Philipsen de joie


17 Mar 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PIERRE MENJOT

À la fois coureur apprécié de tous et homme à battre dans les sprints, le Belge a senti qu’il avait les jambes pour gagner hier et a fait de Mathieu Van der Poel son serviteur pour remporter son premier Monument.

"J’ai eu vraiment peur dans les derniers kilomètres, 
je ne voulais pas merder alors que Mathieu (van der Poel) 
avait pris la responsabilité de combler les écarts"
   - PHILIPSEN JASPER

SANREMO (ITA) – Tous ses adversaires venant lui taper dans les mains, heureux pour lui, on connaissait la scène. Mais c’était alors le Critérium de Singapour que Jasper Philipsen venait de remporter, en octobre dernier, une exhibition entre stars sans aucun prestige. Ethier, à Sanremo? Une tendre embrassade avec Tadej Pogačar, l’un de ses proches amis avec qui il joue au padel, qui mimait même une bise sur la joue sur le podium ensuite. Puis une poignée de main souriante avec Michael Matthews, battu d’un boyau, avant que l’Australien ne partage sa peine avec sa petite fille quelques mètres plus loin. Et enfin le câlin musclé de Mathieu van der Poel, champion du monde qui venait de se mettre au service de son sprinteur dans les derniers kilomètres.

Que de telles démonstrations aient lieu juste à l’arrivée d’un Monument que beaucoup rêvaient de remporter illustre à merveille combien le Belge est un personnage apprécié. Un gars nature, qui a déménagé l’été dernier, mais surtout pas pour Monaco comme certaines stars du peloton, juste à quelques kilomètres de son ancienne maison, dans le Limbourg. «Pas un grand voyage» , souriait-il alors. «J’aime les choses simples, un bon repas, un film en famille, boire du bon vin, mais rien de fou » , s’excusait-il presque lorsqu’on lui demandait ses occupations hors saison.

Un homme attachant, surnommé «Jasper Disaster» (Jasper le Désastre) depuis ses années chez UAE (2019-2020), du fait de son étourderie. «Si on sort et que je mets un t-shirt blanc, je finirai probablement avec une tache dessus», s’esclaffait-il en octobre, quelques minutes avant de filer en oubliant d’emporter avec lui le maillot remis par un sponsor…

Philipsen, pourtant, voit aussi quelques inimitiés surgir. Parce qu’il gagne. Beaucoup. Et que la jalousie n’est donc jamais loin. Ses quatre victoires d’étape sur le Tour l’an dernier (en plus du maillot vert) ont parfois été contestées, le Belge accusé de ne pas toujours tenir sa ligne dans les sprints. « Plus vous gagnez, plus les autres veulent vous voir perdre », sait-il. À 26 ans, le gaillard (1,76m; 75kg) est devenu «un gagneur, il ne veut que ça, c’est une obsession chez lui» , soulignait l’été dernier Christoph Roodhoft, le manager général d’Alpecin-Deceuninck. Et en course, il peut donc se transformer.

Hier, au sommet du Poggio, où il a basculé pas si loin de la tête de course, il a senti qu’il avait la gagne en lui. Et il a donc tiré la laisse de van der Poel. «Je l’ai supplié de ralentir, de ne pas faire d’effort à l’avant, revivait-il à l’arrivée. J’ai pensé que si je devais gagner un jour Sanremo, c’était aujourd’hui (hier), car j’avais sans doute les meilleures jambes que j’aie jamais eues. Mais j’ai eu vraiment peur dans les derniers kilomètres, je ne voulais pas merder alors que Mathieu avait pris la responsabilité de combler les écarts.» Et il n’a pas «merdé», «alors que je fais un sprint d’amateur, si je regarde mes watts, rigolait-il. Mais après 300 kilomètres, c’est une autre histoire.»

L’histoire, c’est la sienne qui prend une autre tournure. L’homme le plus victorieux de la saison dernière (19 succès, 44 au total), pas aussi dominateur depuis la reprise lors de ses dix jours de course avant le départ de la Classicissima, n’est pas seulement un sprinteur et, après avoir saisi l’opportunité hier, il hésitait, puis avouait que cette nouvelle ligne au palmarès pouvait en effet le faire «changer de dimension».

Plus encore que sa deuxième place à Paris-Roubaix en 2023, où il n’était que le troisième protagoniste à l’ombre du duel entre van der Poel (vainqueur) et Wout Van Aert (3e). Philipsen est aussi en fin de contrat chez Alpecin et de nouvelles opportunités pourraient s’offrir à lui.

En fin de saison dernière, le Belge souhaitait juste « gagner autant, car faire mieux va être vraiment difficile». Nous sommes mimars et il l’a pourtant déjà réussi. Il le savait évidemment quand il a remonté à pied la via Roma jusqu’au podium protocolaire, faisant claquer ses cales sur les pavés de San Remo, épaules sorties tel un boxeur quittant le ring en vainqueur.

Avant de retourner chez lui, il a glissé au passage qu’il «rêvait de gagner une classique flandrienne» . Fier, mais loin d’être rassasié.

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