La force norvégienne
Jonas Abrahamsen a offert hier à la formation Uno-X Mobility son premier succès sur le Tour de France et dans un grand Tour.
"C’est un garçon qui sait pousser très loin la souffrance"
- JOONA LAUKKA, AGENT DE JONAS ABRAHAMSEN
THOMAS PEROTTO
TOULOUSE – Le héros du jour est un Viking, il s’appelle Jonas Abrahamsen, le car de son équipe est stationné devant le bar L’Hercule et la trentaine de supporters norvégiens qui font un boucan d’enfer ont pris place devant le square L’Héraclès. La mythologie s’est invitée toute seule à la table de la formation Uno-X Mobility, hier, dans les rues toulousaines pour célébrer un coureur, une équipe et un pays.1. Abrahamsen (NOR, UXM) 3 h 15’56’’
Uno-X a décroché son premier succès sur le Tour, son premier sur un grand Tour, aussi, et elle le doit à un écraseur de pédales, un tyran du bitume, qui s’était révélé l’an dernier en juillet. Et qui, il y a quelques semaines, ne savait pas comment il serait sur son vélo. « Je me suis cassé la clavicule au Tour de Belgique, il y a un mois ( le 18 juin) et j’ai pleuré à l’hôpital parce que je savais que j’avais peut-être laissé passer ma chance d’être sur le Tour de France, explique Abrahamsen. J’ai fait tout ce que je pouvais pour revenir. Être au départ, c’était déjà une très grande victoire. Gagner une étape, c’est fantastique. »
S’avance ensuite le patron de l’équipe norvégienne, Thor Hushovd, dix étapes du Tour au compteur et deux maillots verts entre 2001 et 2010. Tout le monde lui tombe dans les bras, tout le monde s’embrasse et laisse des larmes pointer au coin des yeux. « C’était extraordinaire, confie-t-il. Ce succès, on est allés le chercher, pas seulement aujourd’hui ( hier), mais depuis nos débuts en 2017 et nos débuts sur le Tour, il y a trois ans. Jonas mérite cette victoire. C’est celle de tout un pays. » « On n’a jamais gagné sur le Tour, je ne sais même pas comment on doit fêter ça » , sourit Andreas Leknessund, porteur du maillot rose pendant cinq jours sur le Giro 2023. Abrahamsen n’est pas encore là, mais ses coéquipiers, du Danois Magnus Cort, le seul non-Norvégien, aux frères Johannessen, Anders et Tobias, en passant par le jeune Stian Fredheim, ne parlent que de lui.
Abrahamsen, qui n’avait gagné à 29 ans que la Classique Bruxelles l’an dernier dans sa carrière, est entré dans une autre dimension. « Je l’ai vu hier après-midi (mardi), il me disait que s’il prenait une échappée, ce ne serait pas pour rien. Il était prêt. C’est un garçon qui sait pousser très loin la souffrance, une bête de travail » , glisse son agent, Joona Laukka, à propos d’un garçon que son équipe avait failli ne pas conserver, il y a quatre ans. Comme sa formation, discrète, mais l’une des plus à la pointe de la recherche et de l’innovation dans le monde du cyclisme. « Notre équipe monte marche par marche, on n’a jamais sauté trois marches à la fois. On va continuer comme ça, explique Hushovd. Peut-être qu’un jour, on sera la meilleure équipe au monde, mais on n’a pas besoin de l’être demain. On avance par petits pas, je suis très fier de ça. » Abrahamsen en est désormais le meilleur étendard.
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