Le dernier jour des condamnés Tadej Pogacar


POGACAR VEUT COPIER COPPI

Le Tour de Lombardie, ultime Monument de l’année, est la promesse d’une nouvelle punition du champion du monde, dont une victoire à Bergame scellerait la plus grande saison de classiques de l’histoire.

Il n’y a qu’à voir le plateau famélique face à Pogacar pour comprendre l’immensité de la tâche
Égaler les cinq victoires de Coppi en Lombardie ? Cela va bien au-delà

11 Oct 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

CÔME (ITA) – Comment saisir ce Tour de Lombardie, la fin d’un supplice exercé par le bourreau arc-enciel ou l’excitation d’un dernier feu de joie? Le Monument lombard a cette faculté de mêler chaque année nos sentiments, de nous faire ressentir une dernière palpitation, mais aussi la proximité d’une fin, une aube et un crépuscule dans le mêmebattement d’ailes, le jour et la nuit, un dernier rayon de soleil puis la lumière déclinante, douce, orangée, une ultime furie avant le silence.

La Classique des Feuilles Mortes est un moment à part, ne serait-ce que par sa position dans le calendrier, un îlot éloigné de la campagne du printemps, des autres Monuments, ce qui a pu lui valoir d’être dénigrée, snobée, déconsidérée. Une injustice. Chaque Monument est fondé sur une identité propre et la Lombardie est incomparable à bien des égards, un joyau à défendre, à préserver. Elle est la classique de l’automne, celle des grimpeurs, des descendeurs aussi, mais elle est également la classique la plus associée à un sentiment, imprécis, à un flottement, celui de la mélancolie. C’est son essence.

Le Tour de Lombardie figure par ailleurs un test mental ultime, repartir au combat en bout de saison, pour 240 kilomètres parmi les plus durs de l’année, se soumettre une nouvelle fois à une telle exigence, un défi surmonté de la présence de Tadej Pogačar, soit une perspective aussi gaie que celle de monter à l’échafaud, un peloton aussi optimiste qu’une file de condamnés à mort.

Les cinq plus grandes classiques de la saison ont été catégorisées de la sorte car elles sont « monumentales », notamment de par leur distance, toujours autour de 250km, et le combat physique qu’elles imposent, mais la Lombardie se démarque par cette dimension psychologique, cette bagarre intime face à la souffrance, cette exploration de ses propres limites alors que le repos est juste là. Il n’y a qu’à voir le plateau famélique face à Tadej Pogačar pour comprendre l’immensité de la tâche, mais aussi la fatigue qui grignote tout le monde.

Wout Van Aert en vacances depuis trois semaines, Mathieu Van der Poel qui déclare qu’il va laisser le vélo longtemps au garage, Jonas Vingegaard toujours porté disparu quelque part entre la Drôme et l’Ardèche. Le peloton a la cervelle en charpie, épuisé, asséché, par sa préparation, par les courses frénétiques et par la faim de Tadej Pogačar. La concurrence sera donc réduite à l’arête aujourd’hui pour se dresser face au champion du monde, mais les survivants ont tous le droit à notre révérence pour leur courage, à continuer à se battre pour des miettes d’espoir, alors que les Monuments n’ont jamais été autant kidnappés, confisqués, deux victoires pour Van der Poel et autant pour Pogacar jusque-là.

Evenepoel, celui qui ne baisse jamais les bras

L’adversité aura une nouvelle fois le visage de Remco Evenepoel, qui maintient la résistance, même si elle s’opère à distance. Le Belge est un cabochard magnifique, qui râle autant qu’il mouline, mais qui jamais ne baisse les bras, deux fois deuxième derrière l’intouchable au Mondial et aux Europe, et qui pourrait trouver en Paul Seixas un nouveau frère d’armes plutôt qu’un adversaire, jeune et peu aguerri, mais qui ne manque pas de toupet au moment de boucler sa première saison chez les professionnels.

Le mental est une ligne de fracture qui traverse tout le peloton, encore plus donc au matin de la Lombardie, et qui n’épargne personne, pas même Tadej Pogacar. Le Tour de France a mis au jour que si le Slovène devait avoir une faille, une raison de tout envoyer valser, elle s’ouvrirait de ce côté-là, pas de ses jambes mal dégrossies d’adolescent qui continuent de battre l’air sans relâche pour faire tourner la grande roue de l’histoire. Tout a l’air simple avec lui, mais il faut essayer de comprendre le niveau de discipline intérieure, de méditation profonde, que cela demande de répondre présent chaque jour de course, sur les plus grands événements du calendrier, pour commencer à prendre conscience de ce qu’il est en train de réaliser. Cette vie de solitude, seul à l’avant des courses sur des dizaines de kilomètres sans fin, seul avec lui-même, sans soutien, sans réconfort de l’extérieur car personne ne comprend ce qu’il vit. La force mentale requise pour être au maximum à chaque fois sur une telle durée.

La saison 2024 avait été exceptionnelle, mais on se demandait si elle pourrait faire des petits. Pogacar a un peu moins gagné cette année (19 contre 25), car il n’a pas disputé deux grands Tours où il aurait pu gloutonner moult étapes, mais sur la qualité, il a encore monté le curseur. Sa plus grande course, Paris-Roubaix, a été une défaite, c’est dire. On parle beaucoup de l’ombre de Fausto Coppi, de ses cinq victoires en Lombardie que Tadej Pogačar pourrait égaler tout à l’heure s’il levait les bras à Bergame. Mais cela va bien au-delà de cela. En cas de victoire, le champion du monde réaliserait la plus grande saison de classiques de l’histoire.

Personne n’a jamais remporté un Monument cinq fois de rang. Personne n’a jamais terminé sur le podium des cinq Monuments la même saison (*). Un seul coureur dans l’histoire a remporté trois Monuments et le Championnat du monde dans la même saison, Eddy Merckx, en 1971. Il faut qu’il triomphe d’abord, bien sûr, mais ce matin, on se demande davantage où il va attaquer – dans le passo di Ganda, à 36km de l’arrivée? – que s’il peut vraiment perdre

C’est en tout cas le rendez-vous qui attend Tadej Pogačar, ceint de son arc-en-ciel tout neuf, immaculé. Le Tour de Lombardie ne sera jamais une course comme une autre et le champion du monde, déjà quadruple vainqueur en ces terres, en est le garant. Les cloches du Ghisallo sonneront tout à l’heure au passage des premiers coureurs en son sommet, de leur tintement éternel, et un dernier bonheur résonnera en nous. Au moment du franchissement de la ligne en fin d’aprèsmidi, les lumières de la haute ville de Bergame, sa beauté évanescente, scintilleront avec fragilité dans la nuit envahissante. Ce sera le dernier serrement de nos petits coeurs de la saison. Un monde s’éteindra, dans l’attente qu’un autre renaisse.

(*) Il a gagné le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège, et a terminé 3e de Milan-San Remo et 2e de Paris-Roubaix.

***


Remco Evenepoel et Tadej Pogacar dimanche dernier lors des Championnats d’Europe 
en Drôme-Ardèche, où une fois encore, le Belge a obtenu une valeureuse deuxième place.

EVENEPOEL - Le perdant magnifique

Impuissant face à Pogačar au Mondial et au Championnat d’Europe, le Belge garde la foi pour sa dernière course sous les couleurs de Soudal-Quick Step.

"Face à Tadej, c’est toujours difficile de se situer, 
on se sent à un très bon niveau mais lui est encore au-dessus"
   - REMCO EVENEPOEL

11 Oct 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

CÔME– Ce qu’il y a de bien chez Remco Evenepoel, c’est que jamais, mais vraiment jamais, on ne le sent abattu. Ses gestes d’énervement en course, dignes du footballeur qu’il fut dans sa jeunesse avant de devenir coureur, ne reflètent pas vraiment son état d’esprit. S’il prend le départ d’une course, c’est toujours pour y briller. Le Belge de 25 ans est ainsi fait, il ne se cache jamais. Et si Tadej Pogacar lui a été supérieur ces derniers temps – sur le circuit du Championnat du monde à Kigali, il y a deux semaines, puis en Ardèche au Championnat d’Europe, dimanche dernier –, il n’y a aucune raison, à ses yeux, de ne pas y croire.

« Sinon je ne vois pas pourquoi je serais au départ, clame-t-il, sans donner l’impression de tomber dans une candeur absolue. On connaît tous ce parcours (dans le sens Côme-Bergame), où Tadej a gagné deux fois. J’ai toujours le sentiment que je peux y faire quelque chose de bien, c’est-à-dire gagner. Le plus important sera de ne pas perdre trop d'énergie en début de course et de faire en sorte d’arriver frais avant de commencer la seconde partie qui se jouera sur vingtcinq minutes, à trente kilomètres de l’arrivée. Beaucoup de choses seront encore possibles à ce moment-là, même si l’équipe UAE semble injouable ces temps-ci. Mais c’est aussi pour ça que nous sommes là. »

Evenepoel a toujours ce petit côté provocateur qui fait aussi son charme et reste sa marque de fabrique. Parce qu’il ne baissera jamais les bras face à Tadej Pogacar, même si ses dernières sorties, où on l’a vu sans réponse face aux attaques du Slovène, ne plaident pas en sa faveur. Évidemment, il a du répondant mais à une minute derrière le champion du monde, sans jamais vraiment donner l’impression de l’inquiéter. Ce rôle de « perdant magnifique» ne plaît pas à ce gagneur dans l’âme, qui se retrouve à chasser sur le même terrain des classiques que Pogacar avec le risque de s’essouffler.

Lui le voit pourtant d’un autre oeil, comme si tout recommençait à chaque fois, avec un optimisme sans limite. « Quand je suis à une minute derrière Tadej, je fais toujours mon possible pour réduire l’écart et je crois toujours que tout est possible. Je me sens beaucoup mieux que l’an passé ( il avait fini 2e) mais, ces derniers temps, il y avait toujours plus fort que moi. Face à Tadej, c’est toujours difficile de se situer, on se sent à un très bon niveau mais lui est encore au-dessus.»

Il veut aussi croire que ce Tour de Lombardie n’est pas une course comme une autre pour lui. C’est là qu’il avait failli mourir dans la descente du Mur de Sormano en 2020, et c’est là aussi qu’il va courir aujourd’hui sa dernière course sous les couleurs de Soudal-Quick Step, son équipe depuis ses débuts en 2019, pour rejoindre, la saison prochaine, les Allemands de Red Bull-Bora Hansgrohe. « Ce sera une course particulière, même si je ne pense plus à cette chute qui date de cinq ans maintenant, affirme-t-il. Je l’ai courue trois fois depuis mais demain (aujourd’hui), ce sera spécial pour mes adieux à cette équipe. Il y aura bien sûr une motivation supplémentaire car ce serait incroyable de finir avec eux sur une victoire. J’ai connu tellement de grands mais aussi de terribles moments que l’histoire serait tellement belle… »

***

POGACAR VUOLE EMULARE COPPI

Il Giro di Lombardia, ultima Monumento dell'anno, promette una nuova punizione per il campione del mondo, la cui vittoria a Bergamo suggellerebbe la più grande stagione di classiche della storia.

Basta guardare il campo affamato di fronte a Tadej Pogačar per comprendere l'immensità dell'impresa.
Eguagliare le cinque vittorie di Coppi in Lombardia? Va ben oltre.

11 ottobre 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

COMO (ITA) – Come possiamo comprendere questo Giro di Lombardia, la fine di una tortura inflitta dal boia in arcobaleno o l'emozione di un falò finale? La monumento lombarda ha questa capacità di fondere le nostre emozioni ogni anno, di farci provare un'ultima palpitazione, ma anche la prossimità di una fine, alba e tramonto nello stesso battito d'ali, giorno e notte, un ultimo raggio di sole poi la luce che cala, tenue, arancione, una furia finale prima del silenzio.

La "Classica delle foglie morte" è un momento speciale, se non altro per la sua posizione nel calendario, un'isola lontana dalla campagna primaverile, dalle altre monumento, che l'ha portata a essere denigrata, snobbata, screditata. Un'ingiustizia. Ogni classica monumento si fonda su una propria identità, e il Lombardia è incomparabile sotto molti aspetti, un gioiello da difendere, preservare. È la classica d'autunno, quella degli scalatori, anche dei discesisti, ma è anche la classica più associata a un sentimento impreciso, a un'oscillazione, a quella della malinconia. Questa è la sua essenza.

Il Giro di Lombardia rappresenta anche la prova mentale per eccellenza: tornare in gara a fine stagione, per 240 chilometri tra i più duri nell'anno, sottoporsi ancora una volta a tali esigenze, una sfida superata con la presenza di Tadej Pogačar, una prospettiva gioiosa come quella di salire sul patibolo, un gruppo ottimista come una fila di condannati a morte.

Le cinque più grandi classiche della stagione sono state classificate in questo modo perché sono "monumentali", in particolare per la loro distanza, sempre intorno ai 250 km, e per la fatica fisica che impongono. Ma il Lombardia si distingue per la sua dimensione psicologica, la sua lotta intima di fronte alla sofferenza, l'esplorazione dei propri limiti mentre il riposo è dietro l'angolo. Basta guardare il campo affamato di fronte a Tadej Pogačar per comprendere l'immensità del compito, ma anche la fatica che logora tutti.

Wout Van Aert è in vacanza da tre settimane, Mathieu Van der Poel (guarito da una pollmonite, ndr) ha dichiarato che lascerà la bici in garage per molto tempo, Jonas Vingegaard è ancora disperso da qualche parte tra la Drôme e l'Ardèche (dopo il ritiro ai -109 km dall'arrivo all'Europeo, ndr). Il gruppo è cerebralmente morto, esausto, prosciugato dalla preparazione, dalle corse frenetiche e dalla fame di Tadej Pogačar. La competizione sarà quindi oggi ridotta al minimo per tenere testa al campione del mondo, ma i sopravvissuti meritano tutti il ​​nostro rispetto per il loro coraggio, per aver continuato a lottare per briciole di speranza, mentre le monumento non sono mai state così rapite, confiscate, due vittorie per van der Poel e altrettante per Pogacar finora.

Evenepoel, quello che non si arrende mai

Le avversità colpiranno ancora una volta Remco Evenepoel, che mantiene la sua resilienza, anche se da lontano. Il belga è di una testardaggine magnifica, che brontola tanto quanto si affanna, ma che non si arrende mai. È arrivato secondo due volte dietro l'intoccabile, sia ai Mondiali sia agli Europei. Potrebbe trovare in Paul Seixas un nuovo compagno d'armi piuttosto che un avversario. Giovane e inesperto, ma a cui non manca il nervosismo nel concludere la sua prima stagione da professionista.

La mentalità è una faglia che attraversa l'intero gruppo, a maggior ragione nella mattinata del Lombardia, e non risparmia nessuno, nemmeno Tadej Pogačar. Il Tour de France ha rivelato che se lo sloveno avesse avuto un difetto, un motivo per buttare via tutto, si sarebbe aperto da lì, non dalle sue gambe adolescenziali non allenate che continuano senza sosta a fendere l'aria  per far girare la grande ruota della storia. Tutto sembra semplice per lui, ma bisogna cercare di comprendere il livello di disciplina interiore, di profonda meditazione, che richiede essere presente ogni giorno di gara, ai più grandi eventi del calendario, per iniziare a rendersi conto di ciò che sta realizzando. Quella vita di solitudine, da solo in testa alle corse per decine di chilometri interminabili, solo con se stesso, senza sostegno, senza conforto dall'esterno perché nessuno può capire cosa lui stia attraversando. La forza mentale necessaria per essere al meglio ogni volta per così tanto tempo.

La stagione 2024 era stata eccezionale, ma ci si chiedeva se potesse generare delle somiglianze. Pogačar ha vinto un po' meno volte quest'anno (19 contro 25), non avendo partecipato a due Grandi Giri in cui avrebbe potuto incamerare molte tappe, ma in termini di qualità ha alzato ulteriormente la posta. La sua corsa più importante, la Parigi-Roubaix, è stata una "sconfitta", e questo la dice lunga. Si parla molto dell'ombra di Fausto Coppi, delle sue cinque vittorie al Lombardia (le prime quattro consecutive, ndr), che Tadej Pogačar potrebbe eguagliare a breve se alzasse le braccia a Bergamo. Ma va ben oltre. Se vincesse, il campione del mondo vivrebbe la più grande stagione di classiche della storia.

Nessuno ha mai vinto una Monumento cinque volte in fila. Nessuno è mai salito sul podio in tutte e cinque le Monumento nella stessa stagione (*). Solo un corridore nella storia ha vinto tre Monumento e il Mondiale nella stessa stagione: Eddy Merckx, nel 1971. Dovrà trionfare arrivando primo, ovviamente, ma stamattina ci chiediamo più dove attaccherà – sul Passo di Ganda, a 36 km dal traguardo? – che se possa effettivamente perdere.

In ogni caso, questo è l'evento che attende Tadej Pogačar, con la sua nuova, immacolata livrea arcobaleno. Il Giro di Lombardia non sarà mai una corsa come le altre, e il campione del mondo, già quattro volte vincitore in queste terre, ne è garante. Le campane del Ghisallo suoneranno tra poco, al passaggio dei primi corridori sulla sua vetta, il loro eterno rintocco, e una gioia finale risuonerà dentro di noi. Mentre taglieremo il traguardo nel tardo pomeriggio, le luci di Bergamo Alta, la sua bellezza evanescente, brilleranno fragili nella notte che avanza. Sarà l'ultimo strazio del nostro cuore in questa stagione. Un mondo svanirà, in attesa che un altro rinasca.

(*) Ha vinto il Giro delle Fiandre e la Liegi-Bastogne-Liegi, è arrivato terzo alla Milano-Sanremo e secondo alla Parigi-Roubaix.

***

Remco Evenepoel e Tadej Pogačar domenica scorsa al Campionato Europeo nella Drôme-Ardèche, dove ancora una volta il belga ha ottenuto un valoroso secondo posto.

EVENEPOEL - Il magnifico sfavorito

Impotente contro Pogačar al Mondiale e all'Europeo (su strada, ndr), il belga conserva la fiducia per la sua ultima gara nella Soudal-Quick Step.

"È sempre difficile capire dove ti trovi contro Tadej. 
Ti senti a un ottimo livello, ma lui ti è ancora superiore."
   - REMCO EVENEPOEL

11 ottobre 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

CÔME – La cosa fantastica di Remco Evenepoel è che con lui non ti senti mai giù. I suoi gesti di rabbia durante le gare, degni del calciatore che era da ragazzo prima di diventare corridore, non riflettono davvero il suo stato d'animo. Se inizia una gara, è sempre per brillare. Il venticinquenne belga è così: non si nasconde mai. E se Tadej Pogačar gli è stato superiore ultimamente – sul circuito del mondiale a Kigali due settimane fa, poi in Ardèche all Campionato Europeo domenica scorsa – non c'è motivo, ai suoi occhi, di non crederci. 

"Altrimenti, non vedo perché sarei al via", proclama, senza sembrare del tutto innocente. "Conosciamo tutti questo percorso (Como-Bergamo), dove Tadej ha vinto due volte. Ho sempre la sensazione di poter fare qualcosa di buono lì, ovvero vincere. La cosa più importante sarà non sprecare troppe energie all'inizio della gara e assicurarmi di arrivare fresco prima di iniziare la seconda parte, che si deciderà in venticinque minuti, a trenta chilometri dal traguardo. A quel punto sarà ancora possibile molto, anche se la UAE EMirates-XRG sembra imbattibile in questi giorni. Ma è anche per questo che siamo qui."

Evenepoel ha ancora quel lato leggermente provocatorio che contribuisce al suo fascino e rimane il suo marchio di fabbrica. Perché lui non si arrenderà mai contro Tadej Pogačar, anche se le sue recenti uscite, in cui non ha reagito agli attacchi dello sloveno, non parlano a suo favore. Ovviamente, ha una capacità di reazione, ma è a un minuto dal campione del mondo, senza mai dare l'impressione di impensierirlo. Questo ruolo di "magnifico perdente" non si addice a questo vincente nato, che si ritrova a inseguire le stesse classiche di Pogačar sullo stesso terreno, con il rischio di esaurire le energie.

Tuttavia, lui la vede in modo diverso, come se tutto ricominciasse ogni volta, con un ottimismo sconfinato. "Quando sono a un minuto da Tadej, faccio sempre del mio meglio per colmare il distacco, e credo ancora che tutto sia possibile. Mi sento molto meglio rispetto all'anno scorso (è arrivato 2°), ma ultimamente c'è sempre qualcuno più forte di me. Contro Tadej, è sempre difficile capire a che punto sei; pensi: "Sono a un ottimo livello, ma lui è ancora più in alto".

Vuole anche credere che questo Giro di Lombardia non sia solo un'altra gara per lui. È là che ha rischiato di morire nella discesa del Muro di Sormano nel 2020, ed è là che correrà oggi nella sua ultima corsa per la Soudal-Quick Step, la sua squadra dal suo debutto nel 2019, prima di passare alla tedesca Red Bull-BORA-hansgrohe la prossima stagione. "Sarà una gara speciale, anche se non penso più a quella caduta, che è avvenuta cinque anni fa", dice. "L'ho corsa tre volte da allora, ma domani (oggi) sarà speciale per il mio addio a questa squadra. Ci sarà, ovviamente, una motivazione in più perché sarebbe straordinario concludere con loro con una vittoria. Ho vissuto così tanti momenti fantastici, ma anche terribili, e la storia sarebbe così bella..."

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

I 100 cattivi del calcio

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?