Nouvelle bande originale
La victoire finale de Mads Pedersen hier illustre la force de l’équipe Lidl-Trek, devenue l’une des toutes meilleures du monde, en passant d’un collectif de courses d’un jour à une formation protéiforme et quasi complète.
"On sait qu’on n’est pas encore capables de mettre une
équipe complète pour pouvoir jouer un classement général"
- JULIEN BERNARD, COUREUR AU SEIN DE L'ÉQUIPE
17 Feb 2025 - L'Équipe
BENOÎT FURIC
ARLES (BOUCHES-DU-RHÔNE) – Certes, ce n’est « que » le Tour de Provence, qui s’est achevé hier, mais la victoire au général du Danois Mads Pedersen a surtout mis en lumière autour de lui une partie d’un des collectifs les plus complets du peloton, Lidl-Trek, désormais vaisseau qui n’hésite plus à lancer ses équipages à l’abordage des courses d’un jour comme celles de plusieurs jours.L’équipe Lidl-Trek de Toms Skujins, Alex Kirsch, Bauke Mollena (de gauche à droite) a fait bloc pendant trois jours pour emmener Mads Pedersen (en bleu au centre) vers la victoire finale, à Arles.
Samedi, après sa victoire d’étape et sa prise de pouvoir au général, le Danois (29 ans) ne s’appesantissait pas sur son cas personnel: «Ça donne un bon coup de pouce à la confiance, non seulement pour moi mais aussi pour toute l’équipe. Ils ont déjà commencé à Valence avec Johnny (Milan) et l’équipe (en chrono) qui ont gagné (début février).»
En Provence, le nom des coéquipiers faisait lever le sourcil : Tim Declercq, Bauke Mollema, Toms Skujins, Julien Bernard entre autres… Ce dernier oeuvre dans l’équipe depuis dix ans et a vu la mue se faire : « On avait une spécialité sur les classiques ces dernières années. Maintenant, on essaye tranquillement de se développer au niveau des classements généraux. Mais c’est du travail, ça prend des années », analyse le Français de 32 ans. Une transformation liée « clairement à l’arrivée de Lidl » commesponsorprincipal en 2023 qui a permis«de renforcer l’équipe sur tous les points » (Bernard).
« Quand on fait les réunions chaque semaine pour faire la sélection, on fait des déçus, et on se rend compte que ça va être de pire en pire, complète Maxime Monfort, l’un des directeurs sportifs de l’équipe. Mais ça, c’est un problème de luxe.» Cet été, par exemple, Jonathan Milan a été préféré à Mads Pedersenpourassurerlessprints au Tour: « L’équipe a pris une décision et Johnny va y participer pour gagner des étapes. Nous sommes une grande équipe maintenant », relativisait hier le champion du monde 2019, qui sera aligné sur le Giro.
L’ambition d’accrocher de prestigieuses courses à étapes est toutefois un chemin encore long : «Letravailsefaitpetitàpetit,décrit Bernard. L’année dernière, sur la Vuelta, par exemple avec Mattias Skjelmose, qui termine (5e). On sait qu’on n’est pas encore capables de mettre une équipe complète pour pouvoir jouer un classement général. On doit encore se renforcer, notamment en montagne. » Cela modifie nécessairement la manière de courir, obligeant à se réfréner dans les ambitions quotidiennes pour assurer le classement général: « C’est sûr qu’il y a moins de gars qui ont leur chance de manière générale. Ça peut être frustrant pour certains », reconnaît Monfort. « Du moment où le soir on reste longtemps à table tous ensemble, c’est qu’on a des choses à se dire », décrit Bernard pour illustrer l’ambiance au sein de la formation, loin d’afficher sa frustration et plus soucieux de parler de la bonne ambiance existante.
Mads Pedersen ne fait pas exception. Certes, avoir un phénomène de ce calibre, « c’est pas facile » en sourit Bernard : «Le problème, c’est qu’il est tellement fort qu’il nous demande de faire des gros tempos, c’est jamais assez ra- pide pour lui. Il est toujours : “Plus vite, plus vite, plus vite.” Parfois, on lui dit: on n’est pas des scooters, on ne peut pas aller plus vite. » Mais « c’est quelqu’un de vraiment attachant, même en dehors du vélo. Et c’est pour ça qu’on se défonce pour lui. C’est un mec qui rassemble et aussi un leader qui n’hésite pas à travaillerpourlesautres.»
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