ATTENTION À L’ATTERRISSAGE


En 2022, Jonas Vingegaard (en jaune) et Tadej Pogacar (en blanc) s’étaient expliqués 
au sommet de Peyragudes. Aujourd’hui, c’est à l’occasion d’un contre-la-montre 
que les coureurs grimperont jusqu’à l’altiport.

Toute la spécificité de la montée courte et régulière du contre-lamontre d’aujourd’hui réside en son mur final vers l’altiport. Où l’on peut tout perdre en quelques centaines de mètres.

18 Jul 2025 - L'Équipe
LUC HERINCX (avec A. Ba.)

La douceur des reliefs sauvages et désertiques autour de Peyragudes convoque paradoxalement des souvenirs brumeux et brutaux pour ceux qui les ont sillonnés sur le Tour de France ces dernières années. « J’ai l’image de (Fabio) Jakobsen qui s’écroule en arrivant pile dans les délais (le sprinteur avait été sauvé pour 16’’). J’ai la même vision pour moi dans la rampe toute droite et interminable de l’altiport » , explique en souriant Maxime Bouet. Un fragment de mémoire de l’arrivée de la 17e étape en 2022, c’est déjà plus que Matthieu Ladagnous sur la 8e étape de 2016: « J’étais malade, je ne me souviens pas de grand-chose, c’était sûrement ma pire journée sur un vélo. » Si le lieu du calvaire de l’ancien rouleur béarnais avait plutôt été le col de Peyresourde, ce dernier représente la majeure partie des 10,9 km du contre-lamontre, aujourd’hui, avant un virage à droite à 3 km de l’arrivée, direction Peyragudes et le mur de l’altiport.

La montée régulière : « Certains mecs seront à 25-26 km/h »

« Ce n’est pas un col très long, mais il est régulier, toujours à 7-8 % », décrit Bouet. On commence doucement sur une route départementale longeant le lac de Loudenvielle par la droite, « ça monte un tout petit peu, puis ça redescend avec un ou deux petits virages, mais ce n’est pas très technique » , détaille le Bagnérais Bruno Armirail (Decathlon-AG2R La Mondiale).

Quatre premiers kilomètres où les coureurs pourront tirer le g r o s p l a - teau, « un 54 dents » . Une fois la commune d’Estarvielle dépassée, une épingle à droite engage les coureurs face à un panorama magnifique. « Mais je ne suis pas sûr qu’on aura le temps d’admirer » , dit Armirail en souriant. On entre dans les 8 %.

« Souvent, il y a vent de dos sur ce col et à part sur deux lacets, on est assez exposés, détaille le champion de France du chrono. Je pense que certains mecs comme Pogacar seront à 25-26 km/h et grimperont sur le gros plateau. »

Le mur final : « Tu es assommé »

On est toujours sur la grande route du col de Peyresourde et « juste avant de la quitter, il y a peut-être un petit replat à 5,5 % sur une centaine de mètres, mais c’est tout » , complète le Bigourdan. Après ce court répit, on tourne à droite et découvre des collines jaunies. La route n’est plus jamais à l’ombre et la difficulté monte encore d’un cran, à 9 %.

Un dernier Seton prend à gauche sur un étroit passage goudronné pour atterrir sur l’altiport. Une dernière rampe à 16 %, on s’y écrase brutalement. « C’est une route large, toute noire, en plein soleil, tu es assommé, dépeint Bouet. Chaque col est associé à une image, pour moi c’est celle-là. Il n’y a même pas 500 met tu te dis: je vais mettre cinq minutes à monter. » « Un gros mur en ligne droite » , résume Ladagnous. Kévin Rinaldi, entraîneur de Kévin Vauquelin, prévient: « Il sera important d’arriver au pied de ce mur avec de l’énergie, au risque de perdre du temps comme (Christopher) Froome face à ( Romain) Bardet. » Une référence à l’arrivée de la 12e étape en 2017. Le vainqueur auvergnat avait mis 22 secondes dans la vue du Maillot Jaune en 300 mètres.

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«Une souffrance»

PIERRE MENJOT (avec A. Ba. et L.He.)

Pour la première fois depuis vingt et un ans, le Tour propose, aujourd’hui, un chrono en col. Un exercice qui nécessite quelques ajustements.

«Sur un contre-la-montre plat, on s’intéresse surtout au watts/CdA (coefficient aérodynamique), tandis que là, c’est aux watts/kg » , explique Remco Evenepoel. Le Belge de Soudal Quick-Step, vainqueur du chrono plat de Caen, imagine la journée «comme une étape de montagne » et, comme tous, partira donc avec son vélo de route directement.

Un vélo léger, donc. Mais il faut aussi que le bonhomme le soit.

«En termes de nutrition, vous devez être “chargé”, mais pas trop pour se sentir léger » , explique le double champion olympique. « Comme dans tous les chronos, mais là on va faire attention dès le petit-déjeuner, on fait une recharge assez “faible” et on va chercher à diminuer les fibres, pour ne pas que les aliments consommés restent dans l’estomac ou l’intestin et que ça fasse une masse supplémentaire, développe Lucas Papilllon, nutritionniste de Groupama-FDJ. On va donc supprimer les légumes. Les fruits, on fera à l’extracteur de jus plutôt qu’en compote. Il faut recharger les batteries en termes de glucide, pour que l’athlète ait du carburant, en veillant au confort digestif, car l’effort va être très violent. »

Sur la ligne de départ, chacun aura sa stratégie de « pacing » : pousser tant de watts pendant tant de kilomètres, puis accélérer progressivement, si tout va bien, jusqu’à terminer réservoir à sec.

« Mais avec un chrono comme ça, au milieu d’une course à étapes de trois semaines, où il y a de la fatigue, des conditions météo qui changent, le plus dur pour l’athlète va être de se caler sensoriellement à ce qu’il est capable de pousser» , prévient Jean-Baptiste Quiclet, directeur de la performance chez Decathlon-AG2R La Mondiale.

Gare aux délais

À la différence d’un contre-lamontre classique, « tu n’as pas un moment pour souffler, même pas un virage où tu peux récupérer, tousse encore Sandy Casar, 17e du chrono de l’alpe d’Huez en 2004, le dernier de ce style sur le Tour, si l'on considère que celui entre Sallanches et Megève, en 2016, proposait une montée d'une difficulté moindre. Il faut bien gérer l’effort et ça peut être long, surtout quand tu commences à être mal. C’est une souffrance de bout en bout, j’étais arrivé complètement détruit.»

Et à la différence d’une étape en ligne, tu es seul. « Dans un groupe, on peut attaquer, se reposer, profiter des équipiers, d’un peu d’aspiration, faire différentes choses et, avec du mental, certains coureurs peuvent s’accrocher, explique Laurent Brochard, champion du monde 1997 et 28e du chrono de l’alpe d’Huez. Seul, ils n’auront peut-être pas cette puissance, cette envie. »

Seul point positif, « avec le public, tu ne vois pas la pente, encore moins que sur une course en ligne tant le public est concentré sur quelques kilomètres » , revit Casar.

Les deux anciens vainqueurs d’étape sur la Grande Boucle imaginent « de gros écarts » . Et malgré des délais rallongés à 33 %, soit entre 8 et 9 minutes, «tout le monde va devoir se donner entièrement, les sprinteurs aussi, prévient Kévin Rinaldi, entraîneur chez Arkéa-B&B Hotels. Il ne faudra pas dormir pour arriver en haut dans les temps. »

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CHRONO POUR GRIMPEURS

Deux kilomètres de plat avant d’aborder la montée vers Peyragudes, où les spécialistes du chrono n’auront pas l’avantage : sous 25 km/h, la question de l’aérodynamisme est anecdotique. La rampe finale qui mène à l’altiport ne conviendra qu’aux purs grimpeurs.

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Nel 2022, Jonas Vingegaard (in giallo) e Tadej Pogacar (in bianco) ebbero una discussione 
in vetta a Peyragudes. Oggi, i corridori saliranno all'altiport in una cronocalata.

Ciò che rende speciale la breve e costante cronoscalata di oggi è il suo muro finale verso l'altiport. Dove in poche centinaia di metri si può perdere tutto.

18 luglio 2025 - L'Équipe
LUC HERINCX (con A. Ba.)

Il terreno dolce, selvaggio e desertico intorno a Peyragudes evoca paradossalmente ricordi nebulosi e brutali per coloro che lo hanno percorso negli ultimi anni al Tour de France. "Ho l'immagine di (Fabio) Jakobsen che crolla all'arrivo entro il tempo limite (il velocista si è salvato per 16"). Ho la stessa visione di me stesso sulla rampa dritta e infinita dell'altiport", spiega Maxime Bouet con un sorriso. Un frammento di memoria del traguardo della 17ª tappa del 2022 è già più di quanto Matthieu Ladagnous ricordasse della 8ª tappa del 2016: “Stavo male, non ricordo molto, probabilmente è stato il mio peggior giorno in bicicletta”. Se il luogo in cui l'ex passista del Béarn ha vissuto il suo calvario è stato il Col de Peyresourde, questo rappresenta la maggior parte dei 10,9 km della cronoscalata di oggi, prima di una curva a destra a 3 km dall'arrivo, in direzione di Peyragudes e del muro dell'altiport.

La salita regolare: “Alcuni saliranno a 25-26 km/h”.

“Non è un passo molto lungo, ma è costante, sempre al 7-8%”, dice Bouet. Inizia dolcemente su una strada dipartimentale che costeggia il lago di Loudenvielle sulla destra, “sale un po', poi scende di nuovo con una o due piccole curve, ma non è molto tecnico”, spiega Bruno Armirail (Decathlon-AG2R La Mondiale), che è di Bagnères.

Nei primi quattro chilometri, i corridori potranno tirare con il padellone, “un 54 denti”. Una volta superato il villaggio di Estarvielle, un tornante a destra li condurrà in un magnifico panorama. “Ma non sono sicuro che avremo il tempo di ammirarlo”, dice Armirail con un sorriso. Stiamo entrando nel giro dell'8%. "Su questo passo c'è spesso vento in coda e, a parte due tornanti, siamo abbastanza esposti", spiega il campione francese a cronometro. Penso che alcuni tipo Pogacar andranno a 25-26 km/h per salire sul grande altopiano".

Il muro finale: “Sei al tappeto”.

Siamo ancora sulla strada principale che attraversa il Col de Peyresourde e “poco prima di lasciarlo, potrebbe esserci un breve tratto piatto al 5,5% per un centinaio di metri o poco più, ma è tutto lì”, aggiunge il Bigourdan. Dopo questa breve pausa, si gira a destra e si scoprono colline ingiallite. La strada non è più all'ombra e la difficoltà sale di un'altra tacca, al 9%.

Un'ultima Seton svolta a sinistra su uno stretto passaggio asfaltato per atterrare all'altiport. "C'è una rampa finale al 16% e ci si schianta contro. È una strada larga, tutta nera, in pieno sole, sei stordito", descrive Bouet. "Ogni passo ha un'immagine associata, e questo è quello che fa per me. Non è lungo nemmeno 500 metri e pensi: mi ci vorranno cinque minuti per scalarlo". "Un grande muro in linea retta" riassume il tutto (Matthieu) Ladagnous. Kevin Rinaldi, allenatore di Kévin Vauquelin, avverte: “Sarà importante arrivare ai piedi di questo muro con energia, a rischio di perdere tempo come (Christopher) Froome con (Romain) Bardet”. Un riferimento all'arrivo della 12ª tappa nel 2017. Il vincitore dell'Auvergne mise 22 secondi tra sé e la Maglia Gialla su 300 metri.

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“Un dolore”

PIERRE MENJOT (con A. Ba. e L.He.)

Per la prima volta in ventuno anni, il Tour propone una cronoscalata su un passo di montagna. Un esercizio che richiede alcuni aggiustamenti.

“In una cronometro pianeggiante, siamo interessati soprattutto ai watt/CdA (coefficiente aerodinamico), mentre qui si tratta di watt/kg”, spiega Remco Evenepoel. Il belga della Soudal Quick-Step, vincitore della cronometro pianeggiante di Caen, vede la giornata “come una tappa di montagna” e, come tutti gli altri, partirà con la bici da strada. 

Una bicicletta leggera, quindi. Ma anche il corridore deve essere leggero.

“In termini di alimentazione, bisogna essere ‘carichi’, ma non troppo per sentirsi leggeri”, spiega il doppio campione olimpico. “Come in tutte le prove a cronometro, ma in questo caso faremo attenzione a partire dalla colazione, faremo una ricarica abbastanza ‘leggera’ e cercheremo di ridurre le fibre, in modo che il cibo che mangiamo non rimanga nello stomaco o nell'intestino e aumenti di peso”, spiega Lucas Papilllon, nutrizionista di Groupama-FDJ. Per questo motivo, ridurremo le verdure. Per quanto riguarda la frutta, utilizzeremo un estratto di succo piuttosto che un composto. Dobbiamo ricaricare le batterie in termini di carboidrati, in modo che l'atleta abbia carburante, garantendo al contempo il comfort digestivo, perché lo sforzo sarà molto violento".

Alla partenza, ognuno avrà la sua strategia di pacing (ritmo): spingere tanti watt per tanti chilometri, poi accelerare gradualmente, se tutto va bene, fino a finire con il serbatoio asciutto. “Ma con un clima del genere, nel bel mezzo di una corsa a tappe di tre settimane, con la fatica e le condizioni meteorologiche variabili, la cosa più difficile per l'atleta sarà sintonizzarsi sensorialmente su ciò che è in grado di spingere”, avverte Jean-Baptiste Quiclet, Performance Director della Decathlon-AG2R La Mondiale.

Attenzione ai distacchi

A differenza di una cronometro classica, “non hai un momento per respirare, nemmeno una curva dove puoi recuperare”, tossisce Sandy Casar, 17° nella cronometro dell'Alpe d'Huez del 2004, l'ultima del genere al Tour, se si considera che quella tra Sallanches e Megève del 2016 presentava una salita di minore difficoltà. Bisogna gestire lo sforzo e può richiedere molto tempo, soprattutto quando si inizia a sentire male. È una sofferenza dall'inizio alla fine, sono arrivato completamente distrutto.

E a differenza di una tappa su strada, sei da solo. In un gruppo, puoi attaccare, riposare, approfittare dei compagni di squadra e di un po' di aspirazione, fare cose diverse e, con la forza mentale, alcuni corridori possono resistere", spiega Laurent Brochard, campione del mondo 1997 e 28° nella cronometro dell'Alpe d'Huez. Da soli, potrebbero non avere la forza o la voglia.

L'unico aspetto positivo è che “con il pubblico presente, non si vede la pendenza, ancor meno che in una gara su strada perché il pubblico è così concentrato su pochi chilometri”, dice Casar.

I due ex vincitori di tappa della Grande Boucle immaginano “grandi distacchi”. E nonostante i tempi limite siano stati allungati del 33%, ovvero tra gli 8 e i 9 minuti, “tutti dovranno dare il massimo, compresi i velocisti”, avverte Kévin Rinaldi, allenatore di Arkéa-B&B Hotels. Non dovremo dormire per arrivare in cima in tempo.

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CRONOMETRO PER SCALATORI

Due chilometri di pianura prima di affrontare la salita di Peyragudes, dove gli specialisti delle cronometro non saranno avvantaggiati: sotto i 25 km/h, la questione dell'aerodinamica è aneddotica. La rampa finale che porta all'altiport sarà adatta solo agli scalatori puri.

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