« On se dit tout, c’est une de nos forces »


Jean-Baptiste Autissier/Presse Sports

MATHIEU BODMER
directeur sportif depuis 2022, 42 ans.

8 Sep 2025 - L'Équipe
SÉBASTIEN BURON

Depuis plus d’un an, le fonctionnement du club doyen repose sur une relation fusionnelle entre le président Jean-Michel Roussier, le directeur sportif Mathieu Bodmer et l’entraîneur Didier Digard, un trio qui a gardé le cap en L1 malgré les turbulences.

Ce trio forme une équipe dans l’équipe, lancée dans sa troisième saison de rang en Ligue 1. Unis depuis un an et deux mois, le président Jean-Michel Roussier, le directeur sportif Mathieu Bodmer et l’entraîneur Didier Digard veillent à la bonne marche du HAC. Malgré des moyens financiers très limités, le club doyen parvient à garder le cap. Et le socle de sa réussite repose en grande partie sur le fonctionnement « extrêmement étroit et très complice » , pour reprendre Roussier, de ses trois figures de proue.

On peut le voir aux matches et aux entraînements des hommes, des femmes, à l’académie, il est aussi en relation avec les agents, les autres clubs, car il est en charge du mercato. Au HAC, Mathieu Bodmer est partout, et il est d’ailleurs la racine commune de ce trio. « Je l’avais eu comme consultant à Mediapro, je m’étais rendu compte de son immense connaissance du foot et de son relationnel, indique Roussier.

Je savais comment l’accompagner dans sa fonction. »

Le 20 juin 2022, Bodmer est devenu directeur sportif après avoir dit oui à Roussier, et il obtiendra la même réponse pour faire revenir au Havre comme entraîneur Didier Digard, son ami depuis leurs années communes de joueurs à Nice, de 2013 à 2015. Bodmer aime s’entourer de proches.

L’ex du PSG avait ainsi lié sa venue au Havre à celles du directeur sportif adjoint Mohamed El Kharraze, son entraîneur de jeunesse et ami, et de Julien Momont, expert en data et vidéos.

Bodmer partage son bureau avec eux et cette cohésion participe de l’un des miracles havrais : en trois ans, le HAC n’a dépensé de l’argent en transfert que pour un joueur, Rassoul Ndiaye. Le reste ? Des prêts ou des joueurs libres. « Mathieu a en temps réel la réalité des chiffres, et il sait les limites de ce qu’on peut faire » , indique Roussier. Prolongé en avril 2024 jusqu’en 2027, le directeur sportif de 42 ans ne s’exprime pas après les matches, comme son président, laissant le sportif à Digard : il ne l’a fait qu’une fois, après un revers à Rennes (0-1, le 25 octobre 2024). Au HAC, l’entraîneur a découvert une autre facette de son ami, avec lequel il est déjà parti en vacances. « C’est un rôle où je ne le connaissais pas et il peut être vraiment dur,

sourit Digard. Des choses seraient dites autrement si notre relation n’était que professionnelle. Mais ce n’est pas négatif, au contraire. Il y a beaucoup de moments où on est tous ensemble et où on se dit tout. C’est une de nos forces. » C’est d’ailleurs Bodmer, après la claque reçue à Marseille (1-5, le 5 janvier), qui avait demandé à Roussier de s’exprimer devant les joueurs. Le HAC était alors 17e et cette gueulante dans le vestiaire avait été salvatrice.

JEAN-MICHEL ROUSSIER

président depuis 2022, 70 ans. « Une semaine et quatre jours » : depuis sa nomination au HAC comme président, le 20 juin 2022, Jean-Michel Roussier n’a presque pas eu de vacances. Au Havre, le dirigeant de 70 ans s’occupe directement des dossiers liés aux instances, fait la passerelle avec les actionnaires, gère les finances du club et assure le management de l’ensemble des équipes. Si son nom est souvent associé dernièrement à sa lutte concernant les droits télé, Roussier passe l’essentiel de son temps au stade Océane. Et il garde un contact permanent et direct avec Mathieu Bodmer et Didier Digard, y compris hors saison, n’hésitant pas à prendre des nouvelles de la famille. « Au club, les échanges avec eux sont quotidiens, même parfois pluri-quotidiens » , explique le dirigeant. Le président dit tout partager « avec une transparence totale »

avec son directeur sportif et son entraîneur.

S’il valide la terminologie de « président participatif » , Roussier, dont le bureau se situe à côté de celui de Bodmer, n’est pas adepte d’un planning prédéfini. « Il y a plein de clubs avec des organisations reposant sur des réunions, mais je ne suis pas un président comme ça, affirme-t-il. On n’a pas besoin d’un calendrier établi, car je vis avec eux. »

Une présence appréciée par Digard.

« Il vient parfois au centre d’entraînement, et les joueurs savent qu’il y a le président, indique l’entraîneur. Il sait ce qu’il se passe, ce n’est pas juste ce qu’on lui dit ou ce qu’il entend. »

Cette proximité a permis à Roussier de tenir bon quand les supporters demandaient le départ de Digard : « Avec Mathieu, personne ne nous aurait fait changer d’avis. »

Roussier sait aussi laisser un domaine de prédilection à chacun :

« Je n’interviens auprès des joueurs que si l’un ou l’autre me le demande, j’ai toujours fonctionné comme ça. » Mais l’ex-président de l’OM et de Nancy a aussi évolué au contact de Bodmer et Digard : « Les deux ont une vraie expérience, et ils m’ont appris à être moins impatient du résultat. »

Une constance qui a sans doute permis au HAC de rester en L1.

DIDIER DIGARD

entraîneur depuis 2024, 39 ans.

Le dernier arrivé des trois, le 1er juillet 2024. « Je ne connaissais pas Jean-Michel, et on s’est parlé la première fois pour le poste d’entraîneur, lors d’une réunion chez lui. » Les deux hommes ont matché. Pour sa première expérience comme numéro 1 officiel, après avoir été intérimaire à Nice, le technicien a connu des « moments très difficiles» .

« Jean-Michel a toujours fait front, raconte Digard. Il sait que je suis tout seul ici, et ça lui est arrivé de me proposer de prendre un café, de manger. Quand tu rentres chez toi, que tu as un appel du président et un message de Mathieu disant “ne t’inquiète pas, on va le faire”, ça fait du bien. » « Le soir même du bordel contre Toulouse ( 1-4, le 23 février), je lui ai dit : “On continue, tu es bien d’accord ? “, explique Roussier. Il m’a répondu : “On continue.“Ce fut ma seule demande à son égard. »

Pour réussir l’opération maintien la saison écoulée, Digard en avait fait une à sa direction : « J’ai demandé un seul joueur : Junior Mwanga. » Le technicien se montre clair : « Mon domaine de prédilection, c’est le terrain. » Mais ses fonctions sont plus larges.

S’il laisse la cellule recrutement lui soumettre des profils, Digard a été davantage sollicité cet été, et il peut aller voir directement le président pour connaître les possibilités financières.

Digard (39 ans) rejoint aussi Roussier et Bodmer lorsqu’ils rencontrent Antony Gautier, le directeur de l’arbitrage. Ou partage avec eux compositions et schémas de jeu. « Je fonctionnais déjà comme ça à Nice, expose-t-il. Mais ils n’ont jamais essayé d’influer sur quoi que ce soit. Et comme j’ai déjà pu échanger avant avec mon staff, ça ne m’a jamais poussé jusqu’à un changement. »

Le changement, Digard a pu le redouter cet été avec l’arrivée du nouveau propriétaire Blue Crow Sports Group. « Je ne savais pas trop ce que ça allait donner, se souvient l’entraîneur, dont les négociations pour prolonger son contrat, qui expire fin juin, devraient débuter très prochainement. J’ai dit que si le président partait, je partais. On décide tout à trois et nos relations sont extrasportives. Je voulais poursuivre cette aventure humaine avec eux. »

Et que cette unité continue d’être un gage de réussite.


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