UN RETOUR D’ALIEN
Lancé en sortie de banc après un mois d’absence, Victor Wembanyama a boosté les Spurs lors de la demi-finale de la NBA Cup remportée face à Oklahoma City, champion en titre quasiment imbattable cette saison.
"Peut-on être désigné à la fois meilleur
sixième homme et MVP de la saison ?"
- VICTOR WEMBANYAMA,
INTÉRIEUR DES SPURS
15 Dec 2025 - L'Équipe
MAXIME AUBIN
LAS VEGAS (ÉTATS-UNIS) – Ne comptez pas sur Victor Wembanyama pour aller célébrer la victoire dans l’un des casinos rutilants du Strip de Las Vegas. Samedi soir, alors que tous ses coéquipiers avaient rapidement déserté la T-Mobile Arena, sans doute en quête d’une nuit agitée, après le succès face à Oklahoma City (111-109) en demi-finales de la NBA Cup, lui est resté pendant plus d’une heure sur la table de soins dans le vestiaire des Spurs, rejoignant ensuite quelques membres de sa famille pour une fin de soirée qui s’annonçait très calme.
« La victoire ? C’est un accomplissement en soi, même si ce n’est pas du tout au niveau des playoffs » , tenait-il à relativiser après ce qui ressemblait pourtant à un double exploit: un retour tonitruant sur les parquets après un mois d’absence, et un succès tout aussi marquant face au Thunder, champion NBA en titre et actuelle meilleure équipe de la Ligue (24 victoires en 26 matches). Dans la nuit de mardi à mercredi, il visera son premier titre avec les Spurs, en finale de la NBA Cup face aux Knicks. Un trophée qui viendrait valider la progression impressionnante de son équipe depuis le début de saison.
Si Amazon Prime, le diffuseur du match, avait investi gros sur cette rencontre, envoyant plusieurs cadreurs en « steadicam » autour du parquet, la franchise texane leur avait réservé une mauvaise surprise : Wembanyama démarrait sur le banc de touche, limité dans son temps de jeu après avoir raté les 12 derniers matches (élongation au mollet gauche).
Le géant français (2,24 m) a dû attendre le deuxième quarttemps pour enfin goûter à trois courtes minutes de jeu, avant d’être utilisé de plus en plus au fil de la rencontre. « D’une certaine manière, c’était le pire scénario possible pour son retour, entre les restrictions de temps de jeu et énormément de choses qu’il ne pouvait ni contrôler ni décider. C’était donc un peu l’inconnu, et malgré ça, je trouve qu’il a joué sans complexe », résumait son entraîneur Mitch Johnson en conférence de presse. « Wemby » avait laissé ses doutes au vestiaire. Chaque instant passé sur le parquet a donné un coup de fouet à son équipe : les Spurs ont d’abord rattrapé un déficit de 16 points avant la mitemps, avant que le Francilien n’enchaîne 15 de ses 22 points de la soirée dans le dernier quarttemps pour offrir la victoire aux siens. Il y a ajouté 9 rebonds et 2 contres en seulement 20’39'' de jeu, avec une statistique encore plus parlante : un différentiel de +21 quand il était sur le terrain (la différence entre les points marqués et encaissés par son équipe lorsqu’il était présent). « Peut-on être désigné à la fois meilleur sixième homme et MVP de la saison ? » , s’amusait-il après coup, quand un journaliste américain lui suggérait désormais de sortir du banc à chaque match.
Au-delà des chiffres, Wembanyama a laissé libre cours à ses émotions samedi soir, hurlant quand son adversaire Chet Holmgren ratait son lancer franc, pointant du doigt Alex Caruso après avoir marqué devant lui et gonflant les muscles devant Cason Wallace qui venait de commettre une grosse faute près du panier. « J’étais juste une boule d’énergie. Je ne pouvais pas tenir en place avant le match », confirmait Wemby, définitivement intenable. Il faut bien que ça sorte d’une manière ou d’une autre, et si ça peut faire mal aux adversaires, alors je suis preneur. »
La montée en puissance des Spurs se confirme
Le public de la T-Mobile Arena était bizarrement acquis exclusivement à la cause des Spurs. Une partie de l’explication tenait sans doute à la présence de nombreux touristes coiffés de chapeaux de cow-boy, venus avant tout assister au rodéo de Las Vegas (Nevada) ce week-end, événement texan par excellence. L’autre moitié des spectateurs était tout simplement venue voir celui qu’on surnomme « l’Alien » aux ÉtatsUnis, déjà star parmi les stars en NBA.
Cette soirée au doux parfum de play-offs aura surtout permis de confirmer ce qu’on entrevoyait depuis le début de saison : les Spurs de Victor Wembanyama, de De’Aaron Fox et consorts sont déjà très forts, et ne cessent de monter en puissance. Ce n’est pas Caruso qui dira le contraire. L’arrière, double champion avec les Lakers (2020) et le Thunder (2025), est sorti du terrain dans une colère noire, écoeuré par la tournure des événements.
« Je suis heureux d’être intégré à quelque chose qui est en train de devenir si beau. Un basket pur, dans l’esprit du jeu » , complétait l’international tricolore après la qualification. « Ça nous semble anormal de perdre désormais. Nous en sommes là où nous le voulons. »
Les Knicks de Jalen Brunson, vainqueurs d’Orlando quelques heures plus tôt (132-120), se dresseront désormais sur la route des Spurs, mardi en finale. Un duel Est-Ouest aux accents français, puisque trois joueurs tricolores évoluent à New York : Guerschon Yabusele, Pacôme Dadiet et Mohamed Diawara. Compatriotes ou non, Victor Wembanyama ne devrait faire aucun détail dans ce match qui s’annonce comme le plus important de sa jeune carrière américaine.

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