LA PLUIE ET L’ÉTANG


Les Visma-Lease a bike de Matteo Jorgenson ont réussi une démonstration, hier, dans des conditions météo déplorables, faisant exploser la majorité de leurs rivaux sur la route de Berre-l’Étang. Vingegaard n’est plus là, mais l’Américain est en position idéale à l'entame du week-end finale.

“C’est une très bonne journée pour nous, 
et une excellente façon de se battre après 
l’abandon de Jonas (Vingegaard)
   - GRISCHA NIERMANN, DIRECTEUR SPORTIF 
     DES VISMA-LEASE A BIKE

15 Mar 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT

BERRE-L’ÉTANG (BOUCHES-DU-RHÔNE) – Ily ace quel’ on imagine. Et ce qui se passe. L’étang de Berre, lagune baignée de soleil, ses plages, ses palmiers, un transat et une mauresque pour profiter de l’ après midi en attendant le sprint annoncé… Ça, c’est pour la carte postale. Mais hier était «encore une journée 100 % Paris-Nice », souriait Pat xi Vil a, directeur sportif de Red Bull-Bora-Hansgrohe. Adieu cigare et chapeau de paille, voici le froid, la pluie, le vent, un ciel à se faire un chocolat chaud en regardant un documentaire sur les bouquetins et la montagne. « Le genre de journées où il est assez difficile d’être cycliste, surtout pendant plus de 200 kilomètres », avouait le vaillant Mads Pedersen (LidlTrek).

« Je suis transi de froid, je ne sens plus mes pieds depuis le cinquième kilomètre, c’est horrible », lâchait Joshua Tarling (Ineos).

Le calvaire était annoncé au départ avec, en outre, un vent pouvant provoquer des bordures. Le problème, c’ est que ce peloton est déjà bien râpé depuis plusieurs jours, usé par des conditions météo scandinaves .« Une journée de misère, où la moitié des coureurs voulait juste atteindre la ligne d’arrivée d’une manière ou d’une autre », disait Grischa Niermann, directeur sportif de Visma-Lease a bike. Le point de bascule était identifié, la descente de la côte des Baux-de-Provence, piégeuse, donnant sur une partie ouvert eau vent. « On devait se retrouver au kilomètre 135, soit dix avant le sommet de la bosse », expliquait ainsi MattiasSkjelm ose. Mais si certains ont été à l’ heure au rendez vous – « On a été lourds, on a beaucoup poussé nos coureurs à la radio pour qu’ils soient à l’ avant », expliquaitVil a–beaucoup ont manqué le coche, comme Joao Almeida (UAE) ou Lenny Martinez (lire par ailleurs). « On est restés à l’avant très longtemps, mais il a suffi d’un in st antetJoãos’ e st retrouvé à l’ arrière », rouspétait SimonePe dr azzini,di recteur sportif du Portugais.Et Paris-Nice a basculé pour beaucoup de monde.

À l’ avant, le train jaune des Vis ma a filé, à 57 kilomètres de l’ arrivée, les six (sans Jonas Vingegaard, non partant le matin, lire par ailleurs) dans un groupe de neuf coureurs. Une deuxième grappe a recollé avec de nombreux Ineos, Pedersen, équipier de Skjelmose (déjà devant ), et le maillot blanc F lori an Lipowitz (Red Bull-Bora-Hansgrohe). Tous ont vite collaboré en constatant les dégâts derrière et le Maillot Jaune MatteoJorg en son a réussi un immense coup de force, en éliminant un paquet de rivaux (Almeida et McNulty à presque deux minutes, Marti nez à neuf minutes ).« Je suis impressionné par les gars, par notre engagement, par le fait d’avoir suivi le plan à la lettre », savourait l’ Américain, qui avait lui même demandé hier matin d’ aborder la descente décisive en tête, et a félicité ses équipiers un parund’un « good job » à l’arrivée.

« Je me suis retourné plusieurs fois, j’ai vu de gros écarts et, jusqu’à l’arrivée, il s’agissait simplement de pédaler aussi fort que possible », poursuivait le leader. «C’estune très bonne journée pour nous, et une excellente façon de se battre après l’abandon de Jonas » , appuyait Niermann.

Pour les frelons néerlandais, il n’aura manqué que la victoire pour que la démonstration soit totale. Axel Zingle (4e), tremblant de froid au moment de monter dans son car, a été surclassé par Pedersen, habitué au froid. « Je me souviens d’un jour, fin septembre 2019, encore pire que ça, mais le résultat était le même, rigolait le Danois, champion du monde à Harrogate (Angleterre) sous une pluie battante. Quand vous gagnez à la fin, la journée est belle. »

Elle l’est donc beaucoup pour Jorgens on. Il lui reste deux adversaires pour la victoire, l'Allemand Lipowitz (2e à 40"), le Danois Skjelmose (3e à 59"), à l'entame du week-end. Avec la Colmiane supprimée aujourd'hui du fait des conditions météo, l'avant-dernière étape se résumera à une course de côte vers Auron, moins propice aux grands renversements. Restera alors la dernière, demain, sur un terrain, qu'il connaît par cœur puisqu'il vit à Nice. «Je suis dans une bonne position pour le week-end», jugeait-il, prudent. «Je pense encore à la 2e place, battre Jorgenson va être difficile», reconnaissait de son côté Skjelmose quand Lipowitz aimerait surtout «rester sur le podium», ce qui serait la plus belle performance de sa carrière. «J'espère rester au chaud», disait l'Américain. À prendre au sens figuré. Aujourd'hui, c'est encore pluie. 

***


Au bord de l’amer

THOMAS PEROTTO

Lenny Martinez, qui s’était sublimé jeudi, est passé au travers hier. Ses ambitions au général se sont écrasées contre l’étape et ses bordures.

“C’est l’erreur d’une personne qui a mis l’équipe en difficulté'' 
   - ROMAN KREUZIGER, DIRECTEUR 
     SPORTIF DE BAHRAIN VICTORIOUS

BERRE-L’ÉTANG (BOUCHES-DU-RHÔNE) – La tête sur les épaules de la Vierge de Notre-Damede-Sciez le jeudi, le corps abattu sur sa machine à hauteur du commun des mortels le lendemain. Avec le regard du petit garçon qui a fait une bêtise et qui sait qu’il vase faire taper sur les doigts.

Tout va très vite dans le cyclisme et encore plus quand ons’ appelle LennyMarti nez, pépite de 21 ans, portée très haut un jour et redescendue dès le lendemain. « Parfois, tu gagnes, parfois tu apprends », glissait-on au pied du car de Bah ra in Victor io us hier enfin de journée sous une pluie qui avait des airs de lames tranchant es.

Martinez a terminé à 8’57 du vainqueur, pris au piège d’une bordure que tout le monde avait parfaitement identifiée aux abords de Maussane-les-Alpilles (voir cicontre). Un écart terrible. Le matin, au départ de Saint-Julien-en-Saint-Alban, avec vue sur l’ Ouvèze, qui se jette un peu plus loin dans le Rhône, le grimpeur de Bah ra in Victor io us avait pourtant laissé écouler de net tes ambitions :« Maintenant, j’ aimerais bien viser le podium. Pourquoi pas mieux même, on ne sait pas …» Au bord de l’ étang de B erre, le niveau des es ambitions était devenu égal à celui des eaux et du niveau del amer. Marti nez ne s’ est pas exprimé, il a rejoint son car dépité, et est monté dedans sans un regard pourpersonne.

À côté, celui des on directeur sportif RomanKr eu ziger était noir et sont on glacial lorsqu’il a fallu donner son sentiment sur la journée. « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je ne l’ai pas encore vu. Il va prendre une douche, on parlera après. Je ne sais pas quoi dire pour l’instant. Il n’y a pas eu d’erreur de la part de l’équipe. C’est l’erreur d’une personne qui a mis l’équipe en difficulté »,a cingléleTchèque.

Troisième de Paris-Nice il y a quinze ans, une place que Marti nez aurait aimé viser ce week-end, Kreuziger l’avait mauvaise et ciblait son jeune coureur français. « On savait qu’il y avait danger à ce moment-là de la course. On a poussé les gars à remonter mais Lenny était derrière et malheureusement, il a fallu faire relever tout le monde pour tenter de limiter la casse », ajoutait Kreuziger.

Une amertume d’autant plus légitime que les responsables de Bahrain Victor io us exhortent depuis plusieurs semaines Lenny Martinez à s’affirmer comme un leader, à plus communiquer avec ses équipiers.Et que pour l’ étape vente use d’ hier il lui avait bien été demandé de rester auprès d’eux pour ne pas être en position de se faire piéger. Martinez était dans une position difficilement défendable au moment où Visma a mis en route son coup de bordure. Tout à l’arrière du peloton, seul, et immédiatement catapulté dans les plus mauvais groupes.

Vingt-troisième du général à presque dix minutes, Martinez a désormais deux étapes de montagne pour aller chercher un deuxième succès dans ce Paris-Nice. L’apprentissage est rude pour le jeune Français, passé en trois jours dec o-leader à leader après l’ abandon de Santiago Buitrago, à vainqueur d’une magnifique étape et petit garçon qui explose comme un pop-corn.

***

A. Ro. à Pergola (ITA).
GANNA EN SURSIS

On pensait voir des silhouettes plus fluettes en action, mais les « bestiasses » ont encore tenu le haut du pavé, à commencer par le surprenant Fredrik Dversnes, dernier modèle de tronçonneuse norvégienne d’Uno-X, qui a découpé du bitume pendant 200 bornes pour survivre au retour des favoris depuis l’échappée du matin. Derrière, les grimpeurs n’ont pas vraiment enclenché dans le Monterolo, à 7,5 km de l’arrivée, à part Juan Ayuso – vers le sommet –, mais c’était davantage pour se placer avant la descente. L’Espagnol n’a donc pas encore chipé le maillot bleu à Filippo Ganna, qui malgré sa grande carcasse s’est très bien défendu dans les ascensions, avant de connaître un ennui mécanique. « J’ai tapé dans un trou et ma chaîne a sauté, décrivait l’Italien barbu, j’ai ensuite forcé et j’ai détruit le dérailleur. » Il dut ainsi s’arrêter dans les trois derniers kilomètres, ce qui lui permit de ne pas perdre de temps sur le peloton des favoris réglé par Mathieu Van der Poel (2e). Il peut s’estimer chanceux, déjà que la règle des 3 km soit applicable dans cette étape pas du tout plate, mais surtout car l’incident initial a eu lieu en dehors de cette zone, à 5 km de l’arrivée. Cela lui permettra de rêver un jour de plus à remporter TirrenoAdriatico. « Je n’ai rien à perdre, j’ai une semaine pour récupérer ensuite, si j’ai très mal aux jambes, ce n’est pas grave », a-t-il annoncé, alors que se profilent aujourd’hui l’étape reine et l’ascension de Frontignano (7,7 km à 7,8 %), où, cette fois, Juan Ayuso a promis de l’attaquer.

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?

I 100 cattivi del calcio