SANS LES CRACKS MAIS AVEC DES ESPOIRS

Un an après les JO de Paris, la délégation française est à Tokyo pour les Mondiaux d’athlétisme sans ses meilleurs éléments de 2024, mais avec quelques nouveaux espoirs qui devront éviter le zéro pointé.

«On a quasiment une vingtaine d’athlètes dans le top 12. 
Tous vont viser une finale mondiale, voire mieux» 
   - ROMAIN BARRAS, DIR'ECTEUR DE LA HAUTE PERFORMANCE 
     DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ATHLÉTISME

12 Sep 2025 - L'Équipe
ROMAIN DONNEUX (avec A. Rol.)

TOKYO – Dites à n’importe quel entraîneur qu’il aura la quasi-totalité de son équipe type en vrac à l’approche du rendez-vous le plus important de l’année et vous verrez la tronche qu’il va faire. En manque de résultats au niveau planétaire depuis plusieurs années, l’athlétisme français coche une stat peu reluisante avant l’ouverture des Mondiaux de Tokyo (13-21 septembre) demain. Sur les sept finalistes en individuel des Jeux Olympiques de Paris, trois (Cyréna Samba-Mayela, 2e, Clément Ducos et Alice Finot, 4e) sont forfait et trois autres (Rénelle Lamote, 5e, Gabriel Tual, 6e, et Louise Maraval, 8e) arrivent dans un état incertain à la suite de pépins physiques tout au long de l’été.

Finalement, le seul rescapé qui semble avoir toutes ses plumes avant le premier rendez-vous de l’après-Paris 2024 est Yann Chaussinand (marteau), 4e au bilan mondial avec un record personnel en 2025 (81,91 m). Ça fait un peu maigre pour un sport qui, depuis les soucis de Kevin Mayer, double champion du monde (2017 et 2022), ne compte plus d’assurances médailles. « C’est souvent le lot d’une saison post-olympique, lâchait jeudi le directeur de la haute performance de la FFA, Romain Barras, au 36e étage de l’hôtel qui regroupe toutes les délégations présentes aux Mondiaux. Ce n’est jamais facile à digérer pour les gens qui se sont beaucoup investis, pour les athlètes qui ont beaucoup travaillé, qui ont investi psychologiquement et physiquement. Il y en a certains qui ont besoin de récupérer, de se régénérer. »

Forfait à quelques jours de s’envoler pour le Japon, Alice Finot, championne d’Europe et 4e des JO sur 3000 m steeple, ne disait pas le contraire. « Je me suis rendu compte que l’année des JO, j’ai beaucoup investi de mon temps et de mon argent, avoue-t-elle. J’ai vu les résultats et, du coup, j’ai essayé de reproduire ça de façon encore plus poussée cette année. C’était peut-être une erreur. »

Cette envie de faire plus en étant boosté par les résultats du Stade de France a habité tous les finalistes de Paris 2024. « L’après-Jeux, il faut s’y attendre, explique Chaussinand. Je m’y attendais et j’en étais conscient. Après une année comme ça, il faut y retourner et s’entraîner encore plus dur ou peut-être un peu différemment, changer des choses, des petits détails qui peuvent faire la différence après. » Lamote, Maraval ou Tual ont aussi tendu vers ça, mais le physique s’est emmêlé. Blessée à plusieurs reprises lors de sa préparation, la spécialiste du 800 m (Lamotte) arrive avec une seule course dans les pattes alors que le champion d’Europe (Tual) sort seulement d’un « creux physique » qu’il n’a pas souhaité détailler.

Heureusement pour les Bleus et pour les dix jours qui s’annoncent, il existe des espoirs qui sont apparus au fil des compétitions de l’été. « On a quasiment une vingtaine d’athlètes dans le top 12, avance Barras.

Tous vont viser une finale mondiale, voire mieux. Après, comme on le dit tout le temps, ça se joue à des centimètres, à des centièmes… C’est parfois un faux appui qui fait perdre une médaille. Donc il faudra être, encore une fois, à son meilleur le jour J, en espérant parfois que les autres ne soient pas forcément à leur meilleur, ou qu’on soit meilleurs qu’eux. Mais c’est toute la difficulté de l’athlétisme. »

Azeddine Habz, Just Kwaou-Mathey, Melvin Raffin, Hilary Kpatcha font partie du top 5 mondial dans leur discipline sur le papier. Ce n’est pas un gage de réussite, mais c’en est un pour rêver et c’est de là que partent les exploits.

« Dans ma tête, en vrai, je me mets aussi cette pression en mode: si c’est que moi qui dois faire une médaille, tant mieux, lâche Kwaou-Mathey. Mais je sais qu’on a une bonne équipe de France, je pense qu’il y aura beaucoup de médailles. »

Un présage heureux qui ne colle pas, pour l’heure, au rythme de croisière de la FFA depuis plusieurs saisons avec une médaille récoltée lors des quatre derniers grands Championnats internationaux (JO et Mondiaux), dont celle, en argent, du 4 x 400 m de Budapest (2023), le dernier jour, sauvant la France d’un zéro qu’elle n’a connu que deux fois dans l’histoire des Mondiaux (1983 et 1993).

« Je pense que cette appréhension (du zéro médaille), ça fait un moment que la Fédération aurait pu l’avoir, ou doit l’avoir, lâche Frank Bignet, le nouveau DTN qui vit son premier Championnat majeur dans ce rôle. Ça peut arriver, personne ne le souhaite. Il y a l’analyse des résultats bruts, et après, il y a la manière dont on va y arriver. Le nombre de finalistes, c’est important. On a vu qu’il y a quand même une corrélation entre le nombre de médailles et le nombre de finalistes. » Multiplier les chances au tirage pour espérer décrocher un gros lot, c’est la mission des Bleus dans les dix prochains jours, même avec des atouts en moins.

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3 Bleus à suivre

12 Sep 2025 L'Équipe
R. Do.

JUST KWAOU-MATHEY Dans la cour des grands

Troisième Français à casser la barrière des 13’’ sur 110 m haies (12’’99) lors de sa victoire aux Championnats de France de Talence début août, Just Kwaou-Mathey est passé dans une autre dimension depuis. Également troisième au bilan mondial de la saison, l’athlète originaire d’Évreux apparaît parmi les Français les mieux placés pour aller chercher une médaille. Et c’est déjà un exploit vu son parcours depuis un peu plus d’un an et sa rupture du tendon d’Achille droit lors d’un stage à Dubaï en avril 2024.

Une blessure qui l’a évidemment mis sur le côté pour les Jeux de Paris mais qui aurait pu tout simplement le mettre de côté pour l’athlétisme. L’athlète, coaché par Giscard Samba du côté de Créteil, a bossé dur pour revenir dès cet hiver avec une 3e place sur 60 m haies aux Championnats d’Europe en salle d’Apeldoorn (Pays-Bas). Depuis, malgré un pépin à l’insertion d’un ischio, il a pu mettre en place son plan et semble dans les meilleures dispositions pour entrer dans le gratin mondial sur les haies hautes.

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Une pancarte à assumer

12 Sep 2025 - L'Équipe
R. Do.

À l’amorce de ces Championnats du monde, Azeddine Habz est numéro 1 mondial sur 1 500 m, depuis son record de France de Charléty (3’27’’49, le 20 juin). Un statut qui le place parmi les potentiels médaillables dans une discipline où l’habituel roi de l’année, Jakob Ingebrigtsen, n’est pas celui du grand Championnat depuis trois ans. D’autant que les cartes semblent encore plus rebattues alors que le Norvégien arrive à l’aveugle (retour de blessure) et que les autres gros bras comme Josh Kerr et Cole Hocker n’ont pas montré, pour l’heure, grand-chose cette saison. Bien que le jeune Niels Laros ait impressionné avec ses victoires coup sur coup à Bruxelles et Zurich, Habz aura forcément son mot à dire. Après avoir bien digéré son titre dans le Championnat de France le plus dense de l’histoire début août à Talence, le Francilien a fini sa préparation à l’Insep où les séances se sont bien enchaînées. Multiple médaillé en salle, Habz est censé passer une marche supplémentaire en plein air en ce mois de septembre.


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