Bocquet: « J’ai vu qu’il y avait une grosse souffrance »
Fabrice Bocquet a pris la succession de Jean-Pierre Rivère
à la tête de l’OGC Nice le 20 août dernier.
Le président de Nice revient sur les événements de dimanche soir et les conséquences pour les joueurs et le directeur sportif, Florian Maurice.
"En arrivant au club le lendemain, c’est là que j’ai commencé à me rendre compte. J’ai donc échangé avec les quelques joueurs qui étaient là"
5 Dec 2025 - L'Équipe
ROMAIN LAFONT
Sa parole était attendue. Quatre jours aprèslesévénementsdedimanchesoir qui ont vu Terem Moffi, Jeremie Boga et Florian Maurice, entre autres, être pris à partie par les supporters niçois, le président du Gym, Fabrice Bocquet, est revenu pour L’Équipe et Nice-Matin sur ce qu’il s’est passé. Il évoque également les conséquences pour le groupe, le revirement de son entraîneur et sa communication tranchante. Avec une volonté claire : l’apaisement entre toutes les parties.
- Pourquoi avoir attendu autant pour vous exprimer?
Parce queje considère quelorsqu’on doit s’exprimer après unesituation aussi difficile, il faut le faire avec l’ensemble des éléments, après avoir écouté tout le monde. Lapremière étape, c’était notre communiqué. La deuxième, c’était notre plainte contre X. Et, enparallèle detout ça, ce qu’on afait, ça aété d’échanger avec les personnes. Maintenant, il faut qu’on avance parce qu’on aunclub qui doit avancer, onaun matchdimanche( contre Angers, 15 heures) et uneinstitution àprotéger.
- Quel est votre regard sur ce qui s’est passé?
Évidemment, je condamneclairement, c’est inacceptable. Au-delà decequi apuse passer, onparle pas maldeviolences physiques, mais moi, ce queje retiens surtout, c’est l’impact psychologique, qui a été fort. Les jours d’après ont permis de prendre vraiment la mesuredecela. Tout ce quej’apporte, c’est monsoutien, évidemment, aux joueurs et aux staffs qui ont été impactés, enparticulier Florian Maurice (le directeur sportif).
- On a beaucoup parlé de vo'tre'absence dimanche soir…
Je nefais jamais le déplacement dans le car avec l’équipe, et c’était pareil pour mon prédécesseur ( Jean-Pierre Rivère). Dansce cas précis, ce qui se passe, c’est qu’on sait qu’il va y avoir unregroupement. Mais quandj’en parle avec les services de sécurité, ce qui ressort clairement, c’est queles éléments ànotre disposition nefont pas état d’un climat aussi hostile. Les informations sur place viennent, entre autres, des autorités depolice, car il nefaut pas oublier queças’est passé sur la voie publique. Donc du pris me des informations qu’il sont, oui, il y a du monde, mais pas un grand niveau d’hostilité. Si le club avait eu l’ensemble des informations, la décision aurait été denepasemmenerlecarau centre d’entraînement. Et donc quand j’évoque qu’il faudrait peut-être quej’y sois, ils medisent non, quecen’est pas dutout nécessaire, c’est sous contrôle. Avec le recul, évidemment, quandj’ai vu ce qui s’est passé, j’aurais préféré y être. Même si, comme me disent les services desécurité, on ne sait pas jusqu’où ça aurait pualler si j’y avais été.
- Quand avez-vous pris conscience de l’ampleur des événements?
Ça a été progressif. Je suis resté connecté jusqu’à tard dimanche soir avec les équipes. Lanotion d’hostilité aété vraiment ressentie quandle car est arrivé. Ensuite, sur les retours qu’on aeus, la première personne vraiment impactée aété Florian Maurice. Ma première démarche a été d’échanger avec lui. Audébut, ça n’a pas été pas simple parce qu’il était très touché. On s’est parlé très tard dimanche. Enarrivant auclub le lendemain, c’est là quej’ai commencé à me rendre compte. J’ai donc échangé avec les quelques joueurs qui étaient là (c’était une journée off). Et là, j’ai vu vraiment qu’il y avait unegrosse souffrance, enparticulier autour de Terem Moffi et de Jeremie Boga. J’ai également échangé avec le teammanager. J’ai contacté Terem. Puis Jeremie, par écrit. J’ai également euleurs agents. Après, évidemment, si dimanche soir, il y avait eu unpanoramaextrêmementclair, onles aurait contactés dès ce moment-là.
- Est-il exact que l’entraîneur vous a proposé sa démission lundi?
C’est Franck (Haise) qui m’acontacté en premier le lundi, parce queje me concentrais vraiment sur ceux qui avaient été le plus ciblés par ce qui s’est passé, ce qui n’était pas son cas. Il m’arapidement parlé, nonseulement desavolonté de démissionner, mais aussi dufait quenous devrions démissionner tous les trois ( avec Florian Maurice). Cen’était pas maréflexion dumoment. Je voulais être là pour les salariés duclub et pour l’institution OGC Nice. Je l’ai rappelé unpeuplus tard dans la soirée et il m’aconfirmé, effectivement, qu’il souhaitait quitter le club. Mercredi matin, il y aeuunrevirement: Franck souhaitait rester et faire front avec son groupe.
- Le mardi, vous aviez accepté cette démission…
Par rapport àcequi s’était passé, onsentait que, globalement, sa décision était ferme et irrévocable. C’est commeçaqueçaaété perçu. Je sais queFranck, entant qu’entraîneur, adegrandes qualités. Mais il faut avoir uneenvie forte. Et par rapport aux événements, et des éléments d’émotion, cette envie, àcemoment-là, n’était plus là. Par solidarité avec ses joueurs, selon les propos queFranck autilisés pour justifier cela. Doncàpartir dumomentoùilyacette volonté-là, je pense quec’est la moindre des choses d’être correct et depasser à autre chose.
- Il n’a pas épargné la direction du club dans ses propos. Comment l’avez-vous vécu et comment Jean-Claude Blanc l’a vécu?
lui appartient. Et il atoujours dit qu’il garderait sa liberté deparole. Cequeje pense, c’est quelorsqu’on communique, quandonest dirigeant d’une entreprise ou d’un club defoot, onest là pour protéger. Ce qui est important, c’est denepasexposer ni des salariés, ni unactionnaire, ni autre. Parce quequandonlefait, onest potentiellement plus entrain dese protéger. Le risque, c’est qu’on peut attiser aussi le feu enexposant des gens. Je n’ai pas àrentrer dans la communication de Franck, il communiquecommeille souhaite. D’ailleurs, le club n’était pas au courant ( de son interview à L’Équipe).
"On se retrouve assez stigmatisés et on arrive
à des moments de tension très forts.
Mais ça fait partie d’une carrière"
- Il dit revenir par solidarité pour ses joueurs, qu’il critique depuis des semaines. Il critique ses dirigeants et ses supporters. Ce n’est pas très apaisant…
Encore unefois, sa communication lui appartient. Monrôle, c’est dedonner la communication duclub, et la communication duclub, clairement, tourne autour del’apaisement. D’ailleurs, à ce titre, ons’est vus mercredi. Il y avait aussi Jean-Claude Blanc et Florian Maurice. On aéchangé ensemble mercredi matin et le ton est unpeumonté, mais ce n’est pas surprenant parce qu’on atous des personnalités assez sanguines. Mais àla fin dela réunion, ons’est dit queçafaisait du bien des’être dit ça, et maintenant on avance. Après, onarencontré les joueurs dans le vestiaire, puis l’ensemble dustaff, et également Franck, afin dedébriefer ce qui s’était dit dans le vestiaire. Danscette période-là, si onn’a pas d’échanges forts, c’est qu’on n’a rien compris. Çaveut dire quel’encéphalogramme est plat.
- Vous sentez-vous soutenu par l’actionnaire? Vous subissez les critiques des supporters et maintenant de l’entraîneur…
L’actionnaire ( Ineos) est déjà parfaitement conscient quec’est unesituation très difficile pour l’OGC Nice. Il est ensoutien. Quandonvit des momentsdifficiles, le risque, c’est des’isoler. Cen’est pas la première crise quetraverse l’OGC Nice.
Celle-là est forte, marquante. Mais ce qui compte, c’est derebondir. Et pour rebondir, il faut être ensemble, unis. Donc, c’était important pour moid’avoir le soutien de Jean-Claude Blanc, qui arépondu présent.
- Mais vous sentez-vous isolé, à titre personnel?
Les derniers mois ont été difficiles parce qu’on est assez exposés. Mais je nesuis pas là pour meplaindre demasituation. Il y aeu unetransition aumoisd’août ( il asuccédé à Jean-Pierre Rivère) oùtout desuite, ons’est retrouvés extrêmement exposés. Et àcela s’est rajouté undébut desaison compliqué sportivement ( Nice est 10e de L1). Donc, effectivement, onseretrouve assez stigmatisés et onarrive àdesmomentsde tension très forts. Mais ça fait partie d’une carrière. Onest là pour faire front, pas pour se plaindre de son cas personnel.
"Il est d’une dignité qui m’impressionne.
Mardi, il est venu au club.
On est allés ensemble, d’ailleurs,
voir la police pour une des auditions"
- AU SUJET DE FLORIAN MAURICE
- Comment va Florian Maurice?
C’est difficile. Mais il est d’une dignité qui m’impressionne. Mardi, il est venu auclub. Onest allés ensemble, d’ailleurs, voir la police pour unedesauditions. Mercredi, il était dans le vestiaire. Il aenvoyé des messages. Il afait untrès beau discours, dans lequel il aenvoyé dela force. Après, la réalité, c’est que, psychologiquement, il est atteint. Pas simplement par rapport àce qui s’est passé dimanche soir. Il est atteint plus globalement, car les derniers mois ont été très, très, très difficiles et il s’est senti très exposé. Cequi s’est passé dimanche, c’est unegoutte qui se rajoute dans unvase déjà très rempli.
- Va-t-il rester malgré ce qui s’est passé?
Çalui appartient devoir commentil voudra avancer. Mais clairement, quandona échangé lundi, et mêmeaprès, quand Franck aévoqué unedémission àtrois, ce n’était pas l’état d’esprit de Florian. Après, il faut voir commentcelavasedérouler par la suite. Il faut surtout voir dans quelles dispositions psychologiques se trouve Florian. D’autant plus que dans un mois, il y a un mercato d’hiver qui démarre. »
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La guerre des communiqués
5 Dec 2025 - L'Équipe
F. T.
Une communication d’Ineos était espérée depuis le mois de septembre, au sortir d’un mercato qui a mis au grand jour le peu d’investissements du propriétaire anglais dans l’OGC Nice. Il a fallu attendre le quatrième jour d’une crise majeure au Gym pour qu’elle se matérialise, à la queue d’un embouteillage de communiqués après ceux du club lui-même, de la LFP, de l’UNFP ou encore de Christian Estrosi, le maire Horizons de Nice. C’est également ce format-là, qui empêche tout contradictoire, qu’a choisi Jean-Claude Blanc. En quelques courts paragraphes, le directeur général d’Ineos Sport a cherché hier soir à faire passer trois messages distincts.
1. Ineos condamne « fermement les actes de violence qui ont touché les joueurs ainsi que le directeur sportif (Florian Maurice) » et apporte « tout [son] soutien aux personnes affectées » . 2. Il conforte le président Fabrice Bocquet, vivement critiqué depuis le début de cette séquence ubuesque, où des supporters s’en sont pris aux Aiglons à leur retour de Lorient.
3. Jean-Claude Blanc recadre, sans le nommer, Franck Haise, qui a appelé ses dirigeants à prendre leurs responsabilités dans une interview à L’Équipe, mercredi. « Il est désormais exigé que la communication des différents porte-paroles du club soit guidée par l’intérêt supérieur de l’Institution OGC Nice en veillant systématiquement à l’unité et à la cohésion de toutes les forces vives du club » , a-t-il souligné, animé par une volonté de tourner la page.
Sur la Côte d’Azur, elle ne l’est pas. Loin de là. Puisque la période est aux communiqués, la Populaire Sud y est elle aussi allée du sien hier, beaucoup plus fourni celui-ci. On y apprend que le groupe ultra niçois, qui réfute « catégoriquement les accusations de violences physiques » à son encontre, précise qu’il « n’a en aucun cas initié » ni « coordonné » le rassemblement devant le centre d’entraînement. Il révèle qu’il boycotterait « le prochain match – dimanche contre Angers –, les prochains matches » .
Sans indiquer combien de temps la Populaire Sud sera aux abonnés absents. Dans la foulée, le CDS, un autre groupement de supporters du Gym, a lui aussi annoncé son boycott.
Les Aiglons devront donc enrayer leur série de six défaites de rang dans une Allianz Riviera qui sonnera vide.
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