A Caen, dans la roue d’un coureur et au rythme d’un rappeur


PHOTO JASPER JACOBS.AFP
Le Belge Remco Evenepoel, vainqueur du contre-lamontre, mercredi.

«Libé» a collé au train d’un coureur du Tour de France

Remco Evenepoel a remporté le contre-la-montre dans le Calvados, mercredi, tandis que Tadej Pogacar est le nouveau leader du classement général. «Libé» a fait le parcours dans le sillage d’Elmar Reinders et du local de l’étape Orelsan, dont les paroles nous ont accompagné.

10 Jul 2025 - Libération
Par LOUIS MOULIN Envoyé spécial sur le Tour

«Dans ma ville, on traîne / entre le béton, les plaines…» Quand Orelsan décrit Caen, une certaine léthargie domine. On a vu tout le contraire, mercredi, lors de la cinquième étape du Tour de France disputée en contre-la-montre. Les coureurs, comme autant de fusées multicolores, se sont élancés du château de Guillaume le Conquérant pour 33 km à travers la campagne avant de revenir dans la ville. Conquérant, Remco Evenepoel (Soudal-QuickSntepd) l’a été. Le champion du monde de la discipline a remporté l’étape en roulant à 54 km/h de moyenne. Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) termine deuxième, à 16 minutes et 68 secondes, et récupère le maillot jaune, quand Jonas Vingegaard (Visma Lease-abike), est repoussé à plus d’une minute de son rival après avoir «tellement traîné dans les rues d’Caen», comme le chante Orelsan. Libé s’est placé dans le sillage d’un coureur. La fortune et une régulation de course un peu approximative nous ont jetées derrière le Néerlandais Elmar Reinders (Jayco-Alula). Le dossard 127 est un des sans-grades du peloton, là pour lancer son sprinteur, Dylan Groenewegen.

BATTRE LA CADENCE

Nous voilà derrière sa combi violette au départ «du château, ses douves et ses légendes urbaines». La pelouse au pied du rempart est piquée de spectateurs assis. Avec leurs teeshirts colorés et leurs bobs à pois, ils ressemblent à des fleurs et des champignons. Reinders s’est mis à appuyer sur les pédales. Notre chauffeur aussi. On déboule à plus de 60 dans certains virages. Les maisons de centre-ville laissent place aux «zones pavillonnaires où les baraques sont les mêmes». On traverse le parc où se trouve le Mémorial de Caen pour arriver dans un autre parc, d’entreprises celui-là. Des drapeaux de la CGT sont plantés au bord de la route. Imperturbable, Reinders continue de battre la cadence. Le paysage s’ouvre. D’un côté, des «pavillons rectilignes», de l’autre un champ. Puis l’inverse. «Après, y a des champs, y a plus rien.» Ce n’est pas vrai. Au bout d’une mer de blé, notre coureur passe sous un château d’eau. Nous, on songe au coeur de Reinders, qui doit commencer à sacrément pulser. On arrive dans un premier village, maisons aux murs blancs, les habitants au bord de la chaussée. Soudain, une descente : voilà notre bolide qui monte à 80 km/h. On est scotché au siège dans les lignes droites, on est jeté dans les virages. Recroquevillé sur sa machine, Reinders, lui, se penche pour boire les courbes. Le métronome de son coup de pédale nous hypnotise.

«LE FLOW»

On se souvient d’un épisode du podcast Fever Talk, de la coureuse québécoise Maghalie Rochette, qui avait reçu Stefan Küng, pointure du contre-la-montre. Pour parler de l’exercice, le Suisse avait utilisé ce drôle de mot : «Le flow.» «T’es vraiment dans le flow, tu vois plus grand-chose autour de toi, t’es tellement concentré…» Ce mot («flot», «écoulement» en français), c’est aussi celui qui désigne la scansion des rappeurs. Une concession Peugeot, un Super U. Nous sommes «sur les bords de la ville /Là où les centres commerciaux sont énormes». Et voici «les grandes tours des quartiers, où l’architecte a cru faire un truc bien» : on longe le Chemin-Vert, l’un des six quartiers classés prioritaires de l’agglo. On file vers l’arrivée, près de l’hippodrome. Reinders a mis 3 minutes et 41 secondes de plus qu’Evenepoel à en finir. «Pour moi, il s’agissait surtout de finir sans danger et dans les temps», confie l’immense Néerlandais (1 m 90), après la ligne d’arrivée. Ça a pourtant suffi à nous étourdir.

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FOTO JASPER JACOBS.AFP
Il belga Remco Evenepoel, vincitore della cronometro di mercoledì.

A Caen, alla ruota di un corridore e al ritmo di un rapper

“Libé” attaccato al treno di un corridore del Tour de France

Remco Evenepoel ha vinto la cronometro di mercoledì nel Calvados, mentre Tadej Pogacar è il nuovo leader della classifica generale. 
“Libé” ha seguito le orme di Elmar Reinders e del locale di tappa Orelsan, le cui parole ci hanno accompagnato.

10 Jul 2025 - Libération
Di LOUIS MOULIN Inviato speciale al Tour

“Nella mia città, ci aggiriamo / 
tra il cemento, la pianura...”. 

Quando Orelsan descrive Caen, domina una certa letargia. La quinta tappa, a cronometro, del Tour de France di mercoledì è stata tutto il contrario. I corridori, come razzi multicolori, sono partiti dal castello di Guglielmo il Conquistatore per 33 km attraverso la campagna prima di tornare in città. Remco Evenepoel (Soudal-QuickStep) è stato un conquistatore. Il campione del mondo ha vinto con una velocità media di (quasi, ndr) 54 km/h. Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) è arrivato secondo, a 16 secondi e 68 centesimi, e ha riconquistato la maglia gialla, mentre Jonas Vingegaard (Visma-Lease-a-bike) ha perso oltre un minuto (1'05", ndr) rispetto al rivale dopo aver “gironzolato tanto per le strade di Caen”, come canta Orelsan. Libé si è messo nella scia di un corridore. La fortuna e un regolamento di gara un po' approssimativo ci hanno fatto finire dietro il neerlandese Elmar Reinders (Jayco-AlUla). Il numero 127 della corsa è uno dei corridori "fuori classifica" del gruppo, lì solo per lanciare il suo velocista, Dylan Groenewegen.

BATTERE IL TEMPO

Eccoci dietro il suo body viola al via de “Il castello, il suo fossato e le sue leggende metropolitane”. Il prato ai piedi del bastione è fiancheggiato da spettatori seduti. Con le loro magliette colorate e i loro capelli a pois, sembrano fiori e funghi. Reinders ha iniziato a correre. Lo stesso ha fatto il nostro autista. In alcune curve sfrecciavamo a una velocità di oltre 60 km/h. Le case del centro lasciano il posto a “complessi residenziali dove le baracche sono tutte uguali”. Attraversiamo il parco dove si trova il Memoriale di Caen e arriviamo in un altro parco, questo è un centro commerciale. Ai bordi della strada sono piantate bandiere della CGT. Reinders, imperturbabile, continua a pedalare. Il paesaggio si apre. Da un lato, “padiglioni dritti”, dall'altro un campo. Poi il contrario. "Dopo i campi, non c'è più niente. Ma non è vero. Alla fine di un marea di grano, il nostro corridore passa sotto una torre dell'acqua. Pensiamo al cuore di Reinders, che deve aver iniziato a battere molto forte. Arriviamo al primo villaggio, le case con i muri bianchi, gli abitanti ai lati della strada. Improvvisamente c'è una discesa e la nostra auto sale a 80 km/h. Nei rettilinei si è incollati al sedile, nelle curve si viene sbalzati. Raggomitolato sul suo mezzo, Reinders si china per bere nelle curve. Il metronomo della sua pedalata ci ipnotizza.

"IL FLUSSO"

Tutti ricordiamo un episodio del podcast Fever Talk, condotto dalla runner del Quebec, Maghalie Rochette, nel quale Stefan Küng, uno dei più importanti cronomen del mondo, ci ha parlato. Per parlare dell'esercizio fisico, il corridore svizzero ha usato questa strana parola: “Flow”. “Sei davvero nel flusso, non vedi granché intorno a te, sei così concentrato...”. Questa parola (“flot”, “écoulement” in francese) è anche quella usata per descrivere la scansione dei rapper. Una concessionaria Peugeot, un Super U. Siamo 

“ai margini della città / 
Dove i centri commerciali sono enormi”. 

Ed ecco “le grandi torri nei quartieri, dove l'architetto pensava di fare qualcosa di buono”: stiamo costeggiando lo Chemin-Vert, uno dei sei quartieri prioritari dell'agglomerato. Ci dirigiamo verso il traguardo, vicino all'ippodromo. Reinders ha impiegato 3 minuti e 41 secondi in più di Evenepoel per arrivare al traguardo. “Per me si trattava di arrivare in sicurezza ed entro il tempo massimo”, ha confidato l'enorme neerlandese (1m90) dopo il traguardo. Ma questo è bastato per stupirci.

***


«Je n’arrive pas à prendre une route sans penser au Tour»

Le directeur de course de la Grande Boucle, Thierry Gouvenou, chargé de dessiner le parcours des différentes étapes, voit le peloton arriver dans sa ville natale de Vire Normandie, ce jeudi.

L. Mo.

«Là, on va partir du Bessin, la région autour de Bayeux, une terre calcaire avec des pommiers. Puis on va filer vers la Suisse normande avant d’aborder le bocage et son sol en granit…» Quand on demande à Thierry Gouvenou de nous parler de la sixième étape du Tour de France, qui traverse un bout de Normandie, on a l’impression d’ouvrir un atlas des régions naturelles. L’homme qui trace le parcours de la Grande Boucle, numéro 2 de l’organisation de l’épreuve derrière le roi Christian Prudhomme, est habité par la géographie. Forcément : depuis deux décennies, il oeuvre à tracer les parcours du Tour. Des dizaines et des dizaines d’étapes avant celle de ce jeudi, un peu plus particulière que les autres: elle arrive à Vire Normandie (Calvados), où Gouvenou est né, il y a cinquante-six ans. En mars dernier, il a eu un aperçu de l’émotion qui risque de l’étreindre quand les coureurs passeront la flamme rouge, près du quartier de la gare. Thierry Gouvenou s’est rendu à Vire, à l’école Saint-Joseph, pour la Dictée du Tour, un événement organisé avec des scolaires. «Je l’ai lue dans la classe où j’étais gamin. Elle a été un peu réaménagée, mais qu’importe : tous les enfants étaient en tenue de vélo, tout était en jaune… Ça m’a remué», confie-t-il.

Du 5 au 27 juillet

Les souvenirs ont afflué. Ceux d’une enfance passée dans ce coin de Calvados, dans une maison mitoyenne d’une autre célébrité locale : Michel Drucker. «Du coup, il y a quelques semaines, on est allé faire Vivement dimanche avec des élus de Vire, mais aussi ma mère», se marret-il. Son père, ancien coureur, est mort il y a quelques années. Le couple tenait un magasin de cycles à Vire. Le jeune Gouvenou a poussé au milieu des guidons et des chambres à air. «Le vélo, c’est ma vie depuis que j’ai 7 ou 8 ans. Je ne pouvais pas y échapper.»

«J’ai ça en moi»

Coureur professionnel dans la décennie 1990 (chez Z puis Gan et BigMat-Auber 93), Thierry Gouvenou se retrouvait déjà à imaginer les trajets des sorties d’entraînement pour ses coéquipiers. «On me faisait toujours confiance pour ça. Autant, je ne suis pas du tout physionomiste, c’en est même dramatique, autant tracer et retenir des parcours, j’ai ça en moi.» Sauf que pour une étape du Tour, il y a un paquet de paramètres à prendre en compte. Avant toute chose, il faut relier les villes qui ont accepté de débourser autour d’une centaine de milliers d’euros pour accueillir un départ ou une arrivée. Si l’on sait plus de deux ans avant le départ d’où la Grande Boucle partira (Barcelone en 2026, Edimbourg en 2027), le parcours s’affine au printemps de l’année précédente. Christian Prudhomme trace les grandes lignes, choisit le sens de rotation, pioche parmi les villes candidates. Charge à Thierry Gouvenou d’enfiler les perles sur le collier.

Pour certaines étapes de montagne, il n’y a presque pas besoin de mettre le nez dehors – «les grands cols on les connaît tellement…» Mais la plupart du temps, le tracé passe par une phase exploratoire, sur le terrain. «Souvent, je pars d’un point et ensuite, je vais dans tous les sens pour tenter de trouver des choses spécifiques, raconte celui qui est devenu directeur de course en 2014. J’essaie de me faire une cartographie de la région. C’est le meilleur du métier.»

Cette vie au grand air lui va bien. Il a tenté d’en mener une autre, ça n’a pas fonctionné. «Après ma carrière de coureur, j’ai fait une formation pour devenir responsable de magasins de sport, comme mes parents. Je fais l’ouverture d’un Intersport, c’est un gros chantier. Au bout de six mois, je me rends compte que ça ne va pas du tout, que je suis incapable d’être tous les jours au même endroit. J’ai fait comme un burn-out.» D’anciens collègues du peloton, qui viennent de rallier l’organisateur ASO, lui proposent de les rejoindre. Il n’en bougera plus, montant peu à peu les échelons. En tant que grand ordonnateur des routes, Gouvenou martèle un credo : éviter au maximum le chapelet d’étapes qui se ressemblent. Les dix premiers jours du cru 2025 sont un modèle du genre, avec un profil cranté comme un couteau à pain. «L’an passé, on s’est rendu compte qu’on avait eu un Tour avec un peu trop d’arrivées en sprint massif, trop d’étapes monotones où il ne se passait plus rien», justifie-t-il. Ce n’était pas voulu, mais entre la bataille qu’on imagine sur une carte d’état-major et celle qui se joue finalement, il y a parfois loin. «Au bout du bout, ce sont les coureurs qui font la course», professe Thierry Gouvenou. Et en même temps, ce sont aussi les coureurs qui font… le parcours.

Le Normand aime faire des crochets comme autant de clins d’oeil aux champions du moment ou des livres d’histoire. Pour l’étape vers Vire, ça donne «le kilomètre zéro, à Bayeux dans le Calvados, à 400 mètres de la maison de Kévin Vauquelin. Puis, après, on va passer chez Guillaume Martin [à Sainte-Honorinela-Chardonne (Orne), ndlr], ensuite on ira chez Paul Lapeira [non loin de Grandparigny (Manche)], même si malheureusement, il n’est finalement pas sur le Tour.» Une course de vélo comme un pèlerinage de saints. Enfin, il y a le patrimoine, ses promesses de vues en hélicoptère ou de commentaires pittoresques qui permettent de meubler au moins quatre heures de direct télé. Parfois c’est spectaculaire, comme le passage sur le Pont du Gard en 2019, idée qui lui est venue en vacances dans le coin – «je n’arrive pas à prendre une route sans penser au Tour». Sinon, il garde près de lui un vieux guide routier qui attribue des étoiles aux localités. «Si je vois qu’il y a trois étoiles pas loin de la route prévue, j’essaie d’aller le chercher», explique-t-il. Et de raconter volontiers une anecdote édifiante : «Une année, on partait de l’Yonne et on allait à Vittel [en 2009]. Et puis souvent, Christian [Prudhomme] me dit de faire le moins de kilomètres possible. Alors moi, je fais bêtement ma trace au plus court. Et je passe à 20 ou 30 bornes de Colombey-les-Deux-Eglises. Quand Christian s’en est rendu compte… j’ai compris que ça ne se discutait pas !» Et qu’il faudrait faire un détour pour aller voir la croix de Lorraine géante du général de Gaulle.

Exposé aux critiques

«Il compose avec les contraintes, mais il trouve toujours quelque chose, salue de son côté Prudhomme. Et puis, avec les années, il s’est affirmé. C’est quelqu’un de conviction. Il y a dix ans, il savait déjà dire quand il n’était pas d’accord. Maintenant, il le fait toujours, mais c’est nous qui tremblons !» De par son rôle clé, Thierry Gouvenou est fatalement exposé aux critiques. Parfois justifiées, comme après l’étape arrivant à Pontivy (Morbihan), en 2021, qui avait connu un festival de chutes dans son final tortueux. «C’est vrai que je n’avais pas assez écouté des collègues qui m’avaient alerté. Je l’ai beaucoup regretté, assume-t-il. Depuis, je fais beaucoup plus attention aux arrivées en sprint massif, mais ça n’empêchera pas qu’il y aura encore des coureurs qui tombent.»

«La première image que j’ai de Thierry, c’est un coureur la tête dans un turban ensanglanté à l’arrivée à Sarran [en Corrèze], en 2001, après avoir été pris dans une grosse chute, rembobine Prudhomme. C’est un dur au mal. Mais quand il dit que c’est trop dangereux, on l’écoute. Justement pour ça.» Et le directeur du Tour de dire que «c’est aussi un sensible, “Nounours”». Gouvenou ne cache pas être inquiet des vitesses toujours plus rapides («La moindre descente, on atteint désormais plus de 100 km par heure»), guette avec intérêt les régulations sur le matériel, pense qu’un parcours ne peut pas tout prévenir. Ce sera toujours les coureurs qui feront la course.

***

“Non posso fare un percorso senza pensare al Tour”

Il direttore di corsa della Grande Boucle, Thierry Gouvenou, responsabile della progettazione del percorso delle varie tappe, vede il gruppo arrivare giovedì nella sua città natale, Vire Normandie.

L. Mo.

"Partiremo dal Bessin, la regione intorno a Bayeux, un terreno calcareo con alberi di mele. Poi ci dirigeremo verso la regione della Suisse Normande prima di passare al bocage (un paesaggio tipico di alcune regioni, come la Normandia e la Bretagna in Francia, o parti dell'Inghilterra, dove i campi sono separati da siepi, alberi o muretti, ndr) e ai suoi terreni granitici...". Quando si chiede a Thierry Gouvenou della sesta tappa del Tour de France, che attraversa una parte della Normandia, è come aprire un atlante delle regioni naturali. L'uomo che traccia il percorso della Grande Boucle, il numero 2 nell'organizzazione (l'ASO, ndr) dell'evento dopo il re Christian Prudhomme, è abitato dalla geografia. È naturale: da due decenni traccia i percorsi del Tour. Decine e decine di tappe prima di quella di giovedì, che è un po' più speciale delle altre: arriva a Vire Normandie (nel Calvados), dove Gouvenou è nato cinquantasei anni fa. Lo scorso marzo, ha avuto un assaggio dell'emozione che avrebbe provato quando i corridori sono passati davanti alla fiamma rossa (dell''ultimo km, ndr) vicino alla stazione. Thierry Gouvenou si è recato a Vire, alla scuola Saint-Joseph, per il Dictée du Tour, un evento organizzato con gli scolari. "L'ho letto nella classe in cui ero bambino. Era stata un po' risistemata, ma non importava: tutti i bambini erano vestiti da corridori, tutto era in giallo... Mi ha commosso", confida.

Dal 5 al 27 luglio

I ricordi si affollano. Quelli di un'infanzia trascorsa in questo angolo del Calvados, in una casa accanto a un'altra celebrità locale: Michel Drucker. “Qualche settimana fa siamo andati a vedere Vivement dimanche (Finalmente domenica!, nel doppiaggio italiano, è un film del 1983 diretto da François Truffaut, al suo ultimo lungometraggio, ndr) con alcuni rappresentanti eletti di Vire e con mia madre”, dice ridendo. Suo padre, ex corridore, è morto qualche anno fa. La coppia gestiva un negozio di biciclette a Vire. Il giovane Gouvenou è cresciuto circondato da manubri e camere d'aria. "Il ciclismo è la mia vita da quando avevo 7 o 8 anni. Non potevo farne a meno".

"Fa parte di me".

Professionista negli anni '90 (alla Z poi alla Gan e aalla BigMat-Auber 93), Thierry Gouvenou si trovava già ad elaborare i percorsi di allenamento per i suoi compagni di squadra. "Mi hanno sempre affidato questo compito. Non sono per niente fisionomista, anzi per me è drammatico, ma ho la capacità di elaborare e ricordare i percorsi. Solo che per una tappa del Tour ci sono molti parametri da tenere in considerazione. Innanzi tutto, ci sono le città che hanno accettato di pagare circa centomila euro per ospitare una partenza o un arrivo. Anche se si sa più di due anni prima dell'inizio dove partirà la Grande Boucle (Barcellona nel 2026, Edimburgo nel 2027), il percorso viene perfezionato nella primavera dell'anno precedenteChristian Prudhomme traccia le grandi linee, sceglie il senso di rotazione del percorso e seleziona le città candidate. Thierry Gouvenou è incaricato di infilare le perle della collana.

Per alcune tappe di montagna, non c'è quasi bisogno di guardare fuori - “conosciamo talmente bene i grandi passi...”. Ma la maggior parte delle volte il percorso passa attraverso una fase esplorativa, sul terreno. Spesso parto da un punto e poi vado in tutte le direzioni per cercare di trovare cose specifiche", spiega l'uomo che è diventato direttore di gara nel 2014. Cerco di tracciare una mappa della regione per me stesso. È la parte migliore del mestiere".

Questa vita all'aria aperta gli si addice. Ha provato una vita diversa, ma non ha funzionato. "Dopo la mia carriera di corridore, ho studiato per diventare direttore di un negozio di articoli sportivi, come i miei genitori. Ho aperto un Intersport, che era un grosso lavoro. Dopo sei mesi mi sono reso conto che le cose non andavano affatto bene, che non potevo stare nello stesso posto ogni giorno. È stato come un burn-out. Alcuni ex colleghi del gruppo, che erano appena entrati nell'organizzatore ASO, gli chiesero di unirsi a loro. Rimase con loro, facendo gradualmente carriera. Come grande organizzatore di strade, Gouvenou ha ribadito il suo credo: evitare il più possibile una serie di tappe tutte uguali. I primi dieci giorni dell'edizione 2025 sono in questo senso un modello, con un profilo tagliente come un coltello da pane. “L'anno scorso ci siamo resi conto di avere un Tour con troppi arrivi in volata e troppe tappe monotone in cui non succedeva niente”, spiega. Non era voluto, ma a volte c'è molta strada tra la battaglia che si immagina sulla cartina e quella che si svolge realmente. “Alla fine, sono i corridori a fare la corsa”, dice Thierry Gouvenou. E allo stesso tempo, sono anche i corridori a fare... il percorso.

L'ex corridore normanno ama usare i ganci come ammiccamenti ai campioni del giorno o ai libri di storia. Per la tappa di Vire, si tratta del "chilometro zero, a Bayeux nel Calvados, a 400 metri dalla casa di Kévin Vauquelin. Poi andremo a casa di Guillaume Martin [a Sainte-Honorine-la-Chardonne (Orne)], quindi a casa di Paul Lapeira [non lontano da Grandparigny (Manche)], anche se purtroppo non parteciperà al Tour". Una gara ciclistica come un pellegrinaggio di santi. Infine, c'è l'eredità, con la promessa di panorami in elicottero e commenti pittoreschi per riempire almeno quattro ore di diretta televisiva. A volte è spettacolare, come il passaggio sul Pont du Gard nel 2019, un'idea che gli è venuta in mente durante una vacanza nella zona: “Non riesco a fare un percorso senza pensare al Tour”. Per il resto, tiene con sé una vecchia guida stradale che assegna le stelle alle città. “Se vedo che ci sono tre stelle non lontano dal percorso che ho pianificato, cerco di andare a cercarle”, spiega. E racconta volentieri un aneddoto istruttivo: "Un anno siamo partiti dalla Yonne e siamo andati a Vittel [nel 2009]. Christian [Prudhomme] mi dice spesso di percorrere meno chilometri possibile. Così faccio il percorso più breve possibile. E sono a 20 o 30 chilometri da Colombey-les-Deux-Eglises. Quando Christian se ne rese conto... capii che non c'era da discutere! E che avrebbe dovuto fare una deviazione per vedere la croce gigante della Lorena del generale de Gaulle.

Esposto alle critiche

"Si confronta con i vincoli, ma trova sempre qualcosa", dice Prudhomme. "E poi, nel corso degli anni, si è fatto valere. È un uomo convinto. Dieci anni fa era già in grado di dire quando non era d'accordo. Ora lo fa ancora, ma siamo noi a tremare!" A causa del suo ruolo-chiave, Thierry Gouvenou è inevitabilmente esposto alle critiche. A volte giustificate, come dopo la tappa di Pontivy (Morbihan) del 2021, che ha visto un festival di incidenti nel tortuoso finale. "È vero che non ho ascoltato abbastanza i miei colleghi che mi avevano avvertito. Me ne sono pentito molto", ammette. "Da allora ho prestato molta più attenzione agli arrivi in volata, ma questo non impedisce ai corridori di cadere".

"La prima immagine che ho di Thierry è quella di un corridore con la testa coperta da un turbante insanguinato sul traguardo di Sarran [in Corrèze], nel 2001, dopo essere stato coinvolto in una grossa caduta", riprende Prudhomme. "È un tipo tosto. Ma quando dice che è troppo pericoloso, noi lo ascoltiamo. È proprio per questo". E il direttore del Tour aggiunge che “è anche un tipo sensibile, ‘Nounours’”. Gouvenou non nasconde di essere preoccupato per le velocità sempre più elevate (“Alla minima discesa si raggiungono ormai gli oltre 100 km l'ora”), guarda con interesse alle norme sull'equipaggiamento e ritiene che un percorso non possa impedire tutto. Saranno sempre i corridori a fare la corsa.

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