SUR UN BOULEVARD
INARRÊTABLE
TADEJ POGACAR a écrasé toute concurrence pour s’imposer au sommet d’Hautacam, la première grande étape des Pyrénées. Jonas Vingegaard, deuxième au général, pointe ce matin à 3’31’’ du Slovène. Aujourd’hui, le contre-la-montre en montée à Peyragudes pourrait encore accentuer les écarts entre les leaders.
Tadej Pogacar a écrasé Jonas Vingegaard dans Hautacam au terme de la première étape pyrénéenne. Avec 3’31’’ d’avance au général et ce niveau-là, le nouveau Maillot Jaune devrait dérouler jusqu’à Paris.
18 Jul 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
HAUTACAM (HAUTES-PYRÉNÉES) - La première semaine nous avait bien promenés avec ses finals accidentés, ses bosses à gogo, sa traversée de la chaîne des puys d’Auvergne, à la recherche d’indices, plutôt évidents sur le contre-lamontre, moins dans les arrivées punchy, mais hier ce fut retour à la réalité, dans le rappel que les grands cols du Tour de France en restent les juges de paix, les faiseurs de rois, et vu le monde d’écart entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard et les autres, c’était peut-être une excellente idée de n’aborder la haute montagne qu’au douzième jour de course. Ce fut un retour à la case départ, un retour au Critérium du Dauphiné, un retour à l’an passé, la même chanson depuis deux ans en fait.
Tadej Pogacar n’a plus aucun adversaire, à part Mathieu Van der Poel, mais c’est dans un autre théâtre. Le champion du monde a démoli Jonas Vingegaard dans la montée finale d’Hautacam, qu’il a allumée quasi dès le pied, à 11km du sommet. Le Danois est entré en résistance un temps, il a réussi à maintenir l’écart à dix secondes, mais le fil lâcha rapidement, il respirait de plus en plus comme un poisson hors de l’eau, et à chaque borne de montée, il déboursait dix secondes de plus, une différence qui se construisait de manière régulière, linéaire, tant Pogacar était en train de l’ouvrir chirurgicalement. Douze kilomètres de montée, dix secondes au kilomètre, 2’10’’ à l’arrivée, 3’31’’ au général et amen, a-t-on envie d’écrire.
Tadej Pogacar est invulnérable, même sa gamelle de la veille vers Toulouse ne l’a pas perturbé, il tue la concurrence et nos imaginations, car on ne peut même plus songer à un scénario où il ne gagnerait pas. Le Slovène ne rate plus un rendez-vous, au pire l’aventure se termine sur le podium, en contrôle total, de lui, des autres et même des aléas. Le Tour 2024 avait été vécu comme une nouvelle manche du duel, mais c’était un mirage, car c’était le début d’une nouvelle ère. Depuis la saison 2023 et sa défaite dans la Grande Boucle, Tadej Pogacar a épousé une courbe de progression constante, bien plus tranchant l’an passé, bien plus puissant cette année, un bloc inamovible, tellement gainé quand il est assis sur sa selle. Il s’applique d’ailleurs à reléguer le plus loin possible ses défaites passées, à superposer un nouveau récit sur les lieux de ses déboires et après avoir repris possession de Combloux en juin dans le Dauphiné, il a reconquis hier Hautacam, où en 2022 Jonas Vingegaard et Wout VanAert s’étaient occupés de lui faire la peau.
On peut désormais jouer à combien d’étapes il gagnera encore
Ce souvenir a dû le pousser dans la pente hier, où on l’a vu plein de rage sur la fin, à tout vider jusqu’au bout, pas question de dérouler comme au Dauphiné, il avait sorti le pistolet à clous et les téléspectateurs auraient pu découvrir sa joie, son émotion à l’arrivée si on n’avait pas préféré nous montrer Emmanuel Macron au moment où il passait la ligne. Avec un tel gouffre et une telle suprématie, la question de sa victoire à Paris ne se pose plus et on peut désormais jouer à combien d’étapes il gagnera encore dans cette édition, entre trois et cinq probablement, car il devrait être injouable tout à l’heure dans le chrono de Peyragudes où il n’y aura même pas Tobias Johannessen pour le faucher et on ne le voit pas résister à l’appel de l’histoire de gagner en jaune en haut du mont Ventoux ni à celui de gommer l’affront du col de la Loze.
Surtout, on se demande de combien il va encore creuser son avantage et là, Jonas Vingegaard entre dans l’équation. Contrairement à son meilleur ennemi, le leader des Visma semble scotché au niveau de jeu de ses sacres de 2022 et 2023, peut-être même un poil en deçà. On écrivait après le chrono de Caen que le Danois avait sans doute sous-performé, on pourrait dire la même chose à propos d’hier, mais n’est-ce pas tout simplement sa condition actuelle? Une interrogation qu’on peut étendre à son équipe, qui s’est totalement ratée hier, puisque leur gros tempo de bonne heure, à 11km du sommet du col de Soulor, a causé des dégâts, éjectant Lenny Martinez, qui n’a aucune chance de gagner le classement de la montagne avec ces jambes-là et Pogacar l’a d’ailleurs redoublé, ou Ben Healy, qui a abandonné là son maillot jaune (à 13’38’’ à l’arrivée) et qui va pouvoir reprendre son rôle naturel de perturbateur.
Mais les «Frelons» se sont tiré une balle dans le pied puisque leur propre rythme a mis en difficulté Matteo Jorgenson, qui a fini à dix minutes et dégringolé au général. Tous les Jaune et Noir ont paru secs, comme déjà fatigués, Sepp Kuss, Simon Yates, qui ont tous calé de bonne heure. Si bien que le contraste a sauté aux yeux avec le rouleau compresseur des UAE, qui ont récupéré Tim Wellens dans la vallée entre le col des Bordères et le pied d’Hautacam. Le Belge faisait partie de la grosse échappée de 50 éléments du matin de laquelle Bruno Armirail fut le dernier survivant dans Hautacam, et dans un schéma inversé à 2022, ce sont les Émiriens qui ont fait le coup de l’appui à l’avant. L’aide de Wellens fut précieuse et Jhonatan Narvaez se chargea du reste, une immense mine au pied du dernier col, comme à Combloux en juin, qui mit Pogacar sur orbite, mais condamna presque déjà Vingegaard.
Vauquelin a réussi la plus belle performance en montagne de sa carrière
L’option collective sur laquelle les Visma espéraient s’appuyer, leur agressivité, se sont donc également évanouies dans ce premier épisode de montagne. Si bien que Jonas Vingegaard va devoir surveiller ses rétroviseurs, car Florian Lipowitz s’est méchamment rapproché de lui sur la fin de l’ascension, pour échouer à seulement 13 secondes. L’Allemand a attaqué à plusieurs reprises pour se défaire d’Oscar Onley, épatant lui aussi, et une jolie bataille pour le podium et le top 5 se dessine avec l’Écossais, Johannessen et Remco Evenepoel, qui a battu de l’aile mais s’est accroché pour limiter les pertes. Kévin Vauquelin a montré hier qu’il pourrait peut-être s’y mêler. Le Normand a fait le yo-yo, mais il s’est battu comme un acharné, pour finir 6e de l’étape et remonter à la 5e place au général. La plus belle performance en montagne de sa carrière. Qu’il va désormais devoir répéter. Car malgré tout, la route est encore longue jusqu’à Paris.
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TADEJ POGACAR ha sbaragliato la concorrenza e ha conquistato la vittoria in vetta all'Hautacam, il primo tappone sui Pirenei. Jonas Vingegaard, secondo in classifica generale, è a 3'31'' dallo sloveno. La cronoscalata di oggi a Peyragudes potrebbe allargare ulteriormente il divario tra i leader.
INARRÊTABILE
Tadej Pogacar ha schiacciato Jonas Vingegaard ad Hautacam al termine della prima tappa sui Pirenei. Con un vantaggio complessivo di 3'31" a questo livello, la nuova Maglia Gialla è pronta a correre fino a Parigi.
18 lug 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
HAUTACAM (HAUTES-PYRÉNÉES) - La prima settimana di gara è stata ricca di arrivi collinari, dossi a volontà e l'attraversamento della catena di puys d'Auvergne alla ricerca di indizi, piuttosto evidenti nella cronometro, meno negli arrivi incisivi, ma ieri è stato un ritorno alla realtà, e visto il distacco tra Tadej Pogacar e Jonas Vingegaard e gli altri, forse è stata un'ottima idea non affrontare l'alta montagna fino al dodicesimo giorno di gara. È stato come tornare al punto di partenza, un rimando al Giro del Delfinato, un ritorno all'anno scorso, in realtà la stessa solfa degli ultimi due anni.
Tadej Pogacar non ha più rivali, a parte Mathieu van der Poel, ma questo è un altro scenario. Il campione del mondo ha demolito Jonas Vingegaard sull'ultima salita, l'Hautacam, che ha innescato quasi dai piedi, a 11 km (quando il fuggitivo Woods, con una cinquantina di secondi di vantaggio, era a -11,8 dall'arrivo, ndr) dalla vetta. Il danese ha opposto resistenza per un po' ed è riuscito a mantenere il distacco a dieci secondi, ma il filo si è spezzato rapidamente, (Jonas) respirava sempre più come un pesce fuor d'acqua, e a ogni chilometro di ascesa pagava dieci secondi in più, una differenza che si accumulava costantemente, linearmente, tanto che Pogacar la stava aprendo chirurgicamente. Dodici chilometri di salita, dieci secondi al chilometro, 2'10" al traguardo, 3'31" in classifica generale e amen, verrebbe da dire.
Tadej Pogacar è invulnerabile, nemmeno la batosta subita cadendo il giorno prima sulla strada per Tolosa lo ha turbato: sta uccidendo la concorrenza e la nostra immaginazione, perché non riusciamo nemmeno a pensare a uno scenario in cui possa non vincere. Lo sloveno non manca più un appuntamento e, nel peggiore dei casi, la sua avventura si conclude sul podio, in totale controllo di se stesso, degli altri e persino dei pericoli. Il Tour 2024 era visto come un nuovo round del duello, ma era un miraggio, perché era l'inizio di una nuova era. Dalla stagione 2023 e dalla sua sconfitta nella Grande Boucle, Tadej Pogacar ha seguito una progressione continua, molto più acuta l'anno scorso, molto più potente quest'anno, un blocco inamovibile, così inguainato quando si siede in sella. Infatti, sta facendo di tutto per relegare il più possibile sullo sfondo le sconfitte del passato, per sovrapporre una nuova narrazione ai luoghi delle sue battute d'arresto e, dopo aver ripreso possesso di Combloux a giugno nel Delfinato, ieri ha riconquistato Hautacam, dove nel 2022 Jonas Vingegaard e Wout Van Aert erano impegnati a fargli accapponare la pelle.
Ora possiamo giocare a quante tappe vincerà ancora...
Questo ricordo deve averlo spinto in salita ieri, dove l'abbiamo visto pieno di rabbia alla fine, svuotare tutto fino all'ultimo, non c'era da aspettarsi che si sciogliesse come al Delfinato, aveva tirato fuori la pistola sparachiodi e i telespettatori avrebbero potuto constatarne la gioia, la sua emozione al traguardo se non avessero preferito mostrarci Emmanuel Macron mentre (il vincitore) tagliava il traguardo. Con un tale abisso e una tale supremazia, la questione della sua vittoria a Parigi non si pone più e possiamo ora giocare a quante altre tappe vincerà in questa edizione, probabilmente tra le tre e le cinque, perché dovrebbe essere ingiocabile nella cronoscalata di Peyragudes nella quale non ci sarà nemmeno un Tobias Johannessen a disarcionarlo e non lo vediamo resistere al richiamo della storia per vincere in giallo in cima al Mont Ventoux o per cancellare l'affronto subìto (nel 2023, ndr) al Col de la Loze.
Soprattutto, ci chiediamo quanto ancora potrà ampliare il suo vantaggio, ed è qui che entra in gioco Jonas Vingegaard. A differenza del suo miglior nemico, il leader della Visma-Lease a bike sembra essere fermo allo stesso livello di forma dei suoi trionfi del 2022 e del 2023, forse addirittura un pelo sotto. Abbiamo scritto, dopo la cronometro di Caen, che il danese aveva indubbiamente sottoperformato, e lo stesso si potrebbe dire di ieri, ma non è che magari si tratti semplicemente della sua condizione attuale? È una domanda che si può estendere alla sua squadra, che ieri ha perso del tutto, visto che il suo grande ritmo all'inizio, a 11 km dalla vetta del Col de Soulor, ha creato scompiglio, staccando Lenny Martinez, che con quelle gambe non ha alcuna possibilità di vincere la classifica della montagna e Pogacar lo ha pure superato, o Ben Healy, che lì ha rinunciato alla sua maglia gialla (13'38'' all'arrivo, insieme con Simone Velasco, milgior italiano anche nella generale, ndr) e che potrà riprendere il suo ruolo naturale di guastatore.
Ma i “Calabroni” (Frelons in francese, ndr) si sono dati la zappa sui piedi da soli, perché il loro ritmo ha messo in difficoltà Matteo Jorgenson, che ha chiuso con dieci minuti di distacco e ha perso terreno nella classifica generale. Tutti i gialloneri sono sembrati a secco, come se fossero già stanchi, con Sepp Kuss e Simon Yates che si sono staccati subito. Il contrasto è stato netto con il rullo compressore UAE Emirates-XRG, che ha ripreso Tim Wellens nella valle tra il Col des Bordères e i piedi dell'Hautacam. Il belga ha fatto parte della grande fuga di 50 unità del mattino da cui Bruno Armirail è stato l'ultimo sopravvissuto a Hautacam e, invertendo lo schema del 2022, è stata la UAE a muoversi in testa. L'aiuto di Wellens è stato prezioso e Jhonatan Narváez si è occupato del resto, una mina enorme ai piedi dell'ultimo passaggio, come a Combloux (al Delfinato) a giugno, che ha lanciato in orbita Pogacar, e quasi già condannato Vingegaard.
Vauquelin mette a segno la migliore prestazione in montagna della sua carriera
L'opzione collettiva su cui i "Visma" speravano di poter contare e la loro aggressività sono venute meno anche in questo primo tappone di montagna. Tanto che Jonas Vingegaard dovrà tenere d'occhio gli specchietti retrovisori, visto che Florian Lipowitz lo ha raggiunto alla fine della salita, arrivando a soli 13 secondi di distacco. Il tedesco ha attaccato più volte per liberarsi di Oscar Onley, anch'egli impressionante, e una bella battaglia per il podio e la top 5 ha preso forma con lo scozzese, Johannessen e Remco Evenepoel, che ha sbattuto le ali ma ha tenuto duro per limitare le perdite. Kévin Vauquelin ha dimostrato ieri di poter essere coinvolto. Il normanno ha avuto un andamento altalenante, ma ha lottato duramente per concludere al 6° posto la tappa e salire al 5° in classifica generale. La migliore prestazione in montagna della sua carriera. E ora dovrà ripetersi. Dopo tutto, la strada per Parigi è ancora lunga.

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