Eddy Merckx, 80 ans, la référence absolue


DIRK WAEM / Belga via AFP Jeudi dernier, pour lancer les festivités de son 80e anniversaire,
la légende du cyclisme, Eddy Merckx, à droite, a été reçu par Philippe, roi des Belges.

Le champion belge, qui fête son anniversaire ce mardi, a outrageusement dominé les années 1960 et 1970 et demeure sans égal.

Avec Jacques Brel, Hergé, René Magritte et Georges Simenon, Merckx figure parmi les Belges les plus célèbres au monde

« Bien sûr que j’aurais aimé rouler dans le peloton actuel, notamment face à Pogacar. Qui ne rêverait pas de rouler dans le peloton actuel ? » 
   - Eddy Merkcx

17 Jun 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan

Merckx. Voisin de palier de Pelé, Ali, Borg ou Spitz dans les années 1970. Merckx, un nom qui résiste au temps, aux modes. Un souffle, une collection de records. Presque tous les records du cyclisme. Eddy Merckx, le légendaire, fête ce mardi ses 80 ans. Merckx, une gueule. Des traits eurasiens, un regard hanté par une mélancolie tenace. Il promenait un peu d’elvis Presley dans les coiffures ou les postures. Merckx, une force sauvage et une discrétion maladive. Un cri, une menace, un nom que le monde du sport a appris à écrire, à applaudir, à célébrer.

Jeudi dernier, pour lancer les festivités de son 80e anniversaire, Eddy Merckx a été reçu par le roi des Belges. « C’est un super cadeau. En 1969, le lendemain de ma victoire sur le Tour, j’ai été reçu par Sa Majesté le roi Baudouin. Après, j’ai été reçu par le roi Albert, qui m’a fait l’honneur de me nommer baron, et puis maintenant le roi Philippe pour échanger un maillot jaune. Ce sont de superbes moments », a résumé la légende au micro de RTL Info. Avant de donner de ses nouvelles : « Je suis encore occupé à récupérer de ma chute. Ma hanche n’est pas encore à 100 %, mais j’espère que, d’ici quelque temps, je serai de nouveau Eddy Merckx, à 80 ans, sur le vélo, bien sûr, pour faire des petites randonnées. » Après une peur bleue. En décembre dernier, une lourde chute lors d’une petite sortie à vélo, près de Malines, aurait pu tourner au drame.

Il a raconté dans Het Nieuwsblad : « Je ne roulais pas vite, mais c’était glissant. Et, soudain, je suis tombé en franchissant un passage à niveau. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais, tout à coup, je me suis retrouvé au sol. J’ai atterri sur la hanche droite, j’ai tout de suite su que je m’étais cassé quelque chose. La barrière n’était pas fermée, et, heureusement, aucun train n’arrivait. Cela aurait pu très mal finir, car je suis resté là pendant un moment, jusqu’à ce que des passants viennent m’aider. J’ai eu beaucoup de chance. » Déjà tombé en 2019, souffrant d’un traumatisme crânien, il avait été placé en soins intensifs durant quelques heures. Et, à chaque fois, la Belgique se précipite à son chevet. Inquiète. Impatiente d’entendre des nouvelles rassurantes de son monument. Avec Jacques Brel, Hergé, René Magritte et Georges Simenon, il figure parmi les Belges les plus célèbres au monde, lui qui a su réunir la Flandre et la Wallonie. Là encore, les années passent. Sans rien changer.

Champion du monde amateur en 1964 à Sallanches, Eddy Merckx saute à cloche-pied dans le monde professionnel. Le Grand Prix de Vilvoorde s’inscrit, en 1965, comme la première victoire professionnelle d’une collection étourdissante qui débute l’année suivante avec le premier de ses 7 succès sur Milan-San Remo. De 1966 à 1975, Eddy Merckx va régner sur le cyclisme (525 victoires sur route, sans oublier d’ajouter 98 bouquets sur piste, en portant notamment le record de l’heure à 49, 432 km en 1972 à Mexico). Comme personne avant lui. Et personne depuis. Capable de défier les éléments, de danser en toute saison, quels que soient les profils et les rivaux. Dans tous les registres : étapes de montagne, contre-lamontre, sprint, courses d’un jour, épreuves au long cours…

Si Eddy Merckx n’est pas le dernier Belge vainqueur du Tour (il s’agit de Lucien Van Impe en 1976), il dispose, sur la Grande Boucle comme ailleurs, de nombreux records. Survol. Il trône dans le cercle fermé des quintuples vainqueurs de la plus grande course au monde avec Jacques Anquetil, Bernard Hinault et Miguel Indurain. Il détient le record du nombre de jours passés en jaune (96) et a longtemps été le recordman du nombre de victoires d’étapes (34) avant que Mark Cavendish ne vienne ajouter un dernier sprint à Saint-vulbas, en 2024. Il a remporté 11 grands Tours (5 Tours de France, 5 Tours d’italie, 1 Tour d’espagne). Et devance Bernard Hinault (10), Jacques Anquetil (8), Miguel Indurain, Chris Froome et Fausto Coppi (7)… et Tadej Pogacar (4).

Le Belge a remporté 19 «monuments» (les cinq plus prestigieuses courses d’un jour du calendrier : Milansan Remo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-bastogne-liège et le Tour de Lombardie), dont 5 Liège-Bastogne-Liège et 3 Paris-Roubaix. Et devance Roger de Vlaeminck (11), Costance Girardeno, Fausto Coppi, Sean Kelly, Tadej Pogacar (9) et… Bernard Hinault (5). Il a remporté 3 titres de champion du monde (corecordman avec Alfredo Binda, Rik Van Steenbergen, Oscar Freire et Peter Sagan)…

Après sa retraite, au fil des ans, les « nouveaux Merckx » ont garni le peloton. Une pancarte écrasante dès qu’un coureur attirait un peu la lumière. Sacré champion du monde en 2005, Tom Boonen avait lancé : « Je ne suis ni Dieu ni Merckx. » Histoire de garder ses distances avec la légende. Il serait Boonen, dans son registre des classiques printanières et des victoires d’étapes sur les grands Tours. Merckx, c’était tout cela et plus encore. Et, au début des années 2020, Eddy Merckx a vu surgir un phénomène : Tadej Pogacar, vite accompagné d’une appellation : « Petit Cannibale». Si le surnom de «Cannibale», donné par la fille de Christian Raymond, un équipier, n’a jamais plu à Merckx, Pogacar n’a jamais craint les comparaisons. Aussi lourdes et prestigieuses soient-elles. Intrépide, audacieux, polyvalent, bien décidé à dépoussiérer l’histoire du cyclisme. Au soir du championnat du monde 2024 à Zürich au terme d’une cavalcade insensée marquée par un effort solitaire de 100 km, Eddy Merckx, époustouflé par la domination du jeune Slovène, s’écrie : «Pogacar est au-dessus de moi!» Merckx qui en connaît pourtant un rayon en coups de force. Il a fait de sa découverte du Tour un chefd’oeuvre, en 1969. Lors de la 17e étape, Luchon-mourenx, propulsé à l’aventure au sommet du Tourmalet, le Belge avale le Soulor et l’aubisque, termine un récital de 140 km d’échappée solitaire avec près de 8 minutes d’avance sur des rivaux impuissants, éparpillés, hagards. Un KO spectaculaire. Et un premier Tour de France en poche dès sa première apparition, comme Jean Robic, Fausto Coppi, Hugo Koblet, Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Bernard Hinault ou… Tadej Pogacar.

Trop vite, trop fort, trop haut, Eddy Merckx aura été aussi victime de sa domination. Certains lui préfèrent Luis Ocaña, l’un de ses plus grands rivaux. Romantique, sublime martyr, posant face à la mécanique du succès une alternative faisant battre les coeurs touchés par son élégance, la lumière dégagée, l’ombre qui le happe, la malchance qui le frappe, sa bravoure, ses mystères. Lors du Tour 1975, l’hostilité envers le démiurge belge est grandissante. Dans la montée du puy de Dôme (14e étape), un spectateur frappe le Maillot jaune dans le ventre. Le souffle coupé, grimaçant, le Belge parvient à défendre son précieux paletot pour une poignée de secondes, avant, la ligne franchie, de rebrousser chemin, de désigner son agresseur aux policiers. De lui faire un procès et d’obtenir un franc symbolique. Mais le contrecoup sera terrible.

Déjà éprouvé ce jour-là par une chute à Valloire (double fracture du maxillaire) en début d’étape, Merckx souffre dans sa chair. Les idées noires tapissent ses pensées. La journée de repos ne suffit pas à retaper la cuirasse et ouvrir les volets sur l’ambition. Sur la route de Pra Loup séparée par une langue de goudron fondu, deux acteurs évoluent dans des mondes parallèles. Ils ne partagent rien. Coincé à gauche, Eddy Merckx, englué, voit son maillot jaune dégouliner. À droite, Bernard Thévenet, éclatant maillot Peugeot à damier, s’appuie sur un tremplin, vole vers la gloire. Le Bourguignon remportera son premier Tour, qui, cette année-là, défile pour la première fois sur les Champs-élysées. Merckx ne portera plus jamais le maillot jaune. Domination et malédiction.

Le douloureux souvenir hante encore Eddy Merckx. Comme l’épisode d’un contrôle antidopage positif sur le Tour d’italie 1969, à Savone. Le maillot rose est, à une semaine de l’arrivée à Milan, exclu de la course. Merckx hurle au sabotage. Il y a quelques années, il revisitait dans Le Figaro : « Cette histoire a changé ma vie. C’était fort obscur. J’étais le seul à devoir aller au contrôle ce jour-là… On a ensuite fait des contrôles privés. Si j’avais été positif, j’aurais été mis à la porte de l’équipe Faema. Ils se sont avérés négatifs. Cela m’a marqué douloureusement. Je pensais que je ne pourrais plus courir. Le monde s’écroulait. Suspendu, je n’aurais pas pu prendre le départ du Tour. La FICP (ancêtre de l’union cycliste internationale) a réduit ma peine et permis que je puisse participer au Tour. À partir de ce moment-là, c’était ne plus trop parler et agir. Je préférais parler avec mes jambes et laisser parler les résultats. C’était un peu mon caractère aussi. Je n’étais pas un grand bavard, je ne le suis toujours pas. »

Sa carrière, qui sera éloquente (1965-1978, notamment chez Peugeot, Faemino-faema et Molteni et l’inoubliable maillot couleur havane), aurait pu être brisée net en septembre 1969 dans la foulée de son premier Tour victorieux. Une course derrière derny qui, sur la piste de Blois, réunit notamment Anquetil et Merckx, vire au drame. Une violente chute envoie trois hommes à terre. Fernand Wambst, l’entraîneur d’eddy Merckx est tué sur le coup. Marcel Reverdi, un autre coach blessé. Le champion belge est relevé avec une commotion cérébrale et le bassin déplacé. Un épisode qui laissera des douleurs lancinantes. Une fois la carrière rangée, Eddy Merckx a, ensuite, tenu les rênes d’une usine de cycles et oeuvré dans le cadre de l’organisation de courses (notamment le Tour du Qatar), avant de profiter depuis de longues années de sa grande famille au calme dans son domaine de Meise, à une dizaine de kilomètres de Bruxelles.

Son fils Axel (cycliste professionnel de 1993 à 2007), qui fut médaillé de bronze lors des JO d’athènes en 2004, est devenu manager et directeur sportif de l’équipe Axeon-hagens (équipe réserve de la formation australienne Jayco Alula). Son petit-fils Luca Masso fut champion olympique de hockey sur gazon avec l’équipe d’argentine à Rio de Janeiro en 2016. Quand se pose le temps des célébrations, Eddy Merckx vient promener sa stature. Touché, encombré par les attentions qui l’entourent. « Je n’ai forcément pas connu, rien vu, sinon des archives, mais les chiffres sont là pour nous obliger à constater qu’on ne verra plus jamais cela. Derrière Eddy, il n’y a rien à faire question palmarès. Mais on fait ce qu’on peut ! Il nous laisse un héritage énorme. Derrière lui, nous devons être à la hauteur », retient Remco Evenepoel, le double médaillé d’or des JO de Paris 2024, dans Le Soir.

Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, lève le voile sur la personnalité du plus grand cycliste de l’histoire : « En 2019, on voulait partir du pays du plus grand champion de l’histoire du Tour de France, qui symbolise le maillot jaune, Eddy Merckx. Donc de Bruxelles. Au départ de l’étape avec Eddy, Claudine (son épouse), la famille, sa petite-fille me dit : “Je sais qui est mon grand-père, je connais sa carrière, mais je n’imaginais pas une seule seconde que cinquante ans après sa première victoire sur le Tour de France, des gens pleureraient à son passage.” Et moi, ce qui m’impressionne le plus, chez Eddy, c’est bien évidemment sa carrière phénoménale, mais aussi ce qu’il a transmis à ses enfants, qui ont transmis à leurs enfants, donc ses petits-enfants, ce que ses parents lui avaient transmis, l’éducation. Eddy avait ces capacités physiologiques, physiques, incroyables. Mais l’éducation… Eddy Merckx te tient la porte», rapporte Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France.

Eddy Merckx, un champion hors norme resté un téléspectateur assidu et sans nostalgie des grands rendez-vous du calendrier cycliste, comme le dernier Critérium du Dauphiné. Il a assuré à L’AFP : «Bien sûr que j’aurais aimé rouler dans le peloton actuel, notamment face à Pogacar. Qui ne rêverait pas de rouler dans le peloton actuel ? » Avant de se montrer préoccupé par la sécurité des coureurs au regard de la répétition des chutes qui émaillent les courses, font régner la peur : « Cela roule vite. Ils prennent de gros risques dans les descentes. (… ) Je constate que les coureurs roulent de moins en moins en compétition pour privilégier les longs stages de préparation. Ils perdent leurs repères quand ils reviennent en course et se comportent moins bien en peloton. » Et le Belge d’assurer qu’il n’est pas opposé à la limitation des braquets (solution à l’étude à L’UCI) : « Les plus forts resteront les plus forts. En F1, il existe des règles pour limiter les performances des voitures. Pourquoi ne pas faire de même en cyclisme ? »

À l’occasion de ses 80 ans, la vie et la carrière d’eddy Merckx s’exposent. Les souvenirs peuvent être visités en Belgique à Audenarde, au Centre du Tour des Flandres, au Musée Koers à Roulers, comme en Italie au Musée du cyclisme de Madonna del Ghisallo, près du lac de Côme…

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DIRK WAEM / Belga via-AFP - Giovedì , per dare il via ai festeggiamenti per il suo 80° compleanno, la leggenda del ciclismo Eddy Merckx, a destra, è stato ricevuto da Philippe, re dei belgi.

Eddy Merckx, 80 anni, il punto di riferimento assoluto

Il campione belga, che compie gli anni questo martedì, ha dominato in modo "scandaloso" gli anni '60 e '70 e non ha rivali.

Insieme con Jacques Brel, Hergé, René Magritte e Georges Simenon, Merckx è uno dei belgi più famosi al mondo.

"Naturalmente mi sarebbe piaciuto correre nel gruppo attuale, soprattutto contro Pogacar. Chi non sognerebbe di correre nel gruppo attuale? 
   - Eddy Merkcx

17 giugno 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan

Merckx. Vicino di casa di Pelé, Ali, Borg e Spitz negli anni Settanta. Merckx, un nome che resiste al tempo e alle mode. Una boccata d'aria fresca, una collezione di record. Quasi tutti i record del ciclismo. Il leggendario Eddy Merckx festeggia martedì il suo 80° compleanno. Merckx, un volto. Lineamenti eurasiatici, occhi tormentati da una tenace malinconia. Aveva un tocco di Elvis Presley nelle acconciature e nelle posture. Merckx, una forza selvaggia e una discrezione imbarazzante

Giovedì scorso, per dare il via ai festeggiamenti per il suo 80° compleanno, Eddy Merckx è stato ricevuto dal Re del Belgio. "È un grande regalo. Nel 1969, il giorno dopo aver vinto il Tour, sono stato ricevuto da Sua Maestà Re Baldovino. In seguito, sono stato ricevuto da Re Alberto, che mi ha fatto l'onore di nominarmi barone, e ora da Re Filippo per scambiare una maglia gialla. Sono stati momenti superbi", ha dichiarato la leggenda a RTL Info. Prima di dare un aggiornamento: "Mi sto ancora riprendendo dalla caduta. L'anca non è ancora al 100%, ma spero che tra qualche tempo sarò di nuovo Eddy Merckx, all'età di 80 anni, in bicicletta, naturalmente, facendo piccole corse". Dopo lo spavento. Lo scorso dicembre, una pesante caduta durante una breve uscita in bicicletta nei pressi di Mechelen avrebbe potuto trasformarsi in una tragedia.

Ha dichiarato a Het Nieuwsblad: "Non stavo andando veloce, ma la strada era scivolosa. All'improvviso sono caduto superando un passaggio a livello. Non so come sia successo, ma all'improvviso mi sono ritrovato a terra. Sono atterrato sul fianco destro e ho capito subito di essermi rotto qualcosa. La barriera non era chiusa e, fortunatamente, non stava arrivando nessun treno. Poteva finire molto male, perché sono rimasto lì per un po' finché alcuni passanti non sono venuti ad aiutarmi. Sono stato molto fortunato". Nel 2019 era già caduto, con un trauma cranico, ed era stato ricoverato in terapia intensiva per alcune ore. E ogni volta il Belgio si precipita al suo capezzale. Preoccupato. Impaziente di ricevere notizie rassicuranti sul proprio monumento. Insieme a Jacques Brel, Hergé, René Magritte e Georges Simenon, è uno dei belgi più famosi al mondo, l'uomo che ha unito Fiandre e Vallonia. Anche in questo caso, gli anni sono passati. Senza cambiare nulla.

Campione del mondo dilettanti nel 1964 a Sallanches, Eddy Merckx si lancia nel mondo del professionismo. Il Gran Premio di Vilvoorde del 1965 è la prima vittoria da professionista di una collezione vertiginosa che inizia l'anno successivo con la prima delle sue 7 vittorie alla Milano-Sanremo. Dal 1966 al 1975, Eddy Merckx regna sul ciclismo (525 vittorie su strada, senza contare le 98 su pista, in particolare il record dell'ora a 49,432 km nel 1972 a Città del Messico). Come nessuno prima di lui. E nessuno da allora. Capace di sfidare gli elementi, di danzare in tutte le stagioni, indipendentemente dai profili e dai rivali. In ogni corsa: tappe di montagna, cronometro, sprint, gare di un giorno, eventi di lunga durata...

Eddy Merckx non è l'ultimo belga ad aver vinto il Tour (Lucien Van Impe lo vinse nel 1976), ma nella Grande Boucle, come altrove, detiene numerosi record. Ecco una panoramica. È uno dei cinque vincitori della corsa più importante al mondo, insieme con Jacques Anquetil, Bernard Hinault e Miguel Indurain. Detiene il record di giorni trascorsi in giallo (96) ed è stato a lungo il detentore del record di vittorie di tappa (34) prima che Mark Cavendish aggiungesse uno sprint finale a Saint-Vulbas nel 2024. Ha vinto 11 grandi Giri (5 Giri di Francia, 5 Giri d'Italia, 1 Giro di Spagna). E precede Bernard Hinault (10), Jacques Anquetil (8), Miguel Indurain, Chris Froome e Fausto Coppi (7)... e Tadej Pogacar (4).

Il belga ha vinto 19 “monumenti” (le cinque corse di un giorno più prestigiose del calendario: Milano-Sanremo, Giro delle Fiandre, Parigi-Roubaix, Liegi-Bastogne-Liegi e Giro di Lombardia), tra cui 5 Liegi-Bastogne-Liegi e 3 Parigi-Roubaix. E precede Roger de Vlaeminck (11), Costante Girardengo, Fausto Coppi, Sean Kelly, Tadej Pogacar (9) e... Bernard Hinault (5). Ha vinto 3 mondiali (co-recordman con Alfredo Binda, Rik Van Steenbergen, Oscar Freire e Peter Sagan)...

Dopo il suo ritiro, nel corso degli anni, i “nuovi Merckx” hanno riempito il gruppo. Un segno evidente ogni volta che un corridore catturava l'attenzione. Tom Boonen, incoronato campione del mondo nel 2005, ha detto: “Non sono né Dio né Merckx”. Proprio per mantenere le distanze dalla leggenda. Sarebbe stato Boonen, nel suo albo d'oro delle classiche di primavera e delle vittorie di tappa nei Grandi Giri. Merckx era tutto questo e molto di più. All'inizio degli anni 2020, Eddy Merckx ha visto emergere un fenomeno: Tadej Pogacar, rapidamente accompagnato da un soprannome: “Piccolo Cannibale”. 

Forse a Merckx non è mai piaciuto il soprannome “Cannibale”, datogli dalla figlia del compagno di squadra Christian Raymond, ma Pogacar non si è mai sottratto ai paragoni. Per quanto pesanti e prestigiosi possano essere. È impavido, audace, versatile e determinato a rispolverare la storia del ciclismo. La sera dei campionati del mondo 2024 a Zurigo, al termine di una folle cavalcata segnata da una 100 km in solitaria, Eddy Merckx, spiazzato dal dominio del giovane sloveno, esclamò: "Pogacar è superiore a me! Merckx non era nuovo alle mosse di potenza. Nel 1969 trasformò la sua scoperta del Tour in un capolavoro. 

Nella 17a tappa, Luchon-Mourenx, il belga si è lanciato nell'avventura in cima al Tourmalet, ha inghiottito il Soulor e l'Aubisque e ha concluso una fuga solitaria di 140 km con quasi 8 minuti di vantaggio sui rivali: impotenti, sparpagliati e affaticati. Un KO spettacolare. E un primo Tour de France in tasca alla sua prima apparizione, come Jean Robic, Fausto Coppi, Hugo Koblet, Jacques Anquetil, Felice Gimondi, Bernard Hinault o... Tadej Pogacar.

Troppo veloce, troppo forte, troppo alto, anche Eddy Merckx è stato vittima del suo dominio. Alcuni preferiscono Luis Ocaña, uno dei suoi più grandi rivali. Romantico, martire sublime, Ocaña offriva un'alternativa alla meccanica del successo che faceva battere i cuori con la sua eleganza, la sua luce, la sua ombra, la sua sfortuna, il suo coraggio e i suoi misteri. Durante il Tour del 1975, l'ostilità nei confronti del demiurgo belga crebbe. Sulla salita del Puy de Dôme (14a tappa), uno spettatore colpì la Maglia Gialla allo stomaco. Senza fiato e con una smorfia, il belga riuscì a difendere la sua preziosa maglia per una manciata di secondi, prima di tornare indietro al traguardo e indicare l'aggressore alla polizia. Lo portò in tribunale e vinse un franco simbolico. Ma le conseguenze sarebbero state terribili.

Già scosso quel giorno da una caduta a Valloire (doppia frattura della mandibola) all'inizio della tappa, Merckx soffre nella sua carne. Pensieri cupi gli affollano la testa. Il giorno di riposo non fu sufficiente per ricostruirne l'armatura e aprire le imposte sulla sua ambizione. Sulla strada per Pra Loup, separati da una lingua di asfalto fuso, due attori si muovono in mondi paralleli. Non condividono nulla. Eddy Merckx, bloccato sulla sinistra, vede la sua maglia gialla gocciolare. A destra, Bernard Thévenet, nella sua abbagliante maglia Peugeot a scacchi, si appoggia a un trampolino e vola verso la gloria. Il borgognone Thévenet avrebbe vinto il suo primo Tour, che quell'anno si chiuse per la prima volta sugli Champs-Elysées. Merckx non indossò mai più la maglia gialla. Dominio e maledizione.

Il doloroso ricordo ancora perseguita Eddy Merckx. Come l'episodio di un test antidoping positivo al Giro d'Italia del 1969 a Savona. Una settimana prima del traguardo di Milano, la maglia rosa fu esclusa dalla corsa. Merckx gridò al sabotaggio. Qualche anno fa, ha scritto su Le Figaro: "Quella storia ha cambiato la mia vita. Era molto oscura. Ero l'unico a dover andare al test quel giorno... Poi abbiamo fatto dei test privati. Se fossi risultato positivo, sarei stato cacciato dalla squadra, la Faema. Invece sono risultati negativi. Questo mi ha lasciato un segno doloroso. Pensavo che non avrei mai più gareggiato. Il mondo mi stava crollando addosso. Se fossi stato sospeso, non sarei stato in grado di partire per il Tour. La FICP (antesignana dell'Unione Ciclistica Internazionale) ridusse la mia pena e mi permise di partecipare al Tour. Da quel momento in poi, si trattava di non parlare e di non agire troppo. Ho preferito parlare con le mie gambe e lasciare che i risultati parlassero da soli. Anche questo fa parte del mio carattere. Non ero un gran chiacchierone e non lo sono ancora".

La sua carriera, che sarà eloquente (1965-1978, in particolare con Peugeot, Faemino-Faema e Molteni e l'indimenticabile maglia color beige), avrebbe potuto essere interrotta nel settembre 1969 all'indomani della sua prima vittoria al Tour. Una corsa dietro-Derny che, sul circuito di Blois, riuniva tra gli altri Anquetil e Merckx, si trasformò in una tragedia. Una violenta caduta fece precipitare a terra tre uomini. Fernand Wambst, allenatore di Eddy Merckx, rimase ucciso sul colpo. Marcel Reverdi, un altro allenatore, rimase ferito. Il campione belga fu soccorso con una commozione cerebrale e una lussazione del bacino. Un episodio che gli avrebbe lasciato un dolore fastidioso. Una volta conclusa la carriera, Eddy Merckx continuò a dirigere una fabbrica di biciclette e a organizzare gare (in particolare il Giro del Qatar), prima di trascorrere molti anni a godersi la pace e la tranquillità della sua numerosa famiglia nella sua tenuta di Meise, a circa dieci chilometri da Bruxelles.

Suo figlio Axel (ciclista professionista dal 1993 al 2007), che ha vinto il bronzo alle Olimpiadi di Atene nel 2004, è diventato manager e direttore sportivo della squadra Axeon-hagens (squadra di sviluppo del team australiano Jayco Alula). Suo nipote Luca Masso è stato campione olimpico di hockey con la nazionale argentina a Rio de Janeiro nel 2016. Quando è arrivato il momento dei festeggiamenti, Eddy Merckx è uscito per fare un giro. Toccato e sopraffatto dalle attenzioni che lo circondavano. “Non ne sapevo nulla, non ho visto nulla, a parte gli archivi, ma le cifre sono lì per farci capire che non vedremo mai più nulla di simile”. Dietro a Eddy non c'è nulla da fare in termini di vittorie. Ma stiamo facendo il possibile! Ci lascia un'eredità enorme. Dietro di lui, dobbiamo essere all'altezza della sfida", ha dichiarato a Le Soir Remco Evenepoel, il doppio oro alle Olimpiadi di Parigi 2024.

Christian Prudhomme, direttore del Tour de France, alza il velo sulla personalità del più grande ciclista della storia: "Nel 2019 volevamo partire dal Paese del più grande campione della storia del Tour de France, che simboleggia la maglia gialla, Eddy Merckx. Quindi da Bruxelles. All'inizio della tappa con Eddy, Claudine (sua moglie), la famiglia, sua nipote mi ha detto: “So chi è mio nonno, conosco la sua carriera, ma non avrei mai immaginato per un secondo che cinquant'anni dopo la sua prima vittoria al Tour de France, la gente avrebbe pianto mentre passava davanti a lui”. Ciò che mi colpisce di più di Eddy è, naturalmente, la sua fenomenale carriera, ma anche ciò che ha trasmesso ai suoi figli, che hanno trasmesso ai loro figli, e quindi ai suoi nipoti, ciò che i suoi genitori avevano trasmesso a lui: l'educazione. Eddy aveva incredibili doti fisiche e fisiologiche. Ma l'educazione... Eddy Merckx ti tiene la porta", riferisce Christian Prudhomme, direttore del Tour de France.

Eddy Merckx, un campione straordinario che è rimasto un assiduo e nostalgico spettatore dei principali eventi del calendario ciclistico, come l'ultimo Critérium du Dauphiné. Ha dichiarato all'AFP: "Naturalmente mi sarebbe piaciuto correre nel gruppo attuale, soprattutto contro Pogacar. Chi non sognerebbe di correre nel gruppo attuale? Prima di esprimere la sua preoccupazione per la sicurezza dei corridori, viste le ripetute cadute che costellano le corse e che creano paura: "Vanno veloci. Prendono grossi rischi nelle discese. (...) Ho notato che i corridori pedalano sempre meno in gara, preferendo lunghe sessioni di allenamento. Quando tornano alle corse perdono l'orientamento e non sanno correre bene in gruppo". Il belga ribadisce di non essere contrario alla limitazione dei rapporti di trasmissione (soluzione attualmente allo studio dell'UCI): "I corridori più forti resteranno tali. In F1 esistono regole per limitare le prestazioni delle auto. Perché non fare lo stesso nel ciclismo?

In occasione del suo 80° compleanno, la vita e la carriera di Eddy Merckx sono in mostra. I souvenir si possono visitare in Belgio a Oudenaarde, al Centro del Giro delle Fiandre, al Museo Koers di Roeselare e in Italia al Museo del Ciclismo di Madonna del Ghisallo, vicino al Lago di Como...

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