Un tirage éminemment politique


Le patron de la FIFA, Gianni Infantino, présente le trophée 
de la Coupe du monde au président des États-Unis, Donald Trump, 
lors d’un entretien dans le bureau ovale de la Maison Blanche. 

En organisant le tirage au sort de la Coupe du monde à Washington et en invitant les Village People, la FIFA cherche à faire plaisir à Donald Trump. Fidèle à son habitude, le président américain ne devrait pas faire dans la discrétion.

5 Dec 2025 -à L'Équipe
LOÏC PIALAT

LOS ANGELES (USA) – Rien que le choix du lieu pour le tirage au sort de la Coupe du monde a pris un tour politique. Et pas parce que trois kilomètres seulement séparent le Kennedy Center de la MaisonBlanche. Mais l’institut culturel de la capitale américaine est devenu, malgré lui, un symbole de la polarisation des États-Unis.

Quelques semaines après sa deuxième investiture, Donald Trump avait attaqué le centre, coupable, selon lui, de mauvaise gestion et de ne proposer que des spectacles « woke ». « Plus de show de drag-queens ou de propagande anti-américaine » , avait annoncé le président américain, se lançant dans une purge du personnel. Il s’est placé lui-même à la tête du conseil d’administration.

La FIFA comptait organiser le tirage à Las Vegas, comme pour la Coupe du monde 1994, la première aux États-Unis. Bill Clinton, le président de l’époque, n’avait pas assisté à l’événement. Mais l’actuel leader de la première puissance mondiale a une autre approche du protocole, surtout en matière de sport. En juillet à New York, il est par exemple resté sur la photo quand les joueurs de Chelsea ont fêté leur titre de champions du monde des clubs.

Trump devrait recevoir un prix de consolation

Puisque Gianni Infantino ne peut rien refuser à son « ami proche » – le laissant même toucher la vraie Coupe du monde, un privilège généralement réservé auxjoueurs – , Washington a donc remplacé Vegas pour le tirage. La présence des Village People peut s’interpréter comme un autre cadeau à Trump. YMCA et Macho Man sont des classiques de ses meetings de campagne. Même si Jim Newman, un ancien membre du groupe, ne cache pas son mépris pour le fan le plus célèbre du groupe.

« Les Village People de mon époque ne se produiraient jamais à un meeting de Trump. On ne lui donnerait jamais le droit d’utiliser ces chansons et on ne le laisserait pas insulter le public, en particulier gay, qui a fait notre succès » , avait posté l’ex-cowboy sur Instagram. Ce qui n’a pas empêché ses successeurs de chanter lors de l’investiture et de revenir ce vendredi.

Sur scène, on verra peut-être Trump réaliser sa danse devenue référence, que Christian Pulisic, l’international américain de l’AC Milan, avait reprise à son compte après un but contre la Jamaïque quelques jours après sa réélection. Et le président pourrait surtout recevoir le fameux « Prix FIFA pour la paix ». Une nouveauté aux airs de compensation et aux critères obscurs concoctée par Infantino sans alerter ses collègues.

Trump « mérite le prix Nobel pour ses actions décisives » , avait commenté le dirigeant suisse, invité à célébrer en Égypte le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas aux côtés de chefs d’État. Mais la récompense, remise à l’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, avait échappé à son camarade malgré les huit guerres qu’il affirme avoir arrêtées depuis son retour au pouvoir.

En cas de discours, Trump, peu connaisseur de football, risque de parler de politique – et de ses accomplissements, avérés ou fantasmés – plus que de ballon rond. Infantino n’a pas voulu confirmer qui serait le lauréat. Mais si la distinction revient à une personne dont le nom n’est pas Donald J. Trump, le niveau de surprise se comparera à une victoire d’Haïti lors de la finale du 19 juillet prochain.

Haïti, justement, est l’un des 19 pays touchés par le «travel ban», l’interdiction d’entrée aux ÉtatsUnis. Le Mondial n’a en effet pas incité l’administration Trump à dévier de sa ligne dure sur l’immigration pour les supporters ou le staff de certaines sélections : des membres de la délégation iranienne n’ont par exemple pas obtenu de visa pour le tirage au sort.

Téhéran a envisagé de boycotter la cérémonie. « Nous avons dit au président de la FIFA qu’il s’agit d’une position purement politique et que la FIFA doit dire à Washington de cesser de se comporter ainsi » , s’est agacé Mehdi Taj, le président de la Fédération iranienne de football. Le sélectionneur Amir Ghalenoei aurait finalement rejoint Washington.

La compétition se joue aussi au Canada et au Mexique mais les matches vont se disputer en majorité aux États-Unis, qui fêteront leurs 250 ans durant le tournoi. Alors difficile d’imaginer que la politisation de l’événement s’arrête au tirage de ce vendredi.

***

La coopération internationale remise en question

À six mois du prochain Mondial aux États-Unis, les pays hôtes n’ont pas encore conclu d’accord pour le renfort de policiers étrangers, comme le veut le système habituel.

5 Dec 2025 - L'Équipe
SIMON BOLLE

Les « spotters » de la Division nationale de la lutte contre le hooliganisme (DNLH) arboreront-ils leur tunique spéciale au milieu des tribunes des 16 stades de la prochaine Coupe du monde (du 11 juin au 19 juillet 2026)? Le doute est permis. Présents au Mondial 2022 au Qatar et à l’Euro 2024 en Allemagne, ces policiers français spécialisés dans le suivi des supporters n’ont, pour l’instant, reçu aucune demande officielle de coopération internationale de la part des organisateurs.

Il y a trois ans, un partenariat de sécurité, valable de novembre 2022 à juin 2023 et validé par l’Assemblée nationale non sans discorde, avait été signé entre la France et le Qatar et prévoyait l’envoi de 220 agents français en renfort, dont une petite partie de la DNLH. L’an passé, pour l’Euro, un Centre international de coopération policière avait été instauré non-stop à Neuss, à proximité de Düsseldorf, et rassemblait des représentants de chaque pays participant.

La présence de policiers français souhaitée par les supporters

« C’était rodé car les Allemands font partie du réseau européen et ont l’habitude de solliciter en amont l’apport de policiers étrangers sur les Coupes d’Europe. Là, avec les États-Unis (organisateurs du Mondial 2026 avec le Mexique et le Canada), on est complètement dans le flou, confie une source policière. Il y a deux options: soit ils considèrent pouvoir tout gérer seuls, soit il y a un effet nouveauté pas encore assimilé. Il y a eu le précédent de 1994 ( une édition déjà organisée par les États-Unis), mais c’est quand même nouveau de gérer une compétition à 48 équipes. Il y a eu la Copa America (2024), qui reste inférieure en intensité, la Coupe du monde des clubs (2025), avec très peu de supporters venus de l’extérieur, donc il n’y a peut-être pas cette habitude de faire appel aux renforts. »

L’établissement d’un nouvel accord intergouvernemental est, en tout cas, nécessaire à la venue et l’exercice de policiers français sur un territoire étranger, comprenant les conditions d’accueil et les périmètres des missions. Identifiés et accompagnés lors de chaque déplacement, les représentants des supporters français ont poussé auprès de la FFF en ce sens mais sont peu confiants. Ils avaient pourtant apprécié de pouvoir compter sur eux au Qatar, par exemple, pour se rassembler en tribunes, éviter de se retrouver au milieu d’adversaires ou signaler les incidents en cas de besoin.

La FIFA confiante malgré tout

En attendant un éventuel déblocage, le sujet devait être abordé, ce jeudi, au cours d’une réunion du réseau européen d’experts policiers (NFIP). « Le besoin est réel, insiste notre précédent interlocuteur. Il reste à la fois beaucoup et peu de temps. Mais, avec les Américains, tout peut aller très vite. » Du côté de la FIFA, si on confirme qu’aucun accord de coopération n’est en place, un message d’optimisme est passé. « Cela va dans le bon sens, il y a l’espoir que ce soit réglé, Le système a fait ses preuves par le passé et ce serait un retour en arrière si cela ne pouvait pas se faire. » Le récent dégel quant aux visas, avec des « créneaux d’entretien prioritaires accordés aux détenteurs de billets » , a montré que la situation pouvait rapidement évoluer. « D’après nos échanges, les autorités des trois pays hôtes se sont montrées ouvertes à la coopération et intéressées par l’expérience internationale, confie le Suédois Daniel Hedman, à la tête du réseau NFIP. Il est toujours préférable de clarifier les choses le plus tôt possible, mais il n’est en aucun cas trop tard. Le format élargi et l’accueil par plusieurs pays apportent de nouvelles considérations, mais les processus restent les mêmes. Plus tôt le cadre officiel et les accords éventuels seront confirmés, plus les préparatifs seront efficaces. »

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