Un entretien avec Luis Fernandez, avant Psg-bilbao


« On peut leur trouver des défauts, éventuellement dire que c’est une équipe moyenne, 
mais je respecterai toujours ce club qui a des vertus. 
Ils le montreront sur le terrain face au PSG », a déclaré Luis Fernandez.

L’ancien entraîneur du PSG et du club basque, opposés ce mercredi, garde un souvenir ému de son passage en Espagne.

10 Dec 2025 - Le Figaro
Christophe Remise

Bilbao-PSG, un match particulier pour Luis Fernandez. Formé au PSG, le natif de Tarifa a porté les couleurs du club de la capitale à 273 reprises, participant à la conquête des premiers trophées (Coupe de France en 1982 et 1983, champion de France en 1986). L’exinternational tricolore (60 sélections, 6 buts) a aussi apporté à Paris sa première Coupe d’europe, la Coupe des Coupes en 1996, en tant qu’entraîneur (1994-1996 puis 2000-2003). Du sang rouge et bleu dans les veines de l’enfant des Minguettes, qui n’a pas non plus oublié ses années cannoises. Le consultant de bein Sports a toutefois aussi été marqué par ses quatre saisons sur le banc de Bilbao, de 1996 à 2000. 178 matchs à la tête du club basque, adversaire du PSG ce mercredi (21 heures, Canal+) en Ligue des champions. Affiche qu’il suivra depuis les tribunes de San Mamés, invité par l’athletic.

LE FIGARO. – Comment s’étaient noués les contacts avec Bilbao en 1996 après votre départ du PSG ?

LUIS FERNANDEZ. – Ils sont venus me voir à la maison. Ils avaient suivi ce que j’avais réalisé avec le PSG. Avec mon épouse, on a décidé ensemble. J’ai toujours aimé le football espagnol, je le regardais, je le suivais. Je suis arrivé dans un club qui avait une philosophie totalement différente. Avec les entraîneurs qui étaient passés avant moi, des personnages, comme Jupp Heynckes (1992-1994), je me suis dit que ça pouvait être une aventure intéressante. Et ça a été le cas… J’avais Pierre Alonzo, paix à son âme, avec moi comme adjoint, le gardien légendaire José Angel Iribar, Manu Delgado, qui était le préparateur de la sélection espagnole. J’ai découvert le centre d’entraînement de Lezama, un président, une organisation… J’étais content d’avoir fait ce choix dès les premiers pas à Lezama, à San Mamés…

Ce stade justement, surnommé « La Cathédrale », comment le décrire ?

C’est fort, une ambiance qui te marque, quelque chose qu’on ne peut pas oublier. Quand tu arrives, avec ton staff, à avoir un groupe qui a cette attitude, cet état d’esprit, celui que le PSG a montré depuis la saison passée d’ailleurs, c’est que le collectif vit bien ensemble, joue ensemble, travaille ensemble. J’avais beaucoup aimé le fait que l’effectif allait manger ensemble après les matchs, avec les épouses. J’ai trouvé cette démarche fantastique.

Ressent-on le poids de l’histoire au sein de ce club qui a 127 ans d’existence ?

Ces garçons n’avaient qu’un seul objectif, ne pas être les premiers à faire descendre le club. L’athletic Bilbao n’est jamais tombé en deuxième division depuis la création de la Liga, en 1929, comme le Real Madrid et le FC Barcelone. Quand on commence une saison, les joueurs ont ça en tête. J’avais un groupe qui répondait à nos attentes. J’ai vraiment vécu quatre belles années à l’athletic Bilbao. Plus que marqué par ce club, je suis tamponné !

Un moment ou un match marquant ?

Le soir de la qualification pour la Ligue des champions, le 15 mai 1998. Nous avions décroché notre billet au bénéfice d’une victoire 1-0 sur Saragosse, lors de la dernière journée. C’était extraordinaire. Dans San Mamés, c’était inimaginable. Sur le but de Joseba Etxeberria, c’était fou, le feu dans le stade ! Une soirée comme celle-là, et puis le lendemain, les festivités dans la ville, avec le bus, les joueurs, tout le monde qui nous attendait dans les rues, ça ne peut pas s’effacer. J’ai eu l’occasion d’y retourner depuis, de les revoir. Pour le match contre le PSG, ils m’ont invité, le billet d’avion, la place au stade… La grande classe. J’ai toujours des relations avec le président, des joueurs…

Quelles relations aviez-vous avec les supporteurs ?

Ils pouvaient venir à Lezama, ils étaient proches… Je me suis toujours demandé pourquoi on ne pourrait pas le faire ici. Ça crée des liens. C’était incroyable. Ils n’avaient même pas besoin de solliciter les joueurs pour des autographes, ce sont les joueurs qui allaient vers eux. C’est le fruit d’une histoire. C’est un club qui n’oublie ni ses joueurs ni ses entraîneurs ou son passé. C’est comme cela qu’on le vit en Espagne, mais aussi en Angleterre, en Italie, en Allemagne… Peut-être un peu moins en France.

La place du coach en Espagne était-elle différente de ce que vous avez connu ailleurs ?

Un jour, j’ai dit au président que j’étais surpris qu’il ne me demande jamais la composition de l’équipe, qu’il ne vienne pas à l’entraînement. Il m’a simplement invité à venir au siège le lendemain matin, à 10 heures. J’ai appelé ma femme, je lui ai dit : « Je me suis peutêtre un peu emballé. » (sourire). Le lendemain, j’arrive au siège, il m’attendait et m’a montré le bureau des financiers, du marketing, des socios, le sien… Il m’a dit : « Moi, je m’occupe de ces personnes. Toi, tu t’occupes du sportif et jusqu’ici, tu le fais remarquablement bien. » Chacun son travail. Je me suis dit : «C’est fantastique, je comprends maintenant pourquoi ce club a une telle histoire… » Après, c’est un club qui ne pourra jamais gagner la C1, parce qu’ils ont une philosophie différente (Bilbao s’impose de ne recruter que des joueurs basques, NDLR), mais ça travaille bien, une gestion saine, des gens bien, un club magnifique. Je suis admiratif, c’est un exemple pour d’autres clubs.

Comment jugez-vous l’équipe actuelle de Bilbao ?

C’est une équipe qui a terminé quatrième en Liga. Cette année, la C1 va peutêtre leur coûter quelques points en championnat. Il y a eu des blessures aussi. Mais ils arriveront toujours à s’en sortir parce que le stade est toujours plein, une ambiance de fou. Les joueurs veulent toujours porter ce maillot le plus dignement possible. Malgré la défaite (0-2) face à Arsenal lors de la première journée de C1, sur deux buts en contre, j’avais trouvé leur première période remarquable, j’étais sous le charme. Ils feront honneur à leur maillot, ne vous inquiétez pas. On peut leur trouver des défauts, éventuellement dire que c’est une équipe moyenne, mais je respecterai toujours ce club qui a des vertus. Ils le montreront sur le terrain face au PSG.

Quel bilan tirez-vous de la saison du Paris-SG jusqu’ici ?

Depuis janvier dernier, Luis Enrique et son staff ont réalisé un travail remarquable. Au PSG, il n’y a pas de star. La star, c’est le collectif. Depuis la reprise, il y a eu des blessures chez des éléments importants, après une saison longue et dure, marquée par le sacre largement mérité en Ligue des champions, puis la Coupe du monde des clubs. Cela crée une surcharge de travail qui fait que l’équipe n’est pas encore à 100 %. Mais il ne faut pas oublier que ce n’est qu’à partir de janvier que c’est parti dans tous les sens. C’est une équipe qui a un état d’esprit magnifique, je suis admiratif de ce qu’ils font sur le terrain. Je les vois faire une grande saison en C1.

Vous les voyez capables de remporter la C1 encore une fois ?

Oui, c’est possible. Il y a d’autres clubs, le Bayern, les Anglais avec Chelsea ou Arsenal, le Real a des difficultés, mais il faut voir avec le Barça aussi… Pour le PSG, le potentiel est là, les joueurs sont là. Après, il faut qu’ils récupèrent les blessés. Mais je ne suis pas inquiet pour le PSG.

Un cadeau de Noël en termes de recrutement pour le PSG au mercato d’hiver ?

Pas spécialement. J’aime l’effectif actuel. À la rigueur, peut-être un joueur à droite afin de soulager Hakimi, qui joue beaucoup, peut-être trop. C’est tout.

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