Apprentissage accéléré
Lenny Martinez dans la montée
finale d’Auron, samedi, sous la neige.
Le Français de Bahrain-Victorious Lenny Martinez a vécu beaucoup d’expériences différentes lors de Paris-Nice, entre sa première victoire en World Tour et le dur enseignement de la vie de leader.
“La confiance, elle vient en gagnant,
même si j’ai bien vu cette semaine qu’elle peut repartir en quelques jours''
- LENNY MARTINEZ
“Il y a de nombreuses étapes à franchir,
qu’il n’a pas forcément vécues dans le passé,
mais je suis sûr qu’il a un groupe sympa qui croit en lui et essaie de le soutenir ''
- ROMAN KREUZIGER, DIRECTEUR
SPORTIF DE BAHRAIN-VICTORIOUS
“Je sais que j’ai parfois pas mal de jours sans, mais quand je suis là, je suis là. Ça, c’est très important et j’essaie de m’appuyer dessus ''
- LENNY MARTINEZ
18 Mar 2025
L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL THOMAS PEROTTO
NICE – La promenade des Anglais a commencé à se vider, les assistants ont fini de ranger leur matériel, quelques coureurs ont déjà pris le large vers l’ aéroport, les directeurssportifs montent dans leur voiture et il ne reste plus un seul bout de pizza. Les petits fauteuils blancs devant le car de Bahrain Victorious sont presque les seuls vestiges de la fin de Paris-Nice, dimanche en début de soirée. Mais Lenny Martinez, lui, est toujours là. Sa mère est à quelques mètres, deux copains attendent le long de la rambarde et quelques enfants demandent une dernière photo ou un bidon commesouvenir.
La semaine a été riche en émotions pour l’ un des coureurs français les plus prometteur s des a génération (21 ans ). Le très haut, avec une victoire de prestige àLaCô te-Saint-André( Isère) jeudi, sa première enWorld Tour, et un éclat au général le lendemain, dans une bordure, sous la pluie, piégé comme un petit garçon qui subit le mauvais placement et une journée sans jambes (24 eau final ). Mais cette Cours eau Soleil édition 2025 est forcément le début de quelquechose pour le Va rois. « Une victoire sur Paris-Nice, je m’en croyais incapable en arrivant ici. D’autant que ce n’était pas dans une échappée, et même ça, je n’y aurais pas cru, j’étais avecles favoris à La Côte-Saint-André. C’est pour ça que je vous ai dit il y a quelques joursque je me surprenais chaque semaine, que je faisais à chaque fois mieux que cequej’espérais, confie-t-il à L’Équipe. Je repars d’ici avec plus de confiance, c’est certain, je sais que j’ai encore appris plein de choses. »
Au départ du Perray-en-Yvelines, Martinezdevait être chez Bahrain Victorious un équipier de luxe pour Santiago Buit ra go. La chute puis l’ abandon du Colombienl’ ont propulsé dès le mercredi comme leader des a formation. Des habits enfilés avec classe le lendemain .« Je doute encore un peu parfois de mes capacités, j’ai encore dumal à savoir tout ce que je peux faire. La confiance, elle vient en gagnant, même si j’ai bien vu cette semaine qu’elle peut repartir en quelques jours, explique Martinez. Je n’avais pas gagné depuis le milieu de saison l’an dernier (en mai, sur la Mercan’ Tour Classic Alpes-Maritimes), j’ étais surtout très content de gagner à nouveau. »
« Nous devons comprendre certaines choses à propos de Lenny, pourquoi il est si bon un jour et pourquoi il joue au golf un autre… Il y a eu beaucoup de changements pour lui, mais je crois qu’il reste surtout un coureur très talentueux, explique son directeur sportif, Roman Kreuziger. Ilya beaucoup de pression sur lui, surtout en France. Et je pense que si les médias veulent l’aider, il faut qu’ils restent un peu plus calmes avec lui parce qu’il aime attirer l’attention, mais cela pourrait aussi se retourner contre lui. C’est un très jeune coureur, prometteur, et nous voulons travailler avec lui. Il y a de nombreuses étapes à franchir, qu’il n’a pas forcément vécues dans le passé, mais je suis sûr qu’il a un groupe sympa autour de lui qui croit en lui et essaie de le soutenir. Il faut garder beaucoup de patience. »
Le Tchèque avait eu des mots très durs àl’encontrede Martinez vendredi à Berre-l’Étang (Bouches-du-Rhône) et son analyse, à froid, dimanche sur la promenade des Anglais, se voulait bienveillante autant que piquante sur certains aspects.
« Il avait raison bien sûr. C’était moi qui étais mal placé, c’est moi qui ai pété la roue de mon équipier et qui ai pris la bordure derrière, reconnaît Martinez, à propos de l’ étape de vendredi, terminée à neuf minutes. C’ était de ma faute, mais je n’ étais pas bien du tout de toute façon. J’étais derrière, car je ne me sentais pas bien. Je n’ai pas réussi à remonter avant la bosse sur mon groupe. Ç’a été très compliqué, c’était une bonne journée sans… Musculairement, il y avait beaucoup de fatigue. »
Les amedi,àAur on( Alpes-Maritimes ), le grimpeur formé par Groupama-FDJ, parti cet été à Bahrain Victorious, avait relevé la tête et terminé devant le groupe des favoris, prenant dix secondes à la pédale aux leadersdu classe ment général. Ce qui lui avait fait beaucoup de bien au moral. « Il repart évidemment de Paris-Nice avec plus de confiance, il y a eu des hauts et des bas, mais nous avons aujourd’hui de grands espoirs, admet Kreuziger. Il s’est retrouvé leader au bout de quelques jours, ce n’était pas prévu. Nous pouvons quand même être heureux. »
« Je sais que j’ai parfois pas mal de jours sans, mais quand je suis là, je suis là. Ça, c’est très important, et j’essaie de m’appuyer dessus. Si on arrive à corriger ces petits jours sans, je pense qu’il y aura des coups à faire au général », glissait Marti nez, avant d’ aller rejoindre sa mère et la soirée sur laCôted’Azur. Cette semaine entre Paris et Nice l’ a fait entrer dans le grand monde et lui a rappelé toutes les exigences quivontavec.
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21 ANS
1,68m; 52kg.
Équipe:Bahrain-Victorious.
Pro de puis 2022.
Palmarès: Classic Var 2024; Trofeo Laigueglia 2024; Mercan’ Tour Classic Alpes-Maritimes 2024; CIC Mont Ventoux 2023.
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