CARLOS RODRIGUEZ - L'étoffe d'un leader
En suivant les meilleurs dans la montée du Galibier hier, à l’exception de Tadej Pogacar, a prouvé qu’il avait les épaules suffisamment solides pour briguer une nouvelle place d’honneur au général.
3 Jul 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL LAURENT CAMPISTRON
Pinerolo (ITA) - Valloire
4e étape 139,6 km
VALLOIRE (SAVOIE) – Hier, à écouter Carlos Rodriguez raconter dans le détail la fin de l’étape à son coéquipier et compatriote d’Ineos Grenadiers Jonathan Castroviejo, qui venait de couper la ligne près d’un quart d’heure après lui à Valloire, on a bien senti que le jeune Espagnol de 23 ans avait bien aimé le scénario de la course.Solide hier, Carlos Rodriguez est déjà tourné vers le chrono de vendredi, l’une de ses spécialités.
« J’ai fini dans le premier groupe derrière Pogacar, a-t-il narré en pédalant en même temps sur son vélo de décrassage, posé au pied du bus de son équipe. J’étais avec Jonas Vingegaard, Remco Evenepoel, Primoz Roglic et Juan Ayuso. Egan (Bernal) et Geraint (Thomas, ses coéquipiers) ? Ils sont arrivés un peu après moi, dans un deuxième groupe. » Le classement de cette étape, ainsi énuméré, dit d’ailleurs tout de la hiérarchie dans l’équipe britannique : Rodriguez d’abord, les autres ensuite. Le natif d’Almunecar (Andalousie) n’a évidemment pas usurpé son statut de leader.
Il l’a gagné grâce à ses résultats. Cinquième du Tour de France 2023, avec en prime une victoire d’étape à Morzine (Haute-Savoie), vainqueur du dernier Tour de Romandie, vainqueur de l’étape au plateau de Glières lors du dernier Critérium du Dauphiné, le bonhomme est déjà beaucoup plus qu’un espoir du cyclisme mondial.
"Je suis content d’être là, devant,
avec les meilleurs,
même si ce n’est pas complètement devant"
- CARLOS RODRIGUEZ
Hier, par-delà les premiers cols alpestres, il n’a pas forcément époustouflé le nombreux public massé au bord des routes par son audace, mais il a été là où les autres champions de son équipe, Bernal et Thomas, n’étaient pas, c’est-à-dire tout devant, au contact des meilleurs, assumant parfaitement son statut de chef d’équipe.
« C’était une étape difficile en très haute altitude, mais je me suis trouvé bien, même si je crois que la longueur des ascensions du jour a poussé tous les coureurs à la limite, a-t-il observé. Je suis content d’être là, devant, avec les meilleurs, même si ce n’est pas complètement devant (sourire) .Je n’ai pas perdu beaucoup de temps sur mes derniers compagnons de route (2 secondes), un peu plus sur Pogacar (37 secondes). Jour après jour, je me sens de mieux en mieux, c’est bien le plus important. Aujourd’hui, je ne me sentais pas en mesure de contrôler qui que ce soit. Je me suis surtout attaché à arriver en haut et à survivre (rires).»
Objectif victoire d’étape
L’Australien Zakkari Dempster, l’un des directeurs sportifs d’Ineos-Grenadiers, a évidemment apprécié la course de son coureur, qui a terminé à la 6e place à l’arrivée, dans le même temps que Jonas Vingegaard. « C’était le premier gros test en montagne de ce Tour de France, et on est évidemment satisfait de la manière dont Carlos a répondu à nos attentes, a-t-il dit. Cette étape nous a permis de jauger les faiblesses des autres gars et de voir aussi que Pogacar était très fort, comme on pouvait s’y attendre. Carlos a vraiment fait du bon boulot. »
Un boulot qui le classe forcément parmi les favoris au podium à Nice, dans moins de trois semaines, le 21 juillet. Rodriguez aura évidemment d’autres occasions de s’affirmer dans cette épreuve, à commencer par le chrono de vendredi entre NuitsSaint-Georges et Gevrey-Chambertin (25,3 km), l’une de ses spécialités. Ineos compte aussi sur lui pour remporter au moins une étape sur le Tour, comme l’an dernier.
« Il faut qu’on ait cette mentalité, cette volonté de se porter à l’avant et se glisser dans les échappées pour essayer d’aller chercher des victoires, confie Dempster. Carlos peut bien sûr gagner une étape, mais il n’est pas le seul. Geraint (Thomas) revient bien et en est capable. Egan (Bernal) n’est pas dans une forme optimale depuis quelques jours, mais il a réussi à limiter les dégâts après l’attaque de Pogacar dans le Galibier. Lui aussi aura sûrement des opportunités un peu plus tard, en montagne. Comme Tom (Pidcock), évidemment, qui aura des étapes qui lui conviendront très bien.»
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