Van der Poel domestiqué
17 Mar 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PIERRE MENJOT
Le vainqueur sortant, parti dans la roue de Tadej Pogacar, a ralenti dans la descente du Poggio pour favoriser les desseins de son sprinteur, Jasper Philipsen.
"Je préfère gagner,
mais je peux aussi savourer cette victoire"
- MATHIEU VAN DER POEL
SAN REMO (ITA) – L’histoire s’écrivait sous ses yeux. Dans le virage de bascule du Poggio, Mathieu Van der Poel était là, à lécher la roue de Tadej Pogačar, qui l’avait surpris un peu plus tôt, pour un duel entre les deux meilleurs coureurs de Classiques du moment. Et puis non, la légende attendra encore. Car le champion du monde, dans une combinaison intégralement blanche à l’esthétique clivante, n’a pas poursuivi son effort.
« J’espérais aller avec lui jusqu’à l’arrivée, mais mes jambes n’étaient plus très fraîches » , at-il d’abord expliqué. Peut-être. Et il n’avait d’ailleurs pas lancé d’offensive dans cette ascension finale. Mais la raison principale était autre. Elle s’appelait Jasper Philipsen, son équipier sprinteur, devenu plan A dès lors qu’il résistait à l’épreuve du Poggio. «Il m’ aditd ans l’oreillette qu’il était vraiment bien, a expliqué le Néerlandais. On se connaît bien tout les deux, s’il dit qu’il a de bonnes jambes c’est qu’il le sent, et il l’a prouvé. Donc je savais ce que je devais faire.» Et voilà comment le champion du monde, vainqueur l’an dernier de la Primavera, s’est mué en simple tueur d’échappés (Mohoric, Sobrero…). « Sans lui, je n’aurais probablement pas gagné, il a fait un travail incroyable », insistait le vainqueur. Le schéma est connu des suiveurs du Tour de France, où Philipsen a bénéficié du travail de son équipier (finalement 10e) comme poisson-pilote de luxe l’été dernier (quatre étapes). Mais voir Van der Poel faire si vite une croix sur un possible cinquième Monument à son palmarès interpelle un peu. «Évidemment que je préfère gagner, mais je peux aussi savourer cette victoire» , a-t-il lâché, alors qu’il effectuait sa reprise hier. L’an dernier, les rôles étaient inversés à Roubaix (victoire de Van der Poel, Philipsen 2e) et le Belge a promis de «lui rendre la pareille» dès que possible.
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