Mais, ces dernières années, le cyclisme a évolué avec la nécessité, pour les équipes françaises notamment, de bien figurer dans les classements et de sécuriser une présence au plus haut niveau. On a demandé de la souplesse dans cet accord initial. »

Des doléances entendues par la Ligue et son président Xavier Jan qui, dès juin, a mis en place « un Google drive entre les présidents des familles du Rocc (Rassemblement des organisateurs des courses cyclistes), de l’AC 2000 et de l’UNCP

(Union nationale des cyclistes professionnels) afin de synthétiser les réflexions. Puis trois réunions ont suivi et la semaine passée ( jeudi), le conseil d’administration de la LNC a validé ces évolutions réglementaires. C’est la solution la mieux disante par rapport aux contraintes des uns et des autres. Quel est le sens d’obliger des équipes à traverser la France pour aligner, si je caricature, cinq coureurs dont trois blessés et deux en méforme ? Le mauvais accord, c’était pas d’accord du tout. »

Du côté des organisateurs, évidemment, on s’étrangle devant la perspective de ne plus voir les équipes historiques de Marc Madiot et Dominique Serieys, même amoindries, sur les podiums de présentation. « C’est un gros coup de canif dans le contrat moral qu’on avait avec la Ligue et les équipes, un coup de poignard dans le dos, s’agace Yannick Guéguen, président démissionnaire du Grand Prix du Morbihan (*). Après le Covid, ils étaient tous contents de nous trouver. Ce n’est pas respectueux pour les milliers de bénévoles qui oeuvrent pour le cyclisme pro en France. »

Si Decathlon et Cofidis ont des intérêts et des partenaires internationaux à honorer en dehors des frontières, Madiot réfute être à l’origine de cette demande de joker (« quand tu t’appelles GroupamaFDJ, tu as envie de faire les courses françaises ») mais, défenseur d’un cyclisme de terroir et membre de l’AC 2000, il semble assis entre deux chaises : « Le souci, compte tenu de la cotation des points des courses en France (125 points UCI pour le vainqueur de Paris-Camembert, 200 pour le GP du Morbihan, 500 pour celui de Québec, par exemple), c’est qu’on a besoin d’aller chercher des points à l’étranger. Mais on utilisera les jokers uniquement quand on sera dans la merde, avec des blessés et des malades. » L’ancien double vainqueur de Paris-Roubaix sait aussi que « s’ils n’ont pas de plateaux, les organisateurs, des mecs bénévoles et extrêmement courageux, sont morts. »

Avec un budget de 220 000 euros, 17 bénévoles en permanence et 400 sur le week-end de compétition en mai, Guéguen se posait la question de continuer : « Vendredi, lors de notre AG, on s’est demandé ce qu’on allait faire si une des trois équipes ne vient pas chez nous. » Guy Brien, patron de Paris-Camembert de 1991 à 2023 mais toujours un oeil vif sur le cyclisme actuel, rejoint son ancien confrère et dénonce « une fuite en avant. Au début des années 1990, on a créé (en 1992) la Coupe de France avec Roger Legeay pour relancer des équipes. Les dirigeants ont la mémoire courte. Le jour où, au niveau mondial, on n’aura plus besoin d’eux, ils se retrouveront dans la même difficulté que nous. Sans têtes d’affiche, l’intérêt des partenaires va baisser et les épreuves françaises vont ressembler à des coquilles vides. Autant organiser une course amateur à 60 000 euros, on aura moins de difficulté et les pros se démerderont. »

Cette évolution réglementaire pourrait venir effriter le socle du cyclisme d’en bas, déjà fragilisé par la disparition massive des équipes de DN1 ces dernières années, la mort sociale et sportive d’Arkéa-B&B Hotels, les difficultés financières des organisateurs confrontés à l’augmentation des contraintes sécuritaires… « On entend et on partage leurs inquiétudes globales, observe Yvon Sanquer. Mais le cyclisme s’internationalise de plus en plus, il faut tenir compte de cette réalité. On ne demande pas des choses démesurées : les huit autorisations, gérées et bornées, s’inscrivent dans une année de test. » Xavier Jan annonce ainsi, en vue de 2027, « la mise en place d’un groupe de travail qui va se pencher sur la restructuration de notre calendrier. » Guy Brien est sceptique sur cette mesure provisoire qui pourrait « se figer dans le marbre. Car le calendrier World Tour va encore se densifier. Le vélo, un sport gratuit, est en train de perdre son âme. Et il ne faut jamais se couper de ses racines ».


(*) Contacté lundi 8 décembre, il a démissionné quelques heures plus tard pour des raisons personnelles.

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Pogačar en reco de Paris-Roubaix

10 Dec 2025 - L'Équipe

Après sa 2e place derrière Mathieu van der Poel pour sa première participation à Paris-Roubaix cette année, Tadej Pogačar avait promis d’y revenir. Hier, il aété aperçu en reconnaissance au niveau du carrefour de l'Arbre accompagné de trois coéquipiers, Tim Wellens, Florian Vermeersch et Nils Politt, indique La Voix du Nord. Selon le média belge 7 sur 7, les quatre coureurs étaient présents sur les pavés pour tester le matériel. Ils auraient changé à plusieurs reprises de vélo – Y1RS et V5RS– ainsi que de pneumatiques.

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