FEUX D’ARTIFICE


PARIS EST UNE FÊTE

L’étape vers Pontarlier a été le théâtre d’une dernière bagarre féroce, remportée par Kaden Groves, alors que l’arrivée à Paris et la triple ascension de la butte Montmartre promettent les dernières étincelles, avant le sacre de Tadej Pogacar.

Alors que la capitale baigne en pleine nostalgie olympique, les Champs-Élysées accueillent ce soir leur cinquantième arrivée du Tour de France et le quatrième sacre attendu de Tadej Pogacar, après un détour symbolique q par la butte Montmartre. 

27 Jul 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

PONTARLIER (DOUBS) – C’est étrange ce samedi soir, veille de retour à Paris, où l’on ne remballe pas tout, où l’on n’écrit pas les premiers bilans, où le Maillot Jaune ne vient pas en conférence de presse pour enfin tomber le masque, raconter sa course, dévoiler certains secrets de ses trois semaines, les jours sans, les coups de mou, les stratégies. Un soir d’étape presque comme un autre, même si ça sent l’écurie mais sans le petit relâchement ordinaire, sans avoir envie de lancer une échappée, car la modification du tracé du parcours parisien va garder beaucoup plus de monde sous pression.

On maintient qu’il est dommage d’avoir privé les sprinteurs de leur arrivée sur les Champs-Élysées, de cette garantie de pouvoir disputer ce sprint massif qui était leur graal mais aussi la carotte qui les faisait gravir des montagnes, mais il y a tout de même ce matin de l’excitation devant cette nouveauté. Une dernière petite étincelle, l’envie de voir ce que la triple ascension de la butte Montmartre peut donner, si elle sera le début d’une tradition qu’on devinera incontournable ou pas pour les prochaines années. Mais aussi ce qu’un peloton du Tour de France, tellement différent de celui des Jeux Olympiques, en taille, en composition d’équipes, en niveau de fatigue, peut en faire, si la rue Lepic sera un tremplin assez sévère pour isoler un homme, ce dont on doute beaucoup, de quelle taille sera le groupe qui se présentera sur la ligne pour la gagne.

Le saut dans l’inconnu fait beaucoup dans nos trépignements avant cette nouvelle étape. Tout le monde se demande si Tadej Pogacar va mettre le feu à la butte du Sacré-Coeur, mais le Pac-Man jaune est au régime sec depuis sa victoire dans le chrono de Peyragudes, c’était il y a neuf jours, il ne gloutonne plus depuis, alors on ne sait pas si plus rien ne brûle en lui, physiquement, mentalement, en cette fin de Tour de France, ou s’il ne pourra résister à l’envie de briller avec le maillot jaune, sur la plus belle avenue du monde, et on aurait pu ajouter dans un soleil déclinant mais c’est plutôt la grisaille qui serait annoncée du côté de la capitale.

Des coureurs lessivés après un chemin de croix long de trois semaines

Hier soir, le champion du monde a plutôt évoqué ses équipiers, à qui il pourrait octroyer quelques libertés pour la dernière, et il est vrai que Tim Wellens et Jhonatan Narvaez ont des bonnes têtes de dynamiteurs. De toute manière, tout ne dépendra pas du Maillot Jaune, qui peut bien rester au calme, il y aura forcément un bataillon de coureurs qui auront envie d’allumer des pétards. La journée d’hier a également été particulière car il était devenu rare de ne pas avoir de la montagne ou un contre-la-montre à la veille de l’arrivée à Paris, un dernier acte dans la lutte pour le général, en somme. Une originalité qui tombait plutôt bien cette année, puisque les étapes auxquelles le Maillot Jaune avait tourné le dos dans cette édition furent souvent les plus trépidantes.

Celle d’hier vers Pontarlier n’a pas fait exception, encore une bataille sauvage, 70 km de baston pour laisser filer l’échappée, encore 45 km/h de moyenne alors qu’il y avait 3 000 m de dénivelé positif au programme, encore une boucherie. Il suffisait de parcourir les classements hier pour se rendre compte de la difficulté de cette étape, mais surtout de la difficulté d’une telle étape en fin de Tour de France. La moitié du peloton a terminé dans un gruppetto, à 22 ou 28 minutes de la gagne et même si le Jura et le Doubs sont bien cabossés, nous n’étions tout de même pas en haute montagne.

Malgré les injures, Jegat récompensé

On avait vu Arnaud De Lie largué dès le départ, malade, Pavel Sivakov lui aussi éjecté de bonne heure, et tous ces radeaux de naufragés frappés par le déluge dans les forêts du Jura, protégés de bâches de fortune, tous vidés, sidérés, épinglés comme des papillons dans un museum d’histoire naturelle par trois semaines de souffrances. Tous à la merci de la violence du Tour de France, sa cruauté, qui faisait dire à notre ancien confrère Philippe Bouvet hier matin que tout cela nous rappelait « combien la troisième semaine est moins une course qu’une épreuve » .

Le Tour donne de temps en temps, et c’est alors souvent grandiose, mais il prend le reste du temps. Pour un jour de grâce, il y a des semaines de galères, c’est en tout cas le lot des coureurs ordinaires, pour lesquels il faudra avoir une pensée à l’entrée sur les Champs, cette armée des invisibles, avant de célébrer le quatrième sacre de Pogacar. Ce chemin de croix du Tour, Jordan Jegat l’a parcouru en faisant le dos rond la plupart du temps, sans jamais rompre, et encore hier, alors qu’on pensait le top 10 gelé, il s’est glissé dans la bonne échappée, hyperactif, fier d’être là. Il se faisait tancer par ses compagnons de fugue car avec sa 11e place au général, il menaçait leur aventure, Simone Velasco avait beau mouliner des gestes d’injure, Jegat s’en fichait et il avait bien raison.

Derrière, les Jayco de Ben O’Connor roulaient pour défendre la 10e position de l’Australien. Mais dans la vacharde côte de Thésy, le Français allait accélérer luimême et dans le peloton, un gros contre s’extirpa, ce qui eut pour effet de noyer la poursuite des hommes d’O’Connor et en fin d’étape, de faire entrer Jegat, 7e à Pontarlier, dans le top 10 du général à Paris, ce qui n’est pas rien quand il y a encore trois ans, il courait au troisième échelon.

Grégoire victime d’un Tour impitoyable

Si Jegat est parvenu à traverser le Tour sans gros dégât, Romain Grégoire s’est lui heurté à son côté impitoyable. Le Français avait bien démarré, 4e à Boulogne-sur-Mer et 5e à Rouen sur des journées très sélectives, mais il avait ensuite plongé dans l’anonymat, à l’image de son équipe Groupama-FDJ. Hier, il pensait apercevoir la lumière dans la tempête qui secouait le début de l’étape, sur ses terres du Doubs. À l’attaque de la côte de Longeville, à moins de 30 km de l’arrivée, une fois Harry Sweeny repris, il évoluait dans le groupe pour la gagne, avec Ivan Romeo, Velasco, Kaden Groves, Frank Van den Broek et Jake Stewart. Le Bisontin se montrait à la manoeuvre, très fort, attentif quand Romeo accélérait dans la côte. Mais un peu plus loin, dans la descente, l’Espagnol attaquait très fort un virage détrempé en descente et dans sa roue, Grégoire fut fauché dans le même mouvement. Il se releva vite mais le coup était passé, pas la déception, cette sensation de se heurter au mur du Tour de France.

Après la chute, le groupe se disloqua avec un trio Van den Broek-Stewart-Groves qui ouvrait désormais la route. L’Australien démarra la meuleuse à 16 km de l’arrivée et il n’y avait rien à faire pour les deux autres, un sprinteur qui gagne en solitaire, c’était bien la preuve que le Tour de France se finit à l’envers. Grégoire ne se démobilisa pas pour autant et alla arracher la 5e place. Le Français apprend, le Tour le malmène, il a dû se faire poser quelques points de suture à la hanche après l’arrivée, mais il a les moyens pour poser une mine dans Montmartre aujourd’hui. Il faut toujours caresser le chien qui nous a mordus la veille.

***

PARIGI È UNA FESTA

La tappa verso Pontarlier è stata teatro di un'ultima feroce battaglia, vinta da Kaden Groves, mentre l'arrivo a Parigi e la tripla scalata della collina di Montmartre promettono gli ultimi fuochi d'artificio prima dell'incoronazione di Tadej Pogacar.

FUOCHI D'ARTIFICIO

Mentre la capitale è immersa nella nostalgia olimpica, gli Champs-Élysées ospitano stasera il loro cinquantesimo arrivo del Tour de France e l'attesa quarta incoronazione di Tadej Pogacar, dopo una deviazione simbolica sulla collina di Montmartre. 

27 luglio 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

PONTARLIER (DOUBS) – È strano questo sabato sera, alla vigilia del ritorno a Parigi, dove non si impacchetta tutto, dove non si scrivono i primi bilanci, dove la maglia gialla non viene in conferenza stampa per togliersi finalmente la maschera, raccontare la sua corsa, svelare alcuni segreti delle sue tre settimane, le giornate-no, i momenti di debolezza, le tattiche. Una serata post-tappa quasi come le altre, anche se si sente l'odore delle scuderie, ma senza il solito minimo rilassamento, senza la voglia di lanciarsi in una fuga, perché la modifica del tracciato del percorso parigino terrà sotto pressione molte più persone.

Si continua a sostenere che sia un peccato aver privato i velocisti dell'arrivo sugli Champs-Élysées, della garanzia di poter disputare quella volata di gruppo che era il loro Santo Graal ma anche la carota che li spingeva a scalare le montagne, ma in mattinata ci sarà comunque eccitazione per questa novità. Un'ultima piccola scintilla, la voglia di vedere che cosa può dare la tripla scalata della collina di Montmartre, se sarà l'inizio di una tradizione che si annuncia inevitabile oppure no per i prossimi anni. Ma anche che cosa potrà fare un gruppo come quello del Tour de France, così diverso da quello delle Olimpiadi per dimensioni, composizione delle squadre, livello di stanchezza, se la rue Lepic sarà un trampolino abbastanza severo da isolare un corridore soltanto, cosa di cui dubitiamo molto, e di quali dimensioni sarà il gruppetto che si presenterà al traguardo per la vittoria.

Il salto nell'ignoto contribuisce molto alla nostra impazienza prima di questa nuova (ultima) tappa. Tutti si chiedono se Tadej Pogacar farà fuoco e fiamme sulla collina del Sacré-Coeur, ma il Pac-Man in giallo è a dieta ferrea dalla sua vittoria nella cronometro di Peyragudes, nove giorni fa, da allora non ha più mangiato, quindi non sappiamo se non abbia più niente da dare, fisicamente e mentalmente, in questa fase finale del Tour de France, o se non riuscirà a resistere alla tentazione di brillare con la maglia gialla sulla più bella avenue del mondo, e avremmo potuto aggiungere sotto un sole al tramonto, ma sembra che nella capitale sia prevista piuttosto una giornata grigia.

Corridori esausti dopo un calvario lungo tre settimane

Ieri sera, il campione del mondo ha invece parlato dei suoi compagni di squadra, ai quali potrebbe concedere qualche libertà per l'ultima tappa, ed è vero che Tim Wellens e Jhonatan Narváez hanno la faccia giusta per fare da dinamitardi. In ogni caso, non tutto dipenderà dalla maglia gialla, che può starsene relativamente tranquilla, perché ci sarà di sicuro un battaglione di corridori che vorranno accendere le micce. Anche la giornata di ieri è stata particolare perché era diventato raro non avere una tappa di montagna o una cronometro alla vigilia dell'arrivo a Parigi, un ultimo atto nella lotta per la classifica generale. Un'originalità che quest'anno è stata piuttosto azzeccata, dato che le tappe a cui la maglia gialla ha voltato le spalle in questa edizione sono state spesso le più emozionanti.

Quella di ieri verso Pontarlier non ha fatto eccezione: ancora una volta una battaglia selvaggia, 70 km di lotta per lasciar andare la fuga, ancora una media di 45 km/h nonostante i 3.000 m di dislivello positivo in programma, ancora una volta una carneficina. Bastava dare un'occhiata alle classifiche di ieri per rendersi conto della difficoltà di questa tappa, soprattutto di una tappa del genere alla fine del Tour de France. Metà del plotone è arrivata in un gruppetto, a 22 o 28 minuti dal vincitore, e anche se il Giura e il Doubs sono piuttosto vallonati, non eravamo comunque in alta montagna.

Nonostante gli insulti, Jegat premiato

Abbiamo visto Arnaud De Lie staccarsi fin dalla partenza, malato, Pavel Sivakov anch'egli eliminato presto, e tutte quelle zattere di naufraghi colpiti dal diluvio nelle foreste del Giura, protetti da teloni di fortuna, tutti svuotati, sbalorditi, appuntati come farfalle in un museo di storia naturale da tre settimane di sofferenze. Tutti in balia della violenza del Tour de France, della sua crudeltà, che ieri mattina ha fatto dire al nostro ex collega Philippe Bouvet che tutto questo ci ricordava «quanto la terza settimana sia meno una gara che una prova» .

Il Tour regala di tanto in tanto momenti grandiosi, ma il resto del tempo è piuttosto impegnativo. Per un giorno di gloria ci sono settimane di fatica, almeno per i corridori ordinari, a cui va rivolto un pensiero all'ingresso sugli Champs, quell'esercito di invisibili, prima di festeggiare il quarto trionfo di Pogacar. Jordan Jegat ha percorso questa via crucis del Tour tenendo la testa bassa per la maggior parte del tempo, senza mai mollare, e anche ieri, quando pensavamo che la top 10 fosse ormai definita, è riuscito a inserirsi nella fuga giusta, iperattivo, orgoglioso di essere lì. Veniva rimproverato dai suoi compagni di fuga perché con il suo 11° posto in classifica generale minacciava la loro avventura, Simone Velasco poteva anche fare gesti di insulti, a Jegat non importava e aveva ragione.

Dietro, i "Jayco" di Ben O'Connor tiravano per difendere la 10° posizione dell'australiano. Ma nella brutta salita di Thésy, il francese ha accelerato e nel gruppo si è formato un forte contrattacco, che ha avuto l'effetto di annullare l'inseguimento da parte degli uomini di O'Connor e, alla fine della tappa, di far entrare Jegat, settimo a Pontarlier, nella top 10 della classifica generale a Parigi, il che non è poco se si considera che tre anni fa correva da dilettante di terza categoria.

Grégoire vittima di un Tour spietato

Se Jegat è riuscito a superare il Tour senza grossi danni, Romain Grégoire si è scontrato con il lato spietato della corsa. Il francese era partito bene, quarto a Boulogne-sur-Mer e quinto a Rouen in giornate molto selettive, ma poi era sprofondato nell'anonimato, proprio come la sua Groupama-FDJ. Ieri pensava di intravedere la luce nella tempesta che ha sconvolto l'inizio della tappa, nella sua terra natale del Doubs. All'attacco della côte de Longeville, a meno di 30 km dall'arrivo, una volta ripreso Harry Sweeny, si è portato nel gruppo di testa con Ivan Romeo, Velasco, Kaden Groves, Frank Van den Broek e Jake Stewart. Il corridore di Besançon si è dimostrato molto forte e attento quando Romeo ha accelerato in salita. Ma poco più avanti, nella discesa, lo spagnolo ha attaccato con troppa forza una curva bagnata e, sulla sua ruota, Grégoire è stato travolto nello stesso movimento. Si è rialzato rapidamente, ma se il colpo era ormai assorbito, non così la delusione, quella sensazione di sbattere contro il muro del Tour de France.

Dopo la caduta, il gruppo si è disgregato con un trio - Van den Broek-Stewart-Groves - a fare ora da battistrada. L'australiano ha iniziato la "volata" a 16 km dall'arrivo e non c'era niente da fare per gli altri due: uno sprinter che vince in solitaria era la prova che il Tour de France finisce al contrario. Grégoire non si è demoralizzato e ha conquistato il 5° posto. Il francese impara, il Tour lo maltratta, ha dovuto farsi mettere alcuni punti di sutura all'anca dopo l'arrivo, ma oggi ha i mezzi per fare il colpo a Montmartre. Bisogna sempre accarezzare il cane che il giorno prima ci ha morso.

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