ZABARNYI - Le coeur en Ukraine


Comme la très grande majorité de ses coéquipiers en sélection, le défenseur du PSG s’est mué en porte-parole de son pays depuis le début de la guerre avec la Russie.

"Cela fait partie de la vie personnelle 
mais c’est normal d’être très inquiet 
pour son pays et ses habitants. 
Illia lutte contre la guerre '' 
   - THIAGO PINTO, DIRECTEUR DES OPÉRATIONS 
     FOOTBALL À BOURNEMOUTH

4 Sep 2025 - L'Équipe
LOÏC TANZI et EMERY TAISNE

Il a vécu les sirènes, l’effroi et les récits glaçants de certains de ses camarades partis au front. « Des semaines vraiment très chaudes » , se souvient le vice-CEO du Dynamo Kiev Anatolii Volk. Illia Zabarnyi était encore à Kiev lorsque la guerre entre la Russie et l’Ukraine a éclaté le 24 février 2022. Et cette fois, le défenseur, 19 ans à l’époque, était en âge de comprendre ce qui se jouait. Huit ans plus tôt, lors de l’annexion de la Crimée, déjà, il avait questionné son père pour comprendre pourquoi des enfants de Donetsk s’étaient brusquement retrouvés scolarisés dans son école à Kiev. « Et je ne comprenais pas vraiment. Maintenant si » , a-t-il insisté auprès du Times en mars 2024 avant de lâcher une phrase lourde de sens, qui traduit parfaitement son état d’esprit : « J’ai pensé à retourner me battre. »

De Kiev à Bournemouth jusqu’au PSG, où le conflit russo-ukrainien s’est invité à travers ses relations avec le gardien russe Matveï Safonov, Zabarnyi n’est jamais resté indifférent au sort de son pays. « C’est un joueur de l’équipe nationale, il a une grosse connexion à l’Ukraine, insiste Volk. C’est quelqu’un de très patriotique, qui n’hésite pas à prendre des initiatives » . Le défenseur a multiplié les dons envers les familles des victimes et les actions caritatives avec, en filigrane, le sentiment d’être investi d’une mission. Le porte-voix de tout un pays. « Des gens sont morts, mon peuple, tous les jours, dit-il. Je sais ce qu’on ressent lorsqu’on doit se rendre dans une zone sécurisée. Je sais combien les gens ont peur. »

À son arrivée en Angleterre en janvier 2023, la transition avait été « difficile » , estime son ancien équipier à Bournemouth Dango Ouattara. « On est arrivés à peu près en même temps. Il a eu besoin de temps pour se retrouver (pas non plus aidé par une blessure à une malléole dès son arrivée) » . « Il nous est arrivé d’en parler ensemble, se souvient le directeur des opérations football à Bournemouth Thiago Pinto. À l’AS Rome ( son ancien club), ça m’était déjà arrivé avec Henrikh Mkhitaryan ( Arménien, à l’époque en guerre avec l’Azerbaïdjan).

Cela fait partie de la vie personnelle mais c’est normal d’être très inquiet pour son pays et ses habitants. Illia lutte contre la guerre. Cela fait partie de son histoire. Je sais qu’il est très actif sur les réseaux, très impliqué pour son pays » . Sur les réseaux, justement, le natif de Kiev fait partie des joueurs les plus mis en avant par la Fédération ukrainienne. La photo de son compte Instagram est aussi explicite: on le voit en sélection, pendant l’hymne national, main sur le coeur et drapeau jaune et bleu sur les épaules. En dessous, deux onglets mettent en avant ses préoccupations. Le premier s’intitule « War », avec des photos et des articles relatant la guerre avec la Russie ; le second, « My Love », est une compilation de photos avec Angelina Zabarnaya, sa femme.

Le deuxième post, publié le 24 août, célèbre l a fête de l’indépendance de l’Ukraine: « L’indépendance n’est pas qu’un mot de l’histoire, peut-on lire. C’est la lutte quotidienne, la force et la foi de millions de coeurs. Merci à chaque héros qui se bat pour notre paix et notre liberté. J’aime infiniment l’Ukraine pour ses gens, ses chansons, sa langue, son esprit et sa résilience. »

Discret sur ce sujet depuis son arrivée au PSG

Lorsqu’il s’agit de parler de son pays, le néo-Parisien de 23 ans ne fait pas dans la langue de bois. Interrogé par l’émission ukrainienne Football 360, l’international (49 sélections, 3 buts) a une nouvelle fois laissé parler son coeur: « Ma position civique est claire: mon pays est en guerre totale depuis quatre ans. Les Russes sont des agresseurs qui tentent, en vain, de détruire la liberté et l’indépendance de l’Ukraine. La guerre continue. Je n’ai aucune relation avec aucun Russe. (…) Tant que la guerre continue, je soutiens pleinement l’isolement total du football russe à l’échelle mondiale. »

Il avait jusque-là opté pour une certaine discrétion depuis son arrivée au ParisSaint-Germain. La guerre a été un thème très peu évoqué dans le vestiaire parisien ou sur le campus d’entraînement de Poissy (Yvelines). « Il cherche déjà à s’adapter à son nouvel environnement, à son vestiaire et aux habitudes de chacun » , nous a-t-on expliqué en interne. Demain, face à la France en qualifications pour la Coupe du monde 2026 (20h45), il retrouvera certains de ses coéquipiers du PSG. Et cette fois, pas question de se cacher: son engagement pour son pays sera total.

***


Quand les «hools» montent au front

Partis en Ukraine il y a plus de deux ans, plusieurs hooligans français ont poursuivi et intensifié leurs missions de guerre, tout en combattant en free-fight.

“C’est la taille d’une escouade, où on retrouve des hooligans 
et d’anciens militaires qui partagent les mêmes idées 
fascistes et le goût du MMA"
   - UN FIN CONNAISSEUR DU SUJET

4 Sep 2025 - L'Équipe
SIMON BOLLE

Ils avaient pris les armes et la direction de l’Ukraine à la fin du printemps 2023, un an après l’invasion du pays par la Russie et dans la foulée de la finale de la Coupe de France entre Toulouse et Nantes (5-1, le 29), et leur passage du kop au front avait fait grand bruit dans le milieu. Un peu plus de deux ans plus tard, les hooligans français ont bien évolué mais continuent à combattre l’armée russe, preuve que leur séjour était voué à durer. À l’époque, ces « volontaires » s’étaient présentés au nom de laCésar A., deuxième en partant de la gauche, fait un salut de Kühnen, dérivé du salut nazi, dans les tribunes du Stade de France, le 29 avril 2023, lors de la finale de la Coupe de France Toulouse-Nantes (5-1).

Jeunesse Boulogne, un groupement hooligan parisien très actif, encore impliqué sur plusieurs fights ces derniers mois, lié aux ex-Boulogne Boys, groupe de supporters du PSG dissous à la fin des années 2000, et au Groupe Union Défense (GUD) Paris, groupuscule d’ultradroite de la capitale, lui aussi dissous. Et, parmi les figures parties en Ukraine, il y avait le cas de César A.

Des participations à des compétitions de free-fight sur les permissions

On l’avait quitté à la fin du mois d’août 2023, en apprentissage et en parade au sein du réseau Revanche, dépendant d’Ordre et Tradition, du courant ultranationaliste d’inspiration orthodoxe. Mais nos sources s’interrogeaient sur son rôle effectif sur le terrain, en parallèle des missions de l’armée ukrainienne, si ce n’est pour provoquer de l’infiltration psychologique en zone ennemie.

Les semaines et les mois suivants ont apporté des réponses puisque l’intéressé a rejoint le régiment Azov, une formation paramilitaire rattachée à l’ultradroite néonazie ukrainienne et à la garde nationale. Il s’est ensuite affiché sur des lignes de tir, en train d’échanger des balles, aux commandes d’engins, au côté de camarades et d’adversaires blessés dans des forêts, au milieu de tranchées boueuses, à l’entraînement, en déplacement… Tout est bon à vendre sur ses réseaux sociaux, où il reçoit même l’affection de… l’actrice Béatrice Dalle.

Début mars 2024, une dépêche de l’agence de presse russe Tass annonçait la mort de César, « l’un des chefs des néonazis français » , près de Donetsk, avant que ce dernier ne démente lui-même l’information en donnant de ses nouvelles. Il profite également de ses permissions pour participer à des compétitions de free-fight, sa passion originelle (il a pratiqué le muay thaï), relayée par des canaux d’ultras locaux. Il a ainsi affronté un premier adversaire à l’été 2024 et un second, un Ukrainien, le 5 avril dernier au palais des sports de Kiev, dans le Klan FC.

Entre-temps, un de ses amis, Paul B., associé à Boulogne et habitué des fights clandestins, avait lui aussi combattu au sein de cette ligue, sans être engagé au front. Il était soutenu par César et au moins deux de ses compères de guerre, Gwendal D., dit « Kenneth », issu de la mouvance identitaire lyonnaise et repassé en France récemment, et Allan D., autre « hool » parisien, plus discret sur ses aventures. Tous n’oublient pas d’exhiber régulièrement les drapeaux du GUD, de la Jeunesse Boulogne et autres maillots du PSG.

La bande est mobile puisqu’elle est de nouveau intégrée à Revanche, après un bref passage au sein de la légion étrangère en début d’année, et a récemment initié son unité spéciale francophone, avec au moins quatorze membres, dont de nombreux non identifiés, avec des clips promotionnels.

« Une véritable gravure de mode, confie un fin connaisseur du sujet. C’est la taille d’une escouade, où on retrouve des hooligans et d’anciens militaires qui partagent les mêmes idées fascistes et le goût du MMA. Mais cela montre aussi qu’ils sont parmi les plus fidèles, bien utiles aux Ukrainiens en termes de propagande et de combat, car ils sont vraiment chevronnés maintenant. »

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