Butte à Montmartre!


Un vététiste descend la butte Montmartre à l’occasion 
d’une étape de l’Hexagonale VTT Tour de France, en 2009.

Aujourd’hui, les coureurs du Tour de France retrouveront la rue Lepic et le Sacré-Coeur, près d’un an après les Jeux. Mais cet emblématique lieu touristique de la capitale n’a pas attendu 2024 pour se transformer en théâtre d’événements sportifs.

27 Jul 2025 - L'Équipe
VINCENT HUBÉ

Un peu avant 18h30 aujourd’hui, selon l’horaire le plus rapide, les coureurs du Tour de France devraient entamer la première de leurs trois ascensions de la butte Montmartre, par la rue Lepic, 1,1 km d’ascension à 5,9 %, montée classée en 4e catégorie. Une nouveauté du parcours, après l’énorme succès populaire de l’épreuve de course sur route des JO l’été dernier, avec déjà trois passages à Montmartre, pour une victoire finale de Remco Evenepoel chez les hommes et de Kristen Faulkner chez les femmes. Le point culminant de Paris, 130,53 m d’altitude au cimetière du Calvaire, à côté du Sacré-Coeur, n’a toutefois pas attendu les Jeux pour servir de terrain de sport.

Louis Renault en démonstration

24 décembre 1898. Louis Renault, alors âgé de 21ans, réveillonne avec son frère et une quinzaine d’amis à Paris. Après le repas, il emmène un des convives dans une voiturette de sa conception, un tout petit cabriolet monocylindre, et réussit à gravir l’intégralité de la rue Lepic. Premier succès commercial: il obtient douze commandes.

En hommage à cet «exploit» de Renault, la commune libre du Vieux-Montmartre crée, en 1924, une course de côte au ralenti sur le même parcours, du 42 rue Lepic à la place du Tertre (ou la place Jean-Baptiste Clément, à côté). Le but? Réaliser le parcours, sur une voiture ancienne, le plus lentement possible mais sans caler! L’épreuve se déroulera tous les ans jusqu’en 1998. Une nouvelle édition en mode «revival» aura lieu en septembre 2016. Pour les sports mécaniques, on peut également citer la course de motos Trial organisée de 1989 à 1994 sur la butte.

André Leducq, le régional de l’étape

Double vainqueur du Tour de France (1930 et 1932), également victorieux de Paris-Roubaix (1928), André Leducq, né à Saint-Ouen, passe son enfance à Paris, à Belleville puis près de la Butte. Fils d’un chauffeur de Léon Gaumont, le patron de la société cinématographique, il joue d’abord au football à l’Union Athlétique de Montmartre, avant de signer sa première licence de coureur cycliste, au Montmartre Sportif. Dans Une fleur au guidon (éd. Presses de la cité, 1977), il racontera: «Je cavalais dans Montmartre, et les grands espaces ne manquaient pas avec, notamment, la plaine que nous appelions le “maquis” au-delà de l’avenue Junot, champ clos rêvé pour des affrontements à coups de pommes de terre et de tomates. C’est plus embêtant les tomates, ça laisse des traces sur les vêtements…»

100 000 spectateurs pour un cyclo-cross

Dans les années 1930 et 1940, la région parisienne accueille plusieurs cyclo-cross. Pendant l’Occupation, le journal collaborationniste La France socialiste crée même une course entre le Sacré-Coeur, la place du Tertre et le Moulin de la Galette, avec plus de 1300 marches à gravir, le vélo sur le dos. Le 15 février 1942, le premier vainqueur s’appelle Robert Oubron, quintuple champion de France de cyclo-cross. La course est un grand succès populaire, avec plus de 100 000 spectateurs. Plusieurs éditions suivront, la dernière en 1948, organisée cette fois par L’Humanité et remportée par Jean Robic, vainqueur du premier Tour de France de l’aprèsguerre, l’année précédente.

Descente express à VTT

Si, dans les années 1940, les coureurs devaient monter les marches de la butte le vélo sur le dos, quatre-vingts ans plus tard, leurs lointains héritiers, eux, préfèrent les affronter à VTT. Au fil des ans, différents événements sont organisés sur la Butte. Comme DownTown Montmartre, en 2007 et 2011, qui fixe comme objectif de dévaler les marches le plus rapidement possible. En octobre 2000, devant les caméras de TF1, l’Aveyronnais Hugues Richard grimpe, lui, 1 600 marches… C’est alors un record. En avril 2024, l’UCI y organise même la première étape de la Coupe du monde de la catégorie Eliminator (un format proche du skicross).

Boules tragiques avenue Junot

En 1971, le Club Lepic Abbesses Pétanque (CLAP) est créé et installe son terrain de boules tout près de l’avenue Junot (XVIIIe arrondissement). Un site très convoité. Au fil des ans, le CLAP doit lutter contre les projets immobiliers. Le dernier en date, autour d’un hôtel de luxe, lui sera fatal. Malgré une intense mobilisation et l’appui, entre autres, de Fabien Galthié et Yannick Noah, le CLAP est expulsé de l’avenue Junot le 21 octobre 2024.


Des courses de côte au ralenti au début du XXe siècle (en haut) à l’épreuve en ligne des Jeux Olympiques de Paris 2024 (en bas), en passant par des descentes à ski improvisées les jours de neige ou encore des montées de coureurs effectuées vélo sur le dos : tous les moyens sont bons pour se mesurer au relief de la butte Montmartre, point culminant de Paris.

Les cierges inutiles de Martina Hingis

Lors de ses séjours à Paris pour participer au tournoi de Roland-Garros, la Suissesse Martina Hingis passait toujours par Montmartre. « J’adore le Sacré-Coeur, confiait-elle au quotidien suisse Le Temps en 1999. On y croise des couples amoureux… J’adore ce coin. J’y suis allée deux fois. Et, à chaque fois que je suis à Paris, je veux y retourner. » Celle qui a passé 209 semaines à la première place mondiale profite de ses visites à la basilique parisienne pour y brûler des cierges. «Vous pouvez en prendre un gros, ou juste un petit, ça vous coûte de 10 à 50 francs (de 1,50 € à 7,50 €), assurait-elle pendant le tournoi, en 1999. Je prie Dieu qu’il me vienne en aide… » Cette année-là, elle lui avait demandé de ne pas tomber sur les soeurs Williams, Venus ou Serena.Voeu exaucé… En revanche, pour sa finale contre Steffi Graf, les cierges du Sacré-Coeur ne pourront rien (victoire de l’Allemande 4-6, 7-5, 6-2). Roland-Garros est le seul Grand Chelem que Martina Hingis n’aura jamais gagné.

Station presque olympique de sports d’hiver

En 1992, la France organise les Jeux Olympiques d’hiver à Albertville. À 600 km de la Savoie, Paris participe, à sa façon, à la fête. Avec l’accord du Cojo, une patinoire panoramique de 300 m2, ouverte au public, est installée square-Willette (aujourd’hui Louise-Michel), devant le Sacré-Coeur. Sinon, dès que Paris est sous la neige, certains en profitent pour sortir leurs skis et prennent les escaliers de la butte pour une piste. C’était notamment le cas en janvier 2021, ou encore en novembre dernier.

Combats de boxe à l’Élysée-Montmartre

Installé au pied du Sacré-Coeur, boulevard Rochechouart, l’Élysée-Montmartre n’est pas qu’une salle de concerts. Dès le début du XXe siècle, le lieu inauguré en 1807 accueille des combats de boxe, mais aussi des rencontres de catch. En janvier 1910, Georges Carpentier, alors en coq, affronte ainsi Paul Til. Un combat arrêté au 8e round à cause d’une blessure de Til. Plus tard, dans les années 1960, Jean-Claude Bouttier, futur champion d’Europe des poids moyens (en 1971 et 1974), y dispute une petite dizaine de combats au début de sa carrière. L’Élysée-Montmartre retournera ensuite à sa vocation purement artistique, avec quelques rares réunions de boxe en 1986 et 1993.

271 allers-retours sur un escalier

Vélo, voiture, moto… C’était un peu trop facile pour Alexandre Boucheix. Celui qui est connu sous le pseudonyme de « Casquette Verte » a l’idée de créer l’UltraTrail de Montmartre, dont la première édition se tient en décembre 2017. « Alors que je commençais le trail, un de mes potes a fait une grosse sortie à Montmartre et avait parcouru 3000 m de dénivelé positif en une journée, assurait-il au Magazine L’Équipe en mars. En partageant une bière, on s’est dit que ce serait vraiment cool de faire 10000 m de dénivelé dans Paris. » Pour cela, le parcours emprunte l’escalier rue Foyatier, à côté du funiculaire, 265 marches, 271 allers-retours, soit environ 80 km et un dénivelé positif de 11 650 m… Le premier vainqueur, Guillaume Arthus, termine en 25 h12’. Lors de la dernière édition, en décembre 2024, le gagnant, Florian Fillion, n’a mis que 18h28’.


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Jeux et Jolly

27 Jul 2025 - L'Équipe

La cérémonie d’ouverture deParis 2024 sur la Seine, ThomasJolly enavait rêvé dès le 29octobre 2021 dansL’Équipe, avant mêmed’en devenir le directeur artistique. Alors forcément, le lendemain, le fleuve nepouvait être qu’à la une. Unephoto encontre-plongée des porte-drapeaux dela délégation française, Florent Manaudou et Mélina Robert-Michon, agitant l’étendard àl’avant dubateau des Français, tiendra d’abord la corde. Avec entitre le Ah! Ça ir a révolutionnaire, exécuté unpeuplus tôt par la chanteuse lyrique Marina Viotti et les metalleux de Gojira… Mais, à0h20, dix minutes avant l’heure fatidique dubouclage, le cliché deUeslei Marcelino, le photographe deReuters, et les ombresminiatures deMarie-José Pérec et Teddy Riner sur le fond incandescent dela vasque qui vient des’élever dans le ciel bouleversent tout. Imagine, interprété par Juliette Armanet accompagnée par le piano enfeu deSofiane Pamart, s’impose alors. Launepartira à0h36, avec six minutes deretard… 6,5 millions de personnes partageront sur les réseaux sociaux la unepréférée des internautes de L’Équipe en 2024.


«L’Équipe» fêtera ses 80 ans le 28 février 2026. Jusqu’au jour de son anniversaire, retrouvez quotidiennement une de ses unes marquantes.

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