JOLIS COUPS À BAKOU
Les Bleus, déjà qualifiés depuis leur succès (4-0) face à l’Ukraine jeudi, ont gagné hier dans la capitale azerbaïdjanaise. Akliouche et Mateta ont marqué et séduit.
Maghnes Akliouche, Jean-Philippe Mateta et Hugo Ekitike (de gauche à droite) étaient tous les trois titulaires en Azerbaïdjan, hier.
17 Nov 2025 - L'Équipe
LOÏC TANZI
BAKOU – Comme tous les sélectionneurs, Didier Deschamps préfère disposer d’un large choix plutôt que de composer une liste par défaut. Et, si les prochains mois se passent aussi bien pour ses joueurs, il devra trancher dans un secteur offensif où les candidats ont marqué des points durant cette campagne de qualification et, plus largement, cette année 2025.
Depuis septembre 2024, seize rencontres ont permis à onze joueurs offensifs différents de trouver le chemin des filets avec l’équipe de France. À Bakou, hier soir, ce sont encore Jean-Philippe Mateta, auteur de son deuxième but en trois sélections et premier joueur à trouver la faille lors de chacune de ses deux premières titularisations en bleu depuis Louis Saha en février-mai 2004, Maghnes Akliouche, buteur pour la première fois, un Christopher Nkunku à l’aise et l’entrée de Florian Thauvin qui ont confirmé l’incroyable profondeur du réservoir offensif tricolore.
Et pourtant, parmi les habitués du groupe France – voire du onze de départ –, manquaient hier soir : Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, Désiré Doué, Marcus Thuram, Randal Kolo Muani et Kingsley Coman. Six joueurs, presque l’équivalent d’un secteur entier. En mai, Deschamps devrait annoncer une liste comprenant huit joueurs offensifs, neuf tout au plus.
Mateta, Akliouche ou encore Nkunku ont donc marqué des points au stade Tofiq-Béhramov. Mais Rayan Cherki et Hugo Ekitike ont également montré de belles choses lors de leurs récentes apparitions. Il faut encore y ajouter Bradley Barcola et Michael Olise, quasiment assurés d’être du voyage aux États-Unis, sauf blessure ou énorme méforme. « On a toujours la capacité de se créer des occasions et de marquer des buts, av ec une moyenne supérieure à deux buts par match. Il y a des éléments offensifs qui viennent s’ajouter… », expliquait Deschamps en réponse à une question sur le rendement de son équipe, hier.
Akliouche, grand gagnant de la soirée
Dans un tel contexte, certains auront inévitablement le sentiment d’avoir tout fait pour gagner leur place... sans pour autant figurer dans la liste finale, faute de places disponibles. Parmi les satisfactions, Akliouche (5 sélections) se situe presque tout en haut. Titulaire pour la première fois hier et impliqué sur les trois buts, le Monégasque a surtout montré qu’il jouait avec davantage de liberté. « Par rapport à son tempérament, qui est plutôt introverti au début, il s’est lâché un peu plus, confirmait Deschamps en conférence de presse. C’est important qu’il marque aujourd’hui. Il essaie de bonifier son temps de jeu. Même s’il y a beaucoup de joueurs offensifs et beaucoup d’absents, il a franchi un palier pour être plus décisif.»
Des propos que le joueur a confirmés quelques minutes plus tard dans les couloirs du stade : « D’une sélection à l’autre, je me sens de plus en plus à l’aise avec ce groupe. Pour un joueur comme moi, être décisif est essentiel. Je suis content, la semaine a été positive.» À 23 ans, Akliouche peut rentrer à Monaco en se disant aussi qu’il est le premier joueur du club à marquer lors de sa première titularisation en équipe de France depuis Youri Djorkaeff, le 16 février 1994, contre l’Italie (1 but également). Ensuite, le « Snake » est devenu champion du monde et d’Europe avec les Bleus.
***
Derrière, ça galère
17 Nov 2025 - L'Équipe
H. De.
BAKOU – Quelle défense sera alignée pour le premier match des Bleus en Coupe du monde mijuin ? Vous avez cinq minutes pour répondre et on ramasse les copies. Il ne vous en faudra pas beaucoup plus. D’ici à l’été prochain, le constat peut, bien sûr, évoluer mais, sur ce que l’on a vu hier et beaucoup plus largement en 2025, une hiérarchie claire se distingue.
L’avant-Coupe du monde 2018, avec le changement de latéraux sur le premier match (*), nous a appris que des surprises sont toujours possibles mais, si l’on se réfère aux rencontres de l’année civile, au-delà du très peu discutable Mike Maignan, c’est un quatuor Koundé-SalibaUpamecano-Digne qui lancera la compétition aux États-Unis.
Cette phase de qualifications au Mondial aura clairement montré un déficit de densité à ces postes-là. La fébrilité montrée hier, notamment dans le premier quart d’heure, renforce ce constat. « La concurrence existe toujours, relevait, lui, le sélectionneur Didier Deschamps. Du fait de mettre les quatre comme ça, ils ont moins de repères que les quatre qui ont joué jeudi. OK, on prend un but, on fait une ou deux erreurs, mais je n’ai pas de doutes sur la qualité des joueurs qui sont là, même si rien n’est définitif. Je sais qu’il y a beaucoup de joueurs offensifs, mais il y a un réservoir défensif aussi important, peut-être moins dans les couloirs.»
Les Hernandez en difficulté, Gusto bien parti
Une vision optimiste qui tranche avec le manque d’émulation perceptible à ces postes. Le cas Ibrahima Konaté est intéressant. Après avoir passé l’Euro 2024 sur le banc, le défenseur de Liver
pool s’était fixé un objectif clair : regagner sa place. Les matches contre la Croatie (0-2) et l’Espagne (4-5) ont laissé des traces. Et, aujourd’hui, la charnière SalibaUpamecano semble avoir pris des longueurs d’avance.
Hier, à Bakou, le capitaine du soir n’a pas balayé le débat autour de son irrégularité. Son premier quart d’heure ne correspond pas à ses standards. Un leader ne peut pas diffuser aussi peu de sûreté. Konaté, personnalité influente dans le vestiaire bleu, a toutes les aptitudes du très haut niveau mais doit monter le curseur pour avoir une chance de semer le doute dans l’esprit de Deschamps.
Une perspective qui semble aujourd’hui très lointaine pour Lucas Hernandez. Devancé sur le but azerbaïdjanais, le Parisien n’offre plus (pour l’instant ou définitivement?) de garanties suffisantes pour des matches de très haut niveau. Mais son expérience et son énergie peuvent être précieuses dans un groupe sur un grand tournoi. Et pour ce profil de gaucher, il n’y a guère d’alternative, à moins que le patron des Bleus choisisse un droitier (Pavard, Badé…).
Quand Deschamps évoquait hier soir un manque de solution dans les couloirs, ciblait-il surtout le gauche ? Theo Hernandez, si brillant lors de ses deux premières années en bleu (2021, 2022), semble courir après sa meilleure forme. Hier, le latéral d’Al-Hilal n’a pas fait un mauvais match mais c’était un soir pour renverser la table. Deschamps se voulait mesuré en conférence de presse samedi, évoquant une à ce poste, mais aujourd’hui Lucas Digne offre beaucoup plus de garanties avec ou sans ballon.
S’il y avait un petit débat – mais vraiment petit –, il faudrait se tourner vers la droite de la défense. Malo Gusto, double passeur décisif hier, montre de la personnalité à chacune de ses sorties. Mais imaginer que le crédit de Jules Koundé, assez exceptionnel l’an dernier, est épuisé, serait méconnaître Deschamps. Il faudrait que le Barcelonais, certes en difficulté sur le plan athlétique, s’écroule dans les mois qui viennent pour qu’une réflexion ait lieu.
(*) Lucas Hernandez et Benjamin Pavard avaient remplacé Benjamin Mendy et Djibril Sidibé.
Lucas Hernandez et Ibrahima Konaté hier soir, à Bakou.
***
Maghnes Akliouche, Jean-Philippe Mateta et Hugo Ekitike
(de gauche à droite) étaient tous les trois titulaires en Azerbaïdjan, hier.
À VISA DÉCOUVERT?
Alors que la liste des 26 joueurs qui s’envoleront cet été pour l’Amérique se façonnera peu à peu, le succès étriqué des Bleus hier a permis d’en savoir un peu plus sur certaines dynamiques individuelles.
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL HUGO DELOM
BAKOU – Il ne fallait pas en attendre grandchose. Dans un calendrier si dense, ces joueurs-là savent choisir leurs matches. Les Bleus ont joué une petite demi-heure en tout (de la 15e à la 45e minute) pour disposer de la 123e nation au classement FIFA (3-1). L’histoire retiendra que l’Azerbaïdjan a marqué pour la première fois de son histoire face aux Bleus (1-0, 4e).
Elle ne retiendra pas grand-chose d’autre de significatif. «On a fait notre devoir» était l’élément de langage le plus répandu chez les interviewés du soir (Khephren Thuram, Maghnes Akliouche, Warren Zaïre-Emery).
«Oui, j’ai pu avoir des réponses par rapport aux prochaines échéances », expliquait, lui, Didier Deschamps. Le sélectionneur des Bleus sait désormais que, derrière, il n’y a pas de concurrence forte et que son quatuor Koundé-SalibaUpamecano-Digne semble installé. Dans l’entrejeu, le binôme Zaire-Emery-Thuram a montré suffisamment de choses pour rester dans la course comme quatrième ou cinquième milieu de la liste.
C’est devant que l’émulation semble la plus dense. À des échelles différentes, Hugo Ekitike (pourtant décevant hier), Maghnes Akliouche et, dans un profil singulier, Jean-Philippe Mateta peuvent nourrir des ambitions et s’offrir un strapontin dans le vol pour les Amériques.
***
Akliouche 7 - Le Monégasque à reussi sa première titularisation en bleu. Il est impliqué sur les trois premiers buts : en lançant Malo Gusto d'abord (17e), en marquant ensuite son premier but en sélection (30e), puis en tirant le corner sur le troisième (45e). Remplacé par Thauvin (62e).

Commenti
Posta un commento