Pogačar n’a qu’une parole
Seulement deux jours après son titre européen en Ardèche, le Slovène s’est engagé sur les Trois Vallées Varésines au nom d’une promesse faite l’an passé.
« On n’était plus en sécurité, par endroits,
ce n’était même plus des routes mais des lacs »
- TADEJ POGACAR APRÈS L'ANNULATION
DE L’ÉDITION 2024 EN RAISON DE LA MÉTÉO
7 Oct 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
Finalement, que représentent cinq heures et un peu moins de 500 kilomètres en voiture quand on a roulé 75 kilomètres en solo sur les routes ardéchoises dimanche, une semaine après une virée diabolique de 66,6 km autour de Kigali ? Tout juste sacré champion d’Europe pour la première fois de sa carrière, Tadej Pogacar a ainsi pris la direction de l’Italie, près de Varèse où, aujourd’hui, il va disputer les Trois Vallées Varésines, une semi-classique qui sent bon l’automne, la seule non-World Tour qu’il va courir cette saison.Tadej Pogacar et Jacopo Mosca en discussion avec l’organisation l’année dernière (en haut) après l’annulation de la 103e édition des Trois Vallées Varésines à cause de la météo (photo ci-dessous).
Ce calendrier chargé, contre lequel il a gentiment pesté l’autre jour – « Si vous me demandiez, je changerais pas mal de choses » –, surprend à une semaine du Tour de Lombardie (11 octobre). Encore plus quand on sait qu’il a dans le viseur d’égaler Fausto Coppi et ses cinq victoires (1946, 1947, 1948, 1949 et 1954) et, quelque part, de déborder l’Italien, puisqu’il serait le premier à aligner cinq succès automnaux de suite sur ces routes transalpines.
Chez ce glouton avide des premières fois, l’argument d’une victoire sur cette semi-classique ne tient pas puisqu’il s’y est imposé en 2022. Pas plus celui de rincer un copain comme Brandon McNulty à Montréal puisque Isaac del Toro – si on pense au Mexicain, présent également à Varèse – a tout raflé ou presque en Italie depuis un mois ( 5 victoires : GP de l’Industrie et de l’Artisanat, le 7 septembre ; Tour de Toscane, le 10 ; Coppa Sabatini, le 11 ; Trofeo Matteotti, le 14 ; Tour d’Émilie, le 4 octobre).
Pour expliquer ce choix, il faut plutôt se remémorer l’édition de l’année dernière sous des trombes d’eau, revoir les images des coureurs trempés comme s’ils venaient de traverser les rouleaux d’une station de lavage. Après deux heures à jouer les éponges, le peloton avait mis pied à terre sur la ligne d’arrivée du circuit de Varèse. En chef de file d’une fronde magnanime, il y avait Rui Costa (EF Education EasyPost), Jacopo Mosca (Lidl-Trek) et Pogacar, tout frais champion du monde à Zurich et qui venait de remporter le Tour d’Émilie, les pieds dans l’eau, déjà.
Malgré l’émotion de Renzo Oldani, le responsable de la compétition plus que centenaire (104e édition aujourd’hui), le leader d’UAE préféra assumer son rôle de patron. « On n’était plus en sécurité, par endroits ce n’était même plus des routes mais des lacs, expliqua-t-il. Ce n’est pas la pluie qu’on redoutait mais ces chaussées dangereuses où l’on perdait le contrôle du vélo. » Les organisateurs n’insistèrent pas, le Slovène apprécia leur mesure : « Cette course signifie beaucoup pour eux mais quand on ne peut pas rouler… Ils l’ont tout de suite compris et je les en remercie ». Et, de ce jour, naquit un accord entre gens bien : Rui Costa lança un «scusate» (excusez-moi) à Oldani, au bord des larmes, que Pogacar serra dans ses bras.
Une « dernière préparation » avant le Tour de Lombardie
La course des Trois Vallées Varésines, qui ne connut que trois autres annulations (en 1943 et 1944 en raison du conflit mondial, en 2020 à cause de la pandémie), ne pouvait en rester là et le quadruple vainqueur du Tour s’engagea à revenir, un an plus tard : « En 2025, je veux y participer. Je l’ai gagnée en 2022 et je vais tenter de la gagner à nouveau. » Début septembre, Oldani sembla s’inquiéter qu’il ne tienne pas sa promesse face au chevauchement des compétitions mondiales et continentales, mais pendant les Championnats d’Europe, la semaine passée, la formation UAE Emirates-XRG a confirmé la présence de son leader « afin de profiter d’une dernière séance de préparation » avant le Tour de Lombardie, samedi, dernier Monument de 2025, si tant est qu’il en ait besoin après une saison à quarante-huit jours de course (18 victoires).
À tout juste 27 ans, « Pogi », qui s’est contenté hier d’une sortie-café tranquille, a tenu surtout à respecter sa parole et a rappelé son attachement à ce pays frontalier du sien où, plus jeune, il a lancé sa carrière au sein de la formation slovène Radenska. Un geste salué par Renzo Oldani dans un communiqué : « Malgré un calendrier chargé en cette fin de saison, il a fait preuve d’une grande sensibilité et a montré qu’il accordait une grande valeur à l’amitié en participant aux Trois Vallées Varésines. Ces gestes permettent également de mesurer la stature humaine de Tadej, qui n’est pas seulement un grand champion, mais aussi un grand homme. »
Même s’il prend un risque à cinq jours d’entrer, une nouvelle fois, dans la légende du Ghisallo, car il n’est pas à l’abri d’une tuile. Que les Pierre Richard en tout genre se détendent malgré tout, grand soleil et température printanière sont annoncés dans la région lombarde aujourd’hui.
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Tadej Pogačar e Jacopo Mosca discutono con gli organizzatori l'anno scorso (in alto) dopo l'annullamento della 103a edizione delle Tre Valli Varesine a causa del maòtempo (foto sotto).
Pogacar ha una parola soltanto
Appena due giorni dopo il suo titolo europeo in Ardèche, lo sloveno si è impegnato per la Tre Valli Varesine in nome della promessa fatta l'anno scorso.
«Non eravamo più al sicuro, in alcuni punti
non erano nemmeno più strade ma laghi»
- TADEJ POGACAR DOPO L'ANNULLAMENTO
DELL'EDIZIONE 2024 A CAUSA DEL MALTEMPO
7 Ott 2025
YOHANN HAUTBOIS
In fondo, che cosa rappresentano cinque ore e poco meno di 500 chilometri in auto quando se ne sono percorsi 75 da soli sulle strade dell'Ardèche domenica, una settimana dopo un viaggio diabolico di 66,6 km intorno a Kigali? Appena incoronato campione d'Europa per la prima volta nella sua carriera, Tadej Pogačar ha così preso la direzione dell'Italia, vicino a Varese dove, oggi, disputerà le Tre Valli Varesine, una semi-classica che profuma di autunno, l'unica non-World Tour che (lo sloveno) correrà in questa stagione.
Questo suo calendario così carico, contro il quale si è gentilmente infastidito l'altro giorno - «Se me lo chiedeste, cambierei molte cose» -, sorprende a una settimana dal Giro di Lombardia (11 ottobre). Ancora di più quando si sa che ha nel mirino di eguagliare Fausto Coppi e le sue cinque vittorie (1946, 1947, 1948, 1949 e 1954) e, in qualche modo, superare l'italiano, poiché sarebbe il primo ad allineare cinque successi in fila nella classica autunnale su queste strade transalpine.
In questo goloso avido di prime volte, l'argomento di una vittoria in questa semi-classica non regge perché qui si è già imposto nel 2022. Né quello di favorire un amico come accaduto con Brandon McNulty a Montreal visto che Isaac del Toro – se pensiamo al messicano, presente anche lui a Varese – ha raccolto tutto o quasi tutto in Italia da un mese a questa parte (5 vittorie: GP dell'Industria e dell'Artigianato, il 7 settembre; Giro di Toscana, il 10; Coppa Sabatini, l'11; Trofeo Matteotti, il 14; Giro di Emilia, il 4 ottobre).
Per spiegare questa scelta, bisogna piuttosto ricordare l'edizione dell'anno scorso sotto le trombe d'acqua, rivedere le immagini dei corridori bagnati come se avessero appena attraversato i rulli di un'autolavaggio. Dopo due ore a giocare con le spugne, il gruppo aveva messo piede a terra sul traguardo del circuito di Varese. In testa a quella fronda magnanima, c'erano Rui Costa (EF Education EasyPost), Jacopo Mosca (Lidl-Trek) e Pogačar, fresco campione del mondo a Zurigo e che aveva appena vinto il Giro dell'Emilia, già là con i piedi nell'acqua.
Nonostante l'emozione di Renzo Oldani, il responsabile della competizione più che centenaria (104a edizione oggi), il leader della UAE Emirates ha preferito assumersi il suo ruolo di capo. «Non eravamo più al sicuro, in alcuni punti non erano nemmeno più strade ma laghi», spiegò. Non era la pioggia che temevano ma quelle strade così pericolose sulle quali si perdeva il controllo della bicicletta. "Gli organizzatori non hanno insistito, lo sloveno ne ha apprezzato la misura: «Questa gara significa molto per loro ma quando non si riesce a guidare... L'hanno capito subito e li ringrazio». E, da quel giorno, nacque un accordo tra brave persone: Rui Costa lanciò un "scusate" a Oldani, sull'orlo delle lacrime, che Pogačar strinse tra le braccia.
Un'"ultima preparazione" prima del Giro di Lombardia
La Tre Valli Varesine, che ha conosciuto solo altre tre cancellazioni (nel 1943 e 1944 a causa del conflitto mondiale, nel 2020 a causa della pandemia), non poteva fermarsi lì e il quattro volte vincitore del Tour si è impegnato a tornare, un anno dopo: «Nel 2025, voglio parteciparvi. L'ho vinta nel 2022 e cercherò di vincerla di nuovo. All'inizio di settembre, Oldani sembrava preoccupato che (Tadej) non mantenesse la promessa di fronte alla sovrapposizione delle competizioni mondiali e continentali, ma durante i Campionati Europei, la scorsa settimana, la UAE Emirates-XRG ha confermato la presenza del suo leader «per approfittare di un'ultima sessione di preparazione» prima del Giro di Lombardia, sabato, ultima Monumento del 2025, qualora ne avesse bisogno dopo una stagione di quarantotto giorni di gara (18 vittorie).
A soli 27 anni, "Pogi", che ieri si è accontentato di una tranquilla uscita-caffè, ha voluto soprattutto rispettare la parola data e ha ricordato il suo attaccamento a questo Paese confinante con il suo e nel quale, più giovane, ha lanciato la propria carriera nella formazione slovena Radenska. Un gesto salutato da Renzo Oldani in un comunicato: "Nonostante un programma fitto in questo finale di stagione, [Tadej Pogačar] ha dimostrato una grande sensibilità e ha dimostrato di dare grande valore all'amicizia partecipando alle Tre Valli Varesine. Questi gesti permettono anche di misurare la statura umana di Tadej, che non è solo un grande campione, ma anche un grande uomo».
Anche se corre un rischio a cinque giorni dall'entrare, ancora una volta, nella leggenda della corsa del Ghisallo, perché non è al sicuro da incidenti. Che i Pierre Richard di ogni tipo si rilassino nonostante tutto, gran bel sole e temperatura primaverile sono annunciati oggi nella regione lombarda.
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