Les bonnes habitudes de Vauquelin
Kevin Vauquelin (à droite), deuxième hier,
reçoit les félicitations du vainqueur, Tadej Pogacar.
Comme l’an passé, le Normand a terminé sur la deuxième marche du podium au sommet du mur de Huy, mais cette fois derrière le Slovène Tadej Pogacar. La saveur est différente.
"J’ai retenu la leçon de l’an passé,
je devais penser seulement à moi sans me retourner"
- KEVIN VAUQUELIN
24 Apr 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
HUY (BEL) – Kevin Vauquelin (23 ans) avait bien du mal à cacher sa fierté au pied du podium en attendant le début de la cérémonie protocolaire. Il avait là, à ses côtés, Tadej Pogacar qui commençait tout juste à retrouver ses couleurs. Dans le camping-car attenant, ils avaient pris le temps de se réchauffer, rejoints par le troisième, le Britannique Tom Pidcock qui n’avait qu’une seule hâte: redescendre pour embrassersa compagne et son chien. Le coureur d’Arkéa-B&B Hotels, lui, avait reçu une accolade du champion du monde, ce qui voulait dire beaucoup.
Plus tard, le Normand évoqueras on orgueil, celui qui l’ avait poussé à se battre pour renouer le fil de son histoire, ici sur les pentes du mur de Huy. L’an passé déjà, il était monté sur cette même marche avec certainement plus de regrets qu’hier, car il avait été battu par un quasi-inconnu, le Britannique Stephen Williams, qui avait disparu des radars parla suite. «Cette fois, cette deuxième place équivaut à une victoire, avoua-t-il, parce que devant ce n’est pas n’importe qui, c’est Pogacar quand même. On ne peut même plus compter ses victoires, alors finir deuxième aujourd’hui veut dire beaucoup.»
Sa langue fourcha un peu quand il expliqua que gagner une course «peut être facile en soi», avant de se reprendre en précisant que «c’est plus facile surtout quand il n’y a pas Pogacar ou Evenepoel et un plateau de dingues comme aujourd’hui au départ d’une course. Faire deuxième derrière lui et devant les autres est totalement fou». Ils avait qu’ il revenait de loin, plaignant au passage sa famille et ses proches« qui ont beaucoup subi ces derniers temps dans mes moments difficiles ». Il raconta à quel point il avait eu du mal à se remettre d’aplomb après avoir connu les sommets l’an passé avec sa victoire d’ étape, en Italie, sur le Tour de France (2e étape, Cesenatico-Bologne).
Derrière son sourire de façade, le Normand était passé par de sales moments depuis le début de saison, conscient que pesait sur lui une pression énorme qu’il s’était aussi imposée lui-même pour confirmer son année 2024. « J’avais peur de ne pas être au niveau, j’ai eu des crises d’angoisse sur le vélo après Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo. J’ai beaucoup travaillé sur moi pour relever la tête. Pendant tout ce temps, il y avait toute l’équipe aussi derrière moi, du kiné au masseur en passant par le médecin et l’entraîneur.»
Il se sentait libéré d’un poids qui lui pesait de plus en plus à l’ approche de cette Flèche Wallonne car mêmes’ i lavait déjà gagné cette année, à Bessèges en février et plus récemment au Pays de la Loire Tour, il se sentait attendu. « Rééditer cette deuxième place est à peine croyable, mais c’est une récompense de tout le boulot pour revenir là, surtout sur cette course et cette arrivée qui me font rêver depuis que je suis gamin.» Il avait eu la lucidité de bien préparer son coup en lançant de plus loin son effort: «J’ai retenu la leçon de l’an passé, je devais penser seulement à moi sans me retourner. Quand j’ai vu Tadej accélérer, j’ai senti que Remco (Evenepoel) piochait un peu. C’était long jusqu’à l’arrivée, mais j’ai réussi à résister. ». Il connaît évidemment le palmarès de la Flèche Wallonne. Il sait que Julian Alaphilippe y a terminé deuxième deux années de suite, en 2015 et 2016, avant de la dompter totalement et la gagner trois fois (2018, 2019 et 2021). « C’est vrai que ça donne des idées, admettait-il. Ça me donne encore plus envie de travailler pour continuer à progresser.»
Attendu l’an passé sur les routes de Liège-Bastogne-Liège quatre jours après sa deuxième place derrière Williams, ses rêves s’étaient vite envolés après une chute qui l’avait contraint à l’abandon à cent kilomètres de l’arrivée. Mais il y retournera dimanche avec le même état d’espritqu’ilyaunan, « même si c’est une course plus énergivore que la Flèche Wallonne. Mais je veux y aller sans complexe».
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