GRÉGOIRE - Tour d’un Grand
Vainqueur d’une étape et du classement général du Tour de Grande-Bretagne, le leader de Groupama-FDJ confirme les attentes de ceux qui, depuis des années, vivent avec son exigence et son professionnalisme.
Clément Russo, son coéquipier : « Il m’épate par son professionnalisme »
8 Sep 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
La famille Grégoire pourra encadrer la photo de Romain, l’aîné, levant le poing dans le sprint final à Cardiff, qu’il a pourtant terminé hier à la 13e place. Car le leader de la formation Groupama-FDJ, allergique aux accessits, n’a pas pour habitude de fêter les « défaites », mais en finissant avec le peloton (réglé par Olav Kooij), Grégoire a préservé les deux secondes d’avance qu’il avait sur Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step) et a remporté le Tour de Grande-Bretagne.Romain Grégoire fête son succès sur le Tour de Grande-Bretagne, hier.
Le Belge a tenté de le devancer à deux reprises dans le final, mais le vainqueur de la 4e étape vendredi a répondu à chacune des mines du double champion olympique, ainsi qu’à celle d’Oscar Onley (Picnic-PostNL), qui lorgnait également le classement général (4e au final, à huit secondes de Grégoire).
Lors de la cérémonie protocolaire de cette épreuve britannique où Geraint Thomas a mis un terme à sa carrière à 39 ans, Grégoire (22 ans), déjà vainqueur d’une étape du Tour de Suisse et avec les meilleurs en début de Tour en juillet, était bien entouré avec Evenepoel, donc, et Julian Alaphilippe (3e), dernier Français au palmarès de la course d’une semaine (2018). Un podium qui commence à causer dans le poste et auprès de ses proches, sollicités pour raconter « leur » Romain Grégoire.
Baptiste Grégoire, son frère cadet et coéquipier :
« Cette envie de victoire absolue, c’est ce qui le caractérise »
« C’est un plaisir de rouler avec mon frère, on a vécu, grandi et roulé ensemble. Participer aux mêmes courses, travailler pour lui, c’est presque un rêve. En début d’année, sur la Faun-Ardèche Classic (remportée par Romain Grégoire, le 1er mars), on avait décidé de prendre les choses en main et de rouler derrière l’échappée, c’était à moi de rouler en premier et il m’avait dit “ça me gêne, je te fais faire le sale boulot” (rires).
Pour moi, cela m’allait très bien. C’est un leader très apprécié de tous ses coéquipiers car il motive, il sait ce qu’il veut. Avec lui, toute l’équipe est sur la même longueur d’onde, il sait fédérer derrière lui. Il n’oublie jamais de remercier les gars après les courses, ça fait toujours plaisir. C’est un vrai gagneur, il ne se satisfait jamais d’une course où il n’est pas le premier.
Cette rage, cette envie de victoire absolue, c’est ce qui le caractérise et il l’a toujours eue. Les jeux de société en famille, le dimanche, c’était quelque chose car on est tous pareils, cela ne finissait pas dans une bonne ambiance ( rires). »
Marc Madiot, son patron :
« C’est un taulier »
« Sur ce Tour de Grande-Bretagne, j’ai ressenti chez lui beaucoup de lucidité, de maîtrise des éléments et des nerfs, c’est une belle progression de sa course par rapport à ce qu’il faisait il y a un ou deux ans. Avec les adversaires qu’il avait en face de lui, il aurait pu avoir des difficultés, mais il a fait preuve d’une grande gestion mentale. Il court juste, il met le coup quand il faut.
Quand on l’a pris (en 2022 avec la Conti), on savait qu’il aurait des résultats mais là, on est dans le niveau haut de ce qu’on pouvait espérer. Je pense qu’il va faire une grosse fin de saison. Au-delà d’être un gagneur, c’est un pro, c’est un taulier. Je lui ai dit de garder la photo, car quand tu as en deuxième ( Evenepoel) et troisième (Alaphilippe) des gars qui ont été plusieurs fois champions du monde et olympiques, c’est quand mêmepas mal. Evenepoel, c’est du haut de gamme. »
Lorenzo Germani, son meilleur ami et coéquipier :
« Le meilleur leader que j’aie eu »
« On a partagé la même chambre dès notre premier stage et toutes les autres courses qui ont suivi. C’est notre quatrième saison. On a tout de suite trouvé une belle cohésion, on rigolait bien, on s’amusait sur le vélo. Moi je sors les conneries, lui rigole. Mais il en sort aussi. Romain est un peu réservé, il ne parle pas beaucoup, ne va pas sur les réseaux sociaux mais ce que j’adore chez lui, c’est son envie de faire des résultats.
C’est un vrai coursier, il aime la compétition, aller le plus loin possible. Pour un équipier, c’est un boost en plus. C’est le meilleur leader que j’aie eu. Lors du Baby Giro en 2022 avec la Conti, on arrive avec une grosse équipe, mais on ne décroche pas de résultats.
La veille de la dernière étape, on fait un briefing, il nous a regardés dans les yeux et il nous a dit “demain, on gagne”. Le lendemain, il a attaqué dans le dernier raidar, il ne s’est jamais retourné et il a gagné. Son état d’esprit, c’est ça. »
Maxime Latourte, son entraîneur depuis les cadets :
« Un profil à la Alaphilippe »
« On se connaît depuis 2017 et il était cadet à l’époque. Déjà, il était déterminé, carré, c’était quand même assez déconcertant à cet âge. Personnellement, je n’avais jamais vu ça. Dans sa façon de voir les choses, il était très clairvoyant sur ses projections de performances, il savait comment les atteindre et quand il ne savait pas, il demandait.
Et il comprenait rapidement. C’est un des coureurs avec lequel j’ai eu le moins de mal à cadrer les choses et quand il avait besoin de liberté, il le verbalisait facilement. Je n’ai jamais eu besoin de mettre de limites. Sur le plan physique, il avait déjà un capteur de puissance et les valeurs étaient très intéressantes. Sa gestion de l’effort était bluffante. Je me disais: “il est déjà optimisé, il est au millimètre, il n’y a pas de marge.”
En quelques mois, on a quand même vu qu’il y avait moyen d’amener des choses nouvelles. Je le vois encore évoluer. On a remis l’accent sur le travail de punch cette saison, alors que l’an passé, on avait plus axé sur la montagne, ce qui lui faisait défaut en World Tour. À l’avenir, il faudra voir où il peut scorer efficacement mais c’est un profil à la Alaphilippe dans les qualités physiques. » « Romain peut être réservé mais il est câblé, il a de grosses ambitions et il se donne les moyens de réussir. Il m’épate par son professionnalisme. Malgré son âge, il est déjà expérimenté, c’est agréable de travailler pour lui. Il vise l’excellence, il peut se le permettre car c’est un très bon coureur. Seul la gagne l’anime, même s’il y a de grands champions devant.
C’est sûr, il ne va pas battre ( Tadej) Pogacar sur l’ensemble d’un Tour, mais sur une étape, c’est possible. Il peut être déçu quand il perd, mais il a aussi cette faculté à rapidement tourner la page. Le soir, il peut être renfermé, mais le lendemain, il retourne au combat, c’est une force. »
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CLASSEMENTS
TOUR DE GRANDE-BRETAGNE
6e et dernière étape, Newport-Cardiff (112 km)
1. Kooij (HOL, Visma Lease a Bike), les 112,2 km en 2 h 28'19'' (moy. : 45,389 km/h)
1. Kooij (HOL, Visma Lease a Bike), les 112,2 km en 2 h 28'19'' (moy. : 45,389 km/h)
2. Watson (GBR, Ineos Grenadiers) ;
3. Wright (GBR, Bahrain-Victorious) ;
4. Zambanini (ITA, TBV) ;
5. Isidore (Decathlon AG2R La Mondiale) ;
4. Zambanini (ITA, TBV) ;
5. Isidore (Decathlon AG2R La Mondiale) ;
6. J. Alaphilippe (Tudor) ;
7. Tronchon (DAT) ;
8. Crabbe (BEL, Flanders - Baloise) ;
8. Crabbe (BEL, Flanders - Baloise) ;
9. Morgado (POR, UAE Emirates-XRG) ;
10. Gilmore (AUS, Israel-Premier Tech) ;
... 13. Grégoire (Groupama-FDJ), t.m.t.
... 13. Grégoire (Groupama-FDJ), t.m.t.
Classement général
1. Grégoire (Groupama-FDJ) en 19h31'23''
2. Evenepoel (BEL, Soudal - Quick Step) à 2'' ;
3. J. Alaphilippe (Tudor) à 4'' ;
4. Onley (GBR, Picnic PostNL) à 8'' ;
1. Grégoire (Groupama-FDJ) en 19h31'23''
2. Evenepoel (BEL, Soudal - Quick Step) à 2'' ;
3. J. Alaphilippe (Tudor) à 4'' ;
4. Onley (GBR, Picnic PostNL) à 8'' ;
5. A. Paret-Peintre (Decathlon AG2R La Mondiale) à 12'’.
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Geraint Thomas prend sa retraite à 39 ans
Pour le dernier jour de course de sa carrière, Geraint Thomas (Ineos Grenadiers) a été célébré par le peloton hier. Engagé sur le Tour de Grande-Bretagne, le Gallois a vu le peloton lui rendre hommage avant le départ de la sixième et dernière étape, dont l'arrivée était prévue chez lui à Cardiff. Quelques minutes après le départ réel, le coureur de 39 ans a même attaqué symboliquement, se faisant toutefois rapidement rattraper par le peloton. Thomas s'apprête à mettre fin à une carrière de près de vingt ans chez les professionnels. D'abord connu pour ses titres olympiques sur piste à Pékin (2008) puis Londres (2012), il est ensuite devenu l'un des visages de l'équipe Sky (aujourd'hui Ineos Grenadiers), avec laquelle il a remporté le Tour de France en 2018. Pour la dernière course de sa carrière, il a terminé à la 80e place du général, à plus de vingt minutes du vainqueur, Romain Grégoire (Groupama-FDJ).
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