Oscar Onley - L’INCONNU DE JUILLET
Décryptage Oscar Onley, l’inconnu du Tour
L’écossais de 22 ans s’est enfin montré à la hauteur de son talent avec une 4e place sur le Tour.
5 Sep 2025 - Vélo Magazine
Par Nicolas Perthuis
Quatrième du général, l’écossais de 22 ans a été l’une des grandes surprises du Tour de France. Jusque-là, il n’avait pas connu de résultats à la hauteur de son talent. On a quelques pistes d’explications.
1 - L’ambitieux pas pressé
« Lorsqu’il était dans l’équipe développement de la Picnic-PostNL, Oscar n’était pas trop impatient de gravir les échelons, se souvient Boris Zimine, le directeur sportif de l’époque. Il savait que pour recevoir, il fallait donner. Je me souviens du Baby Giro 2022 où nous avions une équipe solide avec, en plus de lui, Max Poole et Casper van Uden, rapide au sprint et protégé en tant que tel. Oscar, qui pouvait faire faire une place au général, a roulé sans compter en vue des arrivées massives sans jamais dire un mot. C’est un gars gentil, bien éduqué, qui n’a aucune difficulté à se fondre dans la philosophie de cette équipe où la rigueur s’impose. Cela ne signifie pas qu’il manque d’ambitions. Il aimait, par exemple, battre des KOM (sur Strava) en montagne, ce qui lui permettait de s’étalonner face aux meilleurs. Début 2022, on m’avait prévenu que ce garçon était un diamant brut et j’avoue avoir mis du temps à l’admettre. Il m’a fallu attendre septembre et sa 3e place sur la CRO Race, derrière – excusez du peu – Matej Mohorič et Jonas Vingegaard ! »
2 - Enfin labellisé grimpeur
« Il aura fallu patienter jusqu’au dernier Tour de France pour être certain qu’il ait les capacités de suivre les meilleurs sur des étapes de montagne avec un enchaînement d’ascensions, confirme Vincent Villerius, son entraîneur depuis le début de la saison. Avant, ce n’était pas acté. Le Tour lui en avait déjà donné l’occasion l’an dernier, mais il n’était pas au top de sa condition. Lors de nos premiers échanges, il se présentait comme un coureur performant sur des efforts ascensionnels n’excédant pas dix minutes, mais plus long, il doutait vraiment. D’ailleurs, en juillet dernier, il craignait de céder au départ de chaque étape de montagne. » « Pour être franc, complète Boris Zimine, j’imaginais Max Poole jouer plus rapidement les accessits sur les Grands Tours qu’oscar, plus formaté à mes yeux dans un rôle de chasseur d’étapes pour lequel il aurait excellé, d’une part parce qu’il est certes un bon grimpeur, mais aussi un excellent puncheur doté d’une bonne pointe de vitesse. » Villerius : « Nous avons retravaillé son explosivité cette saison, avec des effets visibles sur les arrivées typées puncheurs du Tour, comme à Boulogne-sur-mer (6e) et Rouen (4e) oùil était du niveau de Romain Grégoire et Kévin Vauquelin. Avec ses 61 kg, attention à lui sur les prochaines Flèche Wallonne ! »
3 - En faire moins
Avec trois fractures de la clavicule en l’espace d’une année, à cheval sur les saisons 2023 et 2024, il est logique de penser qu’il a été freiné dans sa progression. Ces arrêts forcés lui ont, peutêtre, permis de souffler un peu car Onley a la fâcheuse tendance à en faire trop à l’entraînement. « En arrivant dans l’équipe, on m’a prévenu qu’il avait de grosses capacités, mais qu’il fallait parfois le freiner, assure Villerius. En analysant sa saison 2024, c’est vrai qu’il avait fait un bon Tour de Suisse (8e) avant de baisser de niveau sur le Tour de France parce qu’il n’avait pas suffisamment récupéré entre les deux épreuves. On en a fait le constat ensemble, et on a allégé la charge globale de son activité en polarisant le tout, c’est-à-dire en roulant moins vite sur certaines sorties pour être plus efficace sur d’autres. »
4 - Sensations trompeuses
Gros moteur, Oscar Onley est également très appliqué, ce qui fait de lui, à 22 ans, un coureur sur qui il faut désormais compter. Reste cependant une donnée qu’il est difficile de gérer pour son staff, à savoir qu’il n’a pas toujours la bonne perception de ses sensations. « Il a cette tendance à se sentir bien alors qu’il ne l’est pas véritablement, constate Villerius. Je l’ai appris à mes dépens après qu’il est tombé malade durant un stage hypoxique en début de saison. Il a voulu rattraper le retard avec le sentiment d’avoir des bonnes jambes, mais ce n’était pas le cas. Il y a des coureurs qui sont fins à ce niveau-là, pas lui. À moi de le prendre en compte dans l’ajustement des séances. Dans le stage de Tenerife, avant le Tour de Suisse, je n’ai pas tenu compte de ses ressentis pour ajuster l’entraînement avec ses données de puissance. Vu son Tour de Suisse (3e) et son Tour de France (4e), ça a plutôt bien fonctionné… »
5 - Une marge, oui, mais limitée
Intégré à l’équipe développement de la Picnic Postnl dès sa première année Espoirs en 2021, rien n’a été laissé au hasard dans son évolution. Le revers : ça limite sa progression future. Un point de vue nuancé par Vincent Villerius : « Avec l’accumulation des saisons, il va mieux encaisser les charges d’entraînement et gagner ainsi un peu de puissance. Sa durabilité, autrement dit cette capacité à développer des puissances élevées sur des états de fatigue avancés, sera de ce fait impactée positivement. Il peut également ‘’gratter’’ des choses sur ses préparations en altitude dans la mesure où sa saturation d’oxygène dans le sang descend moins que la norme durant ses expositions. Il va donc pouvoir monter plus haut, ce qui permettra d’avoir un meilleur stimulus à la redescente. Reste le chrono où il va progresser également car il n’a pas tout optimisé dans cette discipline. »
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