ZAÏRE-EMERY Le creux de la vague
Moins utilisé dans les grosses affiches ces dernières semaines, le milieu du PSG traverse une passe plus discrète. Mais il conserve la confiance du staff, du club et croit en son travail.
19 Apr 2025 - L'Équipe
JOSÉ BARROSO
Même les météorites n’ont pas une trajectoire rectiligne. Propulsé sur le devant de la scène à 16ans par Christophe Galtier, Warren Zaïre-Emery avait conservé les faveurs de Luis Enrique à son arrivée sur le banc du PSG. Élément clé du onze la saison passée et sur la phase aller, le jeune milieu a toutefois reculé dans la hiérarchie ces dernières semaines. Le turnover cher au coach espagnol lui assure un temps de jeu non négligeable (2536 mn toutes compétitions confondues ).
Face au Havre, cet après-midi, où une vaste rotation est attendue (seul Pacho est forfait mais certains cadres seront ménagés), il devrait ainsi débuter son 5e match d’affilée en L1, où Paris est déjà Mais «WZE» n’est plus incontournable sur les grosses affiches. Titularisé 6 fois sur 8 lors de la phase de ligue de la Ligue des champions (et 10 fois sur 12 en 2023-2024), il était remplaçant lors des quatre derniers rendezvous européens.
Son entorse à la cheville gauche fin janvier, qui l’a privé de compétition pendant quatre semaines, marque un tournant dans sa saison. Avant ça, il avait débuté 77 % des rencontres (23 sur 30). Après, le chiffre tombe à 45% (5 sur 11). Physiquement, les signaux sont au vert et il a récupéré de son entorse. Les raisons sont donc à chercher ailleurs. D’abord du côté de la grande forme de Fabian Ruiz et de Désiré Doué, puis du fait que l’équipe a commencé à tourner à plein régime sans lui.
Ensuite, dans son propre rendement. À Villa Park, mardi dernier (2-3), le titi n’est même pas sorti du banc alors que l’entrejeu parisien était en souffrance. «Chaque match a besoin d’une solution, expliquait hier Luis Enrique, interrogé sur le fait qu’il avait juste sorti Bradley Barcola pour Doué à Birmingham. Normalement, je suis un entraîneur qui fait des changements vers la 60e70e minute mais, dans les matches clé, je dois être sûr que le remplacement va améliorer les choses. » Et de préciser : « À partir de la 65e minute, ce que faisait l’équipe me plaisait, ils savaient que c’était vital de marquer encore pour ne pas aller en prolongation. Ils savaient parfaitement quoi faire.»
Il doit digérer son nouveau statut
On touche là à ce qui fait défaut à Zaïre-Emery en ce moment. Si son intuition tactique (couverture, compensation) et son impact athlétique demeurent précieux, son jeu avec ballon n’est pas aussi performant. Que ce soit pour casser davantage les lignes, mettre ses partenaires sur orbite par ses passes ou encore prendre sa chance face au but, les axes de travail ont été identifiés et des choses ont été mises en place. En interne, on ne nourrit aucune inquiétude. On connaît son potentiel et on rappelle qu’il n’a que 19ans. Après la saison de la révélation et celle de la confirmation, il doit digérer son nouveau statut. Il est dans une phase de normalisation, en quelque sorte.
L’intéressé est bien conscient de ce (léger) déclassement. Il a perdu un peu de temps avec sa blessure, mais il sait qu’une carrière est faite de périodes plus ou moins fastes et ne s’alarme pas. Y compris par rapport à l’équipe de France: il est focus sur ses prestations en club, préalable à le voir un jour changer de dimension chez les Bleus. Même chose par rapport aux approches d’autres clubs dont il fait l’objet – ces derniers jours, la presse espagnole faisait état d’un intérêt du Real Madrid mais les dirigeants parisiens n’envisagent pas une seconde de s’en séparer à date.
Lui qui s’imagine faire toute sa carrière au PSG se concentre sur la seule chose qui l’intéresse aujourd’hui : retrouver un rayonnement optimal et s’atteler aux objectifs de fin de saison. À savoir, terminer le Championnat invaincu, remporter une nouvelle Coupe de France (finale contre Reims le 24 mai) et évidemment poursuivre son rêve en Ligue des champions. Il y a pire, à bien y réfléchir.
***
L’axe Paris-Normandie
Plusieurs joueurs, membres du staff et de la direction du Havre ont fréquenté, durant leur parcours, le PSG.
"Paris arrive à attirer les meilleurs joueurs de la formation parce qu’ils ont des moyens, et ces joueurs sont répertoriés par d’autres clubs, dont Le Havre"
- FRANÇOIS RODRIGUES, ANCIEN
ENTRAÎNEUR DE LA RÉSERVE DU HAC
19 Apr 2025 - L'Équipe
SÉBASTIEN BURON
Son but vaudra peut-être cher dans le verdict final, car, face à Nantes, Timothée Pembélé a permis au Havre d’arracher la victoire en marquant à la 88e minute (3-2, le 30 mars). Après des mois de galère, le défenseur pouvait savourer. Prêté en août par Sunderland, le joueur de 22 ans est à la relance en Normandie, après un début de carrière plein d’espérance au PSG.
Pembélé n’est d’ailleurs pas le seul à avoir été formé chez le mastodonte de la L1 et à fréquenter Le Havre, cette saison, pour regagner du temps de jeu. Après avoir évolué à Lille, à Monaco puis à l’AC Milan, Fodé Ballo-Touré, vainqueur de la CAN avec le Sénégal en 2022, est arrivé libre en janvier, à 28 ans. Les jeunes Mahamadou Diawara (20 ans) et Ilyes Housni (19 ans), prêtés respectivement par Lyon en janvier et le PSG en août, doivent eux encore éclore.
Pour Didier Digard, la présence de ces Parisiens n’est pas le signe d’une connexion directe entre les deux clubs. «Je pense que c’est un hasard, indique l’entraîneur havrais. Ce sont des joueurs qui étaient assez dispersés malgré tout, et qui ne viennent pas tous directement du PSG. Après, on sait à quel point c’est difficile, quand on est formé au PSG, de s’y imposer. Mais on est aussi assez lucides et conscients de la formation qui leur a été donnée. Ça nous donne quand même des garanties sur le travail qu’ils ont effectué. »
Formé au HAC, le technicien le sait bien pour avoir évolué en 2007-2008 au club de la capitale, dont son père était fan. Et ce lien concerne aussi l’état-major et le staff. Mathieu Bodmer, le directeur sportif, et Nicolas Douchez, l’entraîneur des gardiens (également formé au HAC), ont aussi joué au PSG, leur club de coeur. Et même été champions avec. Clément Gonin, analyste vidéo du club doyen, a déjà officié à Paris.
C’était aussi le cas pour François Rodrigues, finaliste de la Youth League avec le PSG en 2016 avec Ballo-Touré, et ancien entraîneur de la réserve du HAC, dont il était le directeur du centre de formation jusqu’en octobre dernier. « Paris arrive à attirer les meilleurs joueurs de la formation parce qu’ils ont des moyens, et ces joueurs sont répertoriés par d’autres clubs, dont Le Havre, explique l’actuel adjoint d’Hervé Renard en Arabie saoudite. Onlessuit après, car on se dit qu’il sera peut-être possible de les récupérer. Et forcément, ces joueurs très intéressants peuvent, à un moment, alimenter des clubs comme Le Havre.» Si Pembélé émerge depuis un mois, les quatre made in Paris n’ont, pour l’instant, pas assez pesé dans la saison. Il leur reste quelques semaines pour apporter leur écot dans la mission maintien.
Commenti
Posta un commento