Doucement mais sûrement
31 Aug 2024 - L'Équipe
MANUEL MARTINEZ
Sur les rampes d’Ancares, terme de la 13e étape, Primoz Roglic est de nouveau passé à l’attaque pour revenir à seulement 1’21’’ de Ben O’Connor, qui voit l’étau sérieusement se resserrer.
PUERTO DE ANCARES (ESP) – Jeudi, sur le boulevard en pente douce qui menait en haut de la station de montagne de Manzaneda, Primoz Roglic a préféré ne pas se lancer dans une offensive qui n’aurait pas rapporté grand-chose. «Ce n’était pas un col pour faire des différences, et il valait mieux garder des forces pour des étapes de montagne beaucoup plus exigeantes» , expliquait-il, hier matin, au départ de Lugo.
Cette trêve éphémère avait évidemment fait les affaires de Ben O’Connor, vaillant leader de la Vuelta, tout heureux d’avoir passé une journée de plus avec le maillot rouge sur les épaules. Mais hier, dans la montée finale vers le Puerto d’Ancares et sur un terrain nettement plus pentu, le Slovène a de nouveau secoué l’Australien. À un peu plus d’une semaine de l’arrivée à Madrid, chacun veut croire que le triomphe final reste possible.
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Roglic : « Je me suis contenté de reprendre un peu de temps »
Au sommet du Puerto de Ancares, Roglic ne s’est pas montré plus démonstratif que ça. Seizième de l’étape avec presque onze minutes de retard sur le vainqueur Michael Woods, il venait pourtant de marquer un nouveau grand coup en reprenant presque deux minutes à son grand rival O’Connor, après lui avoir déjà grappillé une grosse trentaine de secondes mercredi à Padron.
Là encore, le Slovène a attendu les plus forts pourcentages pour secouer le cocotier. « J’ai repris du temps, mais je n’étais pourtant pas forcément confiant tout au long de cette journée, avouait le chef de file de la formation Red Bull-Bora Hansgrohe. Ce n’était pas un jour pour tenter de jouer l’étape. Avec l’équipe, on n’a pas pris les choses en main et on a joué plutôt conservateur. Disons que je me suis contenté de reprendre un peu de temps. »
Si Roglic reste modéré dans ses propos, il semble pourtant être le coureur le plus en forme de cette deuxième partie de Vuelta et pourrait remporter l’épreuve espagnole pour la troisième fois sa carrière. «Il reste encore du chemin jusqu’à Madrid, souriait-il tout de même. Il y a des arrivées en montagne qui me conviennent bien. Mais on l’a vu depuis le début, parfois les choses peuvent ne pas se passer comme prévu.»
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O’Connor : « Je n’ai jamais pensé perdre le maillot rouge »
Un gâteau de riz à la main et un sourire peu en rapport avec les dernières minutes difficiles de course qu’il venait de passer, Ben O’Connor n’avait pas l’âme fataliste. Certes, son grand rival slovène venait de le reléguer à presque deux minutes à l’arrivée, mais le fait d’avoir conservé sa tunique rouge de leader semblait suffire à son bonheur. «L’important ce soir, c’est d’être toujours leader de la Vuelta, soulignait le coureur Decathlon-AG2R LaMondiale. Ça n’a pas été le meilleur jour de ma carrière, mais j’ai fait de mon mieux.» Il est vrai que, sur les pentes d’Ancares, l’Australien n’a jamais semblé céder à la panique.
Mais depuis jeudi dernier, la Vuelta paraît lui échapper chaque jour un peu plus. «Je n’avais pas les meilleures jambes, mais il me restait assez de forces pour me défendre jusqu’au sommet. D’ailleurs, les derniers kilomètres n’ont pas été les plus durs. L’important, c’était de garder un rythme et de perdre le moins de temps possible, admettait O’Connor. Finalement, je suis toujours leader ce soir. Aujourd’hui, je n’ai jamais pensé perdre le maillot rouge. L’idée reste de garder ce maillot le plus longtemps possible, de gérer mon avance au jour le jour. Je n’ai pas trop le choix, mais je suis toujours confiant.»
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Gaudu, une idée en tête
À une grosse semaine de la fin de la Vuelta, David Gaudu a toujours une idée bien précise depuis le départ. Hier, le Breton a réalisé une remarquable montée finale du Puerto de Ancares, au point d’avoir terminé à moins d’une minute de Primoz Roglic, mais devant Enric Mas, Richard Carapaz, Sepp Kuss ou encore Ben O’Connor.
Désormais neuvième au classement, le coureur de la formation Groupama-FDJ ne nourrit pourtant aucune ambition au général et verra en fonction de la forme qu’il tiendra en dernière semaine.
« La journée s’est bien passée et je savais que le final allait se terminer par une course de côte entre les favoris, disait-il. Mais on a bien géré l’approche de cette dernière bosse. C’est monté extrêmement vite. Trop vite, même, pour garder ce tempo jusqu’en haut. »
Gaudu n’a jamais non plus paniqué, en gardant avant tout son rythme de croisière. « J’ai fait ce que je sais faire, poursuivait-il. J’ai pris mon train pour revenir sur mes adversaires les uns après les autres. Ça a payé, puisque j’ai pu accélérer de nouveau à mi-montée. » Si Gaudu se montrait satisfait de sa journée, il lorgnait déjà sur l’étape d’aujourd’hui entre Villafranca del Bierzo et Villablino.
« Sur cette étape, il risque de ne pas y avoir de bagarre entre les leaders du général, pensait-il. Mon objectif principal reste de remporter une victoire d’étape et, pourquoi pas, être dans la bonne échappée.»
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ENCORE BEAUCOUP DE RENDEZ-VOUS
Dans cette Vuelta très montagneuse, les occasions pour Primoz Roglic de renverser le classement sont encore nombreuses avec quatre arrivées au sommet et un contre la montre.
Demain : arrivée au Cuitu Negru, 18,9 km à 7,4 %
(dont les 3 derniers à 12 puis 13,5 et 13,8 % de moyenne).
Mardi 3 septembre : arrivée aux Lacs de Covadonga, 12,5 km à 6,9 % (dont 6km à presque 10 % de moyenne entre le 5 et le 11).
Vendredi 6 septembre : arrivée à l’Alto de Moncalvillo, 8,5km à 8,9 %
Samedi 7 septembre : arrivée au Picon Blanco, 7,9km à 9,1 %.
Dimanche 8 septembre : contre-la-montre de 24,6km à Madrid.
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Un écart qui fond
Depuis le coup de force de Ben O’Connor qui avait pris presque 5 minutes d’avance à Yunquera lors de la 6e étape, Primoz Roglic n’a cessé de grignoter son retard sur son rival australien.
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