Riva, et le tonnerre se tut


L’un des plus formidables attaquants de l’histoire du football italien s’est éteint hier soir : « Gigi » Riva, recordman des buts en sélection et héros de Cagliari et toute la Sardaigne. Il avait 79 ans.

ROBERTO NOTARIANNI
23 Jan 2024 - L'Équipe

On n’entendra plus le grondement du tonnerre. Hospitalisé depuis dimanche soir et une première alerte à son domicile, Luigi Riva n’a pas résisté à une nouvelle attaque cardiaque, hier, alors que les médecins de l’hôpital Brotzu de Cagliari semblaient plutôt optimistes et envisageaient une intervention dans les prochains jours. Ainsi s’est éteint, à 79ans, l’un des plus redoutables attaquants de la seconde moitié du XXe siècle, ce Riva que la presse italienne avait justement surnommé «Rombo di tuono», le grondement du tonnerre.

Pourquoi ce surnom? Probablement pour rendre au mieux l’idée de la frousse qu’il inspirait aux adversaires avec ses terribles frappes du gauche, ses têtes acrobatiques aussi puissantes que des catapultes. Et son courage extraordinaire. Riva n’avait peur de rien, se jetait sur tous les ballons traînant dans les surfaces. Au risque d’y laisser des plumes. D’ailleurs, il aura subi trois graves blessures: une fracture à la jambe gauche en mars 1967, une autre à la jambe droite en octobre1970, une grave lésion à la cuisse droite en février1976.

Si l’attaquant, né le 7novembre 1944 à Leggiuno, en Lombardie, a surmonté les deux premiers chocs, le troisième l’obligera à tirer sa révérence quelques mois plus tard sans avoir pu rejouer. Il ne s’éloignera jamais vraiment du football, devenant notamment team manager de la sélection italienne de 1998 à 2013. Mais c’est donc lors d’un triste match face à l’AC Milan que Riva avait tiré un trait sur sa carrière de buteur.

Et quelle carrière! Riva a marqué 156 buts en 289 matches de Serie A, soit une moyenne de 0,54 but par match, fort respectable dans un Calcio plutôt avare offensivement au mitan des années 1970. Au global, il a cumulé 247 buts en 439 rencontres, dont 35 en 42 matches avec l’Italie qui l’ont consacré meilleur buteur de l’histoire de la Nazionale. Mais Gigi « Rombo di tuono» Riva, ce ne sont pas que des chiffres, même si l’on pourrait ajouter que le solide attaquant de 1,80 mètre pour 79 kg a également coiffé trois couronnes de canonnier de Serie A (18 buts en 1967, 20 en 1969, 21 en 1970). Riva, c’est un style, un état d’esprit, un hymne à la fidélité.

Il marque l’un des buts en prolongation du «match du siècle» face à la RFA de Beckenbauer au Mondial 1970

L’histoire de Riva est d’abord celle d’un homme marqué par la cruauté de la vie. Celle d’un garçon, orphelin à sa majorité, après avoir perdu son père à 9ans à la suite d’un sordide accident à l’usine, puis sa mère d’une longue maladie à 18ans. De la dureté de l’existence, aussi, d’une éducation stricte « chez les curés », Riva gardera de la gravité et un caractère introverti. Et se nourrira des contrecoups du destin pour déverser toute sa hargne dans le foot, martyrisant les ballons.

Cette force, en particulier ce pied gauche terrifiant, Riva la mettra au service d’une cause, d’un idéal, d’une île: Cagliari, club emblématique de la Sardaigne, l’une des deux grandes îles de la péninsule avec la Sicile. Après avoir débuté chez les pros au Legnano dans le coriace Championnat de Serie C, troisième échelon italien, il va pourtant y aller à reculons, en 1963. «La Sardaigne n’était pas encore synonyme de Côte d’Émeraude, expliquera Riva dans une interview à La Repubblica, en novembre2004. Dans les années 1960, c’était encore l’endroit où l’on envoyait les carabiniers en punition » . Une autre fois, il ajoutera : « Aller en Sardaigne, c’était comme partir en Afrique. Pour rejoindre Cagliari depuis le nord de l’Italie, tu devais prendre trois avions différents!»

À Cagliari, il trouvera toute l’affection d’une île. Et écrira la légende de cette équipe magnifique et fière, remportant le Scudetto en 1970, le seul d’un club insulaire, en faisant quasiment cavalier seul, grâce à une défense impénétrable (11 buts encaissés, record de Serie A) et la deuxième attaque du Championnat (42 buts).

Ce Cagliari sans aucun joueur sarde va pourtant devenir un motif d’orgueil pour tout un peuple. Et une équipe d’une formidable compétitivité, capable de fournir six joueurs à la sélection au Mondial 1970 au Mexique. Ce Mondial contrasté pour Riva, en difficulté avec l’altitude mais où il fera le job, réalisant un doublé face au Mexique en quarts de finale (4-1) puis l’un des buts en prolongation du « match du siècle » face à la RFA de Franz Beckenbauer (4-3 a.p.), obtenant le droit de défier le Brésil en finale (1-4). Ensuite, repoussant notamment les avances de la Juventus Turin, Riva n’a plus jamais quitté «sa» Sardaigne. Jusqu’à son dernier souffle.

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