GIRMAY - LA VITRINE DE L’AFRIQUE
Le champion érythréen est devenu un incontournable du peloton mondial, même si ses exploits sur le Tour de France ou ailleurs en Europe l’ont éloigné, peu à peu, de sa base africaine.
“Ses succès sur le Tour de France ont donné beaucoup d’espoir aux jeunes Africains, et à l’Afrique tout court"
- COUREUR'AL'GÉRIEN LE AZZEDINE LAGAB
26 Sep 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
KIGALI– Biniam Girmay n’avait pas spécialement envie de participer à ce Championnat du monde, et ses dirigeants belges d’Intermarché-Wanty n’ont pas insisté non plus durant la saison pour le convaincre de faire le voyage au Rwanda. L’Érythréen de 25 ans connaît le parcours, il y avait commencé sa carrière, hors de ses frontières, aux Championnats continentaux africains en 2018.Biniam Girmay devant ses supporters érythréens, toujours très présents, au départ des Championnats du monde de Zurich, l’an dernier.
Et raflé trois médailles d’or (course en ligne, contre-la-montre individuel et par équipes). L’année suivante, il remportait une étape du Tour du Rwanda. « Mais pas à Kigali, précise-t-il, c’était à Musanze sur un parcours qui me convenait mieux. »
Ambassadeur d’un programme des Nations Unies
Car c’est bien la difficulté du circuit prévu dimanche, qui l’a rebuté dans un premier temps. « Je ne suis sans doute plus le même coureur qu’à mes débuts, explique-t-il. Je me connais mieux maintenant, je sais de quoi je suis capable ou pas. Et courir le Mondial à Kigali ne me donne aucune chance de gagner alors qu’aujourd’hui, je cours toujours pour gagner et pas seulement pour me montrer. Seule ma fédération avait le pouvoir de me convaincre de venir. » Elle l’a fait.
L’Érythrée ne pouvait pas débarquer au Rwanda sans sa tête d’affiche, star du continent, même si elle compte en sélection d’autres coureurs du World Tour, Natnael Tesfazion (Movistar), Henok Mulubrhan (XDS-Astana) et Amanuel Ghebreigzabhier (LidlTrek). « Ça reste évidemment une fierté de courir pour son pays, convient Biniam Girmay. C’est la seule occasion de l’année de porter le maillot de l’équipe nationale. Je n’oublie pas que je suis là aujourd’hui grâce à ses entraîneurs. Ils m’ont formé, m’ont tout appris des bases de mon métier. » Audelà de cette reconnaissance envers ses dirigeants et ce pays de la corne de l’Afrique, isolé diplomatiquement en raison d’un pouvoir autoritaire, mais qui en a fait son plus digne représentant (il a été nommé en août ambassadeur de bonne volonté du programme des Nations Unies pour le développement), Girmay a aussi un devoir auprès de tous les cyclistes africains.
« Je n’ai jamais cherché à être un modèle, affirme-t-il pourtant, mais si je peux susciter des vocations sur tout le continent, ça sera aussi une victoire. Il ne faut pas oublier que tout est différent dans chaque pays africain. Il n’y a pas les mêmes organisations dans chaque fédération. La nôtre, en Érythrée, fait tout pour le cyclisme car c’est le sport n°1, mais ce n’est sans doute pas le cas partout. Notre continent est immense, les cultures et les habitudes différentes ailleurs. Voilà pourquoi j’ai du mal à me présenter comme le représentant du cyclisme africain. »
Pourtant, tout le monde s’accorde à mettre en avant sa réussite. « Biniam a fait du bien pour l’image du cyclisme africain dans son ensemble, assure l’Algérien Azzedine Lagab (39 ans), le coureur en activité (Madar, en Continental) qui a remporté le plus de courses sur le continent. Il représente le mieux l’Afrique, car il a commencé très jeune avec ses semblables sur les courses africaines, avant de rejoindre l’Europe et d’y briller. Ses succès sur le Tour de France ont donné beaucoup d’espoir aux jeunes Africains, et à l’Afrique tout court. » Girmay a fait exploser le nombre de licenciés dans beaucoup de fédérations, comme le raconte le président béninois, Romuald Hazoumé : « Il a ouvert une voie que beaucoup d’Africains pensaient fermée. Nous avons beaucoup de nouveaux inscrits sur les compétitions, mais nous ne pouvons pas les gérer tous, faute d’infrastructures. »
Évidemment, tous les pays ne seront pas présents dimanche, d’où quelques tensions entre nations. « La réussite de Biniam Girmay crée aussi des jalousies avec les autres fédérations, explique un dirigeant africain. Celle de l’Érythrée aurait tendance maintenant à avoir plus d’exigences, laissant derrière elle celles qui font aussi le cyclisme de tous les jours en Afrique. » Mais pour Azzedine Lagab, la Fédération érythréenne reste un exemple « car, avec des moyens basiques, ses coureurs arrivent toujours à s’extraire et à briller. Donc la clé du succès ne réside pas seulement dans les moyens, mais beaucoup plus dans le travail et la persévérance ».
Comme la Tropicale Amissa Bongo au Gabon (disparue du calendrier depuis 2023) – Girmay y avait remporté sa première course devant des pros comme André Greipel en 2019 –, le Tour du Rwanda est devenu le spot du cyclisme africain, où il est bon de se montrer pour espérer se faire remarquer par les équipes professionnelles présentes. Girmay, lui, n’y est plus venu depuis sa victoire en 2020, pris par son nouveau statut et d’autres priorités en Europe. Notamment l’ouverture de la saison des classiques belges au Nieuwsblad et Kuurne-Bruxelles-Kuurne programmées le dernier weekend du Tour du Rwanda. « Les jeunes cyclistes rêveraient de le croiser ici ou ailleurs, raconte l’ancien coureur rwandais Adrien Niyonshuti, c’est dommage. » Quant à l’organisation de Championnats continentaux africains, elle reste aléatoire. Ceux de 2025 n’ont encore ni date ni lieu. « Comment voulez-vous que je vienne, rigole Girmay, si je ne sais pas deux semaines avant où ça se déroule? »
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Le Court-Pienaar, l'altra stella
PLG a Kigali
Biniam Girmay non è più l'unico idolo del ciclismo in Africa. Dallo scorso aprile si è unita a lui la mauriziana Kimberley Le Court-Pienaar, vincitrice della Liegi-Bastogne-Liegi, e a Guéret della quinta tappa del Tour de France. È diventata la prima donna africana a vincere queste due corse, aprendo, come l'eritreo, la strada dell'Africa verso i massimi trofei. E a 29 anni, la ciclista del Team AG Insurance-Soudal, che quest'estate ha anche indossato per quattro giorni la maglia gialla al Tour (foto), potrebbe fare ancora meglio diventando la prima campionessa del mondo africana, in un circuito in cui è una delle favorite. A differenza di Girmay.

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