40 ans, toujours maestro


LeBron James commence à voir son rendement fléchir légèrement après deux décennies d’une constance prodigieuse.

"S’il écrivait un guide pour vivre plus longtemps, 
il pourrait se faire un demi-milliard de dollars"
   - ROBERT HORRY, SEPTUPLE CHAMPION NBA

30 Dec 2024 - L'Équipe
XAVIER COLOMBANI

Arrivera-t-elle un jour? La décrue franche des performances de LeBron James est l’arlésienne, ce personnage attendu mais qui n’arrive jamais. Les rares joueurs qui ont inscrit plus de 30000 points en saison régulière NBA ont tous connu cette saison bascule qui rappelle soudainement, et cruellement, que le temps file. Celle où la star perd d’un coup 6, 7 points sur sa moyenne et passe définitivement sous la barre symbolique des 20. Wilt Chamberlain l’a vécue à 35 ans, Dirk Nowitzki à 36, Kobe Bryant à 37, Kareem Abdul-Jabbar à 39 ans, Karl Malone à 40.


LeBron James (en blanc) assis à côté de son fils Bronny lors du match des 
Lakers à Salt Lake City, le 1er décembre, gagné face au Utah Jazz (105-104).

Seules exceptions: Michael Jordan, qui a quitté la NBA à 40 ans sur une dernière saison à 20 points, pile, et LeBron James, qui fête ses 40 ans aujourd’hui. Deux mythes aux trajectoires incomparables. Jordan s’est accordé deux longues pauses (19931995, puis 1998-2001) avant de dire stop en 2003 avec 1251 matches joués, play-offs compris, quand James en a déjà cumulé plus de 1800, sans discontinuité.

Rien ne dit que James, qui est sous contrat avec les Los Angeles Lakers jusqu’en 2026, ne sera pas rejoint par l’obsolescence avant d’avoir décidé de ranger ses baskets. Au-delà des cheveux blancs et de l’arrivée de son fils, LeBron Jr. dit Bronny, 20 ans, dans son équipe, on peut déceler des signes de vieillissement dans un style moins aérien et une légère inflexion de ses stats.

Après deux mois de compétition, James tourne à 23,5 points par match. Soit 3,6 de moins que sa moyenne en carrière, 2,2 en dessous de celle de l’an dernier et surtout la première en dessous des 25 depuis sa saison rookie, en 2003-2004, à une époque antédiluvienne où Reggie Miller, Dikembe Mutombo et Scottie Pippen jouaient encore. Un temps où il était déjà starifié, depuis que Sport Illustrated l’avait appelé The Chosen One (l’Élu) en 2002, à 17 ans, sans se douter qu’il le remettrait en une vingt ans plus tard avec ses fils, sous le titre The Chosen Sons ( les Fils élus).

Moins scoreur, encore complet

Encore supérieure à celles de 483 autres joueurs entrés en lice cette saison (ils sont 510 en tout), cette moyenne de 23,5 points est permise par une palette de mouvements où les classiques demeurent, tels le fade away ( tir en reculant après un demi-tour). Même si ses fameux dunks bras écartés sont plus rares, la quasi-intégralité de ses paniers près du cercle étant désormais inscrits en finesse, même sans opposition.

Autre évolution, moins visible mais cruciale: son impact tangible s’amoindrit, la preuve avec la stat dite «plus/minus» qui calcule l’écart au score entre son équipe et l’adversaire quand il est sur le parquet. Invariablement supérieure à +6 jusque-là, elle lui permettait d’être chaque année dans le top 5, au maximum le top 10 de cette catégorie. Avec +4,4 cette saison, il se classe tout de même dix-septième.

Jusqu’à cette année, la production chiffrée du quadruple champion NBA était restée d’une stabilité impressionnante. Depuis 2004-2005, saison où il a obtenu la première de ses vingt sélections consécutives au All-Star Game, un de ses multiples records, on y trouve quelques pointes (31,4 points en 2005-2006; 10,2 passes décisives en 2019-2020) mais surtout des planchers très élevés: il n’avait plus jamais cumulé moins de 25 points, 6 rebonds ou encore 6 passes décisives sur une saison (7,9 rebonds et 9 passes en 2024-2025).

En novembre, Robert Horry, l’un des quatre joueurs – dont James – à avoir été titré avec trois équipes différentes (Houston 1994, 1995; LA Lakers 2000, 2001, 2002; San Antonio 2005, 2007), estimait que seul le footballeur américain Tom Brady, lauréat d’un cinquième trophée de MVP du Super Bowl en 2021 à l’âge de 43 ans, soutenait la comparaison en termes de maintien au plus haut niveau. Et que s’il le souhaitait, James pourrait aussi jouer en NBA avec son deuxième fils, Bryce, né le matin du match 4 de sa première finale, le 14 juin 2007, face aux San Antonio Spurs de Tony Parker. «Si LeBron le voulait, il pourrait dire au monde entier: écoutez, voilà ce que je mange, voilà ce que je fais chaque jour. S’il écrivait un guide pour vivre plus longtemps, il pourrait se faire un demi-milliard de dollars » , en rigolait Horry.

James ne ferait que compiler toutes les infos données au fil des ans, de façon éparse, pour tenter d’expliquer comment il a pu à ce point défier le temps. Un inventaire à la Prévert où l’on retrouve des routines immuables (trente minutes d’échauffe ment avant chaque séance de préparation physique et vingt de yoga après), une aversion pour les excès et extras, un soin maniaque pour la durée et les conditions de sommeil (dans une chambre à la température comprise entre 20 et 21°C), la nutrition (diminution des glucides à l’approche des play-offs), l’hydratation, l’entretien…

Pour sa récupération, James, deuxième basketteur milliardaire de l’histoire après Jordan, mais le premier à le devenir durant sa carrière de joueur, dépense sans compter pour bénéficier de toutes les dernières technologies, de la cryothérapie aux infrarouges en passant par les chambres hyperbariques. D’où ce montant légendaire de 1,5 million de dollars (1,44M€) dépensé chaque année pour s’entretenir. Un montant jamais confirmé, aujourd’hui un peu daté (2016), mais donné à l’époque par Maverick Carter, l’un de ses proches.

« LeBron James a un don, résumait son préparateur physique, Mike Mancias, dans nos colonnes en début de saison. Une partie relève de la génétique. Puis il y a la partie mentale, l’engagement. Les progrès de la science dans la médecine du sport sont exponentiels et expliquent aussi la capacité de plus en plus d’athlètes à durer.» Ce qui faisait dire à Victor Wembanyama, cité par le L.A. Times en février : « Comme tout s’améliore en termes de connaissance du corps et de son entretien, on devrait voir de plus en plus ( de longues carrières). Prendre soin de soi est essentiel et j’essaie de n’avoir aucun regret dans la façon dont je traite mon corps. » James a passé ce stade depuis longtemps.

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