Ligue des champions : la dure Lillois du plus fort
13 Mar 2025 Libération
G.S.
Le Losc a échoué mercredi, à domicile, aux portes des quarts de finale de la compétition, après un match où la domination de Dortmund fut largement supérieure au score final (1-2).
Battus sans rémission par le Borussia Dortmund mercredi dans leur stade PierreMauroy, bien plus nettement que le score l’indique (1-2), les Lillois ont quitté la compétition-reine au lendemain de l’exploit majuscule du Paris-SG en Angleterre. S’ils avaient donné l’impression de pouvoir tenir le choc face aux vice-champions d’Europe en titre lors du match aller dans la Ruhr (1-1), ils sont descendus de très haut mercredi, d’autant plus haut qu’ils ont été soignés par les circonstances (un tombereau d’occasions allemandes enfumées, un but venu de nulle part) dans des proportions bibliques. Il n’y a pas de regret à avoir. Ce qui n’a aucune chance d’atténuer la déception d’une équipe qui aura accroché le scalp du Real Madrid ou de l’Atlético lors d’une campagne européenne fastueuse.
Les footballeurs ont une expression à eux : le «but inscrit dans les vestiaires». Avant que le match ait vraiment commencé, quand les deux équipes se reniflent sans avoir véritablement installé le rapport de force. Ils sont un peu à part : souvent le fruit d’une saute de concentration, le fautif ayant raté quelque chose dans son approche du match (la montée en agressivité ou la connexion avec un coéquipier) et ouvert un espace où l’attaquant adverse se glisse un peu par hasard, sans trop savoir pourquoi. Le buteur canadien du Losc, Jonathan David, aura eu cette bonne fortune: les défenseurs allemands ouvrent un boulevard à Ismaily et celui-ci trouve David, qui reprend le ballon comme on fait mine de frapper quelqu’un avec un gant de toilette tout mou.
Irréel. Le gardien suisse de Dortmund, Gregor Kobel, devait penser à autre chose: la frappe dégouline entre ses jambes et les Lillois ont pris les commandes comme ça (1-0, 5e). C’est peu dire que les Allemands ont ensuite concassé Benjamin André et consorts, imposant leur rythme, leur force, leur sûreté technique et à peu près tout le reste. Partant, la première mi-temps s’est déroulée du point de vue lillois sur un mode irréel et enchanteur, l’un (le gardien Lucas Chevalier) réalisant pas moins de quatre arrêts sur la même action, l’autre (Alexsandro) offrant son torse pour repousser un ballon devant sa ligne, un autre encore (Ismaily) se faisant tirer dessus alors qu’il gît au sol devant son but sans rien voir de ce qu’il se passe, et même une barre.
1-0 aux citrons pour les hommes entraînés par Bruno Genesio: une bénédiction, une anomalie, le petit Jésus en culotte de velours. Voir Emre Can remettre le Borussia à hauteur sur penalty (1-1, 54e) n’a ni étonné grand-monde ni infléchi le cours d’un match que Marcel Sabitzer et ses partenaires disputent en chaussons. On n’exagère pas. Au-delà de la récurrence ahurissante à ce niveau des occasions de but allemandes (une frappe de Karim Adeyemi pour lécher la barre transversale à la 62e, Maximilan Beier seul qui manque le cadre dans la foulée), c’est le confort du Borussia dans le jeu qui frappe. Comme s’il était seul sur le terrain, les Lillois escortant plutôt qu’ils ne contestent les initiatives de leurs adversaires du jour.
Pente.
On veut dire que les locaux ne sont même pas dans la bagarre. Ils sont sur un fil : seule la négligence de l’adversaire, collective (on s’y voit déjà) ou individuelle (une erreur), peut les remettre dans le coup, Chevalier ou l’attaquant islandais du Losc, Hakon Haraldsson, s’époumonant en vain. Quand Beier a enfin traduit la supériorité allemande (1-2, 65e), il ne s’est en vérité rien passé. Tout le stade avait vu venir le but avant qu’il ne survienne. Les Lillois ont glissé inexorablement sur la pente, sans trouver de prise, sortant pourtant tous les instruments (le centre aveugle dans le paquet, les remplaçants lancés en masse, les permutations dans l’axe du terrain…) qui leur tombent sous la main et acceptant l’éventualité du coup décisif allemand en laissant leurs propres défenseurs en un contre un sur les contres allemands. Ça n’avait aucune chance de suffire.
Commenti
Posta un commento