Vieira made in Italy aussi
Marqué par son expérience de joueur à Arsenal, l’entraîneur du Genoa, Patrick Vieira, a également porté le maillot de trois des plus grands clubs italiens où il a été dirigé par des techniciens prestigieux.
"L’impact (de sa venue) est très bon.
Un tournant pour le Genoa"
- ARIEDO BRAIDA, ANCIEN DIRECTEUR SPORTIF DE L’AC MILAN
28 Dec 2024 - L'Équipe
VALENTIN PAULUZZI
MILAN (ITA) – Parmi ses 650 matches disputés en club, Patrick Vieira a été dirigé 401 fois par Arsène Wenger. Il est donc naturel que l’entraîneur du Genoa tire une grande part de son inspiration d’entraîneur de l’Alsacien qui a officié à Arsenal. Mais durant ses cinq saisons de joueur de Serie A, il a travaillé avec d’autres techniciens tout aussi renommés et dans des clubs prestigieux.Patrick Vieira, qui donne ici des consignes à Andrea Pinamonti le 24 novembre face à Cagliari (2-2), a joué dans trois clubs de Serie A : l’AC Milan, la Juventus Turin (ci-dessous le 7 mars 2006) et l’Inter Milan.
C’est Ariedo Braida, le légendaire directeur sportif de l’AC Milan, qui lui fait franchir les Alpes en novembre 1995, en le recrutant à l’ AS Cannes alors qu’ il n’ a que 19 ans. « Patrick dit que je suis son papa italien ! On n’a pas pris le temps de le comprendre et de bien l’évaluer. Quand il est parti à Arsenal quelques mois plus tard, je lui avais dit : “Tu es un champion, ne me déçois pas.” Joueur, il résolvait les problèmes, il savait comment “vivre” sur le terrain. C’est dans sa nature. »
L’entraîneur du Milan à l’époque, Fabio Capello, ne l’a utilisé que cinq fois, mais il en a fait l’une de ses priorités lors du mercato d’été 2005, à la Juventus. Giuliano Giannichedda a débarqué à Turin en même temps que Vieira: « Nous étions trois pour deux places au milieu: lui, moi et Emerson. Capello était un coach très rigide, mais pas forcément sur le plan tactique. On jouait en 4-4-2 avec les (Pavel) Nedved, (Alessandro) Del Piero, (Zlatan) Ibrahimovic, etc. Il accordait donc plus d’importance aux joueurs qu’aux schémas complexes, tout en maintenant un grand équilibre. En fait, la rigidité de Capello s’exprimait par son leadership très ferme, indispensable pour gérer toutes ces stars. »
À l’Inter avec Mancini et Mourinho
Cette Juve a remporté le Championnat avec un record de 91 points, mais le titre lui a été retiré après l’affaire Calciopoli. Ce fut la dernière expérience de Capello en Italie. « Le football italien a changé en vingt ans, mais il reste très tactique, continue Giannichedda. À la Juve, Patrick a compris à quel point les détails comptent après neuf ans en Premier League et son foot plus audacieux. Nous travaillions énormément l’aspect tactique, et c’est toujours le cas en Serie A aujourd’hui. »
À l’été 2006, après la relégation administrative de la Vieille Dame en Serie B, Vieira passe à l’ennemi et est transféré à l’Inter, mais il arrive tardivement en raison de son long parcours lors de la Coupe du monde avec les Bleus en Allemagne. Francesco Bolzoni, jeune milieu de terrain à l’époque, a côtoyé Vieira de près: « L’équipe était en tournée à l’étranger, et nous n’étions pas nombreux au centre d’entraînement. Il y avait quelques cadres et des jeunes. Il était très patient avec nous. Il créait un esprit de groupe, même avec nous. Humainement, c’était un exemple. »
Aujourd’hui entraîneur des U19 de la Pro Patria (Serie C) en Lombardie, Bolzoni a effectué des allers-retours entre l’équipe première et les jeunes pendant trois ans, travaillant lui aussi sous les ordres de Roberto Mancini et José Mourinho. « Mancini était l’un des premiers à prôner en Italie un football basé sur la construction depuis l’arrière, souligne Bolzoni. Il alliait jeu au sol et rigueur physique, notamment pour remporter les seconds ballons. Le plus marquant était sa capacité à gérer un groupe de 25 titulaires, il le faisait avec beaucoup de personnalité. » Vieira le retrouvera d’ailleurs à Manchester City lorsqu’il quitte l’Inter à l’hiver 2010, après un an et demi avec Mourinho. « Les entraînements étaient différents, poursuit Bolzoni. Moins tactiques, avec davantage de jeu et un excellent travail de management pour atténuer la pression. »
Après avoir officié en MLS, Ligue 1 et Premier League, Vieira a probablement pioché dans ses souvenirs de joueur de Serie A pour y être à la hauteur en tant qu’entraîneur. À la tête du Genoa, il présente un bilan d’une victoire, trois nuls et une défaite avant d’affronter Empoli cet après-midi (15 heures). « Cette équipe a gagné en sérénité, reconnaît Giannichedda. Elle était plus nerveuse sous son prédécesseur. Je ne suis pas surpris de revoir Vieira chez nous. Joueur, il avait une intelligence tactique développée. »
Bolzoni abonde dans ce sens: « C’est logique qu’il soit là, car c’est une personne très empathique. Quand j’avais 18 ans, il m’appelait pour me proposer de dîner avec lui et m’invitait même à aller le voir si je passais en France durant l’été. » Quant à Braida, son « papa italien », il ne tarit pas d’éloges : « L’impact (de sa venue) est très bon. C’est un tournant pour le Genoa. L’équipe joue bien, même lors du dernier match perdu contre Napoli (1-2). Patrick est quelqu’un d’équilibré, pas du genre à penser à une chose et en faire une autre. Il a toutes les qualités pour être un entraîneur de haut niveau. C’est dans son ADN. » Et sans doute un peu dans ce que lui ont transmis ses anciens entraîneurs italiens.
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