ALAPHILIPPE TOUJOURS DEBOUT


Calme, tranquille...

Sorti d’une longue année de galères où il n’a eu d’autre choix que de laisser passer les critiques, le Francais de Soudal-Quick Step a signé son retour en décrochant hier la deuxième étape du Dauphiné, à moins d’un mois du Tour.

“Cette victoire, c’est la preuve que j’ai la tête dure
    - JULIAN ALAPHILIPPE

6 Jun 2023 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL GAÉTAN SCHERRER 

Un long cri de rage et des premiers mots tout simples, si spontanés, à l’adresse de son équipier Florian Sénéchal en fond de ligne – « pouah, je suis trop content » – ont marqué hier le retour au premier plan du plus grand distributeur de frissons du cyclisme français ces dernières années.

En levant les bras hier à La Chaise-Dieu, petit bourg perché sur un promontoire de granit à plus de 1000 m d’altitude, Julian Alaphilippe a fait étalage de sa puissance retrouvée, mis du baume sur les plaies laissées par quinze mois de malheurs et profité pour adresser coquinement, en baissant ses deux paumes vers le sol en guise de célébration, un petit message à ceux qui avaient cessé de croire en lui, geste qu’il décrypta en un sourire et deux mots: «Calme, tranquille.»

Il n’était pourtant pas prévu que le Français, qui fêtera ses 31 ans dimanche, s’invite parmi les prétendants à la victoire d’étape hier dans les monts du Livradois, traversés pleine balle par le peloton et où les sprinteurs les plus lourds ont fini par passer en mode autocuiseur. « Les grimpeurs étaient tous un peu foufous dans le final et j’ai dit à Julian: je suis à fond, je n’en peux plus, vas-y, sprinte, c’est toi le plus fort», relate Sénéchal.

Le double champion du monde, qui disait samedi ne pas s’être senti aussi bien depuis longtemps, ne s’est pas fait prier. Calé dans la roue de Richard Carapaz, il s’en est expulsé brutalement aux 100 mètres, a débordé le maillot jaune Christophe Laporte et a relâché son effort tôt, comme dans ses grandes années.

Alaphilippe a pourtant accueilli ce succès avec une joie sans emphase, maître de ses émotions. Son entourage n’a pas fait preuve d’ autant de modération .« C’ est exceptionnel, a notamment réagi son équipier Rémi Cavagna. Il lui manquait cette belle victoire pour le rebooster pour de bon. Je ne l’ai jamais vu aussi motivé à l’entraînement que ces derniers temps. Il a vécu des jours difficiles mais moi, je n’ai jamais douté de ses capacités. C’est un champion. Je suis sûr qu’il va faire un grand Tour de France.»

L’an passé, le puncheur n’avait pas été retenu pour la Grande Boucle, insuffisamment remis de plusieurs blessures subies au printemps (multiples fractures et pneumothorax ). Il n’a depuis jamais cessé de penser à son retour sur l’épreuve et a pour cela accepté de faire le dos rond face à l’infortune et aux réprimandes. Il a subi de nouvelles chutes, contracté de nouveaux virus, mais il s’est systématiquement ajusté, sans jamais pester, jusqu’à se muer en équipier lorsqu’il ne se sentait pas les jambes pour en faire davantage.

Il n’a même pas pris la peine de répondre aux critiques acerbes de son manager, Patrick Lefévère, qui s’est moult fois offusqué de le voir se battre pour retrouver son niveau plutôt que pour enfiler les victoires. « Je suis passé par des phases de doute mais j’y ai toujours cru, sinon je n’aurais pas gagné aujourd’hui, a répondu Alaphilippe, hier. J’ai su rester patient. Cette victoire, c’est la preuve que j’ai la tête dure.»

Il y a à peine plus d’un mois, il traînait encore son genou gauche gonflé, conséquence d’un nouveau gadin lors du Tour des Flandres début avril, sur les routes de Liège-Bastogne-Liège où il s’était contenté de préparer le terrain pour Remco Evenepoel avant de disparaître à 50 kilomètres du but. Certains y avaient vu le signe d’un irrémédiable déclin mais lui avait déjà la tête au Tour, qu’il s’en est allé préparer en Sierra Nevada en mai avec une motivation décuplée. « Je ne l’ai jamais vu autant écouter son entraîneur pendant ce stage, il est plus professionnel que les autres années, note Sénéchal. Je sais les sacrifices qu’il a faits pour revenir, je suis heureux que ça paye enfin pour lui. Il le mérite.»

En le revoyant ainsi, l’envie est grande de l’imaginer leader du général à l’issue du contre-lamontre du Dauphiné mercredi soir, et pourquoi pas champion de France fin juin à Cassel (Nord), sur un tracé taillé pour les coureurs explosifs de sa trempe, et tant qu’à faire en jaune le 1er juillet, dans une douce soirée d’été au Pays basque.

«Moi, je ne m’enflamme pas, répond-il parce qu’il en a trop vu ces derniers mois pour réagir autrement. J’attendais cette victoire depuis un moment et elle me fait du bien,maisc’estpourçaaussiquej’ai fait ce geste sur la ligne: je n’ai pas gagné le Tour aujourd’hui, j’ai juste gagné une belle étape du Dauphiné.»

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