SIMMONS - L'offensif à outrance


Très patriote, l’Américain a mis derrière lui les polémiques politiques pour devenir un acteur majeur du Tour, porté par son amour de l’attaque, qui l’aide à surmonter ses fêlures.

“Il est très, très fier d’être américain, 
on le voit dans ses tenues, son discours. 
C’est vraiment un coureur atypique, 
dans son caractère, sa façon de courir" 
   - TONY GALLOPIN, ÉQUIPIER DE 
      QUINN SIMMONS EN 2022 ET 2023

"J’ai du mal à croire que des milliers de personnes 
ont crié mon nom dans les cols. 
Je dois m’y habituer, je n’avais jamais connu ça"
   - QUINN SIMMONS

28 Jul 2025 - L'Équipe
ANTHONY CLÉMENT

Il était impossible de regarder le Tour de France sans le voir, d’abord parce qu’il ne ressemble à aucun autre, et parce qu’il a passé la course devant, échappé ou en train de rouler en tête du peloton au service de Jonathan Milan, le sprinteur de Lidl-Trek. Quinn Simmons est à la fois une curiosité esthétique et un sacré coureur, un sujet de controverse aussi, depuis son tweet pro-Donald Trump en 2020, quand il avait répondu « au revoir » , avec un émoji main noire, à une journaliste qui conseillait aux partisans du président américain de ne plus la suivre.

Son équipe l’avait alors suspendu mais il est toujours là, même si on s’est habitué à le voir avec son maillot de champion des États-Unis. La tenue colle parfaitement au personnage, qui se fiche pas mal de ce qu’on peut penser de lui. « Je continue de courir et de mener ma vie de la façon dont j’ai envie de la mener. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, expédie-t-il quand on revient sur l’affaire, et il se moque d’être surtout reconnu pour son look. Je réussis ma meilleure saison avec deux victoires en World Tour (une étape du Tour de Catalogne et du Tour de Suisse) et je suis champion national. Je ne m’inquiète pas trop de ça… »

Il parle sans esquisser un sourire derrière sa moustache en guidon, et il ne faut pas non plus se fier à ses cheveux longs. À la ville, Simmons n’est pas un excentrique: «Je suis discret, très calme. Je n’ai jamais été le plus sociable ni extraverti. Je suis heureux quand je suis à la maison avec ma copine et ma famille. C’est tout ce dont j’ai besoin. » La maison, c’est le Colorado, et le quitter est toujours un déchirement. Être coureur est une aventure européenne qui l’oblige à passer du temps dans son piedà-terre espagnol, loin des siens qui l’ont accompagné sur le Tour. Il ne s’est jamais vraiment fondu dans le décor. «Il n’a pas la même culture du cyclisme, ne connaît pas toute l’histoire qui va avec, ça fait son charme. Il a une éducation différente, surtout de moi qui ai grandi dans une famille de vélo, observe Tony Gallopin, son équipier lors des saisons 2022 et 2023. Il est très, très attaché à ses couleurs, ça c’est clair. Il est très, très fier d’être américain, on 24 ans le voit dans ses tenues, son discours. C’est vraiment un coureur atypique, dans son caractère, sa façon de courir. Au début, c’était un chien fou, il dominait chez les jeunes et pensait que ce serait tout de suite pareil chez les pros. Il a toujours un tempérament offensif, mais il fait moins d’erreurs. Il a compris comment ça se passait pour gagner. Il s’entraîne très dur, fait beaucoup de kilomètres, rentre chez lui en altitude et quand il revient, il est toujours prêt. »

Là-bas, il roule avec son père, barbe aussi spectaculaire, tenues étoilées également. Ensemble, ils jouent au hockey et adorent le ski-alpinisme, qui deviendra discipline olympique en 2026 aux Jeux de Milan-Cortina. À 24 ans, Simmons y voit déjà un projet d’après-carrière: «Ce serait super de participer aux Jeux. Ils auront lieu à Salt Lake City (Utah) en 2034, près de la maison, Je pensais qu’il serait possible de faire les JO 2026, mais j’ai préféré me concentrer à fond sur le vélo.»

Il y est arrivé via le VTT, a sauté les étapes pour devenir champion du monde juniors sur route en 2019, avant d’être le plus jeune concurrent au départ de Paris-Roubaix en 2021. La Classique du Nord est toujours la course de ses rêves, même s’il sait qu’il ne la gagnera pas: «C’est la meilleure course à regarder, mais elle ne correspond pas à mes caractéristiques. Je peine à prendre les risques nécessaires pour y jouer les premiers rôles.»

Le danger est une question très sensible depuis qu’il a été le témoin direct de la chute mortelle de Gino Mäder, lors du Tour de Suisse 2023. Le traumatisme imprègne encore son esprit, sa voix se fait grave. « C’était très dur de revenir. Je pense à lui, à sa mère, à chaque fois que je monte sur mon vélo, confie-t-il. J’ai réalisé que cela ne valait pas la peine d’aborder un virage un peu plus vite, et je traverse beaucoup de jours où je dois me battre contre moi-même pour prendre des risques. En descente, je vais doucement car je sais ce qui peut arriver, c’est vraiment effrayant. Dans la foulée de l’accident, j’ai abandonné le Tour à cause d’une violente chute (tombé le cinquième jour, il n’avait pas pris le départ de la neuvième étape). J’ai souffert d’une commotion qui m’a affaibli un an, j’ai songé à arrêter. Avoir surmonté ça, c’est déjà une grande réussite car j’ai toujours peur sur le vélo.»

Pour dompter l’appréhension, il cherche à s’extraire le plus possible des aléas du peloton, ses accrochages et sa tension. Il doit donc rester très fort pour pouvoir se projeter en tête, là où le plaisir domine enfin le stress : « Quand la première sélection est faite, que l’échappée est lancée avec une dizaine de gars, il s’agit du meilleur moment de la course. Pendant deux heures, c’est génial, que du plaisir, plus besoin de se battre pour sa position.»

Porté par une telle philosophie, il se retrouve naturellement au sommet de la liste de ceux qui cumulent le plus de kilomètres échappés. Énormément d’efforts, pas souvent récompensés par des bouquets, mais sa générosité a fait de lui une figure populaire. « J’ai du mal à croire que des milliers de personnes ont crié mon nom dans les cols, souffle-t-il. Je dois m’y habituer, je n’avais jamais connu ça. » Il a gagné aussi la reconnaissance de ses partenaires, qui l’ont applaudi sur la ligne, mercredi à Valence. Il avait roulé toute la journée en tête du peloton, sous le déluge, pour que Milan puisse disputer et remporter un sprint massif. Et il a adoré ça.

***

EN BREF

1,85 m ; 73 kg Équipe : Lidl-Trek.
Principales victoires :
2 Championnats des ÉtatsUnis (2023, 2025), Tour de Wallonie 2021 (dont 1 étape), 1 étape du Tour de Catalogne (2025), 1 étape Tour de Suisse (2025), 1 étape Tour de San Juan (2023).

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