GENESIO Habile jongleur

Dans un calendrier dense, l’entraîneur du LOSC parvient à maintenir le niveau de compétitivité de son équipe en concernant un maximum de joueurs, sans peur de déboulonner certains statuts.

"Il donne à manger à tout le monde. 

Ça permet d’avoir une osmose"

   - BENJAMIN ANDRÉ, MILIEU DU LOSC

"Parfois, parce que vous ne débutez pas, 

vous pouvez avoir un comportement 

qui n’est pas adapté, mais là c’est l’inverse"

   - BRUNO GENESIO, ENTRAÎNEUR DU LOSC

5 Dec 2025 - L'Équipe

NATHAN GOURDOL

CAMPHIN-EN-PÉVÈLE (NORD) – Contrairement à Monaco et Marseille, le LOSC se contente de la Ligue Europa, mais Bruno Genesio a gardé le très bon fonctionnement Ligue des champions de la saison dernière dans la gestion des temps de jeu de son groupe. Avec l’ASM et l’OM, Lille est ainsi l’une des trois équipes dont seulement deux joueurs de champ ont dépassé les 1000 minutes de jeu en Ligue 1 – Ayyoub Bouaddi (1038) et Félix Correia (1010) –, ce qui témoigne des rotations régulières et nombreuses opérées par le technicien lillois.

La série de trois succès de rang des Dogues, la première depuis début septembre, repose d’ailleurs beaucoup sur ce onze changeant – quatre titulaires différents entre le Paris FC (4-2, le 23 novembre) et le Dinamo Zagreb (4-0, le 27), puis trois entre Zagreb et Le Havre (1-0, dimanche) – qui embarque tout le monde. Il y aura encore certainement des nouveautés contre l’OM ce soir, au moins une puisque Bouaddi est suspendu, et Genesio parvient à garder un équilibre, en ne fermant jamais totalement la porte à quelqu’un et sans peur d’ébranler certains statuts non plus.

Vice-capitaine de l’Islande et leader technique du LOSC, Hakon Haraldsson a par exemple été relégué sur le banc au coup d’envoi lors des deux dernières journées de L1. Réaction ? Sans broncher, il a été décisif en entrant, avec un penalty obtenu face au PFC et une avant-dernière passe magique au Havre. Malgré les différences énormes qu’il crée (9 buts et 2 passes décisives en 724 minutes de jeu), le Marocain Hamza Igamane accepte, lui, de partager son temps de jeu avec Olivier Giroud (39 ans) sans montrer de frustration non plus.

Indéboulonnable du début de saison, Matias Fernandez-Pardo n’a joué que six minutes depuis la dernière trêve, mais ne tardera pas à être relancé dans cette hiérarchie mouvante. Aussi, certains profils qui avaient un peu disparu ont également saisi leur chance ces dernières semaines pour apporter un nouveau souffle, de Marius Broholm à Ethan Mbappé, en passant par Osame Sahraoui et Ngal’ayel Mukau. « J’essaie de me comporter avec tout le monde de la même manière. Ceux qui jouent, ceux qui jouent moins, ceux qui jouent encore moins, ceux qui sont blessés. Je veux avoir les mêmes attitudes, consacrer le même temps de parole pour échanger avec tous les membres du groupe, livre Genesio au sujet de ses secrets de management, en précisant que ces échanges ne sont pas des entretiens formels qui durent deux heures dans (s)on bureau mais souvent des petites phrases distillées durant les séances. Après, ce sont les joueurs qui doivent nous donner envie de les faire jouer. Mais il y a surtout le fait que ce groupe est réceptif à ce message. Tout n’est pas toujours rose, il peut y avoir parfois des petits états d’âme individuels, mais l’aspect collectif reprend toujours le dessus. L’expérience m’a appris qu’une saison se gagne à 22, 23, 24, pas à 11. »

« Il donne à manger à tout le monde, apprécie le capitaine, Benjamin André, qui n’est néanmoins pas celui qui tourne le plus. Ça permet d’avoir une osmose. D’ailleurs, dans chaque discours d'avantmatch, il insiste vraiment sur le fait que les joueurs qui sont sur le banc peuvent être titulaires le lendemain. »

Mbappé est symbolique de cette méritocratie, puisque le jeune milieu offensif (18 ans) avait d’abord été écarté de la liste de la Ligue Europa, mais a été réintroduit grâce à son attitude exemplaire et son efficacité. « Parfois, parce que vous ne débutez pas, vous pouvez avoir un comportement qui n’est pas adapté, mais là c’est l’inverse. Ils veulent tous montrer qu’ils peuvent être sur la pelouse », savourait le technicien au stade Océane dimanche au sujet de cette concurrence aiguisée, qui permet aux Lillois d’avoir le meilleur finish du top 5 européen (16 de leurs 28 buts en L1 dans le dernier quart d’heure).

« L’autre explication, c’est qu’on a beaucoup de joueurs à certains postes qui ont un niveau de jeu quasi identique. Ce qui fait que, quel que soit celui qui débute ou entre en cours de match, on reste compétitifs », reprend le coach, minimisant son impact sur ces rotations gagnantes. « Le management directif comme on a pu le connaître, les remarques très dures qu’on a pu subir, ce n’est plus d’actualité. Aujourd’hui, il y a des manières d’approcher des joueurs qui sont différentes, sinon on peut être contre-productifs », conclut Genesio sur sa recette, confiant notamment avoir fait évoluer son discours avec le temps pour composer avec l’impatience des plus jeunes. Avec toujours l’idée d’embarquer le plus grand monde derrière lui.

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Mbemba sans « rancune »

5 Dec 2025 - L'Équipe

N. G.

Parti libre de l’OM libre en juin après 85 matches puis un an de mise au placard, le défenseur du LOSC Chancel Mbemba se prépare à des retrouvailles sans émotion particulière selon Bruno Genesio. « Sur ce qu'il m'en a dit, même si Chancel n'est pas le plus grand bavard, il n'a pas de rancune envers l’OM ni envers les personnes qui y sont, et je pense que c'est la meilleure manière d'agir, assure le technicien. Je le sens très détaché aujourd'hui, même s'il a été touché et marqué par cet épisode. Mais je ne le sens pas avec des sentiments négatifs vis-à-vis du club qu'on va affronter demain. » Remplaçant au coup d’envoi des deux derniers matches, Mbemba devrait former la charnière soit avec Aïssa Mandi, sorti en première période au Havre dimanche en raison d’une gêne à un adducteur mais opérationnel – « C'est une douleur chronique avec laquelle il doit jouer, il n'y a pas de risque de se péter ou d’avoir un arrêt assez longue durée », selon Genesio –, soit avec Nathan Ngoy. Au milieu, Nabil Bentaleb va vraisemblablement accompagner Benjamin André en l’absence d’Ayyoub Bouaddi, suspendu.