MODRIC - L’immortel


À bientôt 40 ans, le capitaine des Vatreni, ancien réfugié des guerres de Yougoslavie, prolonge le plaisir sur le terrain grâce à une stricte discipline de vie, son amour du jeu, du Real et de la Croatie.

"La dernière chose que je voudrais vivre, 
c’est être un fardeau pour l’équipe nationale"
   - LUKA MODRIC

20 Mar 2025 - L'Équipe
BERNARD LIONS

Le poids des ans ne semble pas avoir de prise sur Luka Modric. Il affiche toujours le même visage poupon. Un peu plus creusé, peut-être. Le temps qui passe constitue d’ailleurs une problématique à son sujet qui ne cesse de l’agacer. « Les gens n’arrêtent pas de dire : son âge, son âge… J’en ai marre. Je me sens très bien, physiquement et mentalement, je suis content de moi et toujours au plus haut niveau. »Luka Modric, auteur d’un des extérieurs du pied droit dont il a le secret, le 15 novembre lors d’une défaite de la Croatie en Écosse (0-1) en Ligue des nations.

Il le prouve de nouveau. Bien que doté du même âge que le père de certains de ses équipiers – dont celui du Brésilien Rodrygo (24 ans), qui l’appelle « papa » – Modric, 40 ans le 9 septembre, n’a manqué que trois des quarante-sept matches déjà disputés par le Real Madrid cette saison.

À l’instar de l’Allemand Toni Kroos, qui a joué le dernier match de sa carrière à 34 ans, lors du quart de finale de l’Euro face à l’Espagne (1-2 a.p., le 5 juillet), le Croate (184 sélections, 27 buts) aurait pu tirer sa révérence l’été dernier. Il n’en a rien été. Le Real lui ayant accordé de rempiler encore une année, il a, tout en ravalant sa déception d’avoir vu la Croatie passer à côté de son Euro (élimination dès la phase de groupes), aussitôt replongé dans le grand bain. S’astreindre à des séances de natation et sur un tapis de course lui a valu d’arriver au top de sa forme physique, dès la reprise de l’entraînement des Merengues. Cela lui a permis d’en devenir désormais le plus vieux joueur de leur histoire (*).

Sa longévité, qui l’autorise à défier les lois de la gravité, des statistiques aussi, ne doit donc rien au hasard. Ancien professeur à la faculté de kinésiologie de l’université de Zagreb, devenu son préparateur physique personnel depuis 2012, année de son arrivée à Madrid, Vlatko Vucetic lui a établi un protocole de vie incluant huit paramètres tels les loisirs, l’hygiène de vie, l’hydratation, la famille, la psychologie, la motricité…

Une hygiène de vie irréprochable et un métabolisme hors norme

Marié à Vanja, rencontrée au lycée et mère de leurs trois enfants, le Ballon d’Or 2018 s’adonne, par exemple, à un fastidieux travail quotidien d’exercices de force et de résistance à l’aide de longues bandes élastiques, afin de renforcer son tissu musculaire. Cette préparation invisible, qui ne déplairait pas à son ancien coéquipier portugais Cristiano Ronaldo (40 ans depuis le 5 février), se conjugue avec un métabolisme hors norme. Son âge chronologique ne correspond pas à son âge métabolique. Autrement dit, Modric dispose d’un corps de 30 ans.

Sur le terrain, sa finesse technique l’aide à esquiver les contacts les plus violents et, donc, les blessures .« Mais oubliez ses qualités et son talent, invite SlavenBilic,s on ancien sélectionneur (2006-2012), lors d’une interview à la radio britannique talkSPORT. Ce qui m’ impressionne chez lui, c’est son dévouement et sa soif de gagner, à 39 ans .»

Cette force mentale puise sa source dans une enfance douloureuse et tourmentée par les guerres de Yougoslavie. Dès ses premières années dans le petit village de Modrici, sur les pentes rocailleuses du Velebit, près de Zadar, sur la côte dalmate, Modric a commencé à taper dans un ballon contre la porte du garage de la maison familiale. Tout en gardant les chèvres de son grand-père, également prénommé Luka, abattu par les milices serbes en 1991. Sa maison bombardée, il a ensuite épousé le destin d’un réfugié durant sept ans.

Ces épreuves de la vie l’ont doté d’un supplément d’âme. Tout autant que le football l’a aidé à oublier les affres de la guerre. Il en demeure toujours aussi passionné aujourd’hui. Bilic encore: « Je ne lui parle pas tous les jours, mais on discute parfois, généralement le soir. Neuf fois sur dix, il regarde un match. Ce qui le distingue, c’est qu’il est complètement immergé dans le football. »

En mission, aussi. Si son palmarès en club donne le tournis – trente-quatre titres, dont vingt-huit rien qu’avec le Real en treize ans (6 Ligues des champions) – il demeure vierge en sélection. Battu en finale de la Coupe du monde 2018 par la France (2-4), puis de la Ligue des nations 2023 par l’Espagne (0-0, 4-5 aux t.a.b.), « Zouko » – son surnom – veut offrir un sacre à son jeune pays avant de se retirer. Cette perspective effraie son compatriote Igor Tudor, l’ancien entraîneur de l’OM (2022-2023) : « Luka est un modèle d’éthique de travail, d’attitude et de patriotisme. On peut remplacer un joueur sur le terrain. Mais son impact dans l’équipe croate est irremplaçable. Toute l’influence de ce joueur d’une qualité exceptionnelle laissera un vide. »

Maître des horloges de sa propre destinée, l’anti-star saura s’effacer. « La dernière chose que je voudrais vivre, c’est être un fardeau pour l’équipe nationale. » L’âge de se faire une raison n’ a pas encore sonné.

(*) En entrant en jeu au cours de Celta VigoReal (2-1) le 19 octobre, Modric, alors âgé de 39 ans et 40 jours, a détrôné le Hongrois Ferenc Puskas. Le «Major galopant» avait joué son dernier match avec les Merengues à 39 ans et 36 jours.

***

MODRIC l'immortale

A 40 anni, il capitano dei Vatreni, ex rifugiato dalle guerre jugoslave, prolunga il suo piacere in campo grazie a una rigida disciplina di vita e all'amore per il calcio, il Real Madrid e la Croazia.

“L'ultima cosa per cui voglio vivere 
è essere un peso per la nazionale”.
   - LUKA MODRIC

20 marzo 2025 - L'Équipe
Bernard Lions

Il peso degli anni sembra non avere effetto su Luka Modric. Ha ancora la stessa faccia da bambino. Forse un po' più scavata. In realtà, il passare del tempo è un problema che non smette di infastidirlo. “La gente continua a dire: la mia età, la mia età... Sono stufo. Mi sento molto bene, fisicamente e mentalmente, sono contento di me stesso e sono ancora al massimo livello”, dice Luka Modric, autore di uno dei suoi caratteristici esterni destri il 15 novembre nella sconfitta della Croazia per 0-1 contro la Scozia in Nations League.

E lo sta dimostrando ancora. Nonostante abbia quasi l'età dei padri di alcuni suoi compagni di squadra - tipo il brasiliano Rodrygo (24 anni), che lo chiama “papà” - Modric, che ha compiuto 40 anni il 9 settembre, ha saltato solo tre delle 47 partite disputate dal Real Madrid in questa stagione.

Come il tedesco Toni Kroos, che ha giocato l'ultima partita della sua carriera all'età di 34 anni nei quarti di finale dell'Euro contro la Spagna (1-2 a.p. il 5 luglio), il croato (184 presenze, 27 gol) avrebbe potuto ritirarsi la scorsa estate; ma non è stato così. Dopo che il Real Madrid ha accettato di farlo restare per un altro anno, ha smaltito la delusione per la mancata qualificazione della Croazia a EURO 2008 (eliminazione nella fase a gironi) e si è subito rimesso in gioco. Le sue sessioni di nuoto e tapis roulant gli hanno garantito una condizione fisica ottimale non appena le Merengues hanno ripreso gli allenamenti. Di conseguenza, oggi è il giocatore più anziano della loro storia (*).

La sua longevità, che gli permette di sfidare le leggi della gravità e della statistica, non deve nulla al caso. Vlatko Vucetic, ex professore della Facoltà di Chinesiologia dell'Università di Zagabria e suo personal fitness trainer dal 2012, anno del suo arrivo a Madrid, ha stilato per lui un protocollo di vita che comprende otto parametri come le attività del tempo libero, uno stile di vita sano, l'idratazione, la famiglia, la psicologia e le capacità motorie.

Uno stile di vita impeccabile e un metabolismo straordinario

Sposato con Vanja, conosciuta al liceo e madre dei loro tre figli, il vincitore del Pallone d'Oro 2018, ad esempio, si dedica a noiosi esercizi quotidiani di forza e resistenza utilizzando lunghe bande elastiche, al fine di rafforzare il suo tessuto muscolare. Questa preparazione invisibile, che non dispiacerebbe al suo ex compagno di squadra portoghese Cristiano Ronaldo (40 anni il 5 febbraio), è abbinata a un metabolismo straordinario. La sua età cronologica non corrisponde a quella metabolica. In altre parole, il corpo di Modric ha trent'anni.

In campo, la sua finezza tecnica lo aiuta a evitare i contatti più violenti e, quindi, gli infortuni. "Ma dimenticate le sue qualità e il suo talento”, dice Slaven Bilic, suo ex allenatore (2006-2012), in un'intervista alla radio britannica talkSPORT. "Ciò che mi colpisce di lui è la sua dedizione e la sua fame di vincere, all'età di 39 anni".

Questa forza mentale affonda le sue radici in un'infanzia dolorosa e tormentata dalle guerre in Jugoslavia. Fin dai primi anni di vita nel piccolo villaggio di Modrici, sulle pendici rocciose del Velebit, vicino a Zara, sulla costa dalmata, Modric ha iniziato a tirare calci a un pallone contro la porta del garage della casa di famiglia. Allo stesso tempo, si occupava delle capre del nonno, chiamato Luka, ucciso dalle milizie serbe nel 1991. Dopo che la sua casa è stata bombardata, ha trascorso sette anni come rifugiato.

Queste prove della vita gli hanno dato una forza d'anima superiore. Così come il calcio lo ha aiutato a "dimenticare" gli orrori della guerra. E ancora oggi ne è appassionato. Bilic continua: “Non parlo con lui tutti i giorni, ma ogni tanto ci sentiamo, di solito la sera. Nove volte su dieci sta guardando una partita. Ciò che lo contraddistingue è che è completamente immerso nel calcio".

Ed è anche un uomo in missione. Se il suo palmarès a livello di club è impressionante - trentaquattro titoli, di cui ventotto solo con il Real in tredici anni (6 Champions League) - non ne ha vinto neanche uno per il suo Paese. Battuto nella finale mondiale 2018 dalla Francia (2-4), poi della Nations League 2023 dalla Spagna (0-0, 4-5 ai rigori), “Zouko” - questo il suo soprannome - vuole offrire al suo giovane Paese un titolo prima di ritirarsi. Questa prospettiva spaventa il suo connazionale Igor Tudor, ex allenatore dell'OM (2022-2023): “Luka è un modello di etica del lavoro, atteggiamento e patriottismo. È possibile sostituire un giocatore in campo. Ma il suo impatto sulla squadra croata è insostituibile. Tutta l'influenza di questo giocatore di qualità eccezionale lascerà un vuoto".

Padrone del tempo del proprio destino, l'anti-star saprà quando farsi da parte. “L'ultima cosa che voglio fare è essere un peso per la Nazionale". L'età della ragione non è ancora arrivata.

(*) Entrando come sostituto in Celta Vigo-Real (2-1) del 19 ottobre, Modric, all'epoca 39 anni e 40 giorni, ha detronizzato l'ungherese Ferenc Puskas. Il “Maggiore al galoppo” aveva giocato la sua ultima partita con le Merengues all'età di 39 anni e 36 giorni.

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