L’INQUIÉTUDE GRIEZMANN


13 Jun 2016 - L'Équipe
HUGO DELOM

Leader annoncé de l’attaque des Bleus, l’attaquant de l’Atlético de Madrid s’est montré très effacé contre la Roumanie (2-1), vendredi dernier. Faut-il s’en soucier ?

Sa forme physique

Le thème est inévitable, au vu de l’intensité de la saison du Français (25 ans). Les chiffres sont impressionnants : au fil de 54 matches joués en club, Griezmann est resté 4 381 minutes sur le terrain. Le deuxième temps de jeu chez les joueurs de champ derrière Anthony Martial. Ces statistiques brutes ne traduisent qu’imparfaitement les matches de l’attaquant de l’Atlético de Madrid. Quiconque a vu jouer l’équipe de Diego Simeone cette saison mesure le travail effectué par l’attaquant français. Innombrables courses défensives, appels dans la profondeur (au sein d’un bloc bas) et ce à un rythme très intense pendant neuf mois. Témoin de son activité : sa place sur le podium des joueurs ayant parcouru le plus de kilomètres en C 1.

Griezmann arrive donc t-il à l’Euro exsangue ? Hier, sur TF 1, il a repoussé cette interrogation. « Je suis en pleine forme, j’étais vraiment fatigué deux jours après la finale (de la C 1) mais j'ai eu beaucoup de temps pour bien récupérer », a expliqué le joueur, arrivé le 31 mai avec les Bleus. « Physiquement, il n’a pas de problèmes particuliers. Je le connais depuis dix ans et quand je vois ses courses récemment, je ne vois pas un joueur qui est en déficit athlétique, détaille Éric Olhats, recruteur à la Real Sociedad et conseiller sportif de l’attaquant. Et quand je lui en parle, il ne me dit pas : ‘‘je de jus.’’ » Face à la Roumanie, le Mâconnais n’a pas manqué d’envie. Reste que dans le un contre un ou sur sa première touche, il n’est pas apparu en mesure de faire ses habituelles différences. « Pour moi, on en fait beaucoup trop avec cette notion de fraîcheur physique. Tout le monde va dire, il est moins bien parce qu’il n’est pas frais, c’est hâtif, répond Robert Duverne, l’ancien préparateur physique de l’équipe de France, pas inquiet sur la capacité de rebond de Griezmann. On ne va pas lui faire faire en 10 ou 15 jours un stage de préparation athlétique. Le staff des Bleus, très compétent, ne fera pas cette erreur-là. Ils vont s’adapter. Certains joueurs ont besoin de courses, d’un travail d’aérobie, de beaucoup de plages de récupération. La compétition dure un mois. Sur la dynamique, on peut le retrouver à son niveau.»

Sa finale de C1 perdue

Griezmann subit-il le contrecoup du revers face au Real Madrid en finale de la Ligue des champions ? « Ce n’est peut-être pas un temps de rupture dans sa saison mais forcément un temps d’arrêt, analyse Charles de Bris, docteur en STAPS et conseiller en préparation mentale. Il était lancé dans une dynamique qui a été interrompue. Cela peut avoir une répercussion sur sa forme mais il est beaucoup trop tôt pour tirer cette conclusion. La dynamique collective des Bleus sera essenmanque tielle pour gérer cette transition ».

Pour Éric Olhats, cette défaite n’a pas eu une influence conséquente : « Il a accusé le coup sur le moment. Le fait qu’il rate un penalty aurait été ‘‘dramatique’’ si l’Atlético n’était pas revenu à 1-1, là non, analyse son conseiller. Antoine n’est pas dans le regret. Tout de suite, il passe à autre chose, il rebondit très vite. » Claude Makelele, défait en finale de C 1 en 2008, prolonge cette analyse : « Il est dans un grand club, c’est un joueur exceptionnel, il sait donc qu’il aura d’autres occasions, il va rapidement passer à autre chose, explique l’ex- milieu, qui propose une autre lecture de la performance moyenne de Griezmann contre les Roumains (notée 5/10 dans nos colonnes). Il y avait ford’autres

***

Le sélectionneur ne les ménage pas

Le sélectionneur a lancé Griezmann et Pogba en équipe de France. Mais cela ne leur donne aucun passe-droit.

Avec l’équipe de France, Didier Deschamps continue de prouver que, contrairement à une idée reçue, la jeunesse n’est pas un critère éliminatoire à ses yeux. Comme Varane, Griezmann et Pogba font partie de la nouvelle vague qu’il a promue dans son équipe type avant la dernière Coupe du monde. Les deux derniers, performants à l’Atlético de Madrid et à la Juventus Turin, sont de toutes les listes. Mais sont-ils, plus que d’autres, dans les petits papiers du sélectionneur ? « Dans ma gestion du groupe, je ne fais pas de cas particuliers », nous expliquait Deschamps récemment. Il y a deux ans, alors que la « Pogbamania » battait déjà son plein, « DD » n’avait pas hésité à se passer de ses services contre la Suisse au Brésil. Une sanction après des premiers pas mitigés contre le Honduras. À Metz, la veille du dernier match de préparation contre l’Écosse, le rappel à l’ordre général visait aussi (et surtout ?) le Turinois. En public, Deschamps est également parfois plus saignant avec Pogba qu’avec d’autres. Dernier exemple en date : vendredi en conférence de presse, après France-Roumanie. Si le Basque fait preuve de mansuétude à l’égard d’Évra ( «Jene l’ai pas trouvé plus en difficulté qu’un autre »), il tacle Pogba ( «il peut mieux faire, il a le potentiel pour »), tout en faisant mine de le protéger (« mais je ne veux pas être trop dur avec lui ce soir »).

À la différence de Pogba, Griezmann est plus discipliné sur le terrain. Si Deschamps refuse de le présenter comme son leader d’attaque, c’est autant pour le protéger d’une pression excessive que parce qu’il estime que le Madrilène peut se montrer encore plus influent. Griezmann est un gros bosseur, ce qui n’est pas pour déplaire à Deschamps, qui l’avait recadré, à l’automne 2014 après un match amical contre l’Espagne où il avait jugé son investissement insuffisant. « C’est vrai, on a discuté, nous confiait le sélectionneur récemment. Il avait des exigences fortes tous les trois ou quatre jours avec son club et, quand il nous retrouvait, il avait un peu tendance, ce qui peut se comprendre, à se relâcher. Comme s’il ressentait le besoin de décompresser. Il a gagné en continuité, en régularité, le haut niveau, c’est ça. »

Griezmann a aussi laissé beaucoup de gomme cette saison avec Simeone. Mais ce n’est pas pour autant que Deschamps le cajole.

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