« Dès qu’il y avait du public, mes watts montaient »
Kévin Vauquelin avec le maillot blanc durant le chrono, hier.
Cinquième hier et troisième au général, le Normand Kévin Vauquelin n’en finit plus d’impressionner.
“J’ai envie de chialer ’’
10 Jul 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
CAEN – Au petit jeu de la mauvaise et de la bonne nouvelle, Kévin Vauquelin a perdu son maillot blanc de meilleur jeune mais il est maintenant sur le podium du Tour (3e). Avant une 6e étape qui partira de chez lui, à Bayeux, il a réalisé un grand contre-lamontre hier (5e), poussé par un public acquis à sa cause en Normandie. En revenant à son car en fin d’après-midi, il n’avait que du plaisir à vendre.
- Avez-vous conscience de la performance réalisée ?
Les jambes allaient très bien, j’ai senti quejeroulaisvite. J’ai entendu au point intermédiaire que j’étais devant (Matteo) Jorgenson, devant (Jonas) Vingegaardetj’ a vais encore plus enviedeforcer. J’avais dit queje voulais faire au moins aussi bien que l’année dernière (6e à Gevrey-Chambertin), c’estuneplacede mieux, je peux vraiment être satisfait je pense. J’avais un plafond et je ne pouvais pas faire que des sprints en permanence, mais dès qu’ il y avait du public, je voyais mes watts qui mont aient. J’ essayais de ne pas trop les regarder pour ne pas me limiter.
- Troisième du général, cela vous parle-t-il ?
Je ne peux pas espérer beaucoup mieux pour ces étapes en Normandie. Ça fait un an que je pense àbienper former ici, à être dans les premiers rôles. Je suis venu pour une victoire d’ étape, comme l’ équipe, on ne va pas lâcher. Je suis toujours là depuis un mois, mais je n’ ai toujours pas concrétisé avec une victoire.
- Avez-vous senti le public derrière vous ?
C’était dingue, juste incroyable! Parfois, je ne savais même pas si j’ allais pouvoir passer sur la route, j’avais l’impression d’être dans un col des Alpes, ça me poussait. J’ avais vécu ça aux JO mais entant que Français, jamais encore en tant que Kévin V auquel in. On scandait mon nom dans tous les sens, il y avait ma famille, mes proches, mon fan-club… Je vois en Normandie un nombre incalculable de gens autour de moi, cet engouement estincroyable.
- Et aujourd’hui entre Bayeux et Vire…
Ce sera encore pire! Je suis aux anges. Passer chez soi, c’est beaucoup d’émotion. J’ai envie de chialer. On dit qu’ à chaque jour suffit sa peine, mais ce n’ est pas de la peine que je subis. C’ est un rêve de gosse, j’ai juste envie de me pincer. Mes proches aussi sont en plein rêve. Je n’ oublie personne, je n’oublie rien, j’ai revu Alexandre Jouan, avec qui j’ ai commencé le vélo, des personnes avec qui j’ai fait des stages, avec qui j’ ai eu des fous rires, qui m’ ont fait aimer le vélo et sa mentalité. J’en arrive à être 3 ed uT our,àa voir porté le maillot blanc, à jouer les premiers rôles, à avoir gagné une étape l’an dernier, qu’est-ce qu’on peut demander de plus?»
***
La perf de sa vie
Bruno Armirail, champion de France du chrono, a été digne de ses ambitions en prenant la 4e place, avec le soutien de son directeur sportif.
"Il faut le pousser, être juste et précis, ne jamais mentir"
- SÉBASTIEN JOLY, SON DIRECTEUR SPORTIF
CHEZ DECATHLON AG2R LA MONDIALE
ANTHONY CLÉMENT
CAEN – Il n’est jamais bien loin quand on parle de contre-lamontre, mais il ne s’approche jamais très près de la victoire quand le plateau est international. Triple champion de France de la spécialité (2022, 2024, 2025), Bruno Armirail comptait peu de références marquantes au plus haut niveau : une cinquième place sur un chrono de la Vuelta 2020 et une dixième au Championnat du monde de la discipline en 2022, avant de finir onzième de l’étape déjà dominée par Remco Evenepoel lors du dernier Dauphiné.Bruno Armirail a échoué à deux petites secondes du podium de l’étape.
C’était le signe que la forme était bonne, après un long stage en altitude au mois de mai, et avant un autre séjour à la montagne. Les sacrifices ont payé hier, au moment attendu, puisque le rendez-vous normand était un sommet programmé de sa saison. Quatrième à Caen, à deux secondes du champion d’Europe Edoardo Affini, Armirail a tout simplement signé la meilleure performance de sa vie. Un exploit? Plutôt la récompense de sa constance, selon Sébastien Joly. «Il signe très peu de contre-performances, aucune ne me vient à l’esprit. Il est toujours là, persévérant, besogneux. C’est vraiment un métronome, avec beaucoup de sérénité, analyse son directeur sportif chez Decathlon-AG2R La Mondiale. Quand je suis passé le voir dans sa chambre, lundi soir, il avait évoqué du bout des lèvres un top 5. Il a ensuite repris son objectif top 10. Mais il a été à la hauteur de ses espérances. Après, il aurait voulu la troisième place, car c’est un perfectionniste.»
L’Occitan n’a d’ailleurs pas sauté au plafond après la ligne : « Je pense qu’il y avait moyen de faire un poil plus. Les deux secondes, je les ai bien perdues quelque part, dans des virages. Je suis parti fort, et le vent s’est levé un peu. Dans le final, je l’avais dans le dos. » Les chiffres montrent qu’il a été régulier tout au long des 33 kilomètres, mais le vent soufflait dans le bon sens quand il était sur la route avec Affini. «C’est aussi ça le vélo, il faut savoir saisir les opportunités, mais je ne suis pas complètement sûr que ça l’ait avantagé, nuance Joly. Le vent a beaucoup tourné au cours de la journée, mais ce qui est sûr, c’est qu’il a fait une grande perf, et il ne faut pas chercher les conditions météo pour l’expliquer.»
Le directeur sportif pense plutôt au parcours de spécialiste qui convenait à son coureur, au casque aéro étrenné hier, et à la reconnaissance minutieuse effectuée le matin, avec les oreillettes. L’échange s’est poursuivi pendant la course, et Joly lui lançait: « Tu fais partie des tout meilleurs mondiaux aujourd’hui ! Tu fais un numéro grand, encore, encore, encore ! » Les mots d’un vieux couple, car Joly était déjà le DS d’Armirail chez Groupama-FDJ, qu’ils ont quitté fin 2023 : « On a gardé certains automatismes, je connais assez Bruno pour savoir les mots et le ton qui le motivent. Il est demandeur d’un coaching soutenu à l’oreillette. Il faut le pousser, être juste et précis, ne jamais mentir. » C’était en effet la vérité: hier, Armirail faisait bien partie des tout meilleurs mondiaux.
***
Commenti
Posta un commento