Les masques peuvent tomber


Exigeant mais accessible aux spécialistes de l’exercice, le contre-la-montre d’aujourd’hui entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin donnera des indications plus précises sur l’état de forme des principaux favoris du Tour.

"Ça devrait se jouer à rien, à quelques secondes"
   - TOM STEELS, DIRECTEUR SPORTIF DE SOUDAL-QUICK STEP

5 Jul 2024 - L'Équipe
LAURENT CAMPISTRON et LUC HERINCX, (avec P. Me. et Y. H.)
Les masques peuvent tomber

Chic, revoilà un chrono! Un an après la démonstration de force de Jonas Vingegaard, qui avait collé 1’38 à Tadej Pogacar sur 22,4 km entre Passy et Combloux (16e étape), les favoris du Tour s’apprêtent à remettre le couvert aujourd’hui sur une distance quasiment identique (25,3 km) au milieu des grands vignobles de Bourgogne, entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey Chambertin.

Après s’être déjà un peu jaugés dans la côte de San Luc a(Bologne,2eé tape) et dans le Galibier (Val loire,4eé tape), Vingegaard et Pogacar, mais aussi Remco Evenepoel et Primoz Roglic, vont donc avancer à découvert, dans un contre-lamontre qui semble parfaitement adapté à leur profil de grimpeurpuncheur-rouleur.

Faut-il s’attendre à un scénario similaire à celui de l’an dernier, avec un coureur qui écraserait tout le monde? Personne n’y croit. «Le parcours est difficile, avec une montée de trois minutes à 7% de moyenne (la côte de CurtilVergy, 1,6 km à 6,1%) qui va forcément avantager les grands favoris du Tour, observe Julien Pinot, responsable des entraîneurs Chez Groupama-FDJ. Mais on n’est qu’en première semaine et on sort de deux étapes non épuisantes, donc les purs spécialistes pourraient être aussi dans le match, un peu comme Stefan Küng à Laval, il y a trois ans (il avait terminé 2e à 19 secondes de Pogacar).»

Une chose est sûre, le résultat de ce chrono donnera de bonnes indications sur les forces en présence, surtout si l’un des favoris venait à creuser un écart significatif ou, au contraire, à perdre un temps considérable. «Ce chrono est intéressant mais pas décisif, estime Rolf Aldag, directeur sportif de Red Bull-Bora-Hansgrohe, l’équipe de Roglic. Vous avez besoin de jambes, de technique, mais je ne m’attends pas à un énorme écart. Une minute, peutêtre, mais pas davantage comme à Combloux. Nous sommes à la 7e étape, personne n’est encore extrêmement fatigué.»

«Ça va être entre trente et trente-cinq minutes à bloc, donc un leader qui joue le général du Tour se doit d’être performant sur ces durées-là, car ce sont celles de l’ascension de certains cols, ajoute Pinot. On sait que les trois gros favoris, Evenepoel, Pogacar et Vingegaard, ont déjà gagné des chronos de cette durée-là, donc si l’un d’eux sous-performe, cela traduira qu’il n’est pas au top. Vu la condition qu’ils ont montrée jusque-là, je pense quand même que les trois seront dans le top 5.»

Mais lequel s’imposera? Pour beaucoup, le champion du monde du contre-la-montre, Evenepoel (Soudal-Quick Step), fait figure de grand favori. «C’est totalement plat, c’est le profil parfait pour lui », assure Matxin Fernandez, directeur sportif chez UAE, la formation de Pogacar. Fernandez oublie la bosse au milieu du parcours, mais elle ne devrait pas trop déranger le léger leader de la formation belge, qui aurait perdu un kilo depuis le Critérium du Dauphiné.

Deuxième du général, à 45 secondes de Pogacar, Evenepoel pourrait même avoir l’idée d’aller chiper le maillot jaune au Slovène, même si l’écart semble déjà conséquent. « La distance est trop courte, et je pense que Pogacar est très fort, observe Tom Steels, le directeur sportif de Soudal-QuickStep. Il a déjà gagné des chronos. Et puis il y a toujours une différence à faire entre un contre-la-montre pendant un grand Tour et un contre-la-montre ailleurs, aux Championnats du monde, par exemple. Ici, il y a déjà des étapes dans les jambes, et l’aspect mental, avec le classement général en tête, joue énormément. Ça devrait se jouer à rien, à quelques secondes, je ne m’attends pas à de grosses différences pour le général. Pour Remco, s’imposer sera l’objectif numéro un. »

Un nouveau test pour Vingegaard

Evenepoel partira toutefois avec un léger handicap: le maillot blanc de meilleur jeune du Tour qu’il revêtira est moins aérodynamique que son maillot de champion du monde. Un détail? Pas tout à fait. « C’est vrai qu’on a mis beaucoup de temps et de moyens pour travailler son maillot de champion du monde en soufflerie, confie Steels. Bon, ça ne devrait pas faire de grosses différences. Des coureurs ont déjà gagné des contre-la-montre avec le matériel du Tour. »

Cet exercice sera aussi un énorme test pour Vingegaard. Le vainqueur des deux derniers Tours va retrouver un terrain qu’il affectionnait avant sa terrible chute au Pays basque. Il a plutôt rassuré sur sa compétitivité en montagne depuis le début de ce Tour de France, mais a paradoxalement perdu du terrain sur ses principaux concurrents sur la partie roulante de la fin d’étape à Valloire, mardi, ce qui n’est pas vraiment rassurant à la veille d’un chrono. « Mais est-ce qu’il n’avait pas aussi des appréhensions après sa chute ? s’interroge Pinot. Dans cette descente du Galibier, il fallait vraiment prendre de la vitesse. Je ne pense pas qu’on puisse tirer des conclusions sur sa condition là-dessus. Après le chrono, par contre, vous pourrez tirer des enseignements. »

« Jonas est bien plus léger que Pogacar, explique Grischa Niermann, l’un des directeurs sportifs de Visma. Sur cette partie où il fallait beaucoup pédaler, ça a fait une différence.» L’Allemand s’attend donc à un duel plutôt équilibré, forcément bien plus que celui de l’an dernier à Combloux: «Il y aura moins d’écart. Une minute? C’est possible. On s’attend à moins, mais sait-on jamais. Le chrono à Nice sera plus décisif. » Programmé le dernier jour du Tour, avec 33,7 km et 650 m de dénivelé positif, il sera le juge final après les préliminaires d’aujourd’hui.

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?

I 100 cattivi del calcio