DUPLANTIS - L’épouvantail de la perche


Absent aux Championnats d’Europe il y a deux semaines, la star suédoise est en lice aujourd’hui pour un troisième titre mondial de rang. Pour les autres concurrents, sa présence change radicalement la donne.

"Je suis le plus grand perdant du monde. 
Je suis le seul homme à avoir sauté 6,02 m et à avoir perdu" 
   - L’AMÉRICAIN SAM KENDRICKS 
     À PROPOS DE SA DÉFAITE À LAUSANNE, EN 2020

"Paradoxalement, quand toutes les têtes d’affiche sont présentes, 
tout le monde est meilleur" 
   - RENAUD LAVILLENIE

22 Mar 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE ANNABELLE ROLNIN

NANKIN (CHINE) – Quand Armand « Mondo » Duplantis est sur la start-list d’un Championnat, c’est simple. Les autres perchistes savent qu’ils viennent pour une très honorable médaille d’argent ou de bronze, les journalistes se creusent la tête pour trouver une façon originale de traiter sa future victoire et potentiellement un énième record du monde, et ses sponsors ouvrent le carnet de chèques. Voici donc ce qui est en train de se tramer alors que la finale de la perche débute aujourd’hui à partir de 11h34 (18h34 en Chine)Armand Duplantis lors du Mondo Classic, chez lui en Suède, le 13 mars.

« On sait très bien que quand il est là, la première place est très compliquée, voire impossible à atteindre, il a tellement de marge. On est tous très lucides », expliquait Thibaut Collet, prétendant au podium,avantdedécollerpourNankin, il y a quelques jours. «Onme demande souvent si c’est décourageant, non ça ne l’est pas. On sait qu’on ne va pas gagner, et celui qui dit le contraire, il sait qu’il est en train de mentir. Parce que Mondo ne perd pas. Ce n’est pas possible. Il est en train d’asseoir sa suprématie d’une manière assez folle, donc on fait avec. »

Collet, toujours très pragmatique, a raison. Duplantis compte onze médailles internationales, dix d’or et une d’argent. Deux ors olympiques, deux ors mondiaux en plein air, deux en salle, quatre titres de champion d’Europe dont un en salle. Pour le voir battu, il faut remonter à 2019, aux Mondiaux de Doha, où, à 19 ans, il avait été devancé par Sam Kendricks. Sinon, encore mineur, il avait terminé 7e des Mondiaux en salle 2018 et 9e des Mondiaux 2017 à Londres. Une autre époque, quand il n’était pasencorelaterreurdessautoirs. Parfois, même sauter haut ne suffit pas. En 2020, au meeting de Lausanne, Sam Kendricks avait terminé 2e avec 6,02 m, contre 6,07 m pour Duplantis. « Je suis le plus grand perdant du monde. Je suis le seul homme à avoir sauté 6,02 m et à avoir perdu, c’est le monde dans lequel nous vivons », ironisaitl’Américainilyaquelques mois. « Il tire vers le haut toute une génération, poursuivait Collet. Le niveau mondial est incroyable. Karalis est en train de produire une saison absolument extraordinaire. »

Parlons du sauteur grec, justement. Né en 1999 comme Duplantis, Emmanouil « Manolo » Karalis a partagé pas mal de podiums avec le Suédois, depuis les catégories jeunes, toujours sur la deuxième ou troisième marche. Il y a deux semaines, il avait enfin l’occasion de gagner, puisque Duplantis avait zappé les Championnats d’Europe en salle d’Apeldoorn. « Quand (Duplantis) n’est pas là, ça rajoute une pression un peu différente, reprenait Collet. Ça pousse les concurrents, ça donne des ailes. » Avec deux concours à plus de six mètres, trois à 5,90 m ou plus cet hiver, le Grec était le grand favori pour le titre, et c’est derrière lui, cette fois, que cela semblait ouvert. Pourtant, tout ne s’est pas passé comme prévu.

« Paradoxalement, quand toutes les têtes d’affiche sont présentes, tout le monde est meilleur, analysait Renaud Lavillenie avant le All Star Perche et donc Apeldoorn. Alors que si jamais il en manque un ou deux, certains se disent : “P…, je peux faire un podium”, et en fait ils s’écroulent. Ç’a été un peu le cas aux Championnats d’Europe en salle d’il y a deux ans, avec (le Norvégien Sondre) Guttormsen qui gagne avec 5,80 m. Duplantis n’avait pas sauté, il n’y avait pas de leader. Tout le monde s’est vu beau, et le jour J, ils se sont tous troués. À Apeldoorn, Duplantis n’est pas là, Karalis est ultra-favori, mais serat-il capable de gagner ? »

L’ancien champion olympique n’avait pas forcément tort. Karalis, brûlé à la main à son premier essai à 5,95 m, a été incapable d’enclencher les deux sauts suivants et a dû partager la victoire avec le Néerlandais Menno Vloon, 5,90 m également. Le perchiste de 30 ans, transcendé devant son public, n’avait encore rien gagné au niveau international. Guttormsen s’est invité sur la troisième marche après un concours laborieux et un saut presque miracle à 5,90 m, qui éjectait Thibaut Collet du podium (4e avec 5,85 m).

Aujourd’hui il sera bien là et la finale directe (12 concurrents) ressemblera à un meeting cinq étoiles. « Je ne porte pas mon attention sur lui, ce n’est pas mon adversaire numéro 1, relativisait Baptiste Thiery, deuxième Français en lice. Je pars du principe, sans prétention aucune, que ça reste un Championnat et qu’on est tous humains. On n’est jamais à l’abri qu’il (Duplantis) ait un pépin, technique ou physique. À ce moment-là, il faudra bien que quelqu’un prenne les devants.»

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