Tadej Pogacar assomme le Tour de France


Arah Meyssonnier / REUTERS - Arrivé deuxième du contre-la-montre, mercredi à Caen, 
derrière Remco Evenepoel, Tadej Pogacar s’est emparé du maillot jaune.

Le Slovène a distancé son grand rival danois Vingegaard lors de la 5e étape, un contre-la-montre individuel remporté à Caen par le Belge Evenepoel.

10 Jul 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan - Envoyé spécial à Caen

Plein soleil. Sur un air de «French Caen Caen», comme l’a affiché une spectatrice, le scénario du cavalier seul a pris plus de poids. Tadej Pogacar a, une nouvelle fois, brillé par sa ponctualité. Sa voracité est sans limite. Le Slovène trône déjà au sommet du classement général (maillot jaune), du classement par points (maillot vert) et du classement des grimpeurs (maillot à pois). À 26 ans, il n’est plus, depuis cette année, éligible au classement du meilleur jeune (maillot blanc)… Pogacar et le reste du monde.

Depuis Lille, le Tour parti à toute vitesse avait déjà beaucoup donné. Des performances, des émotions, des larmes, des chutes, des maillots jaunes. Mais il attendait avec impatience le premier grand rendez-vous. Un contre-la-montre individuel de 33 km, plat comme une crêpe, tracé pour les rouleurs, taillé pour les costauds. Idéal pour apprécier l’état de forme des têtes d’affiche et notamment le duel à distance entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard.

Le verdict est sans appel. Le Slovène est à la hauteur de ses ambitions. Efficace. Redoutable. Stupéfiant. À Caen, Tadej Pogacar a pris la 2e place derrière Remco Evenepoel, le double champion olympique de Paris 2024, qui a signé une deuxième victoire d’étape sur le Tour (un deuxième «chrono», après celui remporté à Gevrey-chambertin l’an dernier) et offert aux Belges une troisième victoire d’étape cette année (après les sprinters Jasper Philipsen lors de la première étape à Lille et Tim Merlier à Dunkerque, 3e étape), avant de souligner : «Tadej a montré qu’il était en grande forme et que c’était l’homme à battre dans ce Tour. Pour ma part, j’ai fait un pas vers le podium, mais la route est encore longue… »

Débauche d’efforts

Tadej Pogacar poursuit son sans-faute. Il a, avec éclat, pris ses distances avec Jonas Vingegaard (seulement 13e de l’étape). Le contre-la-montre est un violent voyage intérieur. Une mise à nu qui ausculte la résistance à l’effort, aux conditions (vent, chaleur à Caen), à la volonté. Tadej Pogacar avait, avant la plongée en apnée, assuré en plantant les enjeux: «On appréciera la condition physique de chacun. Ce sera la course de la vérité.» 

Le Slovène a été un irrésistible Maillot à pois. Un étonnant grimpeur lancé à fond, avalant les virages, frôlant les barrières avant d’enchaîner par des relances laser. Vexé par sa 4e place lors du contre-la-montre du Critérium du Dauphiné en juin, le Slovène fait rarement deux fois de suite la même erreur. Il y avait de la revanche dans l’air. La volonté d’imposer sa loi, de faire plier physiquement ses rivaux, de les marquer mentalement.

Vite remis de sa débauche d’efforts, frais dans la touffeur, il a résumé : « Je m’attendais à une bataille avec moi-même. Je m’attendais à ce que Jonas Vingegaard soit plus près ou même meilleur que moi. J’ai peut-être cru un peu plus en moi. Pour le moment, tout se passe bien. Le maillot blanc, ce n’est plus possible, je vis mon sixième Tour, mais je n’ai pas l’impression de vieillir. Si je regarde mon âge sur la carte d’identité, d’accord, mais je reste un enfant.»

« J’ai envie de chialer… »

Dans un contexte extrêmement relevé, Kévin Vauquelin, qui sera fêté ce jeudi à Bayeux, s’est offert le luxe (5e du contre-la-montre) de brûler la politesse à Jonas Vingegaard pour se hisser à la 3e place du général, à moins d’une minute de Tadej Pogacar. « Je ne sentais pas les jambes, j’avais un peu mal, mais le corps, le coeur, les poumons étaient sous réserve. C’était incroyable. J’ai géré en poussant. J’avais de la force. Je vais avoir mal partout quand l’adrénaline va retomber, mais vivre ça, c’est incroyable. Passer chez soi, c’est beaucoup d’émotion. J’ai envie de chialer… Tous ces supporteurs, tout le soutien, merci, je suis aux anges. Je profite de chaque jour. Je n’ai pas les mots… »

Ce jeudi, le Normand sera au centre des regards dans sa ville natale avant la 6e étape (Bayeux-vire) qui promet du spectacle : « 3 500 mètres de dénivelé, certainement l’étape de plaine la plus vallonnée qui ait jamais été dessinée, en faisant le rapport entre le dénivelé et le kilométrage, on est quasiment au niveau de Liège-Bastogne-Liège», présente Thierry Gouvenou, le directeur sportif du Tour de France.

Trempé de sueur, le regard vague, lesté des gestes lents d’un automate, Jonas Vingegaard tentait, lui, de remettre mécaniquement de l’ordre dans ses idées. Boxeur sonné. L’horizon n’avait plus la moindre importance quand le présent venait de brusquement se dérober sous ses roues. Le Tour n’a vécu que 5 journées, il a beaucoup donné et repris déjà beaucoup d’illusions. Une fois la déception digérée, le mental rapiécé, le vertige oublié, Jonas Vingegaard et son équipe Visma-Lease a bike tenteront de se relever, de lancer la périlleuse opération reconquête en espérant parvenir à faire un peu d’ombre à un leader qui a retrouvé un maillot qui est comme une seconde peau…

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