Deux attaques, deux destins
Offensif et combatif, le leader de Groupama-FDJ a animé l’échappée du jour jusqu’au pied du Galibier quand son jeune coéquipier, parti trop tôt, s’est complètement loupé.
3 Jul 2024 - L'Équipe
RÉGIS DUPONT
Gaudu, vent debout
VALLOIRE (SAVOIE) – David Gaudu a fini 60e de la première étape de haute montagne du Tour, à plus de 11 minutes de Tadej Pogacar. Et pourtant il va mieux. Beaucoup mieux même que lors du week-end passé en Italie, où il avait été incapable de peser sur la course ni même de suivre le gros du peloton entre Florence et Rimini.
« Je suis content car j’ai eu un petit retour de sensation, c’est du positif pour la suite », s’est-il réjoui en contemplant des alentours familiers. « Je suis souvent venu dans le coin avec mes parents, j’ ai pris le télé siège derrière nous des dizaines de fois. C’est un lieu chargé d’émotion pour moi, forcément je l’ avais coché .»
Gaudu parti dans l’échappée du jour avec Romain Grégoire et Valentin Madouas, Groupama-FDJ était l’équipe la mieux représentée au sein du groupe de onze téméraires. « L’objectif c’était de prendre l’échappée. C’était plutôt bien, mais le peloton ne nous a pas laissé beaucoup de champ, c’est le jeu du chat et de la souris, Tadej avait envie de gagner. On sait que pour remporter des étapes, à la pédale on n’est pas assez forts.»
De nouvelles opportunités la semaine prochaine
« C’était parfait d’être trois mais on sait que quand UAE décide de jouer, c’est difficile, a reconnu Benoît Vaugrenard, son directeur sportif. Notre seule chance c’était l’échappée, il fallait tenter. Mais il y avait vraiment trop de vent dans le Lautaret. » L’interminable col qui débouche sur le Galibier a fini de rincer David Gaudu, l’un des tout derniers à céder face à l’implacable machine UAE. Il a été rejoint dans les premiers hectomètres du col du Galibier. À cet instant de la course, Oier Lazkano était le seul rescapé de l’échappée devant lui, à quelques longueurspasplus.
Pour lui, les opportunités reviendront la semaine prochaine. Dans le Massif central, les Pyrénées ou lors des rendez-vous alpestres programmés en toute fin de Tour. Sur ses routes d’entraînement. « On retentera notre chance, et s’il faut tenter quinze fois notre chance, on va le faire. Dans l’équipe, on en a tous envie. » Depuis le départ de Florence, Groupama-FDJ a systématiquement envoyé du monde à l’avant lorsqu’il y a eu du mouvement. Valentin Madouas le premier jour, Quentin Pacher (3e à Bologne) le deuxième, et donc le trio Gaudu-Madouas-Grégoire cette fois. Samedi, David Gaudu avait été lâché dès la première bosse conséquente.
« Je n’ai pas du tout récupéré, je n’ai pas de forces sur le vélo, disait-il alors en évoquant le Covid contracté la semaine précédente. On va attendre des jours meilleurs, tout simplement. » « Le premier weekend avait été difficile pour lui et pour nous, maison ne s’ attendait pas à des miracles, appuie Vaugrenard. On lui a dit de prendre son temps, que ça allait revenir. Là ils’ est refait plaisir, il a repris confiance. » Il est à nouveau capable d’affronter le vent de face.
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Martinez n’était pas invité
VALLOIRE (SAVOIE) – Après trois étapes passées au fond de la classe, Lenny Martinez devait attendre encore une vingtaine de kilomètres pour tenter une attaque sur le Tour. Mais quand on a 20 ans pour encore quelques jours (11 juillet) et quand on a beaucoup réussi dans ses entreprises au cours des mois précédents, il arrive qu’on s’affranchisse des conseils.
C’est ce qu’a fait le grimpeur de Groupama – FDJ. Au dixième kilomètre, il s’est glissé dans un contre. Huit bornes plus loin, il avait déjà été avalé puis éjecté vers l’arrière par le peloton. Le coup du boomerang appliqué au vélo. « J’ai essayé de sauter dans l’échappée, je me suis mis comme ça, après ils ont commencé à rouler fort et bam ! a résumé l’intéressé dans le sas d’arrivée de Valloire, en retrouvant son père, Miguel, sur une vidéo publiée par Cyclism’Actu. Je me suis mis à fond pour sortir, c’était faux plat montant, il y avait le sprint et ça roulait, vite…. »
Trop vite pour ce tout petit format (1,68 m, 52 kg), inadapté aux gros coups de forces sur des pentes à peine inclinées comme celle proposées au départ de Pinerolo. « Il a voulu trop en faire, trop bien faire, explique Benoît Vaugrenard, son directeur sportif. On lui avait dit de rester avec Clément Russo et d’attendre le kilomètre 18, après le premier sprint pour agir. » En fait Lenny Martinez était déjà largué au moment de ce fameux sprint, et a terminé 162e de l’étape, un peu derrière Arnaud Démare et un peu devant Mark Cavendish. Très loin de la bagarre.
“Lenny ne peut pas se permettre d’attaquer
sur un terrain qui ne lui convient pas.
Il a commis une erreur, il l’a payée cash
- BENOÎT VAUGRENARD, DIRECTEUR SPORTIF DE GROUPAMA-FDJ
« Il a payé sa non-expérience, résume Vaugrenard. Comme il grattait de la patte depuis le début de ce Tour, il s’est mis dans le rouge a été repris et lâché par le peloton. On est sur le Tour, il se rend compte de l’ampleur de cette course. » Dimanche soir, Lenny Martinez assurait attendre « les étapes de montagne pour prendre les échappées et faire un beau truc. » La première occasion est passée. La prochaine, pour lui, ne reviendra pas avant une semaine, avec l’étape du Lioran.
Une sacrée épreuve de patience pour celui qui ne devait initialement pas découvrir le Tour cette année. Il reste sur un Tour de Suisse décevant (32e), qui a constitué le premier gros couac de sa carrière professionnelle. Il avait trouvé que « ça tournait un peu carré » là-bas, comme s’il était usé par son début d’année prolifique.
Selon le staff de son équipe, ses données physiologiques n’indiquent pas une fatigue particulière. D’où sa sélection. « Avec Lenny il faut courir juste, c’est un profil bien particulier, rappelle Benoît Vaugrenard. Il ne peut pas se permettre d’attaquer sur un terrain qui ne lui convient pas, surtout sur le Tour. Il a commis une erreur, il l’a payée cash. Sur ce Tour, on n’a pas encore la réussite mais on est acteurs, ça veut dire qu’on est dans le match. »
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