Feu vert sur la piste
Vainqueur au terme d’un sprint chaotique hier à Valence, le maillot vert Jonathan Milan a pu compter sur ses qualités développées sur la piste, lui qui a remporté l’or olympique à Tokyo en 2021 en poursuite par équipes avec l’Italie ainsi que le bronze l’année dernière à Paris (photo du bas).
Jonathan Milan a décroché sa deuxième victoire au sprint sur ce Tour, résistant dans un final où son passé de pistard l’a forcément aidé.
"Les entraînements dédiés sur la piste l’aident,
il a des références à appliquer sur la route"
- MARCO VILLA, ENTRAÎNEUR DE L’ÉQUIPE
NATIONALE ITALIENNE SUR PISTE, EN 2023
24 Jul 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
VALENCE – L’image n’est pas si vieille puisque lui-même est encore plutôt jeune (24 ans), mais le record du monde de poursuite établi par Jonathan Milan, en octobre 2024 lors des Mondiaux sur piste (3’59” 153), ressemble a priori peu aux performances de l’Italien sur ce Tour de France. Le Frioulan a décroché son deuxième succès au sprint hier à Valence, et comme à chaque fois qu’il en gagne un, il faut se souvenir que la piste a longtemps été son terrain de jeu. Celui qui reste sur quatre médailles aux Mondiaux en quatre ans sur la poursuite individuelle en tire aujourd’hui tous les bénéfices.
« Quand j’étais junior, je faisais déjà de la piste, et ça m’a beaucoup aidé pour devenir le sprinteur que je suis aujourd’hui, mais je ne faisais que le poisson-pilote à cette époque-là. Pour moi, c’était assez chaotique d’aller dans un sprint, j’avais un peu peur, donc je me retirais, ciao les gars » , expliquait-il dans L’Équipe en début de Tour. Sur la piste, il a développé un aspect essentiel de sa réussite actuelle: une résistance à la fatigue (la durabilité qu’évoquent les entraîneurs) qui lui sert à garder un niveau de puissance impressionnant sur les arrivées. Milan possède une PMA (puissance maximale aérobie) sur cinq minutes parmi les plus élevées dans le peloton, encore plus pour un coureur de son gabarit (1,94 m, 87 kg).
Hier, il est resté très longtemps assis sur sa selle, tel un pistard, en force, avant de déboîter au dernier moment Davide Ballerini et Jordi Meeus, en écrasant les pédales et en envoyant valdinguer son vélo de gauche à droite.
Cette double accélération est aussi un héritage de son passé sur la piste, où il a été champion olympique en 2021 à Tokyo et en bronze à Paris il y a un an, les deux fois sur la poursuite par équipes. « Le fait d’avoir commencé la piste tôt, sur un vélodrome, sur un vélo qui n’a pas de freins, sans la peur du trafic, est un atout pour la route. C’est un avantage pour chercher la meilleure position, la meilleure compréhension du moment où il faut être devant et pour gérer la distance qu’il reste jusqu’à la ligne. La piste permet un entraînement calibré et spécifique » , éclaire Simone Consonni, le poisson-pilote de Milan chez Lidl-Trek et un de ses amis les plus proches depuis huit ans.
« Sur la piste, on travaillait par quatuor » , ajoute l’Italien. Comme pour un train à l’approche du sprint massif. « On était toujours l’un après l’autre. Il sait comment je bouge, je sais ce dont il a besoin sur la route, je connais chacune de ses grimaces, ses mouvements de corps. Le fait d’être amis, d’avoir commencé ensemble sur la piste et être maintenant dans le même train chez Lidl-Trek est précieux. »
L’apport de Marco Villa, entraîneur de l’équipe nationale italienne sur piste, qui s’est occupé de Consonni et Milan pendant de nombreuses années, est également évident. « C’était tellement d’émotion, cela m’a rappelé les victoires aux Jeux, aux Mondiaux et aux Championnats d’Europe » , avait glissé Villa à la RAI après avoir vu l’étreinte entre les deux hommes lors de la victoire de Milan à Laval (8e étape). « Marco est la personne qui m’a fait grandir sur la piste, raconte Consonni. Si on a réussi à gagner autant de choses avec Jonathan et les autres, c’est lui qu’il faut remercier. Il a réussi à nous réunir aux Jeux de Paris alors qu’on était tous avec des équipes différentes en World Tour, avec des calendriers différents. C’est notre père sportivement. »
« Il peut devenir un grand champion sur la route, il a la passion pour ça, il travaille beaucoup, expliquait Villa à Fuori Corsa lors de la première victoire de Milan sur le Giro en 2023. Les entraînements dédiés sur la piste l’aident, il a des références à appliquer sur la route. C’est la même chose pour Pippo (Filippo Ganna), Consonni ou Elia Viviani. La piste leur a permis de se perfectionner. Milan est puissant, il a développé une résistance longue. Il ne lui manque que l’expérience. » Deux ans après, Milan compte quatre étapes sur le Giro, le maillot cyclamen à deux reprises, et deux étapes sur ce Tour de France. Aujourd’hui, le maillot vert lui tend les bras.
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Plus fort que le chaos
24 Jul 2025 - L'Équipe
L. He., à Valence
Esseulé à 2,5 km de la ligne, Jonathan Milan est remonté au prix d’un gros effort de pistard pour retrouver Jasper Stuyven, qui l’a sauvé de justesse de la chute à la flamme rouge.
1 - PRUDENT DANS LES RONDS-POINTS
« Ça a été un final très difficile à cause de la météo. J’avais un peu peur des ronds-points honnêtement » , a confié Milan après sa victoire. Cela s’est vu : à 2,5 km de la ligne, dans le dernier aménagement urbain, l’Italien a encore trois équipiers autour de lui. Pour diminuer le risque de chute et/ou tenter de remonter la file du peloton, les Lidl-Trek font le choix, minoritaire, de passer à droite. « J’allais à fond sur le côté opposé » , a confirmé Milan. Sauf que cette tactique, altérée par la prudence du sprinteur sur la route humide, fait éclater le train. L’Italien perd tous ses équipiers. Seul à 2,3 km, il se lance alors dans des efforts presque maximaux pour remonter et se placer.
2 - UN EFFORT DE PISTARD POUR RETROUVER STUYVEN
« Je sprintais à fond pour revenir, j’ai dépensé beaucoup d’énergie » , a-t-il analysé. En 200 mètres, ses efforts commencent déjà à payer. Il aperçoit son lanceur (en l’absence de Simone Consonni), Jasper Stuyven, et fait tout pour revenir sur le Belge. 400 mètres plus loin, mission accomplie, Milan est presque arrivé à la hauteur de Stuyven. Ce n’est pas le Belge qui l’a attendu mais bien l’Italien qui est remonté. Au prix d’un dernier effort – de pilotage cette fois, avec un mouvement maîtrisé vers la gauche –, l’Italien se retrouve dans la roue de son poisson-pilote. Un élément crucial.
3 - REPLACÉ PAR SON LANCEUR, IL ÉVITE LA CHUTE
Stuyven réalise ensuite un travail remarquable pour replacer Milan. Aux alentours de la 15e place quand il commence son effort, le Belge remonte son sprinteur vers la 7e position. Ce repositionnement est la clé de la réussite de Milan : à 1,1 km de l’arrivée, la chute intervient juste dans le dos de l’Italien, au moment où Stuyven achève son effort. Les qualités de pistard de Milan ( voir ci-contre), qui font de lui l’un des plus résistants au monde sur les efforts à PMA (puissance maximale aérobie), lui permettent ensuite de faire la différence au sprint.
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Vincitore al termine di uno sprint caotico ieri a Valence, la maglia verde Jonathan Milan ha potuto contare sulle sue qualità sviluppate in pista, lui che ha vinto l'oro olimpico a Tokyo nel 2021 nell'inseguimento a squadre con l'Italia e il bronzo lo scorso anno a Parigi (foto in basso).
Semaforo verde in pista
Jonathan Milan ha ottenuto la sua seconda vittoria in volata al Tour, resistendo in un finale in cui il suo background di pistard lo ha ovviamente aiutato.
"L'allenamento dedicato alla pista lo aiuta,
ha dei riferimenti da applicare su strada".
- MARCO VILLA, ALLENATORE DELLA
NAZIONALE ITALIANA SU PISTA NEL 2023
24 luglio 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
VALENCIA - L'immagine non è poi così vecchia perché lui stesso è ancora piuttosto giovane (24 anni), ma il record mondiale dell'inseguimento stabilito da Jonathan Milan nell'ottobre 2024 ai Campionati del Mondo su pista (3'59"153) assomiglia poco alle prestazioni dell'italiano in questo Tour de France. Il corridore friulano ha vinto la sua seconda volata ieri a Valence e, come accade ogni volta che ne vince una, vale la pena ricordare che la pista è stata a lungo il suo terreno di caccia. L'uomo che ha vinto quattro medaglie ai mondiali in quattro anni nell'inseguimento individuale ne sta ora raccogliendo i frutti.
"Da junior, correvo già in pista e questo mi ha aiutato molto a diventare il velocista che sono oggi, ma allora ero solo un pesce-pilota. Per me era piuttosto caotico andare in volata, ero un po' spaventato, quindi mi tiravo indietro, ciao ragazzi", ha spiegato a L'Équipe all'inizio del Tour. In pista, ha sviluppato un aspetto essenziale del suo attuale successo: una resistenza alla fatica (la "durata" di cui parlano preparatori) che lo aiuta a mantenere un impressionante livello di potenza negli arrivi. Milan ha di cinque minuti di MAP (potenza aerobica massima), una delle più alte nel gruppo, ancor più per un corridore della sua stazza (1,94 m per 87 kg).
Ieri è rimasto seduto in sella per un tempo lunghissimo, come un pistard, in pieno sforzo, prima di spiazzare all'ultimo momento Davide Ballerini e Jordi Meeus, schiacciando sui pedali e facendo dondolare la bicicletta a destra e a manca.
Questa doppia accelerazione è anche un'eredità del suo passato su pista, dove è stato campione olimpico nel 2021 a Tokyo e medaglia di bronzo a Parigi un anno fa, entrambe le volte nell'inseguimento a squadre. "Il fatto di aver iniziato in pista in giovane età, in un velodromo, su una bici senza freni, senza la paura del traffico, è un vantaggio per la strada. È un vantaggio quando si cerca la posizione migliore, la migliore comprensione di quando è necessario essere in testa e di come gestire la distanza dal traguardo. La pista consente un allenamento calibrato e specifico", spiega Simone Consonni, il pesce-pilota di Milan nella Lidl-Trek e uno dei suoi più cari amici da otto anni.
“In pista lavoravamo in quartetti”, aggiunge l'italiano. Come un treno che si avvicina a uno sprint di gruppo. "Eravamo sempre uno dietro l'altro. Lui sa come mi muovo, so di cosa ha bisogno sulla strada, conosco ogni sua smorfia, ogni suo movimento del corpo. Il fatto che siamo amici, che abbiamo iniziato insieme in pista e che ora siamo sullo stesso treno alla Lidl-Trek, ha un valore inestimabile".
È evidente anche il contributo di Marco Villa, ex Ct della nazionale italiana maschile su pista (e dal 22 febbraio 2025 di quella su strada, ndr), che ha seguito Consonni e Milan per molti anni. “È stato emozionante, mi ha ricordato le vittorie ai Giochi, ai Mondiali e agli Europei”, ha detto Villa alla RAI dopo aver visto la gara. Ha dichiarato Villa alla RAI dopo aver visto i due abbracciarsi durante la vittoria di Milan a Laval (ottava tappa). "Marco è la persona che mi ha fatto crescere in pista", dice Consonni. "Se siamo riusciti a vincere così tanto con Jonathan e gli altri, è lui che dobbiamo ringraziare. È riuscito a riunirci ai Giochi di Parigi quando eravamo tutti con squadre World Tour diverse, con calendari diversi. Sul piano sportivo, è il nostro padre".
"Può diventare un grande campione (anche) su strada, ha la passione per questo, lavora molto", ha spiegato Villa a Fuori Corsa all'epoca della prima vittoria di Milan al Giro nel 2023. "L'allenamento dedicato in pista lo aiuta, ha dei riferimenti da applicare su strada". Lo stesso vale per Pippo (Filippo Ganna), (Simone) Consonni ed Elia Viviani. La pista ha permesso loro di perfezionare le proprie capacità. Milan è potente, ha sviluppato una lunga resistenza. Gli manca solo l'esperienza. A distanza di due anni, Milan ha conquistato quattro tappe al Giro, la maglia ciclamino in due occasioni e due tappe in questo Tour de France. Oggi, la maglia verde è nel suo mirino.
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Più forte del caos
24 Jul 2025 - L'Équipe
Luc Herincx, inviato a Valence
Da solo a 2,5 km dall'arrivo, Jonathan Milan ha fatto un grande sforzo per raggiungere Jasper Stuyven, che gli ha evitato per un pelo di cadere alla flamme rouge dell'ultimo chilometro.
1 - CAUTO NELLE ROTONDE
"È stato un finale molto difficile a causa del meteo. A dire il vero, avevo un po' paura delle rotonde", ha dichiarato Milan dopo la sua vittoria. E si è visto: a 2,5 km dal traguardo, nell'ultimo insediamento urbano, l'italiano aveva ancora tre compagni di squadra intorno a sé. Per ridurre il rischio di caduta e/o per cercare di raggiungere il gruppo, i "Lidl-Trek" hanno fatto la scelta minoritaria di passare sulla destra. “Andavo forte sul lato opposto”, ha confermato Milan. Ma questa tattica, alterata dalla prudenza del velocista sulla strada bagnata, ha causato la rottura del treno. L'italiano ha perso tutti i suoi compagni di squadra. Rimasto da solo a 2,3 km dall'arrivo, si è lanciato in uno sforzo quasi massimale per risalire il gruppo e guadagnare posizioni.
2 - LO SFORZO DA PISTARD PER RITROVARE STUYVEN
“Ho fatto uno sprint per tornare sotto e ho consumato molte energie”, ha analizzato. In 200 metri, i suoi sforzi cominciavano già a dare i loro frutti. Ha individuato il suo lead-out (in assenza di Simone Consonni), Jasper Stuyven, e ha fatto di tutto per prendere il belga. Dopo 400 metri, missione compiuta, Milan aveva quasi raggiunto Stuyven. Non è stato il belga ad "aspettarlo", ma l'italiano a riprenderlo. Con un ultimo sforzo - stavolta in sella, con uno spostamento controllato verso sinistra - l'italiano si è trovato alla ruota del suo pesce-pilota. Un elemento cruciale.
3 - SOSTITUITO DAL SUO PITMAN, EVITA UNA CADUTA
Stuyven ha poi svolto un lavoro straordinario di sostituzione di Milan. Il belga, che si trovava intorno al 15° posto quando ha iniziato il proprio sforzo, ha portato il suo velocista in 7a posizione. Questo riposizionamento è stato la chiave del successo di Milan: a 1,1 km dall'arrivo, la caduta è avvenuta subito dietro l'italiano, mentre Stuyven stava terminando il proprio sforzo. Le qualità di Milan come pistard (vedi sopra), che lo rendono uno dei corridori più resistenti al mondo alla massima potenza aerobica (MAP), gli hanno permesso di fare la differenza in volata.

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