Evenepoel prend de la hauteur


La détermination du Belge à être au départ du Tour après sa chute au tour du Pays Basque l’a hissé à la deuxième place du général, qu’il veut consolider dès le chrono de vendredi.Deuxième de l’étape après la descente du Galibier, Remco Evenepoel se positionne comme le premier des autres, derrière Pogacar, au classement général.

3 Jul 2024 - L'Équipe
PIERRE CALLEWAERT (avec L. H.)

VALLOIRE (SAVOIE) – Dans une galaxie déjà lointaine, c’est-à-dire à 45secondes de Pogacar au général, Remco Evenepoel promène sa bonne tête d’ado joyeux et ses jambes de footballeur dans le monde magique du Tour de France. «C’est plutôt pas mal de terminer deuxième derrière le meilleur coureur du monde, » disait-il hier avec le sourire, en épilogue de la première grosse bagarre au sommet. S’il a tenté de répliquer à la mine posée par Tadej Pogacar dans le Galibier, il a vite compris où il brillait dans la constellation des ambitieux du mois de juillet: «C’était une attaque très solide de Tadej. J’ai quand même essayé de le suivre, mais c’ était un peu au-dessus de mon niveau.»

Evenepoel goûte un peu plus chaque jour aux délices des morsures du Tour. Cette deuxième place au général, après quatre étapes dont deux randonnées en montagne, est aussi l’aboutissement d’un projet au long cours lancé par son équipe SoudalQuick Step il y a deux ans.

Son manager, Patrick Lefévère, tenait alors la laisse bien courte pour qu’il n’attaque surpas la France avant d’avoir goûté aux autres grands Tours. Bilan : une Vuelta empochée à 22ansetdeuxcrocs-en-jambeau Giro (abandons en 2021 et 2023).

Un calme «dalaï-lamesque»

Ce même patron matois ne cachait pas un léger étonnement au départ hier face aux politesses que s’étaient échangées les prétendants au maillot qui se verraient bien le porter à Nice dans trois semaines mais qui, en Italie, se le refilaient comme un vieux tee-shirt démodé. Evenepoel l’ayant laissé à Richard Carapaz, le boss confiait à la presse flamande: «Personnellement, j’aurais pris le maillot jaune. Combien de fois avez-vous une telle chance ? Peut-être plus jamais.»

Ce à quoi Evenepoel répondait avec le calme «dalaï-lamesque» qui l’habite depuis Florence qu’il voulait juste survivre à ce début de Tour et surtout à la chute des sprinteurs à Turin, et qu’il n’a « jamais pensé au maillot jaune ». Une prudence qu’il respectait encore hier en fin d’étape dans son plongeon périlleux vers Valloire : « Dans quelques virages, j’ai vu que c’était mouillé. J’ai même glissé plusieurs fois. Je dois être honnête : j’ ai failli tomber. J’ ai perdu un peu de confiance et les poursuivants sont revenus. Dans l’ensemble, je me suis senti bien. J’ai aussi fini par gagner le sprint pour la deuxième place. C’est bien. »

Un itinéraire bis tortueux

Evenepoel est à sa place alors que nul n’était capable d’envisager qu’il colle son premier dossard du Tour il y a 89 jours, quand les trois-quarts des prétendants au Tour – Jonas Vingegaard, Primoz Roglic et lui-même – quittaient le Tour du Pays Basque en évitant la mort dans une courbe de la descente du col d’Olaeta. Lui se relevait pour ré apparaître débutjuin au Critérium du Dauphiné avec une clavicule et une omoplate droite flambant neuves, prenant un itinéraire bis qui serait tortueux jusqu’aux dernières mitout nutes du départ de Florence: il y a quelques jours, il remplaçait Mattia Cattaneo, malade, par Louis Vervaeke dans l’effectif de ses grognards et parmi eux, le précieux Jan Hirt prenait le départ de Florence avec trois dents cassées dans une collision avec un sac à dos en allant à la signature. Pour faire bonne mesure, Casper Pedersen ne prenait pas le départ hier, trop touché (clavicule) après sa chute de la veille dans l’étape de Turin.

Evenepoel avait bien achevé son Dauphiné, à la 7e place, conscient de ses limites et des temps de passage. À chaque fois qu’il coinçait, constat sous contrôle: «Rien d’étrange, je m’y attendais » ou: « J’ai encore beaucoup de boulot. J’avais besoin d’une course pour souffrir.» Quand il y enfilait le maillot jaune après avoir fracassé le contre-la-montre, un sourire pointait: «C’est la plus belle couleur du monde et ça me rend fier.» Ne lui restait qu’à se délester d’un kilo superflu – Lefévère avait soupesé cette tare d’un oeil de négociant en bouvillons, diagnostiquant que, chez lui, «ça se voit.»

Evenepoel 24 ans, six en pro, poursuit ce matin son cinquième grand tour. Le réalisme poussera peut-être son équipe à geler cette deuxième place. Le chrono de vendredi est donc attendu avec gourmandise. Le Brabançon a même zappé le Championnat de Belgique le 23 juin, invoquant un rhume assez clément pour qu’on l’ait aperçu le même jour à 600 bornes de Zottegem, vers Chambolle-Musigny, probablement pas pour visiter les caves.

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